Depuis fin décembre 2023, nous nous sommes mobilisés afin de ne pas voir disparaître ce témoin incontournable du patrimoine rouennais.
Nous pensions naïvement trouver des soutiens parmi les élus soucieux de la préservation du patrimoine et surtout soucieux de la façon dont on dépense l’argent public, puisque rappelons- le, le futur projet Beauvoisine flirte avec les 70 millions d’euros, mais à quelques rares exceptions près, la majorité d’entre eux n’a pas daigné réagir.
On nous oppose le fait que nous ne serions pas au courant de tout, que le projet validé en septembre dernier est tout à fait respectueux de l’existant, et que l’âme du muséum et celle du Musée des Antiquités seront respectées. Or, il suffit de regarder le projet de la scénographe pour comprendre que ce n’est absolument pas le cas :
Attention, nous ne pouvons pas dire que cette proposition n’est pas attractive. Elle est même très « tendance », mais nous ne sommes plus du tout en présence d’un muséum d’histoire naturelle, ni d’un musée des antiquités, mais plutôt d’un centre culturel high-tech. Cette présentation est très éloignée de celle du Projet Scientifique et Culturel (PSC) validé par le ministère de la culture en 2019. Rappelons que le PSC est un document officiel et obligatoire et que le projet validé doit être fidèle à ce document.
Nous ne sommes peut-être pas au courant de tout, mais, en attendant, nous nous appuyons sur des faits et non sur des utopies. Et non, nous ne sommes pas passéistes, car jamais nous ne nous sommes opposés à un projet de réhabilitation, à condition, bien sûr, que la réhabilitation respecte l’existant. Or, ce n’est absolument pas le cas, puisque qu’une partie du Muséum sera démolie, ainsi que de nombreux éléments architecturaux anciens. Sans parler bien évidemment des vitrines du XIXe siècle qui vont disparaître, ainsi que des bâtiments des anciennes facultés de sciences, de médecine et de pharmacie, exclus à la dernière minute du projet de réhabilitation et qui, donc, semblent condamnés à l’abandon et, peut-être à terme, à la démolition.
Il nous a paru judicieux de déposer une demande de mise en instance de classement auprès de la Ministre de la Culture afin de préserver ce que le ministère lui-même considère comme le second plus important Muséum d’Histoire Naturelle de France dans la fiche dédiée au lieu : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/museo/M7012
C’est parce qu’une grande partie des « atouts majeurs » disparait dans le projet du Pole Muséal Beauvoisine que cette demande de mise en instance de classement nous semble capitale.
Or, cette demande reçue par Madame Rachida Dati en date du 22 janvier 2024 est restée sans réponse. Cette absence de réponse est donc considérée comme un refus, c’est la raison pour laquelle notre avocat, Maître Théodore Catry, vient de déposer une requête auprès du Tribunal Administratif de Rouen. Parallèlement à cette démarche, nous allons saisir le Haut Conseil des Musées de France.
Voici le communiqué de Maître Catry :
« Face à l’avancement en marche forcée du projet de pôle muséal, Urgences Patrimoine a pris la décision :
- De saisir le Haut Conseil des Musées de France en vue de dénoncer les libertés destructrices prises vis-à-vis de ce à quoi la réhabilitation s’engageait dans le cadre du Projet scientifique et culturel (PSC) qui avait reçu l’aval du ministère de la culture ;
- De saisir le tribunal administratif contre le refus de mise en instance de classement opposé par ce dernier, malgré la valeur patrimoniale indéniable de l’ensemble et de sa muséographie et la menace qui pèse désormais de façon imminente sur sa préservation. »
En attendant, la mobilisation doit continuer plus que jamais, alors merci de continuer à signer et à partager notre pétition :
Enfin, n’oubliez pas qu’Urgences Patrimoine ne bénéficie d’aucune subvention publique afin de conserver sa liberté et son indépendance, et que seuls vos dons et vos adhésions permettent de financer nos actions.
D’avance merci à tous ceux qui nous aideront à financer ce rude combat.
« Le patrimoine ne peut pas lutter, ensemble, nous pouvons »
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