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  • Photo du rédacteurAlexandra Sobczak

CAPES de Lettres modernes : la littérature médiévale à la trappe ?

La nouvelle a probablement fait plus de bruit que certains le pensaient dans cette période de pandémie. Un projet d’arrêté, visé par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, entend supprimer la littérature médiévale du programme du Capes de Lettres, les textes du programme étant choisis dans la période allant de la Renaissance à nos jours.



Une récente lettre ouverte (ICI), rédigée par Anne Carlier et adressée à Blanquer, tire un signal d’alarme qui mérite, selon nous, de se faire entendre le plus largement possible. Professeur à la Sorbonne, Présidente de la Société internationale pour la Diachronie du Français, Membre de l'Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique, Anne Carlier se dit consternée par la disparition de ce pan de « littérature nationale, qui a été une source d’inspiration pour les littératures de l’Occident au moyen âge ».



L’on ne s’étonnera que peu de ce projet, si l’on se souvient qu’en 2005, déjà, le Président de l’agrégation de Lettres Modernes, l’inspecteur général Le Guilloux, avait réduit de moitié le nombre de spécialistes de grammaire à l'oral de l'agrégation externe de Lettres modernes. Tout cela sans aucune concertation. L’affaire avait fait grand bruit alors et avait conduit à une pétition.



Il y va donc d’une cohérence ministérielle. Mais que devons-nous en conclure ? Que nos étudiants d’agrégation sont incapables de lire et commenter Pierre Abélard ou le Roman de Renart ? La légende de Tristan et Iseut serait-elle devenue inabordable ? La chose est improbable. Ce qui est plus avéré, en revanche, c’est qu’une fois de plus, certains se permettent de décréter « ce qui n’est plus faisable ou pensable » par les étudiants et se croient ainsi autorisés à faire table rase du patrimoine qui est le nôtre. Cela n’est pas sérieux.



De quel orgueil faut-il donc souffrir pour en arriver — a priori — à ce mépris du « niveau » de l’étudiant ? De quelle autorité faut-il se prévaloir pour décider unilatéralement que ce qui est assez bon pour les anciens ne l’est pas pour les plus jeunes ? Il nous apparaît au contraire que professer, c’est transmettre (et l'on sait combien la chose est difficile) ces savoirs et compétences qui, in fine, constituent le socle commun entre les générations.



Pour d’autres, clairement, professer signifie couper les ponts.


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