Camille Viala
Responsable des archives photographiques et numériques aux Archives départementales de Tarn-et-Garonne
Après un cursus universitaire en Histoire de l’Art et Histoire, elle intègre le Master Archives & Images du DDAME au sein de l’Université Toulouse Jean Jaurès. Depuis trois ans, elle occupe le poste de responsable des archives photographiques et numériques aux Archives départementales de Tarn-et-Garonne. De récents travaux - menés par l’équipe des archives - autour du recensement des héliographes ayants exercés sur le territoire du XIXe siècle à nos jours ont donné lieu à différentes opérations de collecte d’archives privées, comme celle du studio photographique René Brousses en 2020.
Studios René Brousses, 50 ans de photographie dans le Quercy
Juillet 2020, les archives du photographe René Brousses trouvent refuge aux Archives départementales de Tarn-et-Garonne. Un fonds d’une grande richesse pour l’histoire locale tout comme pour celle du médium photographique. Du XIXe siècle à 1988, ce fonds témoigne de l’activité de René Brousses mais aussi des photographes qui ont exercé avant lui, aux prémices de l’héliographie.
René André Marius Brousses est né le 1er mai 1920 à Saint-Antonin-Noble-Val. Il s’installe comme photographe sur le territoire et ouvre successivement trois studios implantés à Saint-Antonin-de-Noble-Val, Caylus et Caussade. Sa pratique est essentiellement axée autour de la photographie de studios et de reportages. Tout au long de sa carrière il réalise de nombreux portraits et fixe sur la pellicule le quotidien des habitants du Quercy. En parallèle, il est aussi correspondant pour le journal La Victoire créé à Toulouse par Pierre Dumas, il réalise ainsi des reportages de presse de 1944 à 1949.
Si le fonds se compose essentiellement de documents produits par les studios R. Brousses, on y trouve également des photographies capturées par d’autres héliographes. Éloi Faure 1890-1967) débute son activité dans le studio de Saint-Antonin en 1916. Le second photographe, Théodore Déjean (1850-1899), exerce son activité à Caylus. C’est sa fille Marie Déjean qui hérite du studio et qui procède à sa vente à René Brousses en 1947.
Collecte du fonds et historique de conservation
Un matin d’été, l’équipe des Archives départementales de Tarn-et-Garonne pousse la porte du studio. Presque rien n’a bougé depuis le départ de René Brousses en 1988 (?), chaque objet est encore à sa place. Un calendrier annuel posé sur le comptoir de la boutique date de cette année-là.
Des pellicules photos sont toujours exposées a la vente : 30,50 F pour la Kodak Gold, 50 F pour la Fujichrome ! On trouve aussi du papier pour Polaroid ainsi que des cartes postales illustrées du département, éditées par le studio R. Brousses. Dans un petit coin du comptoir, des photographies attendent sagement dans leurs pochettes Kodak la venue de leurs propriétaires.
Au premier étage de la maison-boutique, se trouve le studio de photographies, le bureau de René et son atelier où sont entreposés fournitures, appareils et documents d’archives revues, publicités, factures, registres, correspondances). Les éléments de décor du studio sont comme figés dans le temps.
C’est dans la petite pièce à l’arrière que repose une grande partie du fonds René Brousses. Une dizaine d’appareils photographiques anciens se mêle aux archives, aux nombreuses boîtes de plaques de verre, tracts publicitaires et matériels de bricolage.
Conservation préventive des documents d’archives
Lors de son arrivée, le fonds d’archives a été entreposé dans une petite pièce pour une mise en quarantaine. Une identification des différents ensembles documentaires a été réalisé afin de repérer les documents dans un état sanitaire critique. Un important travail de décontamination, de séchage et d’assainissement a été mis en œuvre pour les archives présentant des signes de moisissures notamment.
Les autres documents ont également fait l’objet d’un nettoyage, selon une technique et des moyens différents en fonction de la typologie documentaire et plus particulièrement du procédé et du support photographique en question. C’est notamment le cas des négatifs sur nitrate de cellulose (1889-1951). Supports inflammables si la température ambiante atteint les 40°C , la conservation des négatifs en nitrate de cellulose est délicate. Utilisé en photographie et au cinéma de 1890 a 1950, il est interdit en 1951. Le conditionnement - de l’ensemble des documents, quel que soit le support - dans du matériel de conservation adapté a été mis en œuvre et se poursuit encore aujourd’hui.
Analyse et classement du fonds
De la plaque de verre au gélatino-bromure d’argent à la diapositive 24x36 Kodak Color en passant par des négatifs en nitrate de cellulose, procédés, supports et usages de la photographie, de son origine aux années 1980, défilent sous nos yeux. Le fonds se compose essentiellement de clichés mais on y trouve aussi tout un ensemble de documentation professionnelle (revues spécialisées, publicités), d’appareils photographiques et de documents écrits (registres, comptabilité, carnets des différents dépôts). Ce témoignage composite a toutefois soulevé de nombreuses questions du point de vue de la conservation, du classement et de l’exploitation des documents.