Depuis son sursis accordé par l’ancien Ministre de la Culture, Monsieur Franck Riester, le 5 juin dernier comme suite à notre action, nous n’arrivons pas à obtenir la moindre information concernant l’avenir de la chapelle Saint-Joseph.
Madame Roselyne Bachelot, Ministre de la Culture fraichement nommée, ne répond pas à nos interrogations alors que nous misions tant d’espoirs sur elle. Elle ne répond pas non plus au grand architecte Lillois, Étienne Poncelet, qui dans, un courrier adressé rue de Valois le 9 juillet, demandait que soient auditionnés les acteurs du projet de sauvegarde de l’édifice, projet qui, rappelons-le, est plus économique que la démolition/reconstruction portée par l’Université Catholique de Lille et surtout, beaucoup plus écologique. Justement, à l’heure où l’écologie s’invite dans tous les débats, ce dernier argument aurait dû peser dans la balance du bon sens et de la raison.
Une rencontre devait avoir lieu le 10 juillet au ministère avec les représentants du projet de démolition, mais comme cette date a coïncidé avec la passation de pouvoirs entre les ministres, nous ignorons même si elle a eu lieu. Ce que nous savons, c’est qu’en l’absence de réponse, tout est permis, y compris de voir la chapelle grignotée par les pelleteuses un beau matin puisque le permis de démolir accordé par la ville est toujours valide.
Nos inquiétudes sont légitimes, car nous avons fourni un travail titanesque pour obtenir ce sursis et retourner une situation qui semblait perdue d’avance en à peine quinze jours.
Cependant, nous n’avons jamais vraiment été convaincus par cette mesure qui, certes, nous avait alors donné un peu d’espoir et de satisfaction, mais qui aujourd’hui nous prouve que nous avions sans doute raison de ne pas crier victoire trop vite. Monsieur Stéphane Bern s’était voulu rassurant en affirmant avoir toute confiance en Monsieur Franck Riester quant à sa décision finale, mais c’était sans compter sur un remaniement ministériel « surprise » qui n’a pas donné au Ministre le temps d’avoir le mot de la fin et nous le regrettons profondément.
En attendant, nous ne sommes pas les seuls à nous inquiéter. En effet, bon nombre de Lillois attachés à cet édifice qui leur est familier attendent eux aussi des réponses.
C’est le cas notamment d’un collectif de riverains inquiets pour l’avenir de « leur » chapelle, chapelle qui fait partie intégrante de leur quotidien et qu’ils ne veulent pas voir disparaître.
C’est d’ailleurs dans ce genre de situation que la célèbre phrase de Victor Hugo extraite de « La guerre aux démolisseurs » prend tout son sens : « Il y a deux choses dans un édifice, son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire et sa beauté appartient à tout le monde, à vous, à moi, à nous tous. Donc, le détruire, c’est dépasser son droit ».
Oui, c’est exactement cela. On peut dire que les démolisseurs outrepassent leur droit, surtout quand ils souhaitent mettre à terre un témoin de l’histoire collective, même si ce dernier ne date « que » du XIXe siècle et n’a pas eu grâce aux yeux de l’Architecte des Bâtiments de France qui a donné, sans sourcilier, son accord pour la démolition, avec pour seul argument son époque de construction.
Nous trouvons cela un peu réducteur, car si la chapelle Saint-Joseph n’est certes pas un fleuron de l’architecture française, elle n’en est pas moins esthétique, très bien proportionnée et n’a rien à envier à certains édifices protégés de la même période. D’autant qu’il est important de rappeler qu’elle est érigée dans le périmètre protégé du Palais Rameau et lui fait écho. Alors Saint-Joseph, ce n’est pas Notre-Dame-de-Paris, mais est-ce pour cela que l’institution catholique a le droit de la détruire ?
Nous pensons qu’au vu du contexte sociétal actuel pour le moins complexe, démolir un édifice religieux est une grave erreur, même quand la laïcité prédomine. Car soyons sérieux, en démolissant cette chapelle c’est un symbole que l’on détruit, mais aussi un pan de l’histoire locale.
Nous allons une fois encore saisir Madame la Ministre de la Culture afin qu’elle statue sur cette triste affaire une bonne fois pour toute, notamment en signifiant sa mise sous protection — ce qui permettrait à tous les acteurs du projet de revoir leur « copie » en tenant compte du projet contradictoire qui leur ont été soumis et qui offrirait une seconde vie à l’édifice.
En attendant, voici le cri du cœur de la porte-parole du collectif de riverains qui en dit long sur leur attachement à la chapelle Saint-Joseph :
Madame, Monsieur,
Je m'adresse à vous, URGENCES PATRIMOINE, car je sais que vous défendez « notre » chapelle.
Membre du conseil syndical de la résidence Vauban-Colson à Lille, je suis la porte-parole des 50 résidents, de leurs familles et aussi de plusieurs personnes du quartier Vauban avec qui j'ai eu un contact.
Je veux vous dire notre émotion, notre tristesse et notre colère face à ce projet de destruction d'un édifice qui fait partie du paysage de notre quartier.
En ce qui me concerne, lorsque j'ai visité l'appartement que j'occupe depuis près de 30 ans, j'ai eu un coup de cœur pour cette vue splendide sur cette chapelle nichée dans la verdure et mon achat en a été très influencé.
Depuis les arbres qui se trouvaient à l'angle du boulevard Vauban et de la rue Colson ont été abattus pour laisser la place à un horrible bâtiment de l'ISEN, tellement moche qu'il va être détruit (20 ans plus tard !!!) pour faire place à un autre plus grand qui doit entraîner la destruction de la chapelle. Bravo !!
Dans le quartier, nous sommes très attachés à ce bâtiment qui, certes, ne date pas du Moyen-Age mais qui reste un témoin du passé et qui s'inscrit dans le périmètre d'un autre bâtiment historique, Le Palais Rameau.
Il ne manque pas de charme avec ses clochetons et ses vitraux et, pour une chapelle il a de belles dimensions. Ce fut un lieu de culte, bon nombre de lillois y ont fait leur communion. Cette belle Chapelle mérite une nouvelle vie et au lieu de la détruire, il faudrait la restaurer et la rendre accessible à un plus large public en la transformant en lieu d'expositions par exemple.
Pour la petite histoire, je vous signale que, lorsque nous devons effectuer une transformation sur nos immeubles (changement de fenêtre par exemple), nous devons demander des autorisations et monter d'énormes dossiers car nous sommes dans le périmètre d'un bâtiment historique alors que l'on s'apprête à détruire impunément un ouvrage qui date du XIXème siècle et qui a une âme (contrairement à nos banales résidences).
Je dois aussi vous dire que nos impôts fonciers sont très conséquents pour ces mêmes raisons.
Nous comptons sur vous pour nous soutenir et pour nous faire entendre auprès des instances concernées. Je pense que la Mairie de Lille et la région ne seront pas insensibles à notre légitime revendication.
Merci à vous de nous tenir au courant des suites de cette affaire et de nous dire si nous pouvons vous aider.
Pour le collectif de quartier
Josette HEMSEN
Tout est dit dans ce mail que nous avons reçu samedi et, bien évidemment, plus que jamais nous défendrons cet édifice.
« Le patrimoine ne peut pas lutter, ensemble nous pouvons »
Nous vous rappelons que notre pétition est toujours en ligne et que le seuil des 10.000 signatures serait un atout pour nous. Si vous avez déjà signé, n’hésitez pas à partager sur l’ensemble de vos réseaux.
Attention : Nous vous rappelons également que vous n’êtes pas obligés de faire un don à la plateforme de pétition car l’argent qui vous est demandé ne va pas à notre cause. Enfin, ne répondez à aucune sollicitation financière qui ne viendrait pas d’Urgences Patrimoine ou de La Gazette du Patrimoine, car nous sommes la seule association nationale à œuvrer pour la sauvegarde de la chapelle.
Pour signer la pétition cliquez ICI.