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Photo du rédacteurAlexandra Sobczak-Romanski

Quand tombent les chapelles


La semaine dernière, vous êtes nombreux à avoir été indignés par la démolition de la chapelle Sainte-Thérèse à Scaër, dans le Finistère. Malheureusement, cette démolition n’est pas un cas isolé, et bientôt démolir un édifice religieux sera relégué à la rubrique des « faits divers ». Un peu partout sur notre territoire, des édifices semblables à la chapelle Sainte-Thérèse, attendent impuissants que les pelleteuses viennent mettre fin à leur lente agonie. Agonie résultant d’années d’abandon et de désintérêt et que l’absence d’entretien conduit un peu plus chaque jour vers la benne. Triste destin que celui de finir en gravats, quand on a été désiré et que l’on a pourtant parfaitement rempli sa mission pendant des décennies, voire des siècles.

Pourquoi détruire ce qu’on a eu tant de mal à construire ? Parce que restaurer un édifice très endommagé coûte cher. Pourtant, un entretien régulier permettrait d’assurer l’avenir d’un édifice, mais depuis près de 50 ans, cet entretien n’est plus une priorité. Secrètement sans doute, on se dit que cela peut attendre encore quelques années, et que quelqu’un, plus tard, entreprendra les travaux. Sauf que cette politique du « après moi le déluge », conduit inexorablement nos pierres vers leur fin. « Il est toujours plus tard qu’on le pense », c’est aussi valable pour le patrimoine.

Si bien souvent ce sont les maires qui sont responsables de ces démolitions, les Diocèses ne sont pas plus exemplaires. Il est évident que l’argent manque dans tous les cas, mais encore une fois, si le patrimoine était entretenu de façon régulière, les sommes à engager seraient moindres.

Ce qui nous surprend le plus, ce sont les discours qui accompagnent les projets de démolition. Comme lors de celle de la Chapelle Saint-Bernard à Clairmarais en 2017, où le représentant du Diocèse expliquait que « cette chapelle ne servait plus à rien, car les pèlerins qui venaient par milliers se recueillir à Clairmarais devant la grotte, venaient pour être au grand air et pas pour être enfermés dans une chapelle ». Un regret peut-être ? Celui de ne pas avoir vendu la chapelle à la commune qui avait à un moment exprimé le souhait d’en faire l’acquisition.

Cette pauvre chapelle fut donc détruite. « Du passé faisons table rase », c’est bien connu. D’ailleurs, profitons du souvenir de Clairmarais pour évoquer celui de la Chapelle Sainte-Thérèse et la Chapelle des Goëlands, toutes deux propriétés du Diocèse de Luçon et situées à Saint-Jean-de-Monts. L’une a fait place à une chapelle plus « moderne », l’autre a laissé sa place encore toute chaude à un lotissement.


Pour « s’excuser » de ce genre de pratique, le discours est toujours le même : « L’Église ce n’est pas le bâtiment, ce sont les fidèles ». Certes, mais pourtant, ces « bâtiments » ont bien été construits pour quelque chose relevant de l’éternel et du sacré, et certainement pas pour être des édifices éphémères. Nous ignorons quel sera le prochain sur la liste à tomber, mais nous savons qu’hélas cela ne saurait tarder. Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à soutenir La Gazette du Patrimoine en cliquant ici.

Crédits photographiques 1 à 4 : La Voix du Nord ; 6 : Le Courrier Vendéen.

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