C’est à la commune de Sangatte, dans le Pas-De-Calais qu’est rattaché le hameau de Blériot Plage. Un petit hameau qui porte le nom du célèbre aviateur depuis 1936.
Avant, il portait tout simplement le nom « les baraques ».
L’histoire de ces baraques commence Le 3 mai 1594. Les présidents trésoriers généraux du bureau des finances, province de Picardie, Boulonnais, Artois et Pays reconquis firent cession aux pauvres habitants de la paroisse de Sangatte de 200 mesures de commune appelées les Salines. En 1624, on construisit dans ce lieu des baraquements pour y recevoir les pestiférés de Calais. Ce sont ces baraques qui vont donner son nom au hameau qui ne commencera à se développer véritablement qu’au milieu du 19 siècle. En 1858, le Conseil municipal de Sangatte, ne possédant pas les ressources nécessaires pour financer cette croissance proposera de céder les « Baraques » à la ville de Calais qui refusera. Il faut dire qu’à cette époque, le hameau avait bien triste réputation. Dépourvu de moyens d’instruction, il s’y trouvait quatre cabarets ainsi que deux salles de danse. Avec l’arrivée de l’abbé Limoisin, le hameau va changer d’aspect. Bientôt les Baraques eurent une belle église, une école de garçons et une école de filles. Ce misérable bourg, dédaigné par sa commune, repoussé par Calais devint peu à peu une agglomération digne de ce nom. Mais c’est surtout grâce à l’exploit de Louis Blériot, vainqueur de la traversée de la Manche que le hameau va entrer dans la postérité. Après sa mort le 1 août 1936, les « Baraques » prendront le nom du célèbre aviateur. (Sources commune de Sangatte)
Certes les « baraques » qui nous occupent aujourd’hui, n’ont plus rien à voir avec celles d’origine, mais elles font tout de même partie du patrimoine et de la mémoire des lieux et sont désormais appelées « chalets », par leurs propriétaires et par tous les habitants qui y sont très attachés.
Ces modestes chalets sont désormais les victimes malheureuses de la Loi littoral qui impose que le long des côtes, seules des constructions « amovibles » demeurent.
Ce sont donc aujourd’hui 213 chalets qui sont menacés de démolition. C’est lors du Conseil Municipal du 15 décembre que le Maire a acté cette décision considérée comme « unilatérale » de la part des propriétaires, puisqu’aucune véritable concertation n’a eu lieu.
Les principaux intéressés devraient très prochainement recevoir un courrier leur annonçant la démolition imminente de leurs chalets.
Afin d’éviter au maximum les contestations, le Maire fait savoir que la commune prendra en charge les frais de démolition, à condition que les propriétaires donnent leur accord avant le 1er février 2020. Passée cette date, les frais d’un montant de 2000 euros par chalet en moyenne) seront à la charge des propriétaires et les contrevenants s’exposeraient à des pénalités journalières d’environ 100 euros).
La Loi littoral laisserait à penser que ces constructions sont illégales, or, chaque propriétaire s’acquitte d’une redevance annuelle d’un montant de 20euros par m2. Ce qui fait en moyenne 300 euros par chalet, certains pouvant aller jusqu’à près de 1000 euros. Il est évident que lorsque quelqu’un occupe un terrain de façon illégale, il ne paye ni taxe ni impôt.
On reproche souvent aux défenseurs du patrimoine de faire passer les pierres avant l’humain. Dans ce cas précis, ce ne sont pas des pierres, mais de modestes planches, mais notre engagement doit être résolument tourné vers les hommes, car bien au-delà de la valeur patrimoniale du lieu, ces chalets sont rendus vivants par ceux qui les possèdent et les occupent.
Ils appartiennent pour la plupart à des familles modestes et les démolir seraient porter atteinte à ces familles qui trouvent ici un refuge et surtout l’empreinte de souvenirs heureux.
Monsieur le Maire semble heureux de sa décision et dans sa grande bonté, « offre » la possibilité à tous ceux qui le souhaiteront qu’acquérir un nouveau chalet « amovible » en matériaux composites, uniforme et aseptisé, pour la modique somme estimée entre 3000 et 5000 euros.
Beaucoup de propriétaires n’ayant pas de gros moyens vont de fait, perdre ici leurs souvenirs sans la possibilité de s’en créer d’autres.
Mais c’était sans compter sur une mobilisation citoyenne hors du commun, portée par « Les Castors », l’association de sauvegarde de ce patrimoine local, à laquelle s’est associé un collectif de propriétaires ou de simples citoyens attachés à la mémoire des lieux.
Pas moins de 200 personnes ont manifesté leur désaccord devant la mairie la semaine dernière et une pétition mise en ligne par un des propriétaires, que nous vous invitons à signer en fin d’article, a largement dépassé les 6000 signatures en une semaine.
La presse locale suit l’affaire de très près, donnant ainsi un peu plus de visibilité à l’action des Castors, ces derniers refusant catégoriquement que l’on vienne les priver de leur bien.
Notre avocat, Maitre Théodore Catry a été saisi par une des propriétaires et c’est ainsi que nous avons été informés de cette nouvelle atteinte au patrimoine. C’est naturellement que nous soutiendrons le mieux que nous pourrons toutes les démarches du collectif.
Nous sommes d’ores et déjà au travail pour mobiliser les acteurs locaux qui pourraient apporter leur soutien à ce combat et nous allons tout mettre en œuvre pour sauver ce patrimoine, aussi modeste soit-il, car nous le répétons une fois encore, il n’y a pas de grand ou de petit patrimoine, il y a LE patrimoine et cette Loi Littoral, comme hélas bien d’autres, met en péril l’histoire et l’âme de nombreux territoires. Il est de notre devoir à tous de nous opposer à cette Loi qui porte aux atteinte au patrimoine en général et à celui de Blériot-Plage en particulier.
Un grand merci à Loïc, Baptiste et Dorothée avec lesquels nous avons échangé, et à tous les « Castors » qui se mobilisent de façon absolument exemplaire.
« Le patrimoine ne peut pas lutter, ensemble nous pouvons ! »
Vous souhaitez apporter votre témoignage concernant ces chalets ? N’hésitez pas à nous contacter : contact@lagazettedupatrimoine.fr
Merci de bien vouloir signer la pétition en cliquant ICI.
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