Cursus
Avril 2020


François Roussy
Sécrétaire général adjoint du Petit Palais


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La Gazette du Patrimoine : Quel a été votre parcours scolaire ?

François Roussy : Un CAP mécanicien monteur, puis un diplôme d’ingénieur génie mécanique.

La Gazette du Patrimoine : Quelles ont-été vos premières fonctions en entrant dans la vie active ?

François Roussy : J’ai poussé des bobines de papier en usine et j’ai manipulé des tuiles en sorties de four, j’ai été mannequin (oui oui !). Puis, je suis devenu expert automobile, j’ai fait des photocopies a la sécurité sociale, et un jour j’ai trouvé un poste de responsable technique, puis national, j’ai changé d’orientation en rentrant dans le monde du spectacle, et maintenant depuis 15 ans environ, je suis dans la culture.

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La Gazette du Patrimoine : Avant d’arriver au Petit Palais vous étiez en poste au Palais de Tokyo. Quelle y était votre fonction et quels souvenirs gardez-vous de ce lieu ?

François Roussy : Ouverture du Palais de Tokyo le 12 avril 2012 après un an de chantier, entre les deux tours des élections présidentielles, d’une association de 50 personnes a une SAS de 120, de 6000m² à 25 000 m², d’un ERP de seconde à première catégorie, des expositions hallucinantes défiant les lois de la gravité, de la physique et parfois de l’entendement. Nous avons passé quelques nuits et semaines au Palais, avec une super équipe et un Président exigeant et adorable. Une très belle expérience de vie professionnelle où j’ai pu prendre la dimension de Directeur Technique dans tous ses axes.

La Gazette du Patrimoine : Vous êtes depuis quatre ans le Secrétaire Général Adjoint du Petit Palais. En quoi consiste votre travail exactement ?

François Roussy : Je n’en demeure pas moins directeur technique. Je gère et règle les problèmes techniques en tout genre, que ce soit batimentaires, muséaux, expositions, sureté, sécurité, avec une dimension plus stratégique et managériale comportant l’ensemble des services du musée.

La Gazette du Patrimoine : Quelles sont les qualités requises pour l’exercer ?

François Roussy : Être à l’écoute de son directeur, de ses collaborateurs, des visiteurs, être toujours dans l’observation, l’analyse et le respect de l’établissement dans lequel vous vivez, sa raison d’être, son intérêt et sa production. Le tout dans la plus grande discrétion, je suis un travailleur de l’ombre.

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La Gazette du Patrimoine : Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous devez faire face ?

François Roussy : Je ne vois pas les difficultés comme telles, je vois des blocages au bon fonctionnement d’un établissement et mon job, c’est de faire en sorte de tout débloquer avec mes collaborateurs et l’ensemble des moyens que je peux mettre en œuvre. Nous sommes très orientés sur la qualité de service auprès de nos visiteurs et avec le label AFNOR QUALIParis nous travaillons beaucoup sur cet axe. Aussi, satisfaire tout le monde peut être difficile parfois, car le sujet est sans fin ….

La Gazette du Patrimoine : Quand vous vous rendez au travail le matin, sachant que vous vous rendez dans un lieu prestigieux connu du monde entier, vous vous dites quand même « je vais au bureau », ou le fait d’évoluer dans un tel endroit change un peu la vision des choses ?

François Roussy : En effet je vais au Palais ! Je ne vais pas au bureau et je n’ai jamais eu cette sensation d’aller au bureau. J’ai toujours attaché une grande importance à mes lieux de travail, du coup c’est plus simple et beaucoup plus intéressant.

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La Gazette du Patrimoine : Avoir la possibilité de n’avoir que pour soi des œuvres prestigieuses est-ce un réel privilège ou une énorme responsabilité ?

François Roussy : C’est en effet une énorme responsabilité et travailler auprès de passionnés tels que les conservateurs et régisseurs fait que nous sommes plutôt sereins. Méthode, rigueur et technologies sont nos alliés au quotidien…

La Gazette du Patrimoine : Si vous deviez « voler » une œuvre du Petit Palais, quelle serait-elle et pourquoi celle-là et pas une autre ?

François Roussy : Voler moi ? Je suis le garant de la sécurité/sureté. Je ne pourrais jamais faire ça. Et en même temps, elles sont toutes splendides et je suis avec elles le matin et le soir en dehors des heures d’ouverture au public, donc on ne vole pas quelque chose qui vous appartient déjà.

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La Gazette du Patrimoine : Vous êtes basque et fier de vos origines. Un basque à Paris, ce n’est pas trop difficile ?

François Roussy : On est de là ou on vit, depuis quinze ans je suis parisien. À la fin de mon contrat, je serais de là ou on voudra bien de moi. (C’est un appel) Ceci di,t j’avoue que mon accent un peu ‘’chantant’ ’peut me rendre service parfois.

La Gazette du Patrimoine : Quel est votre plus beau souvenir professionnel au sein du Petit Palais

François Roussy : L’exposition JAKUCHU. 80 000 visiteurs en un mois et une merveilleuse équipe pour assurer la surveillance et la régulation. Il n’y avait plus de hiérarchie et les visiteurs étaient euphoriques, une super expérience humaine et un grand travail de management.

La Gazette du Patrimoine : Quel est le pire ?

François Roussy : Il y a parfois des moments difficiles, mais rien de pire au Petit Palais…. Par contre, le pire que j’ai pu vivre, ce sont les attentats du 13 novembre, au Palais de TOKYO. J’ai perdu ce jour-là, beaucoup d’amis et de collègues

La Gazette du Patrimoine : De par votre fonction, vous êtes au cœur de la crise que tous les lieux de culture connaissent. Quelles sont vos inquiétudes et quels sont vos espoirs ?

François Roussy : Nous avons été touchés par le covid, des collègues malades que j’ai accompagné au mieux que j’ai pu, fort heureusement ils s’en sont sortis. Rien de plus important que la simplicité des relations humaines. De par mes fonctions, je fais partie de l’équipe de gestion de crise et je contribue au meilleur déroulement des opérations. Je dois donc rester solide, clair, précis et proche de mes collaborateurs pour les fédérer et les accompagner le mieux possible dans ce genre de situation. L’espoir demeure en la médecine et notre gouvernement qui font tout pour trouver une issue à ce satané virus.

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La Gazette du Patrimoine : Dans 20 ans, comment vous imaginez-vous ?

François Roussy : Prêt pour un nouveau défi ? Partez ! En même temps j’aurai 70 ans alors il ne faut pas que je tarde trop.


Crédits photographiques : François Roussy et La Gazette du Patrimoine.