Pourtant, cette ancienne usine textile construite dans les années 1840 était en très bon état et rien ne justifiait sa démolition.
Il n’est pas rare que les démolitions soient justifiées par des désordres structurels importants, mais dans le cas qui nous occupe aujourd’hui, tout allait très bien.
D’ailleurs, une partie des bâtiments étaient encore utilisée par une entreprise.
Mais la municipalité qui a le droit de vie ou de mort sur le patrimoine, sans trop tenir compte de l’avis de ses administrés, a décidé d’un commun accord avec elle-même, que ce patrimoine n’avait aucun intérêt, et qu’il valait mieux, une fois encore, pratiquer la politique de la « Tabula Rasa », pour construire en lieu et place de ce témoin de la mémoire locale, une énième résidence étudiante.
C’est quand même curieux. On nous rabâche à longueur de journée qu’il faut réparer plutôt que de jeter et cela est valable pour tout, sauf pour le patrimoine.
Pourtant, une réhabilitation intelligente en résidence étudiante était tout à fait possible, quitte à faire jouer la carte de la surélévation, s’il manquait quelques mètres carrés pour optimiser la rentabilité.
Une chose est certaine, en ce qui concerne l’empreinte carbone, une démolition / reconstruction, c’est zéro pointé.
D’ailleurs, nous sommes toujours étonnés que les militants écologistes, qui sont souvent plus écoutés que les défenseurs du patrimoine, soient rarement présents à nos côtés lors des combats contre les démolitions.
En tout cas, nombreuses ont été les voix qui se sont élevées contre ce projet, que ce soit localement ou nationalement. Un « Démolition Tour » a même été organisé par les défenseurs du patrimoine Roubaisiens. Un trait d’humour, pour appuyer là où ça fait mal, car hélas, les atteintes au patrimoine de cette ville emblématique du Nord sont nombreuses, et ce n’est que le début.
Notre dernier espoir pour tenter de sauver ce patrimoine, était un recours contre le permis modificatif déposé par Vinci Construction. C’est ce qu’a fait notre avocat, Maître Théodore Catry, au nom d’Urgences Patrimoine et de l’association locale Métropole Label.le.
Nos espoirs communs furent de courte durée, car Vinci Construction a purement et simplement retiré son permis modificatif. Ce retrait fut sans doute motivé par la peur de perdre, et de voir contrarier ce projet de démolition. Quel courage !
On ne réécrira pas l’histoire hélas, et aujourd’hui, les bâtiments principaux sont devenus poussière, derrière une palissade où un graffeur qui a un certain sens de l’humour, a dessiné un portrait de Wooddy Wodpecker, faisant sans doute référence aux marteaux piqueurs qui ont dû œuvrer sur ce chantier.
La question qui est la nôtre aujourd’hui, sachant que le quartier de l’Alma, malgré une très forte mobilisation, est en train de subir le même sort, et que les courées d’Épeule sont elles aussi menacées alors qu’elles font partie intégrante de la mémoire locale, la ville de Roubaix ne devrait-elle pas se voir retirer son label « Ville d’Art et d’Histoire » ?
Car certes, en ce qui concerne l’art, le Musée de la Piscine est sans doute l’un des plus beaux musées de France, mais en ce qui concerne l’Histoire et le glorieux passé industriel de la ville, que va-t-il en rester si la municipalité s’obstine à mettre par terre tous les marqueurs forts de son identité ?
À suivre…
Crédits photographiques ; Véronique Langlet
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