Si jusqu’alors le patrimoine était le grand oublié des débats électoraux, cette campagne pour les municipales le fait rentrer dans « la course ». Sans doute sous l’impulsion de quelques élus visionnaires qui ont compris que pour redynamiser les centre-bourgs, rien ne valait un patrimoine entretenu et des réhabilitations intelligentes.
En conséquence, ici et là, dans certaines communes du territoire on ressort des dossiers oubliés et on les remet sur la table. C’est le cas à Alençon, où deux établissements emblématiques de la ville, fermés depuis douze ans, reviennent sur le devant de la scène. Il s’agit de l’Hôtel du Grand-Cerf et de la brasserie La Renaissance.
Nous ne pouvons que nous réjouir de cet intérêt soudain pour le patrimoine, mais restons prudents quant à la suite. Les candidats sont d’accord sur ce sujet : il faut faire revivre ces lieux. Le terme de « verrue », employé par l'un des candidats, nous déplaît, car une verrue en théorie est vouée à disparaître. Il serait fort dommage de démolir ces deux édifices, en précisant tout de même que les décors de La Renaissance sont protégés au titre des monuments historiques par une inscription.
Douze ans pour se rendre compte que ces lieux fermés se dégradent, c’est un peu long. Mais le principal, c’est de ne pas oublier. Ne pas oublier, non plus, la vague de démolitions que produit la période pré-électorale, que ce soit ici ou ailleurs.
Les arrêtés de péril et les permis de démolir fleurissent partout, mais c’est normal sans doute car le printemps arrive. Un bel exemple de patrimoine voué à disparaître pour laisser place à … rien, comme on peut le constater sur le permis.
Souhaitons que tous les Maires qui auront les faveurs des électeurs sauront donner un peu d’éclat au patrimoine de leur commune, en choisissant l’option réhabilitation, plutôt que celle de la démolition. Pardon, en politique, on ne dit plus démolition, on dit déconstruction. Le résultat est le même, mais c’est moins choquant pour la population. Lire l'article de l'Orne hebdo ici.