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La Gazette du Patrimoine est le média en ligne d'Urgences Patrimoine. 

Cette publication relaie les combats de notre association.

Elle permet la diffusion des informations relatives aux patrimoines et à ses acteurs. 

Photo du rédacteurAlexandra Sobczak

Avignon : il faut sauver l’île de la Barthelasse

À l’heure où l’écologie est au cœur de toutes les préoccupations, le projet de bétonnage de l’île de la Barthelasse nous laisse dubitatifs. Comment peut-on, de nos jours, envisager un tel écocide, alors qu’avec un minimum de bon sens un projet alternatif respectueux de la nature pourrait voir le jour ? Comment l’État peut-il cautionner cela ? Et nous pourrions même aller plus loin en demandant : « à qui profite le crime ? ».



Le patrimoine naturel faisant également partie de nos prérogatives, c’est tout « naturellement » qu’Urgences Patrimoine se joint au collectif « SOS Baqrthelasse » afin de mettre un terme à ce projet d’un autre siècle.



Nous vous invitons à participer à l’enquête publique dont le lien se trouve en fin d’article. Cinq minutes de votre temps peuvent contribuer à sauver cette île du bétonnage sauvage. D’avance merci pour votre aide.



Le collectif SOS Barthelasse nous résume la situation :



Au cœur de l'agglomération d'Avignon se trouve l'île de la Barthelasse, vaste territoire de 700 hectares à vocation principalement agricole.


Depuis toujours, l'île subit les crues du Rhône, dont les limons contribuent à la fertilisation des terres.



Une digue, construite à la fin du XIXe siècle, renforcée depuis régulièrement, protège l'île, ses habitants (une centaine de foyers) et les exploitations agricoles des petites crues régulières.



Des arbres ont pris racine sur cette digue depuis 150 ans. Il s'agit d'une ripisylve, ou forêt alluviale, qui joue un rôle de corridor écologique, essentiel au maintien de la biodiversité.



Cette forêt de plusieurs milliers d'arbres plus que centenaires, regorge de vie sauvage et de nombreuses espèces vulnérables y ont été recensées. Chiroptères, odonates, insectes, reptiles, mammifères (dont la loutre) ... protégés par différentes lois et dispositifs nationaux et européens (la Barthelasse se trouve notamment dans une zone Natura 2000).




A la fin des années 90, soit il y a une trentaine d'années, un projet de rénovation de la digue de l'île de la Barthelasse a vu le jour. Après des années de montage, ce projet est entré dans une phase décisive, puisqu'une enquête publique se déroule actuellement, et jusqu'au 9 février à midi.



De nombreux citoyens s'expriment contre ce projet qui, au prix de beaucoup d'argent public (18 millions d'euros) et d'un massacre environnemental d'un autre âge, va bénéficier à très peu de gens.



Ce projet, écocide et anachronique, est jugé recevable par les services de l'Etat alors qu'il présente de nombreuses carences et insuffisances.



Citons notamment :



L'absence délibérée de transparence et le manque total de concertation dont ce projet a fait l'objet depuis 30 ans : dissimulations, mensonges, fin de non-recevoir, tout a été fait pour systématiquement confisquer ce dossier au public, en violation manifeste de la loi (notamment la directive européenne 2003/4/CE et la charte de l'environnement).



L'étude d'impact qui s'appuie sur des inventaires mal menés et incomplets. La demande de dérogation pour la destruction d'espèces animales protégées, indispensable pièce du projet puisque situé en zone Natura 2000, concerne 62 espèces. Des naturalistes indépendants ayant réalisé des inventaires dans la durée, en dénombrent de leur côté plus de 170 ! Dans un cas comme dans l'autre, on ne peut concevoir l'idée de porter intentionnellement atteinte à autant d'espèces, pour un projet dont l'intérêt est discutable et dont les alternatives sont possibles.



L'analyse coût / bénéfice, qui tient pour quantité négligeable l'environnement, dont la valeur n'est à aucun moment prise en considération.



Le non-respect de la séquence ERC, obligation du code de l'environnement, dont l'objectif est d’obtenir que les projets d’aménagement du territoire se fassent sans perte de biodiversité aucune. L’ordre hiérarchique de cette séquence doit obligatoirement être suivi par les aménageurs.



Il faut d’abord éviter les impacts sur les écosystèmes, puis, seulement si ce n’est pas possible, il faut les réduire, et en dernier recours, si réduire n’est pas possible non plus, on doit les compenser. Seules les mesures "Éviter" garantissent la non atteinte à l’environnement.



Or, on ne trouve dans la conception du projet, aucune trace d'une volonté d'évitement ou de réduction de son impact environnemental catastrophique. Tout au mieux des promesses de compensations, qui vont de l'inutile (replanter des arbrisseaux, d'autres espèces, sur des sites déjà naturels) à l'aberrant (des gîtes en béton pour les castors, on ne sait pas si l'on doit en rire ou en pleurer).


Les autorités environnementales ne s'y sont pas trompées, puisque tant la Mission Régionale d'Autorité environnementale (MRAe) que le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) ont donné un avis négatif ou sévère sur ce dossier.



Pourtant des solutions existent, qui permettraient de concilier à la fois protection contre les crues et préservation de l'environnement. Comme par exemple la technique de la digue en retrait, proposée par le collectif SOS Barthelasse, qui dénonce les méthodes brutales de l'actuel projet et ne cesse d'inviter à une plus large concertation.



Restée sourde à ces appels, la communauté d'agglomération du Grand Avignon a malgré tout fait le choix de maintenir son projet, qui va causer un lourd préjudice à toutes et tous, et pour longtemps.



Déjà en 2016 la presse relayait l’absurdité du projet :


L'enquête publique en cours vise à déterminer si ce projet est, oui ou non, d'utilité publique. Toute personne, tout.e citoyen.ne, quelle que soit sa nationalité, quel que soit son lieu de résidence, peut apporter sa contribution à cette enquête publique.



Nous invitons vivement tous les lecteurs de La Gazette du Patrimoine à prendre part à l'enquête publique pour contribuer à nos côtés à la dénonciation de ce non-sens écologique. Chacune, chacun, avec ses mots, peut contribuer à ce que les aspects dévastateurs de ce projet soient explicités, dans l'espoir que cette prise de conscience unanime et nationale exerce une influence décisive sur l'issue de l'enquête et la décision de l'administration à qui il revient d'autoriser le projet.



Pour vous aider dans cette démarche, nous avons mis à votre disposition un "Kit citoyen" qui vous donne les informations nécessaires sur le projet et sur les modalités de participation à l'enquête publique ICI.


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