Poursuivons notre constat de la lente agonie des édifices classés Monuments Historiques. Après la cathédrale de Carpentras (lire notre précédent article), découvrons l’église Saint-Martin, située à Villeneuve-sur-Verberie, au hameau de Noël-Saint-Martin. Encore une fois, il ne s’agit pas d’un édifice XIXe ne présentant pas « un grand intérêt architectural », mais bel et bien un joyau du patrimoine national. Depuis plus de 30 ans, Emmanuel Rambure-Lambert se bat pour que « son » église soit restaurée. Depuis plus de 30 ans, Saint-Martin attend une couverture neuve qui pourrait assurer son avenir. Pourtant depuis des décennies, des budgets sont votés pour l’entretien et la restauration de l’édifice, mais rien n’est fait.
Aujourd’hui encore, la municipalité refuse d’allouer le moindre euro pour la réfection de la toiture, au prétexte que la construction de l’école est une priorité absolue, ce que nous comprenons. Toutefois, les finances sont très saines et pourraient tout à fait supporter un plan de restauration sur quelques années en plus de la construction de l’école, d’autant que, s’agissant d’un édifice classé, la DRAC pourrait financer les travaux à hauteur de 80% (en théorie).
Il est important de rappeler que plus les travaux sont retardés, plus l’édifice se détériore et plus les travaux de restauration seront élevés.
Nous rappelons également qu’en cas de non entretien d’un édifice classé, son propriétaire est passible d’une lourde amende, allant même jusqu’à une peine d’emprisonnement et la Loi de 1905 est très claire. La commune propriétaire répond d’un certain nombre de devoirs, tels que la réalisation de travaux nécessaires à la conservation de l’édifice, ou encore les obligations attachées au classement du bâtiment au titre des monuments historiques.
Bien évidemment, Urgences Patrimoine a répondu présente à l’appel de Monsieur Rambure-Lambert et mettra tout en œuvre pour trouver une issue heureuse à cette affaire.
Emmanuel RAMBURE-LAMBERTest retraité, il a 75 ans et habite la commune depuis 43 ans Il s’occupe de l’église de Noël Saint-Martin depuis juin 1987. En souvenir de son épouse décédée en juillet 1990, il décide avec ses enfants, de faire fondre une cloche chez Cornille-Havart à Villedieu les Poêles. Cette cloche qui porte le prénom de Christine a été bénite et installée dans le clocher en juin 1991. Il met tout son temps et son énergie au service de cette église en espérant qu’enfin, son appel soit entendu.
Classée monument historique en 1895, l’église du hameau de Noël Saint Martin attend sa toiture depuis plus de 30 ans.
D’importantes campagnes de fouilles archéologiques y ont été faites de 1974 à 1976 mais par manque de moyens humains et de motivation, elle retourne très vite dans l’oubli.
Mais en juin 1987, à l’initiative de notre curé, une messe est célébrée (la première depuis 1917) suivie du feu de Saint Jean.
C’est le point de départ d’une renaissance.
Durant tout l’été, des bénévoles ont débroussaillé ronces, lierres, sureaux afin de sortir ce monument classé de la végétation qui l’emprisonnait (on ne pouvait pas en faire le tour à pied).
Les agriculteurs du village ont mis à disposition tracteurs et remorques. Une entreprise de travaux publics a prêté une pelle hydraulique pour évacuer des dizaines de m3 de gravats et souches.
Il a aussi fallu procéder au drainage du pourtour de l’édifice, à la construction de puisards, au raccordement électrique et en eau pour l’ancien cimetière.
Les murs du cimetière en ruine ont été remontés, le parvis découvert sous 50cm de gravats, l’escalier d’accès à l’église reconstruit.
Tout cela, bénévolement grâce aux Amis de l’église.
De nombreux concerts couplés avec des expositions ont été organisés pour faire découvrir ce lieu méconnu.
Au printemps 1991, afin d’embellir le chœur fortement dégradé par l’abandon et l’humidité mais aussi pour recevoir la nouvelle cloche (l’ancienne a été volée en 1913), un grand chantier de nettoyage et de remplacement des pierres malades est entrepris.
Le baptême de la cloche « Christine » a lieu en juin 1991 en présence de l’Évêque du Diocèse, des autorités et d’environ 500 personnes. Et c’est à cette occasion que le Maire, lors de son mot d’accueil, annonce que le dossier toiture est en bonne voie ...
31 ans après, rien n’a changé !
Nous en sommes toujours au même point et cela est pire ! Il pleut sur la statue classée de La vierge à l’enfant, les oiseaux pénètrent dans l’édifice, tout le mobilier issu de dons et de récupérations est couvert de fientes.
Alors que faire ?
C’est de l’incompréhension et une énorme lassitude qui nous anime désormais. Encore combien de temps pour une prise de conscience de l’urgence absolue ? Je suis indigné !
Emmanuel RAMBURE-LAMBERT
Pour l’Association de sauvegarde