Urgences Patrimoine est née en 2014. En 2015 et 2016, il nous avait semblé judicieux d’être présents au Salon International du Patrimoine au Carrousel du Louvre, même si nous n’en avions pas les moyens. Ce salon est le plus important du genre pour tous les acteurs du patrimoine, il était donc important d’y figurer, surtout pour sortir de la virtualité dans laquelle nous étions un peu enfermés. En effet, Urgences Patrimoine est une association née sur les réseaux sociaux un peu par accident, et son incarnation physique était nécessaire pour la suite.
En 2015, nous avons été considérés comme la « révélation » du salon. Nous avons eu les honneurs de tous, institutionnels en tête, qui sont tous venus nous féliciter, surtout après une intervention mémorable lors d’une conférence qui avait pour titre : « Le patrimoine est-il réactionnaire ? ».
Passés les honneurs et les courbettes, la réalité a été tout autre. Mépris des uns, menaces des autres, il a fallu subir bien des déconvenues pour avoir envie de porter haut et fort la voix du patrimoine, et notamment, la voix du « petit patrimoine ».
Comme notre seule ambition a toujours été de faire de notre mieux pour servir la cause qui nous est chère, nous avons certes parfois « courbé l’échine », mais nous n’avons jamais renoncé, malgré des périodes difficiles emplies de doutes et de coups bas en tout genre.
Il y a surtout une chose à laquelle nous n’avons jamais renoncé, c’est à notre liberté d’expression (à part une ou deux fois peut-être, nul n’est parfait).
C’est justement cette liberté de ton qui a permis de faire de la cause du patrimoine une cause « populaire » et de la sortir un peu de son univers feutré, réservée à une pseudo élite, plus préoccupée par les dîners en villes, que par le patrimoine.
Il est vrai qu’à nos débuts nous ne savions pas trop où nous allions, mais nous sommes allés là où tous ceux qui nous suivaient nous ont conduits, à savoir la lutte contre les démolisseurs. Car, s’il existe pléthore de structures qui accompagnent les projets de restauration (et il en faut), rares sont ceux qui traquent les pelleteuses, ou alors, lorsqu’ils le font, il faut que la cause soit très médiatique, et surtout lucrative.
Peu importe, nous ne sommes pas là pour juger, mais pour agir. C’est justement pour cette raison que nous avons souhaité être présents cette année au salon.
Car on peut nous reprocher beaucoup de choses, mais on ne pourra jamais dire de nous que nous nous contentons de regarder ce qui se passe en mangeant des petits fours et en buvant du champagne. Certes, nous ne sommes pas infaillibles et nous ne faisons pas tout bien, mais nul n’est parfait, et nous ne sommes que des êtres humains.
Nous avions renoncé à cette manifestation, car elle est totalement hors de notre portée financièrement. Mais ne pas être présents cette année, après toutes les actions qui ont été les nôtres, serait bien plus dommageable que de se mettre en danger financièrement.
Si nous avons tenu à cette présence, c’est avant tout pour rappeler à tous les acteurs du patrimoine, à tous les institutionnels et à tous les politiques, qui feront le déplacement, que le patrimoine est de plus en plus menacé par la promotion immobilière (entre autres) et que le loto c’est bien, mais que ce n’est pas avec un ticket de grattage à 15 euros que l’on sauve le patrimoine des territoires des griffes des pelleteuses. Nous voulons également être présents pour rendre visibles nos différents dispositifs qui permettent d’offrir un avenir au patrimoine, comme « Un Geste à l’Édifice » qui consiste à faire restaurer des œuvres gracieusement des œuvres pour lesquelles les communes n’ont pas de budget, par des restaurateurs professionnels, dans le cadre du mécénat de compétences.
Ou notre dispositif « PPA » un Patrimoine, un Projet, un Avenir qui permet de trouver des porteurs de projet sérieux pour faire revivre des édifices menacés ou abandonnés.
Sans parler de notre toute nouvelle Commission de Sauvegarde du Patrimoine Funéraire grâce à laquelle de nombreuses tombes civiles ou militaires seront restaurer et valoriser.
N’oublions pas non plus notre Gazette du Patrimoine qui est devenue en moins de deux ans un média en ligne incontournable pour tous ceux qui s’intéressent au patrimoine et qui, en fonction de l’actualité, peut réunir jusqu’à 100.000 lecteurs par mois. La Gazette mérite vraiment sa place au salon et c’est pour cette raison d’ailleurs que nous allons éditer un numéro spécial en version papier pour l’occasion.