Passions
Février 2020
David Briche : la passion des vespa, c'est la dolce vita !

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La Gazette du Patrimoine : La Vespa, vous êtes tombé dedans (ou plutôt dessus) tout petit ou c’est une passion récente ?
David Briche : C’est totalement par hasard que je suis arrivé à cette passion que j’ai développée en y réfléchissant, petit à petit. Enfant, j’habitais en campagne, très en dehors des circuits de ramassage scolaire, et il m’a été très tôt nécessaire de me déplacer en deux roues. Tout d’abord et comme presque tous, par le vélo, pour me rendre à l’école, puis, devenu jeune adolescent, par la Vespa, pour mon plus grand bonheur, pour me rendre au collège et au lycée.
La Gazette du Patrimoine : Pouvez-vous nous dresser un bref historique de ce véhicule iconique ?
David Briche : A l’instar de la Citroën 2 chevaux en France, la Vespa est le pur fruit de la misère provoquée par la seconde guerre mondiale sur le territoire Italien post Mussolinien. L’Italie, privée de presque tout par les pays de l’alliance, au lendemain de la guerre, se voit refuser toute production de matériel ou d’engin militaire. La Firme Piaggio, qui produisait des avions durant la guerre pour l’armée Italienne, se voit dans l’obligation de revoir la copie de sa production. C’est Alors, qu’un ingénieur hors du commun des usines Piaggio, Corradino d’Ascanio, à l’idée de recycler les petites roues et trains d’atterrissage d’avion sur un scooter de sa création. La Vespa était née. Aujourd’hui, la Vespa est un des deux roues, qui plus de 70 ans après son lancement, est encore une des marques les plus produites et exportées dans le monde.

David Briche : Comme je le disais plus haut, c’est adolescent que j’ai fait la connaissance avec la Vespa. Je me souviens avoir travaillé dur dans l’entreprise de Maçonnerie de mon Papa, toutes les vacances scolaires, y compris les deux mois d’été, tous les mercredis et samedis durant une année entière pour m’offrir le scooter de mes rêves, qui au départ, et vous en serez certainement navrés, était un pâle scooter Japonais ; mais que voulez-vous, nous « attaquions » les années 90, et la mode n’était pas à la Vespa qui dans l’esprit des ados de l’époque, n’évoquait pas le glamour que nous lui connaissons.

David Briche : J’en ai possédé jusqu’à 20 en même temps je pense, mais à ce jour, je n’en ai conservé qu’une dizaine dont seule une petite moitié roule.
La Gazette du Patrimoine : Combien de personnes en France ont le même virus que vous ? Existe-t-il des clubs pour les passionnés comme vous et si oui, êtes-vous membre d’un de ces clubs ?
David Briche : Il m’est impossible de vous donner le chiffre des passionnés de Vespa en France et à travers le monde tant le nombre est incalculable. Les récents réseaux sociaux ont fait dévoilés aux passionnés dont je fais partie, les milliers, voire millions. Idem pour le nombre de clubs, plus d’une centaine rien qu’en France. Pour ma part, je suis dans un club de scooters anciens, le ROTOMAGUS SCOOTER CLUB de Rouen, comme le nom Romain nous l’indique, et qui ne ferme pas « la porte » aux autres marques de scooters d’époque.

David Briche : J’ai fait partie des collectionneurs acharnés, mais avec les années, la cote de certains modèles anciens, ou même moins anciens, a grimpé de telle sorte qu’il devient déraisonnable de les amasser pour ne les faire rouler que trop peu. Les plus rares donc les plus onéreux, approchent les 300K€. Une autre de mes passions est de redonner vie à un bâtiment ancien, donc pour le moment, je me contente des pièces qu’il me reste et cela me convient très bien.

David Briche : Absolument pas ; ils ne peuvent être compatibles. Trouver autour de vous n’importe quel collectionneur et vous vous apercevrez très rapidement, si vous le côtoyez, que sa passion prend le dessus sur tout !
La Gazette du Patrimoine : Que pense votre entourage du « virus » Vespa ? Vos enfants l’ont-ils attrapé aussi ?
David Briche : Ma compagne m’a connue avec cette passion et mes enfants ont grandi avec ces engins autours d’eux, mais non, ils n’ont pas déclaré comme leur père, de Vespite aigue. L’époque a changé, et avec elle, les mobylettes et autres scooters ne fument et ne pétaradent plus en bande sur les routes de campagnes ou d’ailleurs.
La Gazette du Patrimoine : La Vespa est plutôt un grand symbole de l’Italie. Cela ne semble pas un peu décalé en Normandie ?
David Briche : La Vespa est internationale. Sans frontières. Comme je le disais plus haut, elle a permis à l’Italie d’après-guerre de recouvrer une économie. La demande était telle, partout dans le monde, que PIAGGIO a fait construire des usines de production dans nombre de pays dont la France, à Fourchambault, ville proche de Nevers. Toutes les générations ont donc connu cette silhouette tant célèbre, et elle déclenche encore nombre de sourires, lorsque, au bord de la route, les badauds vous croisent.
La Gazette du Patrimoine : Pourquoi d’après vous ce moyen de locomotion est « à part » et a su traverser les époques ?
David Briche : La Vespa, la guêpe en Italien, due à sa silhouette arrière généreuse a toujours été un moyen à bas coût d’évasion. A une époque, elle permettait à tous de se déplacer dans un « confort » et avec des protections que les motos légères ou non, n’avaient pas. Simple d’utilisation, elle était accessible à toute la famille.

David Briche : La Vespa est toujours produite, donc suscite encore et toujours des émules à travers la planète. Mais les normes de pollution faisant, et les motorisations des Vespa fonctionnant aux énergies fossiles, leur avenir sur les routes paraît mal engagé.
La Gazette du Patrimoine : Y a-t-il un modèle particulier qui fait rêver tous les passionnés et si oui, le possédez-vous ? Pourquoi est-il différent des autres ?
David Briche : Oui, et c’est d’ailleurs celui avec lequel je préfère me déplacer. C’est une Vespa « Française », car fabriquée dans les usines de Fourchambault dans la Nièvre. Un modèle de 1956 non restaurée. Une « ACMA », pour « Atelier de Construction de Motocycles et d’Automobile. (Une voiture Vespa 400 sortira de ces usines Française qui fermeront en 1964).

David Briche : C’est un sentiment fort de liberté, d’indépendance, d’insouciance et de légèreté. Une part d’adolescence retrouvée peut être…
La Gazette du Patrimoine : Collectionnez-vous autre chose, ou la Vespa ne vous laisse aucune place pour une autre passion ?
David Briche : Je collectionne des pierres, des briques et des silex de construction.
La Gazette du Patrimoine : Il existe deux types de collectionneurs : ceux qui montrent et ceux qui cachent. Dans quelle catégorie vous situez-vous ?
David Briche : Sans équivoque, je montre !
La Gazette du Patrimoine : La Vespa c’est : Retour vers le futur ou Balade vers l’avenir ?
David Briche : C’est un peu des deux. Comme je le disais, c’est un peu un retour en adolescence pour moi, avec de nouvelles aventures vers l’avenir. Du moins, tant que je pourrais chevaucher ces engins devenus mythiques.
Crédits photographiques : David Briche