Alors que de nombreuses communes du territoire s’efforcent de valoriser leurs calvaires, à Tronget, dans le canton de Souvigny (Fille ainée de Cluny), on ne peut pas dire que ce soit le cas. En effet, le calvaire du village érigé en 1846, suite à une souscription publique, a été relégué au fond du dépôt communal au milieu des tuyaux et des bouts de ferraille. Pourquoi est-il là ? Personne ne semble le savoir.
Nous aurions pu croire qu’il attendait une éventuelle restauration, mais cela fait maintenant plusieurs années qu’il est là et il y a donc peu de chances que ce soit pour se « refaire une beauté ». D’ailleurs, la croix qui le surmontait fièrement ne fait pas partie des éléments gisant près du socle.On peut dire qu’il s’agissait d’un calvaire « voyageur », car il fut érigé en 1846 devant l'église de Tronget, au milieu du cimetière qui l’entourait, avant que ce dernier ne soit également déplacé un peu à l’extérieur de la commune. En 1920, le calvaire rejoindra la cour du presbytère afin de laisser sa place au monument aux morts.
Le presbytère fut d’ailleurs habité à partir des années 1960 par un curé emblématique de Tronget, l'Abbé Guéneau, qui avait répertorié toutes les croix de la paroisse. Pour lui, les croix avaient une importance capitale. Il a ensuite été muté vers la paroisse de Le Montet (village voisin) jusqu'en 2007, date à laquelle il a pris sa retraite.
Des religieuses ont alors investi après lui ce presbytère et l'ont quitté il y a une dizaine d'années. Propriété de l'Association Diocésaine de Moulins, il a été revendu à un particulier il y a peu de temps.
Ce presbytère a une mitoyenneté avec un bâtiment communal et le calvaire se trouvait alors contre cette propriété communale.
Au fond de la cour de ce bâtiment, la commune a aménagé un local pour le club de boules et c'est sans doute au moment de cet aménagement qu’il fut entreposé au dépôt municipal parce qu'il devait gêner.
Nous ignorons si l'Association Diocésaine de Moulins, qui était encore propriétaire à l'époque, a été mise au courant du « dernier voyage » de l’édifice. Enfin, « dernier », rien n’est moins sûr, car l’ultime déplacement pourrait bien conduire ce témoin de l’histoire de Tronget tout simplement à la décharge publique.
Nous avons quand même du mal à croire qu’aucun habitant ne se soit indigné jusqu’à présent, mais il est vrai que s’opposer à une décision municipale dans une petite commune n’ai pas chose aisée.
Il doit sans doute exister une délibération du Conseil Municipal faisant état de ce « déni de patrimoine », mais nous n’en n’avons aucune trace pour le moment.
Quoi qu’il en soit, nous n’avons pas l’intention d’en rester là, car ce patrimoine doit retrouver sa place à Tronget… ou ailleurs.
Dans notre beau pays de France, il fut un temps où l’on chassait les sorcières, de nos jours certains font la chasse aux calvaires. C’est le cas de l’association la Libre Pensée qui s’est illustrée il y a quelques mois en faisant retirer un édifice fraichement restauré, parce qu’il était dans l’espace public et qu’il avait été érigé en 1846, donc bien après la Loi de 1905. Le Maire de la commune de Tronget a peut-être oublié que le calvaire de sa commune était bien antérieur à la loi.
D’ailleurs Monsieur le Maire a rejeté une demande du curé de la paroisse pour entretenir l’église. L’été dernier, le clocher a été squatté par des jeunes qui s’amusaient à taper sur les cloches et, depuis, la porte du clocher n’a jamais été refermée et cadenassée.
Dans ce contexte, nos interrogations quant à une éventuelle restauration du calvaire sont quelque peu vaines, le patrimoine ne semblant pas être la préoccupation première de l’édile. S’il y avait eu une réelle volonté de restauration, il ne l’aurait pas remisé au fond du dépôt.
Bien évidemment, nous allons tenter d’en savoir un peu plus, en espérant pouvoir « mettre fin au calvaire » de ce patrimoine qui ne mérite pas de finir ainsi, ne serait-ce que par respect pour ceux qui ont contribué à sa construction en 1846.
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