Encore un patrimoine qui disparaît, comme chaque jour sur l’ensemble du territoire. Située à Salency dans l’Oise, petite commune rurale de 885 habitants, cette ferme faisait pourtant partie du paysage depuis plus de 200 ans.
C’était sans compter sur l’appétit féroce d’un entrepreneur local qui rachète tout se qui est à vendre dans le village. Initialement, les bâtiments devaient être réhabilités et transformés en logements, ce qui permettait d’inscrire ce petit patrimoine dans l’avenir, tout en offrant un cadre de vie atypique à ses occupants.
Mais l’entrepreneur a revu sa copie et a décidé de tout raser pour construire 8 pavillons sans âme avec jardinets, 8 pavillons sur une surface globale de 2500m2. On s’interroge tout de même sur l’intérêt de vivre à la campagne quand on a pour seul extérieur un bout de terrain grand comme un balcon, avec vue imprenable sur le séchoir à linge du voisin.
En parlant de copie, on ne peut pas dire que notre entrepreneur/démolisseur soit très à cheval sur les règles d’affichage, comme l’atteste ce panneau trônant fièrement sur le portail. Mais qui allait contester ?
Il s’agissait d’une propriété privée, rachetée par un privé et non protégée par un quelconque PLU. Seul le maire pouvait s’opposer à cette démolition, en refusant de signer le permis. Cependant, 8 pavillons, c’est sans doute bien plus lucratif en termes de taxe foncière qu’une vieille ferme picarde.
Nous parlions de pavillons sans âme — de l’âme parlons en justement ! Ces constructions anciennes sont l’âme des lieux et elles sont les marqueurs de l’identité d’un territoire, aussi modeste soient-elles. Mais au XXIe siècle, le mot identité est devenu un gros mot. Pourtant, l’uniformisation à outrance conduira inexorablement à la défiguration de nos territoires et, de facto, à leur perte.
Nous le répétons sans cesse, quand du Nord au Sud et d’Est en Ouest il n’y aura plus que des zones commerciales, des zones pavillonnaires et des parkings, où sera l’attractivité d’un territoire ?
Salency avait déjà condamné sa traditionnelle « Fête de la Rosière » alors que cette tradition était millénaire. Ne nous étonnons donc si le maire ne s’est pas ému de la démolition d’un modeste représentant du patrimoine bâti, malgré la colère de nombreux administrés.
Cette histoire est somme toute très banale, car des centaines d’édifices que nous appelons « des patrimoines de proximité », disparaissent chaque jour, et avec le futur projet « zéro artificialisation des terres » le processus risque fort de s’accélérer.
Pour tous ceux qui souhaitent contempler la commune avant sa complète transformation, nous vous conseillons de suivre la page Facebook de Bertrand Tribout : Jadis Salency