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Réaménagement de l’usine Motte-Bossut de Leers : entre manque de vision, aberrations et atteinte au patrimoine

Photo du rédacteur: Urgences Patrimoine Communication et MécénatUrgences Patrimoine Communication et Mécénat

Il y environ un an, nous avions été alertés par l'association Vivre à Leers qui s'inquiétait du futur projet de réaménagement du site de l'ancienne usine Motte-Bossut à Leers.

Aujourd'hui, les choses se précisent et nous déplorons le choix de la municipalité de vouloir rayer de la carte ce marqueur fort de la mémoire industrielle de Leers.


Explications :

Le projet de réaménagement du site de l’ancienne usine Motte-Bossut vient d’être dévoilé par la majorité municipale de Leers. Il s’inscrit dans la vision du maire actuel, M. Andries, qui prévoit de raser 95 % des bâtiments du site, ne conservant que la tour et un fragment de sa base.

Cette approche soulève de vives inquiétudes quant à son impact sur la qualité de vie, l’avenir de la ville et la préservation du patrimoine local.

À la lecture des images qui nous sont parvenues, plusieurs points critiques méritent d’être soulignés :

- La création d’un square scindé en deux par une nouvelle voirie, rendant sa partie sud enclavée et lui faisant perdre toute utilité pour les familles.

- Une esthétique négligée, avec des perspectives inexistantes et des points de fuite ignorés. Les bâtiments semblent avoir été conçus de manière isolée, sans souci de leur intégration dans le tissu urbain existant. L’ensemble manque cruellement d’harmonie et d’ambition architecturale.

- Un gaspillage d’espace, avec un terrain précieux sacrifié pour un parking privatif à ciel ouvert. Cette décision est d’autant plus regrettable qu’elle ne prend pas en compte les besoins de la ville en matière d’espaces verts, de lieux de détente et de services de proximité et ne répondra même pas aux besoins actuels en stationnement.




Ce projet fait également l'impasse sur la création de commerces et restaurants, d'équipements sportifs, de lieux culturels, d'ateliers, de jardins partagés.... Autant d'éléments qui auraient pu dynamiser et fédérer le quartier autour d’un véritable lieu de vie, au lieu d'un simple dortoir.





Une atteinte majeure au patrimoine

Cette proposition est un véritable désastre. Ces rendus baclés et peu professionnels laissent craindre une véritable "arnaque" sur la qualité finale du projet : selon les vues du promoteur, la base de la tour apparaît tantôt symétrique (vue 3D), tantôt plus large sur sa droite (plan 2D), et sa toiture ne correspond pas à celle d’origine. Ces imprécisions risquent de compromettre le peu de préservation envisagé, d’autant plus que la proximité immédiate des nouveaux immeubles laisse une marge de manœuvre extrêmement réduite.

Élément central de l’histoire locale, la tour est reléguée au second plan, masquée par des plantations et dépourvue d’accès prévu. Son architecture, amputée de sa base, jure avec les nouvelles constructions, tandis que son positionnement obstrue la vue des futures habitations mitoyennes et donne l’impression d’une verrue au milieu du lotissement. À terme, il est à craindre une démolition totale de cette base, tant son emplacement paraît inadapté.


Tirons les leçons du quartier de l’Alma de Roubaix

Ce projet évoque inévitablement le destin du quartier de l’Alma à Roubaix, ville voisine de Leers. Une illustration frappante de l’urbanisme du XXe siècle, résumé en accéléré.

Dans les années 1980, les maisons ouvrières, jugées vétustes, sont rasées pour laisser place à de grands ensembles de logements sociaux. À l’époque, la priorité est de construire vite et en masse pour reloger les habitants. Quarante ans plus tard, le constat est sans appel : ces barres d’immeubles, standardisées et souvent sources de difficultés sociales, ne répondent plus aux besoins d’aujourd’hui.



L'histoire du quartier de l'Alma nous rappelle qu'il est essentiel d'être vigilant quant aux choix urbanistiques qui sont faits. La construction de grands ensembles impersonnels, conduisent inévitablement à la dégradation du quartier et au sentiment d'abandon de ses habitants.

Face à  une logique purement fonctionnelle, privilégiant la rentabilité à court terme au détriment d'une vision d'ensemble pour le développement harmonieux de la ville et la préservation de son patrimoine, il est urgent de repenser ce projet afin qu'il prenne en compte les besoins des habitants, l'esthétique de l'espace urbain, les enjeux environnementaux et la richesse de son histoire locale.


Motte-Bossut : une réhabilitation à la croisée des chemins

Le projet de réhabilitation du site de la Motte-Bossut représente une occasion unique de redonner vie à un lieu emblématique, tout en l’inscrivant dans une dynamique de développement durable et de cohésion sociale. Mais pour réussir, il devra tirer les leçons du passé et éviter les erreurs commises, à l’image du quartier de l’Alma à Roubaix.

Leers, riche de son passé industriel et ouvrier, porte un véritable enjeu de mémoire. Préserver ce site, c’est transmettre aux générations futures l’histoire de ceux qui l’ont fait vivre. Or, céder à la tentation de la table rase reviendrait à effacer ces repères, privant la ville d’un pan essentiel de son identité.

L’enjeu ne se limite pas à conserver des bâtiments : il s’agit de les réinventer pour répondre aux besoins d’aujourd’hui et de demain. Habitat, espaces publics, économie locale, services de proximité, intégration paysagère : la réflexion doit être globale.

La réhabilitation de la Motte-Bossut doit aussi être un levier pour renforcer la mixité sociale, en proposant une offre de logements diversifiée et accessible. Il ne s’agit pas de créer un quartier figé ou excluant, mais un véritable lieu de vie, ouvert et inclusif, où chacun puisse trouver sa place.


Un projet ambitieux et respectueux du patrimoine existe

Avant même la publication de la proposition controversée du maire, un autre projet avait été élaboré par les équipes de terrain de l’association Vivre à Leers, le cabinet Regard Naïf, et l’association Urgences Patrimoines.


Plutôt que de raser l’essentiel de la Motte-Bossut pour une zone résidentielle, l’ambition est d’en faire un lieu intergénérationnel doté de multiples activités. Une façon de renouer avec le dynamisme de cet endroit qui a vu passer tant de générations d’ouvriers.




L’essentiel du patrimoine existant serait préservé et même complété, les nouveaux bâtis étant conçus dans une continuité narrative. Transformé en monument de vie, ce futur site retrouverait une nouvelle splendeur et mettrait la commune de Leers à l'avant-garde de la Renaissance Urbaine, un mouvement sensible au beau et soucieux de ce qui sera légué aux générations futures.




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