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La Gazette du Patrimoine est le média en ligne d'Urgences Patrimoine. 

Cette publication relaie les combats de notre association.

Elle permet la diffusion des informations relatives aux patrimoines et à ses acteurs. 

  • Photo du rédacteurAlexandra Sobczak

Quand le patrimoine est victime de la haine en Martinique


Alors qu’en Martinique, le 22 mai est le jour de la commémoration de l’abolition de l’esclavage, deux statues à l’effigie de Victor Schœlcher ont été vandalisées. L’une à Fort-de-France et l’autre dans la commune de Schœlcher.



Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la statue érigée à l’entrée du bourg de Schœlcher est victime de la haine de certains, puisqu’en 2013, elle avait été endommagée et criblée d’inscriptions calomnieuses. Sa restauration datait de 2014.



Que chacun ait des convictions différentes au sujet de Schœlcher est un fait, mais s’en prendre à une statue et donc, à la culture et au patrimoine d’un territoire, n’est pas un acte de courage, mais un acte d’une infinie bêtise.



Bêtise qui va faire engager des dépenses importantes pour les restaurations et ce sont les communes qui paieront, donc indirectement les contribuables. Comme si la crise que nous traversons n’était pas suffisamment pénible, certains viennent rajouter à cela des provocations « gratuites » dont on se passerait bien.



Notons que ces actes surviennent alors même qu’en Guadeloupe, le Musée Schœlcher à Point-à-Pitre achève sa campagne de restauration.



Le grand Aimé Césaire au sujet de Schœlcher : « Victor Schœlcher, un des rares souffles d’air pur qui ait soufflé sur une histoire de meurtres, de pillage, d’exactions ».



Aimé Césaire, Introduction à Esclavage et colonisation, recueil de textes de Victor Schœlcher, P.U.F., 1948.



La Fondation pour pour la Mémoire de l'Esclavage condamne ces actes dans un communiqué de presse paru ce jour:



En ce 23 mai qui est depuis 2017 la journée nationale en hommage aux victimes de l'esclavage, Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la Mémoire de l'Esclavage, et Romuald Fonkoua, président du conseil scientifique, condamnent la destruction de deux statues de Victor Schoelcher à Fort-de-France, ville fondatrice de la Fondation, et à Schoelcher hier, 22 mai, jour-anniversaire de l'abolition en Martinique.



La figure de Victor Schoelcher appartient à l'histoire du combat pour la liberté et l'égalité. Ce combat a réuni les personnes réduites en esclavage, qui n'ont cessé de se révolter contre leur état, et l'ont fait encore le 22 mai 1848 en Martinique, et des militants abolitionnistes comme Victor Schoelcher qui ont mis ce combat au cœur du projet républicain.



Nier cette histoire va à l'encontre de l'émancipation des femmes et des hommes, par la culture, par la sécurité économique, par la reconnaissance des droits humains, qui est toujours un sujet d'actualité aux Antilles, dans toute la France et dans le monde.



L’artiste Joby Bernabé rappelait encore hier l'importance de ne pas dissocier le combat des marrons de celui de Victor Schoelcher lors Live Facebook organisé par la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage à l'occasion de la célébration du 22 mai en Martinique.



Le fondement de l'action de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage est de rassembler les mémoires, en transmettant l'histoire de l'esclavage et ses conséquences qui restent encore aujourd'hui trop mal connues.



Elle fait siens ces mots d'Aimé Césaire et invite chacun.e à les réentendre :



« Ainsi donc évoquer Schoelcher, ce n'est pas invoquer un vain fantôme. C'est rappeler à sa vraie fonction un homme dont chaque mot est encore une balle explosive. Que son œuvre soit incomplète, il n'est que trop évident. (...) Il a apporté aux noirs des Antilles la liberté politique. S'il n'a pu la compléter par leur accès à la propriété et à la sécurité économique, du moins a-t-il créé une contradiction saisissante qui ne peut pas ne pas faire éclater le vieil ordre des choses : celle qui fait du moderne colonisé à la fois un citoyen total et un prolétaire intégral. »



Aimé Césaire, Esclavage et colonisation, 1948



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