Encore un patrimoine menacé au nom de la modernité.
Nous avons été alertés il y a quelques jours et nous nous devions de partager cette alerte.
Les carrières souterraines de craie de Meudon, creusées au début du XIXe et classées en site scientifique et artistique depuis 1986, vont être détruites de moitié ! Nous connaissons tous les crayères de Champagne, classées au patrimoine mondial de l'Unesco. À Meudon nous possédons les mêmes, à quelques kilomètres de Paris.
Cela fait 40 ans que divers projets successifs veulent venir à bout de ce « sous-sol gênant », dans un secteur ou la valeur foncière ne fait qu'exploser. 2020 sonne le glas, puisque le Ministre de la transition écologique et solidaire a validé les travaux de comblement via les apports de déblais issus des chantiers d’Ile de France.
C'est la moitié d'un dédale de 8 kilomètres de galeries qui va disparaître sous les remblais du nouveau métro Grand-Paris-Express. Ces galeries souterraines sont d'une qualité architecturale inestimable : taillées dans la masse de craie à la main et au pic par les Maîtres carriers de l'époque, ces galeries font en moyenne de 3 à 7 mètres de haut, avec un ciel vouté en plein cintre.
Aux intersections de chaque galerie se dévoilent de somptueuses croisées d'ogives souterraines. Le souci du détail lors de la création de cette carrière souterraine a amené les carriers à peigner les parois des galeries, de manière à obtenir des finitions artistiques des plus parfaites. Ce sont tous ces détails qui donnent à l'ensemble l'ampleur d'une cathédrale romane.
À cet intérêt architectural s'ajoute un intérêt acoustique exceptionnel. Les études du CNRS révèlent une qualité acoustique digne des plus grandes salles de spectacles et grandes cathédrales. En 1988, des enregistrements de l'ensemble Venance Fortunat ont démontré l'intérêt d'écoute tout à fait particulier de ce lieu. Enfin, l'intérêt scientifique est aussi très important, puisque ce site est célèbre dans toute la littérature géologique internationale. De nombreux chercheurs du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, de l'Université Pierre et Marie Curie et du CNRS y ont mené des travaux qui ont abouti à une visite de géologues du Monde entier lors du Congrès Géologique International de 1980. C'est un patrimoine inestimable qui s’apprête donc à être enseveli, en faisant fi de son intérêt patrimonial dans bien des domaines : patrimoine historique, patrimoine ouvrier, patrimoine architectural rare, patrimoine du souvenir de la guerre, patrimoine géologique.... Un recours a été déposé, mais les travaux devraient démarrer prochainement. Une pétition est en ligne, n’hésitez pas à cliquer sur le lien pour la signer : https://www.change.org/p/carrieresarnaudet Crédits photographiques : Magdaleyna Labbé