Même si notre opération « Un Geste à l’Édifice » irrite certains professionnels, nous persistons à dire que c’est une formidable opportunité pour le patrimoine en péril, pour lequel il n’existe aucune subvention et aucun budget, ce qui est très souvent le cas s’agissant d’œuvres non protégées. C’est la raison pour laquelle nous nous félicitons d’être à l’initiative de cette opération, née d’une rencontre avec une restauratrice qui s’était proposée de restaurer gracieusement une œuvre si l’occasion se présentait.
Déjà une dizaine d’œuvres ont été sauvées ou sont en cours de restauration.
La France étant un pays plein de contradictions, alors que tout le monde évoque le manque de budget pour le patrimoine, notre principal problème est de faire comprendre que la gratuité n’est pas synonyme de travail d’amateurs ou de travail de mauvaise qualité. Ce n’est pas parce qu’un artisan ou un artisan d’art fait preuve de générosité, qu’il est nul et qu’il cherche à s’occuper.
Toutes les personnes qui interviennent dans le cadre d’« Un Geste à l’Édifice » sont des professionnels reconnus et qui ont pignon sur rue. Simplement, ils acceptent de mettre leur talent et leurs compétences au service d’un patrimoine condamné, parce qu’ils ont ce qui s’appelle le sens du devoir et de l’engagement.
Ne vous imaginez surtout pas que nous leur mettons un révolver sur la tempe pour les obliger à restaurer des œuvres. S’ils le font, c’est parce qu’ils le veulent. En revanche, nous ne leur imposons aucuns délais, ce qui est bien normal. D’autant plus normal qu’il est évident que dans la période que nous traversons et qui a notamment fortement touché les artisans, il est bien naturel qu’ils privilégient les restaurations rémunérées et qui leur permettent de vivre ou, du moins, de survivre.
Aujourd’hui, c’est dans l’atelier de Sophie de Joussinneau et d’Osanne Darantière que nous prenons des nouvelles de cette œuvre anonyme du XVIIe siècle retirée de l’église Saint-Loup à Courlon dans le département de l’Yonne. Il faudra du temps pour que cette « Adoration des Mages » retrouve tout son éclat et sa place dans son église, mais elle est entre de bonnes mains.
Après un bon dépoussiérage et quelques premiers soins, Sophie est entrain de procéder à l’allègement du vernis qui est très encrassé. Sans doute que la dernière petite « mise en beauté » de l’œuvre remontait au XIXe siècle ; le temps a donc fait son ouvrage depuis.
La peinture est aussi très craquelée, mais cela ne fait pas peur à nos fées des pinceaux.
Dans quelques mois, ce tableau retrouvera sa place initiale, sans doute pour le plus grand bonheur des habitants du village, très attachés à leur patrimoine.
Nous ne remercierons jamais assez les professionnels qui s’engagent à nos côtés pour sauver ces petits témoins du passé dont l’avenir était compromis.
Nous profitons de cet article pour rappeler que depuis le début d’Un Geste à l’Édifice il y a trois ans, c’est plus de 50.000 euros que nous avons fait économiser à la collectivité et donc, indirectement, aux contribuables…
Contacts :
Sophie de Joussineau
Restauratrice-conservatrice de tableaux
Osanne Darantière Restauratrice-conservatrice de tableaux
et d'objets d'art polychromes
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