Emmenez-moi
Janvier 2020
ANNICK CHAPPAZ-GILOT: SI ORPIERRE m'était conté

Des études supérieures, menées parallèlement en informatique et mathématiques appliquées ainsi qu’en économie, lui ont apporté une double compétence. Elles se sont conclues par l’obtention d’un doctorat. Après une carrière d’enseignante-chercheuse (université Grenoble-Alpes, CNRS) [spécialités modélisation et économétrie] de près de quarante ans, elle est retournée vivre dans son village natal d’Orpierre fin 2018. Membre de l’association « Les Amis d’Orpierre » depuis sa création en 2005, elle en est devenue présidente, en 2012 suite au retrait du président de l’époque et alors qu’aucune candidature n’émergeait. En raison de l’état inquiétant du patrimoine de ce magnifique village à l’histoire si singulière, il fallait continuer à agir.

La Gazette du Patrimoine — Mais, au fait, où se trouve Orpierre et quelle est son histoire ?
Annick Chappaz-Gillot — Orpierre, une petite enclave des Hautes Alpes au sein des Alpes-de-Hautes-Provence, limitrophe avec la Drôme, est situé dans le Parc Naturel Régional des Baronnies Provençales. Cette petite cité de caractère de 320 habitants blottie au pied des rochers à 700 m d’altitude compte plus de 300 jours de soleil par an, ce qui fera dire à Jean Giono : « Orpierre que des pierres d’or portent sous un ciel de lavande ».
Ce paradis de Haute-Provence, entre thym et lavande, lieu de villégiature prisé des citadins depuis le siècle dernier, est devenu un haut lieu de renommée internationale dans la pratique de l'escalade. En fait, tous les sports de pleine nature y sont rois.
Toutefois, c’est surtout l’histoire d’Orpierre qui demeure insolite. Quelques explications : territoire de la vallée du Céans peuplé dès la préhistoire, le défilé d’Orpierre fut emprunté par les Gaulois et les Romains lors de leurs déplacements d’Est en Ouest. Les invasions sarrasines et hongroises amenèrent les habitants dispersés à se regrouper au pied et sous la protection d’une tour, construite en 980 à côté du Gros Doigt (rocher dominant le bourg).
Baronnie indépendante des Mévouillon depuis le XIIe siècle, Orpierre devint Baronnie des Princes d’Orange à la fin du XIVe siècle et restera près de 500 ans une enclave étrangère (Saint Empire romain germanique) convoitée par les rois de France. Au XIVe siècle, les incessants échanges entre Rome et Avignon, siège de la papauté, y amenèrent marchands, banquiers, orfèvres, pèlerins. Pour assurer leur sécurité, la ville fut fortifiée, la tour se transforma en donjon de château fort, de solides remparts furent érigés ; trois portes fermèrent l’enceinte. En 1562, au début des guerres de religion, l’église fut détruite et une forteresse érigée sur les falaises du Belleric. Les protestants affluent ; pour les accueillir, le quartier de « la Bourgade » fut construit au-delà des remparts. La cité, refuge des réformés, devint une place forte imprenable. En 1623, Louis XIII fit raser la citadelle huguenote. En 1633, Richelieu ordonna la démolition du donjon et des remparts, anéantissant définitivement la place forte. En 1713 la Baronnie est, finalement, annexée à la couronne de France.
Annick Chappaz-Gillot — Orpierre, une petite enclave des Hautes Alpes au sein des Alpes-de-Hautes-Provence, limitrophe avec la Drôme, est situé dans le Parc Naturel Régional des Baronnies Provençales. Cette petite cité de caractère de 320 habitants blottie au pied des rochers à 700 m d’altitude compte plus de 300 jours de soleil par an, ce qui fera dire à Jean Giono : « Orpierre que des pierres d’or portent sous un ciel de lavande ».
Ce paradis de Haute-Provence, entre thym et lavande, lieu de villégiature prisé des citadins depuis le siècle dernier, est devenu un haut lieu de renommée internationale dans la pratique de l'escalade. En fait, tous les sports de pleine nature y sont rois.
Toutefois, c’est surtout l’histoire d’Orpierre qui demeure insolite. Quelques explications : territoire de la vallée du Céans peuplé dès la préhistoire, le défilé d’Orpierre fut emprunté par les Gaulois et les Romains lors de leurs déplacements d’Est en Ouest. Les invasions sarrasines et hongroises amenèrent les habitants dispersés à se regrouper au pied et sous la protection d’une tour, construite en 980 à côté du Gros Doigt (rocher dominant le bourg).
Baronnie indépendante des Mévouillon depuis le XIIe siècle, Orpierre devint Baronnie des Princes d’Orange à la fin du XIVe siècle et restera près de 500 ans une enclave étrangère (Saint Empire romain germanique) convoitée par les rois de France. Au XIVe siècle, les incessants échanges entre Rome et Avignon, siège de la papauté, y amenèrent marchands, banquiers, orfèvres, pèlerins. Pour assurer leur sécurité, la ville fut fortifiée, la tour se transforma en donjon de château fort, de solides remparts furent érigés ; trois portes fermèrent l’enceinte. En 1562, au début des guerres de religion, l’église fut détruite et une forteresse érigée sur les falaises du Belleric. Les protestants affluent ; pour les accueillir, le quartier de « la Bourgade » fut construit au-delà des remparts. La cité, refuge des réformés, devint une place forte imprenable. En 1623, Louis XIII fit raser la citadelle huguenote. En 1633, Richelieu ordonna la démolition du donjon et des remparts, anéantissant définitivement la place forte. En 1713 la Baronnie est, finalement, annexée à la couronne de France.
La Gazette du Patrimoine — Quelles sont les particularités architecturales du village ?
Annick Chappaz-Gillot — Le village intra-muros, protégé par de hautes falaises et ceinturé de remparts, datant du XIVe siècle, garde les traces concrètes de son prestigieux et mouvementé passé : ses trois portes (au levant le portail, au sud la porte d’Ayguière et au couchant la porte du Rochas), sa Grand'rue aux demeures cossues, aux larges murs en pierre de taille et aux portes ouvragées, ses voûtes, ses drailles, ses fontaines…. Au XVIe siècle, le village s’agrandit à l’ouest hors des remparts pour loger les protestants arrivant en masse.
Annick Chappaz-Gillot — Le village intra-muros, protégé par de hautes falaises et ceinturé de remparts, datant du XIVe siècle, garde les traces concrètes de son prestigieux et mouvementé passé : ses trois portes (au levant le portail, au sud la porte d’Ayguière et au couchant la porte du Rochas), sa Grand'rue aux demeures cossues, aux larges murs en pierre de taille et aux portes ouvragées, ses voûtes, ses drailles, ses fontaines…. Au XVIe siècle, le village s’agrandit à l’ouest hors des remparts pour loger les protestants arrivant en masse.

La Gazette du Patrimoine — Après avoir régalé nos yeux, que pouvons-nous déguster à Orpierre ?
Annick Chappaz-Gilot — Beaucoup de spécialités dans la région. D’abord l’agneau, dont l’élevage fait vivre encore de nombreuses familles et dont la viande savoureuse reste très appréciée des orpierrois. En lien avec cet élevage viennent naturellement les tomes, yaourts, caillés de brebis mais aussi les pieds paquets (panse farcie et pieds de moutons mijotés au vin blanc et à la tomate). Également, les fromages de chèvres aux multiples affinages, déclinés en différentes saveurs (cendrés, aromatisés aux herbes thym sarriette, ou épices…).
Le petit épeautre, cultivé autour d’Orpierre, est accommodé de mille façons en salade, mais surtout en soupe l’hiver.
Les fruits savoureux, pommes, poires prunes , sont abondants à Orpierre. Une méthode ancestrale, pour la confection de pistoles, a traversé le temps. A partir de la prune « perdigone » qui est pelée, séchée, dénoyautée et aplatie, on réalise cet aliment de luxe exporté aux XIIIe et XIVe siècles vers les cours d’Europe. Le résultat rappelle la taille et la couleur dorée de la pièce de monnaie la « pistole » — nom donné à l’écu espagnol à l’effigie de Charles Quint.
L’été, les habitants du village ont pour coutume de se retrouver sur la place pour déguster la soupe au pistou ou l’aïoli et, à l’arrière-saison, on se délecte avec les truffes, les champignons et le gibier….
Annick Chappaz-Gilot — Beaucoup de spécialités dans la région. D’abord l’agneau, dont l’élevage fait vivre encore de nombreuses familles et dont la viande savoureuse reste très appréciée des orpierrois. En lien avec cet élevage viennent naturellement les tomes, yaourts, caillés de brebis mais aussi les pieds paquets (panse farcie et pieds de moutons mijotés au vin blanc et à la tomate). Également, les fromages de chèvres aux multiples affinages, déclinés en différentes saveurs (cendrés, aromatisés aux herbes thym sarriette, ou épices…).
Le petit épeautre, cultivé autour d’Orpierre, est accommodé de mille façons en salade, mais surtout en soupe l’hiver.
Les fruits savoureux, pommes, poires prunes , sont abondants à Orpierre. Une méthode ancestrale, pour la confection de pistoles, a traversé le temps. A partir de la prune « perdigone » qui est pelée, séchée, dénoyautée et aplatie, on réalise cet aliment de luxe exporté aux XIIIe et XIVe siècles vers les cours d’Europe. Le résultat rappelle la taille et la couleur dorée de la pièce de monnaie la « pistole » — nom donné à l’écu espagnol à l’effigie de Charles Quint.
L’été, les habitants du village ont pour coutume de se retrouver sur la place pour déguster la soupe au pistou ou l’aïoli et, à l’arrière-saison, on se délecte avec les truffes, les champignons et le gibier….

La Gazette du Patrimoine — Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer votre association et quelles ont été vos premières restaurations ?
Annick Chappaz-Gillot — Un arrêté non autorisé de la mairie pour faire taire les cloches de l’église a rassemblé les habitants et les ont amenés à entreprendre une action en justice. Ce fait, conjugué à l’amer constat qu’une partie du patrimoine orpierrois s’en allait peu à peu dans les décharges alentours et que le village commençait à changer radicalement de visage, a mobilisé quelques amoureux du site bien décidés à ne pas laisser faire le temps. Ainsi naissait, en 2005, l’association « Les Amis d’Orpierre ». L’aventure patrimoniale, environnementale et culturelle s’est concrétisée dans des opérations de réhabilitation, de rénovation et de valorisation.
Annick Chappaz-Gillot — Un arrêté non autorisé de la mairie pour faire taire les cloches de l’église a rassemblé les habitants et les ont amenés à entreprendre une action en justice. Ce fait, conjugué à l’amer constat qu’une partie du patrimoine orpierrois s’en allait peu à peu dans les décharges alentours et que le village commençait à changer radicalement de visage, a mobilisé quelques amoureux du site bien décidés à ne pas laisser faire le temps. Ainsi naissait, en 2005, l’association « Les Amis d’Orpierre ». L’aventure patrimoniale, environnementale et culturelle s’est concrétisée dans des opérations de réhabilitation, de rénovation et de valorisation.

De 2008 à 2013, une opération signalétique d’envergure a été menée. Après avoir retrouvé le nom de toutes les rues du village, certaines en étant dépourvues, des plaques en céramique avec blason ont été confectionnées à Daluis. Elles permettent à tous ceux qui arpentent ruelles et drailles de mieux se repérer, mais aussi de ne pas oublier les traces du passé.
En outre, un dépliant avec cartographie du village médiéval proposant un itinéraire au travers de ses rues a été conçu en 2014 afin de sensibiliser le promeneur aux éléments patrimoniaux environnants. Compte-tenu du nombre de touristes étrangers grandissant, une seconde version, en langue anglaise, a été créée en 2018. Toujours pour capter l’attention du visiteur, le panneau très dégradé existant au Portail, comportant l’historique d’Orpierre, a été rénové : un nouvel encadrement valorise davantage les indications historiques.
A partir de 2015, c’est la thématique de l’eau qui a été retenue par l’association. Il s’agissait de valoriser les lavoirs et fontaines et de restaurer trois bornes-fontaines existantes très abimées, voire disloquées, les becs ayant été retirés puis remplacés par des robinets. Les autres ont disparu, notamment lors du pavage de la Grand’rue, fin de la décennie 1970. Ces bornes-fontaines, témoins de l’arrivée de l’eau dans chaque quartier, doivent retrouver leur lustre d’antan. La première a trouvé sa place en 2017 ; ainsi le promeneur peut-il se désaltérer à une borne authentique ; il actionne le volant et l’eau coule à flots. La seconde a été acheté, elle est en cours d’aménagement en vue de son installation.
Le dernier projet qui s’est concrétisé cette année a été l’installation de sept étendards aux armoiries des grandes familles seigneuriales propriétaires d’Orpierre (Mévouillon, Chalon, Dauphins, Orange-Nassau, Conti…) aux portes, places et dans certaines drailles du village médiéval. Implantés dans des lieux très passants, ces étendards devraient inciter les promeneurs à s’intéresser à l’histoire singulière d’Orpierre et à se l’approprier.
Sur le plan culturel, l’association a participé activement en 2007 à l’aménagement de l’écomusée de la vigne ainsi qu’à l’agencement et à la décoration, en 2009, d’un café du XXe siècle ouvert uniquement lors des visites guidées du village médiéval. Par ailleurs, une convention tripartite signée en 201, a permis l’installation d’un orgue Goll de 1858 dans le temple en vue d'organiser, chaque été, un festival « musique et patrimoine ». Les sommes récoltées sont dédiées à la restauration architecturale extérieure de ce temple. Après la participation au financement de la restauration de la porte d’entrée, l’association a fait exécuter des vitraux qui représentent la croix huguenote avec colombe et rameau d’olivier sur l’oculus situé au-dessus de l’entrée. Il est prévu de faire réaliser des vitraux sur les fenêtres dès que les moyens financiers le permettront.
Depuis 2015, des expositions sont proposées régulièrement « Vouste Paul Plat », une des plus vastes caves médiévales du bourg qui se prolonge, au-delà de l’édifice, sous les ruelles. Les thèmes abordés sont variés : « L’art de la dorure : icônes et enluminures entre orient et occident », « L’enfance » pastel et peinture (Catherine Cérat), « Les Orpierrois dans la Grande Guerre » d’après les correspondances entre l’arrière et le front, « Objectifs Orpierre » (histoire de la photographie à partir de photos d’Orpierre d’hier et d’aujourd’hui).
En outre, un dépliant avec cartographie du village médiéval proposant un itinéraire au travers de ses rues a été conçu en 2014 afin de sensibiliser le promeneur aux éléments patrimoniaux environnants. Compte-tenu du nombre de touristes étrangers grandissant, une seconde version, en langue anglaise, a été créée en 2018. Toujours pour capter l’attention du visiteur, le panneau très dégradé existant au Portail, comportant l’historique d’Orpierre, a été rénové : un nouvel encadrement valorise davantage les indications historiques.
A partir de 2015, c’est la thématique de l’eau qui a été retenue par l’association. Il s’agissait de valoriser les lavoirs et fontaines et de restaurer trois bornes-fontaines existantes très abimées, voire disloquées, les becs ayant été retirés puis remplacés par des robinets. Les autres ont disparu, notamment lors du pavage de la Grand’rue, fin de la décennie 1970. Ces bornes-fontaines, témoins de l’arrivée de l’eau dans chaque quartier, doivent retrouver leur lustre d’antan. La première a trouvé sa place en 2017 ; ainsi le promeneur peut-il se désaltérer à une borne authentique ; il actionne le volant et l’eau coule à flots. La seconde a été acheté, elle est en cours d’aménagement en vue de son installation.
Le dernier projet qui s’est concrétisé cette année a été l’installation de sept étendards aux armoiries des grandes familles seigneuriales propriétaires d’Orpierre (Mévouillon, Chalon, Dauphins, Orange-Nassau, Conti…) aux portes, places et dans certaines drailles du village médiéval. Implantés dans des lieux très passants, ces étendards devraient inciter les promeneurs à s’intéresser à l’histoire singulière d’Orpierre et à se l’approprier.
Sur le plan culturel, l’association a participé activement en 2007 à l’aménagement de l’écomusée de la vigne ainsi qu’à l’agencement et à la décoration, en 2009, d’un café du XXe siècle ouvert uniquement lors des visites guidées du village médiéval. Par ailleurs, une convention tripartite signée en 201, a permis l’installation d’un orgue Goll de 1858 dans le temple en vue d'organiser, chaque été, un festival « musique et patrimoine ». Les sommes récoltées sont dédiées à la restauration architecturale extérieure de ce temple. Après la participation au financement de la restauration de la porte d’entrée, l’association a fait exécuter des vitraux qui représentent la croix huguenote avec colombe et rameau d’olivier sur l’oculus situé au-dessus de l’entrée. Il est prévu de faire réaliser des vitraux sur les fenêtres dès que les moyens financiers le permettront.
Depuis 2015, des expositions sont proposées régulièrement « Vouste Paul Plat », une des plus vastes caves médiévales du bourg qui se prolonge, au-delà de l’édifice, sous les ruelles. Les thèmes abordés sont variés : « L’art de la dorure : icônes et enluminures entre orient et occident », « L’enfance » pastel et peinture (Catherine Cérat), « Les Orpierrois dans la Grande Guerre » d’après les correspondances entre l’arrière et le front, « Objectifs Orpierre » (histoire de la photographie à partir de photos d’Orpierre d’hier et d’aujourd’hui).
La Gazette du Patrimoine — A-t-il été facile de convaincre les habitants et la municipalité de participer à ces restaurations?
Annick Chappaz-Gillot — Une centaine d’habitants sont devenus membres de l’association ; ils étaient ravis que l’on valorise le patrimoine du village oublié depuis fort longtemps et par voie de conséquence que l’on améliore leur condition de vie. Les voûtes fermées, les rues fermées, les maisons qui s’écroulent, les pierres qui se dérobent sous leurs pieds — bref, se déplacer dans le village est souvent un parcours du combattant.
Quant à la mairie, il a toujours été difficile d’aborder la question du patrimoine puisqu’il renvoie au vieux village délabré qui lui pose souvent problème. La municipalité préfère « aller de l’avant » ; elle a créé un lotissement en amont du bourg, là tout est plus simple…
Donc peu de communication avec madame le Maire. On arrive à avoir l’aval de la mairie, mais il faut de la patience et du temps et souvent la route est jalonnée d’obstacles. Mon plus grand regret, c’est de ne pas avoir pu mener à son terme le projet d’AVAP (Aire de Valorisation Architecturale et Patrimoniale) afin d’inventorier et de protéger le patrimoine d’Orpierre. Le responsable chargé du patrimoine au Parc des Baronnies nous avait demandé de solliciter la municipalité pour en discuter, mais madame le maire a refusé catégoriquement de peur de ne plus avoir la maîtrise des décisions. Ce fut une grande déception !
La Gazette du Patrimoine — Comment avez-vous financé les restaurations ?
Annick Chappaz-Gillot — Depuis sa création, l’association n’a reçu aucune subvention de la commune. Nos projets ont tous été financés à partir des recettes, à savoir les cotisations et dons de adhérents ainsi que des manifestations payantes auxquelles nous pouvons ajouter les fonds résultant de la vente de calendriers depuis 2016. Parmi les manifestations payantes, nous organisons un festival « Musique et Patrimoine » autour de l’orgue avec deux concerts, des visites guidées (« Orpierre dans les murs, promenades à travers le temps ») et, sur les sentiers du patrimoine, des balades VTT encadrées, ponctuées de visites et découvertes du patrimoine et, enfin, un loto.
Le seul dossier de demande de subvention (pour les plaques de rues) que nous avions déposé, et qui avait été accepté par le Conseil Général et la Région, a été perdu par la mairie, pour des raisons de retard de présentation de la facture.
Annick Chappaz-Gillot — Une centaine d’habitants sont devenus membres de l’association ; ils étaient ravis que l’on valorise le patrimoine du village oublié depuis fort longtemps et par voie de conséquence que l’on améliore leur condition de vie. Les voûtes fermées, les rues fermées, les maisons qui s’écroulent, les pierres qui se dérobent sous leurs pieds — bref, se déplacer dans le village est souvent un parcours du combattant.
Quant à la mairie, il a toujours été difficile d’aborder la question du patrimoine puisqu’il renvoie au vieux village délabré qui lui pose souvent problème. La municipalité préfère « aller de l’avant » ; elle a créé un lotissement en amont du bourg, là tout est plus simple…
Donc peu de communication avec madame le Maire. On arrive à avoir l’aval de la mairie, mais il faut de la patience et du temps et souvent la route est jalonnée d’obstacles. Mon plus grand regret, c’est de ne pas avoir pu mener à son terme le projet d’AVAP (Aire de Valorisation Architecturale et Patrimoniale) afin d’inventorier et de protéger le patrimoine d’Orpierre. Le responsable chargé du patrimoine au Parc des Baronnies nous avait demandé de solliciter la municipalité pour en discuter, mais madame le maire a refusé catégoriquement de peur de ne plus avoir la maîtrise des décisions. Ce fut une grande déception !
La Gazette du Patrimoine — Comment avez-vous financé les restaurations ?
Annick Chappaz-Gillot — Depuis sa création, l’association n’a reçu aucune subvention de la commune. Nos projets ont tous été financés à partir des recettes, à savoir les cotisations et dons de adhérents ainsi que des manifestations payantes auxquelles nous pouvons ajouter les fonds résultant de la vente de calendriers depuis 2016. Parmi les manifestations payantes, nous organisons un festival « Musique et Patrimoine » autour de l’orgue avec deux concerts, des visites guidées (« Orpierre dans les murs, promenades à travers le temps ») et, sur les sentiers du patrimoine, des balades VTT encadrées, ponctuées de visites et découvertes du patrimoine et, enfin, un loto.
Le seul dossier de demande de subvention (pour les plaques de rues) que nous avions déposé, et qui avait été accepté par le Conseil Général et la Région, a été perdu par la mairie, pour des raisons de retard de présentation de la facture.


Annick Chappaz-Gillot — Compte-tenu de la localisation de l’oratoire sur le chemin pentu menant au Gros Doigt et autrefois au château, il n’y avait peu d’alternative. En effet, le très fort dénivelé — près de 200 m — et l’accès par un sentier à déclivité abrupte et dangereuse, dont le tracé est à peine visible, font que l’ascension ne peut se faire qu’à pieds. Acheminer les lourds matériels et matériaux, porter l’échafaudage, l’eau, la chaux…, à dos d’hommes aurait été compliqué et exténuant ; c’est la raison pour laquelle les ânes ont été la solution.


Annick Chappaz-Gillot — Notre association place au centre de sa démarche l’art et la création, véritables expressions de communication qui relient les hommes, leur ouvrent l’esprit, touchent leur cœur et contribuent ainsi à leur bien-être. Chacun peut se les approprier et s’en nourrir. Nous recherchions des plaques en adéquation avec les vieux murs. Le travail de Gaëlle Abolivier, céramiste, véritable artiste qui opère selon les traditions ancestrales, nous a séduit et le rapport qualité-prix était excellent d’où le choix de ce support. Elle a affirmé sa maîtrise des quatre éléments : la terre matière première, l’eau pour la rendre plastique, l’air pour la sécher et le feu pour la métamorphoser. Avec son art de la terre, elle a embelli nos rues en confectionnant des plaques artisanales uniques. Ce projet demeurait plus que nécessaire, car il ne restait plus que cinq noms de rues encore visibles sur 35 répertoriés. Sans la mémoire de quelques anciens orpierrois, il ne serait resté que l’oubli pour seul héritage. Or, la plupart des noms de rues, drailles, couverts et autres placettes, portent la trace des dénominations propres à l’histoire d’Orpierre. Hormis l’aspect patrimonial que revêt ce projet, il y avait un défaut de signalisation préjudiciable aux habitants et aux visiteurs.
La Gazette du Patrimoine — Quels sont vos futurs projets ?
Annick Chappaz-Gillot — Nous nous sommes engagés à participer à la réfection et la remise en eau d’un lavoir. Il s’agit d’un lavoir dont la particularité est d’être alimenté par le trop-plein de la Fontronde. Mis à jour l’été dernier lors de travaux entrepris dans des garages appartenant à la mairie, il avait été enterré, il y a quelques décennies, au moment où l’emplacement de ce lavoir avait été transformé en garage. Connaissant son existence, nous cherchions une photo d’antan lorsqu’il était en fonctionnement afin de laisser la trace de ce patrimoine disparu. Persuadés qu’il avait été détruit, nous sommes extrêmement satisfaits d’avoir retrouvé ce précieux patrimoine. Par ailleurs, je commence la rédaction d’un livre, accessible à un large public s’intéressant aux spécificités géographiques, géologiques, historiques et économiques d’Orpierre. La nécessité d’un tel ouvrage retraçant l’histoire d’Orpierre se fait, aujourd’hui, clairement ressentir, car le livre historique de 1953, Orpierre, la baronnie, est épuisé. L’office du tourisme ne peut donc plus répondre à la demande d’un nombre croissant de visiteurs à la recherche d’un ouvrage documenté.
La Gazette du Patrimoine — Pourquoi vouloir sauvegarder cela ?
Annick Chappaz-Gillot : Dans ce bourg du haut moyen-âge les places, les fortifications, les drailles, les fontaines, les passages couverts... tout est patrimoine... C'est notre bien à tous ! Il est de notre devoir de le protéger pour que l’histoire qu’il nous conte continue d’être chantée aux générations à venir ! L’association « Les Amis d’Orpierre » œuvre depuis maintenant 15 ans ! Elle veut continuer à avancer sur cette voie. La maison qui fait face à la Tour des Princes d’Orange, sauvée in extremis de la démolition cette année, devrait être une valeur d’exemple et l’encourager à poursuivre sa mission.
La Gazette du Patrimoine — Si vous deviez convaincre quelqu’un pour qu’il vienne visiter Orpierre, que lui diriez-vous ?
Annick Chappaz-Gillot — Perdu dans une campagne silencieuse, inondée de lumière, Orpierre est un dépaysement apaisant de bout du monde, une invitation à la sérénité loin des villes (les plus proches Aix-Marseille et Grenoble sont à plus de 100 km). Sa faune et sa flore restent encore intactes et ses habitants demeurent authentiques et chaleureux. Dans un univers minéral, ce pittoresque village raconte toute son histoire dans ses vieilles pierres, c’est un village attachant qui ne laisse pas indifférent.
Annick Chappaz-Gillot — Nous nous sommes engagés à participer à la réfection et la remise en eau d’un lavoir. Il s’agit d’un lavoir dont la particularité est d’être alimenté par le trop-plein de la Fontronde. Mis à jour l’été dernier lors de travaux entrepris dans des garages appartenant à la mairie, il avait été enterré, il y a quelques décennies, au moment où l’emplacement de ce lavoir avait été transformé en garage. Connaissant son existence, nous cherchions une photo d’antan lorsqu’il était en fonctionnement afin de laisser la trace de ce patrimoine disparu. Persuadés qu’il avait été détruit, nous sommes extrêmement satisfaits d’avoir retrouvé ce précieux patrimoine. Par ailleurs, je commence la rédaction d’un livre, accessible à un large public s’intéressant aux spécificités géographiques, géologiques, historiques et économiques d’Orpierre. La nécessité d’un tel ouvrage retraçant l’histoire d’Orpierre se fait, aujourd’hui, clairement ressentir, car le livre historique de 1953, Orpierre, la baronnie, est épuisé. L’office du tourisme ne peut donc plus répondre à la demande d’un nombre croissant de visiteurs à la recherche d’un ouvrage documenté.
La Gazette du Patrimoine — Pourquoi vouloir sauvegarder cela ?
Annick Chappaz-Gillot : Dans ce bourg du haut moyen-âge les places, les fortifications, les drailles, les fontaines, les passages couverts... tout est patrimoine... C'est notre bien à tous ! Il est de notre devoir de le protéger pour que l’histoire qu’il nous conte continue d’être chantée aux générations à venir ! L’association « Les Amis d’Orpierre » œuvre depuis maintenant 15 ans ! Elle veut continuer à avancer sur cette voie. La maison qui fait face à la Tour des Princes d’Orange, sauvée in extremis de la démolition cette année, devrait être une valeur d’exemple et l’encourager à poursuivre sa mission.
La Gazette du Patrimoine — Si vous deviez convaincre quelqu’un pour qu’il vienne visiter Orpierre, que lui diriez-vous ?
Annick Chappaz-Gillot — Perdu dans une campagne silencieuse, inondée de lumière, Orpierre est un dépaysement apaisant de bout du monde, une invitation à la sérénité loin des villes (les plus proches Aix-Marseille et Grenoble sont à plus de 100 km). Sa faune et sa flore restent encore intactes et ses habitants demeurent authentiques et chaleureux. Dans un univers minéral, ce pittoresque village raconte toute son histoire dans ses vieilles pierres, c’est un village attachant qui ne laisse pas indifférent.
Crédit photographique « Les Amis d'Orpierre »
Pour en savoir plus:
Site internet des « Amis d'Orpierre »: http://lesamisdorpierre.e-monsite.com