La statue de Joséphine à Fort-de-France n’a pas résistée au mouvement contestataire qui s’amplifie depuis quelques mois.
Cette statue avait été inaugurée le 29 août 1856. Réalisée en marbre de Carrare, elle mesurait approximativement de 5 mètres de haut. Elle a trôné ainsi plus d'un siècle au centre du parc de la Savane, avant d'être reléguée dans un endroit plus discret du parc sur ordre du maire de Fort-de-France Aimé Césaire en 1974 pour ne pas heurter une certaine partie de la population.
D’ailleurs en 1991, la statue fut décapitée pour rappeler le sort de la guillotine auquel Joséphine échappa de justesse. Après avoir longtemps hésité quant à une éventuelle restauration, il a été décidé de la laisser « en l’état ». Cela souligne surtout le sentiment des martiniquais vis-à-vis de Joséphine de Beauharnais. Si certains voient elle une illustre ancêtre née dans l'île, pour d'autres elle représente celle qui aurait conseillé à Napoléon Bonaparte de rétablir l'esclavage en 1802 alors que ce système avait été aboli par la Révolution Française en 1794.
Bien entendu, nous ne contestons aucunement l’histoire et en particulier l’horreur de l’esclavage. Mais ce n’est pas en détruisant les œuvres que l’on efface l’Histoire. Bien au contraire, il est important que celles-ci en soient les témoins et que l’on dénonce à travers leur présence les faits qui ont été commis. C’est l’éducation qui changera le monde et pas la destruction massive des œuvres.
Car il s’agit bien d’une œuvre, bien au-delà d’un symbole contestable. L’œuvre du sculpteur Vital Gabriel Dubray, auteur également du bas-relief du monument Jeanne d’Arc à Orléans ou encore de la statue équestre de Napoléon à Rouen.
Cette œuvre était protégée au titre des monuments historiques depuis 1992, c’est à dire tout juste un an après sa « décapitation ».
La question qui se pose aujourd’hui est pourquoi l’État n’a pas protégé cette statue sachant pertinemment qu’elle était la première cible en Martinique du mouvement contestataire qui sévit actuellement dans le monde ?
Pourquoi ne pas l’avoir transférée pour protéger un « monument historique » de la destruction ?
Ces questions resteront sans réponse, pourtant porter atteinte à l’intégrité d’un monument protégé est un délit passible de 10 ans de prison.(lire notre article sur ce sujet ICI).
Il ne fait nul doute que la responsabilité de cet acte incombe en premier lieu aux hautes instances chargées de la protection des biens et des personnes. Quant aux « vandales » qui ont commis les faits, ils ont été largement identifiés sur les nombreuses photos et vidéos prises lors des faits, mais seront-ils sanctionnés ? Il y a peu de chance qu’une suite judiciaire soit donnée, comme c’est hélas souvent le cas.
Quoi qu’il en soit, ce dimanche 26 juillet 2020, c’était la dernière révérence de Joséphine à Fort-de-France.
Lire l’article de La 1ere Martinique ICI.
Historique de l’œuvre ICI.