Une fois n’est pas coutume, le Château de Versailles va servir d’écrin à une manifestation jusqu’alors inédite. En 2019 le parc accueillait une œuvre très controversée, « Le Vagin de la Reine », qui n’avait pas fait l’unanimité. Elle avait même fait l’objet d’actes de vandalisme, certains ayant trouvé que la provocation était allée trop loin.
Cette année, c’est un événement plus populaire que le plus célèbre Château du monde accueillera : l’Exposition Internationale de Nains de Jardin.
Un peu d’histoire :
« Ce petit bonhomme en terre cuite ou en plastique a fait son apparition au moment de la Renaissance. Son origine remontant à l'époque où les Pygmées étaient employés dans les mines de métaux précieux de Cappadoce au XVème siècle. Des travailleurs qui étaient représentés par de petites statuettes en bois censées les protéger des forces maléfiques du monde souterrain. Ces personnes étant parfois affublées d'un bonnet rempli de paille pour amoindrir les dégâts causés par d'éventuels éboulements et de vêtements de couleur vive pour être plus facilement identifiables dans la noirceur des sous-sols. Les spécialistes affirment que les premiers nains de jardin ont fait leur apparition entre 1690 et 1695. On peut aujourd'hui admirer ces sculptures en marbre au Château Mirabell à Salzbourg en Autriche. Elles sont par ailleurs l’œuvre d'un certain Johann Bernhard Fischer von Erlach.
Tout d'abord conçu pour protéger les mineurs, comme des amulettes, les nains de jardins, après avoir subi quelques modifications, ont commencé à se démocratiser. Le succès fut d'ailleurs fulgurant. En Allemagne, la production s'industrialisa pour faire face à la demande très importante. Les nains de jardin étaient alors fabriqués en céramique. On parlait d'ailleurs davantage de lutins. Le terme « nain de jardin » arriva plus tard. C'est à l'Anglais Sir Charles Isham que l'on doit l'invasion des statuettes dans le monde. C'est en effet lui, après être tombé sous le charme de ce nouveau phénomène, qui ramena à Lamport Hall une vingtaine d'exemplaires pour les disposer dans son jardin. Alors que les régions situées autour de l'Allemagne succombèrent les unes après les autres à la mode des nains de jardin, l'Angleterre n'échappa pas à ces petites créatures joyeuses. Même l'écrivain Goethe cita les nains de jardin dans son œuvre Hermann et Dorothée. Une preuve du caractère déjà incontournable de ces derniers.
Goethe fut peut-être l'un des premiers artistes à parler des nains de jardin mais ce ne fut pas le dernier. Par la suite, les nains de jardin devinrent de véritables icônes de la culture populaire. Le succès de Blanche-Neige et les Sept Nains, le premier film d'animation de Walt Disney, est d'ailleurs à rattaché aux nains de jardin.
Les gentils compagnons de Blanche-Neige ne sont-ils pas des copies conformes des petites statues de jardin ? Une œuvre qui contribua à donner au nain du jardin une image sympathique. Pendant ce temps, les exemplaires se vendent à la chaîne partout dans le monde. Parmi les autres œuvres à avoir exploité les nains de jardin, on peut aussi citer Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain. Rappelez-vous ce nain voyageur pris en photo devant quelques-uns des plus beaux endroits autour du globe ! Lui aussi fit beaucoup d'émules ! Il suffit de regarder sur Instagram pour s'en convaincre.
Si le succès des nains de jardin a toujours été indéniable, les statuettes n'ont pour autant pas que des adeptes. Avec les années, les nains de jardin sont même devenus pour certains les symboles d'un kitsch revendiqué. Certains les adorent et d'autres les détestent. On recense même des cas de nains de jardin cassés et leur image est régulièrement détournée. Cela dit, le nain de jardin n'a jamais laissé personne indifférent et c'est probablement ce qui a fait sa force. Qu'on l'adore ou qu'on y soit allergique, difficile de nier son importance.
Avec les années, et notamment par rapport au rythme de production toujours plus frénétique afin de contenter tous les consommateurs, le nain de jardin a été contraint d'évoluer. C'est ainsi pour cela qu'on trouve de moins en moins de nains de jardin en terre cuite. Les nains de jardins « modernes » étant plutôt réalisés en résine, en béton moulé ou même en plastique. Des matières plus résistantes et plus pratiques. Leur apparence aussi a évolué. On trouve des nains de jardin de toutes sortes : des réalistes, très proches des 7 nains de Blanche-Neige, des effrayants, qu'on croirait tout droit sortis d'un conte d'Halloween, des nains surfeurs, humoristiques, décalés... Le nain de jardin encourage toutes les excentricités ! Saviez-vous qu'un nain de jardin, ayant appartenu à Sir Charles Isham lui-même, a été estimé à plus d'un million d'euros ? La preuve que le nain de jardin a toujours la côte. L'existence d'un Front de Libération des Nains de Jardin, qui s'est donné pour mission de libérer le plus de nains de jardin possible, est une preuve de plus. Ces petites créatures ont encore de beaux jours devant elles. Gardiennes de nos jardins, elle veillent au grain avec bienveillance et ne sont pas prêtes de tomber en désuétude ! »
Sources : Chloé De Moffarts pour « Le mag concept usine »
Il sera d’ailleurs bien question du Front de Libération des Nains de Jardin à Versailles, puisque les 10 euros d’entrée seront reversés à cet organisme afin de financer la restauration et la sauvegarde de ces petits personnages souvent malmenés par les variations climatiques et les intempéries.
C’est donc une exposition ludique et solidaire qui sera présentée au public, dans le cadre enchanteur du plus médiatique patrimoine de France.