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La Gazette du Patrimoine est le média en ligne d'Urgences Patrimoine. 

Cette publication relaie les combats de notre association.

Elle permet la diffusion des informations relatives aux patrimoines et à ses acteurs. 

Photo du rédacteurAlexandra Sobczak

Projet de démolition de l’église de La Ferrière-de-Flée : on se calme !

L’annonce de la possible démolition de l’église de La-Ferrière-de-Flée est un peu le « buzz » de la semaine dans bon nombre de médias. Beaucoup d’entre eux font allusion à la démolition de la chapelle Saint-Joseph dans leurs articles, mais nous tenions à préciser que, si effectivement il est question de la démolition d’un édifice du XIXe, siècle « maudit » en termes d’architecture, la comparaison s’arrête là.




C’est parce qu’Urgences Patrimoine a été la SEULE association à agir sans relâche contre la démolition de la chapelle Saint-Joseph à Lille, que nous nous estimons légitimes à contester la comparaison qui est faite. Afin de bien dissocier les choses et de prouver que les deux affaires sont différentes, voici un bref résumé en une image :



Nous trouvons vraiment curieux cet emballement médiatique pour l’église de La-Ferrière-de-Flée, alors que, lorsque la chapelle Saint-Joseph à Lille vivait ses derniers instants, la majorité de médias étaient aux abonnés absents. Sans doute la peur de la toute puissante Université Catholique de Lille et de Martine Aubry, grande amie de notre ministre de la culture. Je rappelle que nous avons été condamnés à 1000 euros d’amende pour avoir osé nous opposer à la démolition totalement infondée de la chapelle. Oui, parce que dans notre beau pays de France, on condamne ceux qui se mobilisent pour sauver le patrimoine.




Mais revenons au sujet qui nous occupe aujourd’hui.



Si effectivement la démolition de l’église Sainte Madeleine est une option envisagée par la commune, il est inutile de jeter les élus immédiatement dans la fausse aux lions. En effet, lorsqu’une petite commune est propriétaire de plusieurs édifices religieux, elle peine à trouver les budgets nécessaires à leur restauration. La seule chose que nous pouvons dénoncer pour le moment, c’est de ne pas avoir informé le Prêtre de la paroisse et qu’il ait découvert l’éventuel projet de démolition dans la presse.




Si nous pouvons nous enorgueillir d’être passés maîtres dans l’art de « la Guerre aux démolisseurs », quand nous la faisons, c’est qu’il y a une volonté affirmée de détruire. Or, dans ce cas précis, rien n’est acté. Notre seule réelle inquiétude réside dans la désacralisation de l’édifice, mais soyons optimistes, c’est peut-être ça qui le sauvera.



Vous êtes très nombreux à nous avoir contacté afin que nous passions à l’action. Nous allons le faire, puisque la sauvegarde du patrimoine de nos territoires est notre priorité. Mais notre première action ne sera de nous insurger contre le Maire de la commune comme tout le monde trouve malin de le faire. Non, notre première action sera une action de médiation, car nous restons persuadés qu’à chaque problème, il y a une solution et que le dialogue peut résoudre bien des choses — quand celui-ci est rendu possible bien entendu.



Donc, pour le moment soyons optimistes et gardons espoir.



Si nous sommes optimistes, c’est parce que nous nous sommes déjà illustrés (dans l’ombre comme souvent) dans une affaire similaire en 2017.



Il faut rappeler les faits de cette dernière affaire :



Le maire de la commune de Jussy le Chaudrier, dans le Cher, avait alors acté en Conseil Municipal la démolition de l’église de la commune. C’est alors que notre délégué départemental, Jean-Claude Sauzéat, avait sollicité un rendez-vous pour essayer de surseoir à cette décision.



Le rendez-vous fut très difficile à obtenir, car le maire venait d’en découdre avec une association spécialiste du patrimoine religieux qui s’était montrée virulente à son égard. Après plus d’une heure de « négociations » notre valeureux délégué a réussi à nous obtenir un rendez-vous et c’est avec l’assistance d’Alexandre Bonnassieux, architecte du patrimoine et membre de notre équipe, que nous nous sommes rendus sur place.



Il nous aura fallu deux heures, deux petites heures pour inverser la tendance en expliquant au maire que la démolition n’était pas la seule option, simplement en lui démontrant qu’il était possible d’envisager de faire les travaux par tranches et que même dans une commune de 600 âmes, cela pourrait « coller » dans le budget.



Certains diront que c’est stupide, mais imaginez le maire d’une petite commune rurale face à un devis de restauration dont le montant total frôle, voire dépasse, le million d’euros.



Je reste persuadée que sans les conseils de professionnels avertis, beaucoup se seraient résignés à l’annonce de tels montants.




À ce jour, l’église ne semble pas vraiment rétablie, mais elle est toujours debout. Saluons au passage l’intervention du Préfet peu après la nôtre (ça aide bien quand les Préfets sont sensibles au patrimoine), qui lui aussi avait pris position pour la réhabilitation. Aucun « buzz » médiatique après la décision de ne pas démolir, mais nous commençons à le savoir, quand « ça ne sent pas la mort », ça n’est pas vendeur.



Notons quand même que, dès l’annonce de la décision, le délégué de la Fondation du Patrimoine s’est précipité pour faire adhérer la commune, alors qu’en ce qui nous concerne, nous n’avions pas demandé un centime et, d’ailleurs, nous n’avions même pas eu droit à un merci. Peu importe, nous agissons pour sauver ce qui peut l’être et savoir l’église toujours en place est la plus importante des gratifications, même si, soyons réalistes, cela ne paye pas les frais.



Toujours est-il que nous allons dans un premier temps essayer de faire de même pour l’église Sainte-Madeleine afin d’essayer de trouver des solutions pour que ce bel édifice XIXe s’inscrive dans l’avenir.



J’entends déjà les commentaires de certains (même dans le « hautes sphères ») : elle est moche cette église, elle n’a aucun intérêt architectural….



Alors que les choses soient claires, personne n’est en droit de juger un édifice qui, 150 ans plus tôt, a été pensé, désiré et surtout édifié par des dizaines d’artisans. La beauté est subjective et ce n’est pas parce qu’un édifice est « modeste » qu’il est dénué d’intérêt.



Cela reviendrait à dire, que seules les personnes au physique avantageux auraient le droit d’être soignées et de vivre ? Alors évitons de porter des jugements trop hâtifs.



Enfin, je rappelle que se déchaîner sur les réseaux sociaux, sous les publications nombreuses évoquant cette affaire, ne sert strictement à rien et que si vous souhaitez réellement être utile à la cause du patrimoine, mobilisez-vous à nos côtés par le biais d’une adhésion.



Pour lutter contre les démolitions, nous avons besoin d’une armée de valeureux soldats, pas d’un public déchaîné.



« Le patrimoine ne peut pas lutter, ensemble nous pouvons. »



Alexandra Sobczak-Romanski


Présidente d’Urgences Patrimoine

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