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  • Photo du rédacteur: Alexandra Sobczak
    Alexandra Sobczak
  • 19 févr. 2021

Les trois coups ont été frappés, et la chapelle Saint-Joseph va nous quitter.



Alors même si nous l’avons déjà fait à plusieurs reprises durant toute notre intense mobilisation, nous tenions à refaire un rapide tour d’horizon des responsables de ce que nous avons appelé un patrimonicide.


En premier lieu, l’Université Catholique de Lille avec à sa tête Patrick Scouflaire, et bien entendu, Junia, l’école d’ingénieurs et son Président, Thierry Occre, qui sont à l’origine de la création du nouveau campus universitaire qui dès le départ, n’intègre pas la chapelle Saint-Joseph.



Cependant, si l’Architecte des Bâtiments de France n’avait pas donné son accord pour la démolition la chapelle aurait dû être intégrée au campus. Ce fut donc la mission de Madame Catherine Bourlet qui a délivré un bel avis favorable, au prétexte que l’édifice était en mauvais état. Sur quels critères ? Mystère, car nous ne trouvons aucune trace d’une étude de structure approfondie. Ce qui revient à dire qu’un Architecte des Bâtiments de France a tout pouvoir.



Suite à cet avis favorable, c’est Madame Martine Aubry, la Maire de Lille qui entre en scène, car elle avait le pouvoir de signer ou non le permis de démolir, mais, hélas, elle l’a signé des deux mains, car signer ce permis était la condition pour que l’Université Catholique de Lille prenne en charge la restauration du Palais Rameau, le grand frère de la chapelle Saint-Joseph qui, lui, est classé au titre des Monuments Historiques.



Quand les premiers contestataires se sont émus de ce projet de démolition, c’est Philippe Barbat, Directeur des Patrimoines au Ministère de la Culture qui d’un revers de la main, à balayé tout espoir en refusant la mise en instance de classement au prétexte que l’édifice ne méritait pas une protection car il ne le jugeait pas « remarquable ».



Ce que nous avons eu de cesse de contester, grâce en particulier à la mobilisation de grands professionnels du patrimoine qui ont répondu à notre appel pour plaider la cause de la chapelle. Lire l’article ICI.



Enfin, invitée en « Guest Star » Madame la Ministre de la Culture en personne, la sémillante Roselyne Bachelot a donné sa bénédiction pour la démolition au prétexte, je cite ,  « qu’on ne peut pas tout conserver ».



Pourtant interpellée à plusieurs reprises par Stéphane Bern sur ce sujet, celle qui l’appelle « mon loup » en privée, est restée insensible à ses appels. Tout comme aux nôtres, ce qui est normal puisqu’Urgences Patrimoine représente la voix du « peuple » et que dans les hautes sphères on ne tient surtout pas compte de l’avis de « la France d’en bas ».



N’oublions pas tout de même de citer les mécènes et partenaires de l’Université Catholique de Lille, qui grâce à leur générosité, participent activement, et peut-être sans vraiment le savoir, à ce projet de campus et qui, volontairement ou involontairement et peut-être sans vraiment le savoir, participent aussi à cette démolition.




Nous espérons que certains d’entre eux réagiront et qu’ils cesseront d’accompagner les démolisseurs et s’orienter plutôt vers ceux qui souhaitent offrir un avenir au patrimoine.



Nous sommes d’autant plus surpris que certaines de ces grandes entreprises françaises refusent en temps normal de financer les restaurations d’édifices religieux en péril, mais financer ceux qui les démolissent ne semble pas les déranger.



Sans doute parce qu’ils font partie des grands donateurs pour la restauration de Notre Dame de Paris et que cette marque de générosité les immunise contre tout le reste.



Enfin, il y a parmi le « casting » les figurants, qui se sont contentés d’apparaître au générique, mais qui se sont contentés, précisément, de « figurer ». Nous nous ferons un plaisir de les mettre en lumière dans un prochain article.




Note : Vous remarquerez le choix des photos où tous ces grands acteurs sourient. Car, non contents d’avoir mis par terre un patrimoine remarquable, ils ont aussi montré leur toute puissance et leur mépris envers ceux qui ont tout tenté pour sauver la chapelle Saint-Joseph.


Comme vous le remarquerez dans le titre de cet article, pour la première fois, nous n’avons pas écrit « pour sauver la chapelle » mais pour « sauver l’honneur de la chapelle ».



La cadence des travaux de démolition est telle que la semaine prochaine, alors même que les résultats des audiences ne seront pas connus, la chapelle Saint-Joseph ne sera plus qu’un triste souvenir pour ceux qui l’ont connue et pour tous ceux qui l’ont défendue.

Aujourd’hui donc avaient lieu les ultimes audiences. L’une à 9h30 au Conseil d’État à Paris où Maitre Laurent Poulet-Odent représentait Urgences Patrimoine et l’ensemble des requérants. Cette audience avait pour but de faire casser la décision du Tribunal Administratif de Lille du 5 janvier 2020. Le juge nous avait alors débouté avec comme arguments principaux : l’avis favorable donné par l’Architecte des Bâtiments de France et le fait que Junia restaurait le Palais Rameau et que cela leur donnait toute latitude pour démolir « l’encombrante » chapelle Saint-Joseph.



Ces arguments, nous les avons entendus des centaines de fois, mais ce que nous contestions aujourd’hui en cassation, c’est le fait que le juge des référés n’ait à aucun moment tenu compte de toutes nos pièces contradictoires qui mettaient en avant la valeur historique, patrimoniale et architecturale dans un contexte local.



Son verdict confirmait donc le refus de mise en instance de classement que le Ministère de la Culture avait prononcé le 14 novembre 2020 par le biais d’un communiqué officiel.



Ce matin, le rapporteur du Conseil d’État a hélas prononcé le rejet de notre requête pour les mêmes motifs. Maître Poulet-Odent va donc rédiger une note en délibéré pour plaider une ultime fois la cause de la chapelle et la décision finale du Conseil d’État devrait être connue d’ici une quinzaine de jours.



C’est à 10 heures que se tenait notre seconde audience au Tribunal Administratif de Lille où notre avocat, Maître Théodore Catry allait, lui aussi, devoir défendre l’honneur de l’édifice déjà bien défiguré. Lors de cette audience, la juge des référés s‘est montrée attentive et a souhaité que Maître Catry lui expose les raisons pour lesquelles la chapelle présente un véritable intérêt architectural (enfin, « présentait »). Il a donc fait part de l’ensemble des documents attestant de l’intérêt majeur de l’édifice : tribune des 106 Universitaires, études techniques réalisées par le bureau d’étude Anthémion, lettres de soutiens de nombreux professionnels du patrimoine, etc…



Enfin, il a pu faire valoir aujourd’hui toutes ces précieuses notes contradictoires.



Cette audience en référé pour illégalité, avait pour but de démontrer l’erreur d’appréciation du Ministère de la Culture qui dans son refus de mise en instance de classement, affirmait que le permis de démolir et le permis de construire étaient déjà accordés, alors que si le permis de démolir a bien été accordé en mai 2019, le permis de construire, déposé par Junia en décembre 2020 n’est pas encore signé.



Une erreur qui pourra sembler anecdotique, mais qui est notable dans le cadre du « dossier » Saint-Joseph.

Attendons maintenant la décision finale du juge des référés qui mettra un terme à cet épuisant feuilleton juridique… En attendant bien entendu notre recours au fond, mais pas avant au moins 6 à 8 mois. D’ici là, la chapelle ne sera plus que poussière, mais nous mettrons tout en œuvre pour, à défaut de l’avoir sauvé, la venger et faire enfin reconnaître ses qualités architecturales notables, hélas « post mortem ».



Mais, comme vous pouvez le constater, elle a toujours fière allure. Quelle tristesse …


Installé dans 70 m², 15 rue Albert Thomas, à Tours, tout à côté de la Cathédrale, le Musée de la Typographie est l’œuvre d’un ancien typographe de 80 ans. « Attrape-science » dès ses 14 ans, il deviendra compositeur typographique, enseignera dix ans ce métier et accumulera une prodigieuse collection qu’il entretient, restaure et fait fonctionner, pour le plus grand bonheur des nombreux touristes en route pour les Châteaux de la Loire ainsi que les classes de tous niveaux dont les maîtres ont pu exploiter tous ses trésors d’écriture manuelle ou mécanique.

Tours et la typographie


Muriel Méchin, tel est son nom, rappelle à tous ses visiteurs le passé prestigieux de la Touraine dans le domaine de la typographie : Nicolas Jenson, maître graveur de monnaie à Tours passera 4 ans à apprendre la typographie à Mayence, aux côtés de Johann Fust et Peter Schoeffer, avant de s’installer à Venise, probablement par méfiance envers Louis XI qui a installé au Château du Plessis, à côté de Tours, sa capitale.


Au siècle suivant, Christophe Plantin, né à Saint-Avertin, fera fortune à La Haye où il imprimera la première Bible en 4 ou 5 langues et où son imprimerie est devenue un superbe musée.

Abraham Bosse, né à Tours, sera l’un des meilleurs graveurs du XVIIe siècle. La Musée possède d’ailleurs plusieurs éléments d’une presse taille-douce contemporaine.



Balzac, né à Tours, sera d’abord fondeur de caractères, avant de faire faillite et de voir ses actifs rachetés par la Duchesse de Berny, qui la laissera administrer par son fils, celui-ci en fera la dernière fonderie de caractères française, Deberny-Peignot qui fermera dans les années 80.



Et à la fin du XIXe siècle, l’Imprimerie Mame de Tours sera la plus grande imprimerie d’Europe avant de disparaître à cause de mauvaise gestion et du Concile Vatican II. Elle avait l’exclusivité de l’imprimerie en latin…

Enfin, pour l’anecdote, M.Méchin racontera qu’Augustin Mouchot recevra en 1871 du Conseil général de Tours une subvention, grâce à laquelle il réalisera quelques années plus tard  un récepteur solaire pour actionner une machine à vapeur lui permettant d'imprimer un journal. 



Les trésors du Musée


Le Musée garde des souvenirs de ces années prestigieuses, et pas seulement dans les discours de M. Méchin. Celui-ci fait fonctionner une presse à épreuve, deux « Hirondelles », des presses à pédale de 1880, une presse à bras « Reliance » de Chicago, celle qui figure en couverture de l’album de Lucky Luke Le Daily Star, car elle raconte le développement des journaux dans l’Ouest américain. Il dispose aussi de nombreuses presses « Coup de Poing », une Boildieu de table, une presse à Braille, de rares moules à arçons pour fondre les caractères, toute une collection de petites presses de table permettant d’imprimer soi-même ses cartes postales, sans compter des machines plus rares encore, telles deux machines à imprimer les fils électriques et un superbe pantographe, permettant de réaliser des gravures. On peut voir aussi au musée une monotype en parfait état.



Et pour composer avec tout cela, il dispose de nombreuses polices de caractère, une superbe collection de lettrines, d’initiales entrelacées, et de plusieurs casses de caractères à combinaisons, Super Veloz, particulièrement rares et qui permettent d’inventer des caractères grâce à l’association de différentes formes. Le Musée est riche aussi de nombreux bois gravés, dont une belle collection des personnages de la Comédie Humaine de Balzac, des bois originaux, ainsi que des bois de l’édition de l’ « Histoire de Napoléon » de Norvins. Notons aussi un bois de Gustave Doré, un superbe « Tzar Nicolas II », un célèbre « Marcel Proust » très connus eux aussi. Enfin, on peut noter un bois remarquable représentant une musicienne dessinée par Uttagawa Kuniyoshi, l’un des trois grands maîtres japonais de l’estampe sur un bois, qui a été ramené à la hauteur typographique, et de ce fait, on peut supposer qu’il soit daté d’avant l’ouverture du Japon à l’Occident et à ses normes en 1853.



Le Musée est même devenu trop petit pour exposer l’impressionnante collection d’ouvrages sur la typographie, la gravure, la lithographie, l’écriture, que M. Méchin continue d’ailleurs régulièrement d’enrichir.



Le devenir du Musée


Trois mois de fermeture ont compromis le devenir du Musée. Ce sont les dons recueillis auprès des visiteurs et accompagnant les différents produits réalisés par M.Méchin qui lui permettent d’honorer son loyer ainsi que l’assurance du local, ainsi que ses participations à différents salons comme l’Art au Quotidien. Depuis trois mois, M. Méchin n’a que sa retraite de typographe pour y pourvoir. Par son côté « atypique », il ne peut prétendre aux aides gouvernementales ou locales destinées à ces fins.

C’est pour cette raison qu’une « Cagnotte » Leetchi a été lancée ICI.



Vous pouvez aussi adresser vos dons par chèque directement à :



La Typographie d’Antan


28 rue du 11-Novembre


37520 La Riche.



Il est possible enfin d’acquérir l’un ou l’autre de ces ouvrages réalisés en typographie par M.Méchin à cette même adresse au prix de 20 € l’unité.

A très court terme aussi se pose la question du devenir du Musée. M. Méchin a 80 ans. Il a proposé son fonds pour 50.000 € à la Ville de Tours, s’engageant à former le personnel municipal qui s’occuperait du Musée. Faute de solution, ce trésor sera dispersé sous le marteau de commissaires-priseurs qui ont déjà manifesté leur intérêt pour ces richesses patrimoniales.

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