C’est une mobilisation hors du commun, un raz de marée de signatures. Que dis-je un raz de marée ? C’est plutôt un tsunami !
La pétition initiée il y a moins d’une semaine par Hubert Bouccara, libraire à Paris, et solidaire de ses amis des Quais, affiche ce matin plus de 32.000 signatures, alors qu’à la même heure hier le compteur était inférieur à 10.000.
Les réseaux sociaux ne sont pas étrangers à ce succès, et je suis heureuse d’y avoir contribué à mon modeste niveau. En effet, jamais sur le réseau LinkedIn une de mes publications n’avait eu autant de succès. Plus de 2000 « likes » et des partages par centaines. Mais au-delà de cette petite fierté personnelle, je me réjouis de l’ampleur de cette mobilisation.
Les bouquinistes sont une institution et on ne touche pas à une institution. C’est sans doute ce message que les signataires veulent faire passer à la Préfecture et à la Mairie de Paris.
Personne ne conteste le fait que la sécurité nationale prime sur tout le reste, mais c’est surtout la cérémonie d’ouverture des J.O qui est à l’origine de la demande de retrait des « boites ». Pour 4 heures de manifestation, on priverait nos libraires « institutionnels » de leur outil de travail pendant plus de 15 jours ?
J’ai lu plusieurs commentaires d’internautes sous ma publication qui mettaient en avant le fait que ce n’était « que » pendant 15 jours. Je pense sincèrement que ces mêmes internautes n’apprécieraient d’être privés de tout revenu pendant 15 jours à cause d’une manifestation sportive, aussi prestigieuse soit-elle, surtout en pleine saison touristique.
En tous les cas, grâce à cette mobilisation hors du commun, il semblerait que le dialogue se soit installé entre les bouquinistes et les instances décisionnaires. C’est la raison pour laquelle, un recours n’est pas d’actualité, car rien ne vaut le dialogue.
En parlant de dialogue, le silence assourdissant de notre Ministre de la Culture est inquiétant, car nous aurions aimé qu’elle s’exprime sur ce sujet. J’ai eu beau cherché, pas la moindre trace d’un avis sur ce sujet et nous le regrettons.
Le plus drôle dans tout ça, c’est que sur le site Paris.fr, la Mairie de Paris fait l’apologie des bouquinistes.
Extrait :
« Les bouquinistes "font partie du paysage parisien, participent du charme des bords de Seine et constituent une animation, une attraction culturelle, un patrimoine littéraire et historique unique que la Ville souhaite préserver et mettre en valeur", indique la mairie de Paris. […] À Paris, plus de 200 petites librairies à ciel ouvert installées sur les quais de Seine sont désormais au patrimoine culturel immatériel français. Un premier pas vers la reconnaissance au patrimoine mondial de l’Unesco. Les bouquinistes rejoignent ainsi un patrimoine prestigieux ou figurent, entre autres, la gastronomie, les métiers d’art, ou bien encore les métiers d'autrefois… »
Après un tel éloge, il ne fait nul doute que la Mairie de Paris et la Préfecture vont trouver une solution acceptable à la fois pour la sécurité et pour nos « naufragés des quais ».
Cependant, la mobilisation doit continuer, alors soutenons nos bouquinistes en signant cette pétition. Je rappelle au passage qu’il est inutile de payer au moment de signer, mais qu’en revanche, tous les partages sont les bienvenus.
« Le patrimoine ne peut pas lutter, ensemble, nous pouvons »
Alexandra Sobczak-Romanski
Présidente d’Urgences Patrimoine