Les jeunes s'engagent
Juin 2020
Louis Miège : « le patrimoine en couleurs, c'est le début du bonheur »


Louis Miège : Depuis mon plus jeune âge, j’ai un intérêt pour le patrimoine que je finis par admirer. Si ce n’était pas inné, cela faisait en tout cas partie de mon destin.
La Gazette du Patrimoine : Quel fut d’après-vous le « facteur déclenchant » ?
Louis Miège : Je ne pense pas qu’il y ait eu d’événement déclencheur mais plutôt des aspects du patrimoine qui ont éveillé cette contemplation.
Il y a d’abord quelque chose d’esthétique que j’aime dans notre patrimoine. Entre les somptueuses demeures d’anciens temps et les paysages vallonnés d’Auvergne, mes sens se réveillent à proximité de ces présences patrimoniales. Avec l’expérience, me vient un intérêt pour l’histoire, moindre que pour l’art mais grandissant, qui est indéniablement en lien avec le patrimoine français.

Louis Miège : C’est certainement grâce à eux que j’ai pu découvrir cette passion. Au quotidien de mon enfance mes parents m’emmenaient visiter les châteaux et parcs environnants, mais surtout des musées qui me faisaient découvrir œuvres et objets d’autres époques. Mes parents ont bien eux aussi le virus, et je dirai même que c'est un trait caractéristique de ma famille.
La Gazette du Patrimoine : Vous considérez-vous comme un jeune de votre temps, même si la cause du patrimoine semble « poussiéreuse » pour certains ?
Louis Miège : J’ai à vrai dire l’impression de vivre avec deux mentalités. D’un côté je me rattache aux vestiges du passé et m’intéresse à d’autres époques que la mienne et de l’autre je m’inscris dans ma génération en suivant certaines manières et goûts de celle-ci. Cependant, j’ai une certaine nostalgie des temps que je n’ai pas vécu, j’aurai préféré vivre à une autre époque. Ce n’est pas pour autant que je déteste celle dans laquelle je vis.
La Gazette du Patrimoine : Quelles sont vos autres passions ?
Louis Miège : Au-delà du large panel de possibilités qu’offre l’art, j’écoute énormément de musique, je joue aux jeux-vidéos, je sors et fais du sport.
Il me semble important de mentionner aussi ma passion pour la miniature et le modélisme. Elle constitue une part majeure de mon quotidien. Je me retrouve à monter et peindre des figurines à longueur de journée en explorant des époques et univers autres que les nôtres.
Je voue aussi un goût pour le vêtement qui paraît être quelque chose de partagé par mes contemporains. Voyez comme je m’inscris dans deux temps à la fois.

Louis Miège : Le patrimoine en France est mis en danger par l’urbanisation à grande vitesse et par le désintéressement du gouvernement pour celui-ci. De ce fait, des églises et des monuments sont rasés ou bien des châteaux sont rachetés par des particuliers qui n’ont que faire de les conserver.
Le patrimoine est un témoignage des valeurs et traditions que nous avons perdu depuis quelques décennies. Il est nécessaire de le sauvegarder pour au moins se remémorer le passé, ainsi que par respect pour nos aïeux.
Je pense que le patrimoine est plus ou moins maintenu grâce à l’éveil d’une partie de la population sur ces risques de disparition.
La Gazette du Patrimoine : Quel doit être d’après-vous le rôle des jeunes générations par rapport au patrimoine ?
Louis Miège : A vrai dire, les jeunes de ma génération vit essentiellement dans le présent sans se soucier du passé. Ils suivent majoritairement une idéologie qui ne tient pas compte de l’histoire et donc, de ce qu’elle nous apporte continuellement. Je crois à l’inverse qu’il est nécessaire de tenir compte de notre histoire pour en apprendre sur notre époque. Le premier pas pour ma génération serait alors de commencer à réfléchir sur le sujet, mais ce n’est pas gagné.

Louis Miège : Il faudrait tout d’abord réinvestir économiquement dans notre patrimoine, racheter aux particuliers, l’entretenir etc … Et si l’argent manque il serait favorable de maintenir ce que nous possédons déjà. Après tout je ne suis pas un politicien, cependant il est certain que j’agirai d’abord en faveur de notre culture avant de m’attarder sur celle du reste du monde.
La Gazette du Patrimoine : Quel regard ont vos amis par rapport à votre intérêt pour le patrimoine ?
Louis Miège : Malgré le fait que je sois plutôt quelqu’un de réservé, j’exprime mes opinions sans peur. Mes amis ne s’intéressant que peu à l’histoire, il est difficile de leur en faire pleinement part mais je ne crois pas qu’ils prennent mon intérêt au sujet négativement.
La Gazette du Patrimoine : Vos dessins : un simple passe-temps, ou un vrai devoir de mémoire ?
Louis Miège : Le patrimoine n’est pas le sujet principal de mes œuvres, je le dessine surtout lors de mes voyages à travers la France. Je dirai que je le fais avant tout pour mon plaisir personnel mais si je peux aider avec ce que je sais faire alors c’est avec joie.

Louis Miège : Par manque de temps je ne peux pas, mais voilà que je participe à La Gazette, qui sait ce que l’avenir me réserve…
La Gazette du Patrimoine : Vous avez déjà une idée de ce que vous souhaitez faire plus tard, si oui, pourquoi ce choix ?
Louis Miège : Comme je l’ai dit précédemment le patrimoine n’est pas ce que j’aime le plus représenter. Je pratique beaucoup l’illustration de personnage, j’apprécie découvrir les caractères ontologiques de personnages venus d’autres univers.
La Gazette du Patrimoine : Tous les jeunes ont un rêve, quel est le vôtre ?
Louis Miège : Au-delà de mes rêves enfantins, j’espère pouvoir trouver une voie dans l’art qui me permettra de vivre dignement de ma passion, ce qui n’est pas gagné.
La Gazette du Patrimoine : Dans 20 ans, vous vous imaginez comment ?
Louis Miège : A trente-huit ans j’aurai peut-être des enfants ou peut-être que non, j’aurai peut-être un métier dans l’art ou un métier qui n’a rien à voir avec l’art … Qui sait ?
Crédits photographiques : Louis Miège