Il n’y a plus d’espoir pour les chalets du Blériot-Plage, le tribunal administratif de Lille vient de condamner une trentaine de « chaletistes » résistants au paiement d'une lourde amende et, comble de l'humiliation, les oblige à détruire leur chalet par leurs propres moyens.
Pourtant, ces chalets ont sans conteste une réelle valeur patrimoniale, historique, touristique et, bien évidemment, sociale. Ces chalets de plage ont été édifiés juste après-guerre, en reconstruction des anciens, et représentent un élément identitaire fort du paysage littoral du Nord de la France.
Si certains se sont résignés, une trentaine de propriétaires luttent contre la décision prise par la préfecture du Pas-de-Calais qui vise la remise à l'état naturel de la plage de Blériot, autrement dit, la démolition pure et simple des chalets. Notre avocat, Maître Théodore Catry est l’avocat de cinq d’entre eux.
Juridiquement, il considère que le projet de démolition des chalets est en violation avec la Loi Littoral. La préfecture se base sur le décret-plage du 26 mai 2006 et sur le fait que ce texte n’autorise que l’occupation des plages par des installations démontables ou transportables, ce qui n'est pas le cas des chalets.
Le décret plage de 2006, qui renforce la Loi littoral de 1986, impose le remplacement de ces chalets, parfois devenus des résidences secondaires miniatures, par des cabines démontables, dont la présence ne pourra excéder six mois par an.
Depuis fin 2019, la préfecture n'a plus renouvelé leur autorisation d'occupation du domaine public maritime. Le tribunal administratif « a considéré qu'ils ne remplissaient pas une fonction écologique de refuge et d'habitat pour les espèces animales, ni ne permettaient de lutter contre l'érosion dunaire et ne présentaient pas non plus une forte valeur patrimoniale et paysagère », peut-on lire dans un communiqué.
Cependant, la Loi Littoral, qui est hiérarchiquement supérieure au décret, pose un important principe qui veut que toutes les décisions qui concernent l’occupation ou l’utilisation du sol soient prises sans porter atteinte au patrimoine naturel et culturel du littoral. Indubitablement, le site de Blériot-Plage fait partie de ce patrimoine culturel.
Si ce n'est pas le cas, alors l'État aurait toute latitude pour démolir n'importe quel blockhaus, bunker, phare, cabane ou tout autre élément de patrimoine, au simple motif qu'il ne serait pas démontable/transportable ...
La situation est désormais critique. En effet, malgré les contentieux en cours, la démolition des chalets devrait avoir lieu à partir d'octobre prochain.
Le pouvoir judiciaire ne peut donc pas offrir de rempart pour ce qui se prépare. Reste encore la volonté politique. Madame la Ministre de la Culture sera-t-elle sensible à ces marqueurs forts de l’identité du territoire, ou les laissera-t-elle détruire, au mépris de la loi qui pourtant devrait l’emporter sur un simple décret ?
Nous espérons de tout cœur que le bon sens l’emportera, et nous ferons tout ce qu’il est encore possible de faire pour que ces petits témoins de la mémoire collective, ne disparaissent pas.