Suivez mon regard
Janvier 2020
Le Musée Eugène Carrière de Gournay-sur-Marne
une aventure humaine avant tout
Sylvie Nacache
Secrétaire de la SAEC
Professeur d'anglais en détachement temporaire au MEC
Médiatrice et guide-conférencière français-anglais
Tombée dans la marmite du MEC en 2016 !
Eugène Carrière est né le 16 janvier 1849 à Gournay-sur-Marne d’une famille d’origine flamande par son père Léon, et alsacienne par sa mère Elisabeth Wetzel. Il grandit à Strasbourg où il reçoit une formation de lithographe. Contre l’avis de son père, il s’inscrit à l’École des Beaux-Arts de Paris, dans l’atelier de Cabanel et se forge une culture propre par l’observation de la nature et la fréquentation des musées. Marié à Sophie Desmouceaux, dont il aura sept enfants, il est contraint à des tâches diverses pour subvenir aux besoins de sa famille. Il expose néanmoins au Salon : La Jeune Mère (1879), L’Enfant Malade (1885), autant de symphonies domestiques, inspirées des maîtres hollandais, qui lui valent le titre un peu réducteur de « Peintre des Maternités ».
Remarqué de la critique, apprécié de collectionneurs comme Moreau-Nélaton, il est introduit auprès de personnalités du monde littéraire, artistique et politique dont il immortalise les traits dans de pénétrants portraits : Verlaine, Gauguin, Daudet, Clemenceau, Rodin, Anatole France, etc… Les expositions se succèdent : première exposition personnelle en 1891 chez Boussod et Valadon, participation aux Expositions Universelles de 1889 et 1900, Salon de la Libre Esthétique, de l’Art Nouveau chez Bing ou exposition en 1896, en compagnie de Rodin et Puvis de Chavannes.
Témoin de son temps, Carrière participe au mouvement des idées : défense de Dreyfus au côté de Clemenceau et de Zola, émancipation féminine, etc… Jamais dogmatique, il défend un humanisme qui place l’éducation au centre des préoccupations
On peut admirer les œuvres d’Eugène Carrière dans la plupart des musées des grandes villes de France. A Paris, peu de ses œuvres sont exposées et pourtant le Petit Palais possède 43 œuvres et Orsay 91 dont la collection Moreau Nélaton. C’est un oublié du grand public.
Carrière est pourtant connu et reconnu aux USA, Canada, Australie, Japon, Russie, Egypte, Israël, Algérie, Argentine, Colombie, Brésil, Royaume Uni, Allemagne, Belgique, Suisse, Finlande, Italie ….
Pour comprendre la dynamique du MEC, il faut découvrir comment tout a commencé.
Rien ne prédisposait Sylvie Le Gratiet à devenir l’initiatrice ni la présidente de la Société des Amis d’Eugène Carrière. Si ce n’est son intérêt pour l’histoire, d’abord transmis par son grand-père paternel (président de deux sociétés historiques à Paris), puis entretenu par des ouvrages historiques reçus en cadeau, des visites en compagnie du grand-père, des lectures…
L’année du bicentenaire de la révolution, Sylvie s’inscrit à la Société Historique de Champs, Gournay et Noisy et demande au président, Jacques Guillard, de lui donner des recherches à effectuer. Il la charge de documenter trois rues de la commune portant des noms d’artistes. Devinez qui fut le premier : Eugène Carrière ! Au même moment sortait le film sur Camille Claudel avec Isabelle Adjani et elle venait de terminer la lecture d’une biographie de Rodin et du journal des Goncourt où Carrière figurait en bonne part. Là m’a-t-elle confié ce fut une évidence. Plus elle découvrait l’œuvre, l’artiste, l’homme, plus elle était fascinée. Une passion, ça anime les conversations, les échanges et c’est ainsi que par hasard — mais peut-on encore parler de hasard ? — sa belle-mère l’informa d’une exposition de Laure Delvolvé, la petite fille de Carrière dans une galerie parisienne devant laquelle elle était passée. « C’est la magie de l’histoire, tu ne sais pas pourquoi mais un personnage te parle, tu es en phase avec lui. » Sans aucune hésitation, elle s’y rend, mue par le désir de réparer l’injuste oubli du peintre à notre époque. Elle rencontre Laure Delvolvé qui lui explique que dans la famille l’héritage Carrière, c’est du ressort de Michel Carrière.
Mais remettons les choses en perspective : Sylvie n’avait aucun titre universitaire, ni fonction lui permettant d’avoir accès aux archives officielles pour se documenter sur le peintre. Se présenter aux héritiers lui a donc semblé naturel. La première rencontre avec Michel Carrière fut glaciale et il lui a fallu « l’amadouer » pour enfin gagner une vraie sympathie. C’est alors que Sylvie lui propose de recréer une association des amis de Carrière, Rodin ayant, à la mort de son ami, fondé une première association dont ils n’avaient pas retrouvé les statuts. Six personnes se sont donc lancées dans l’aventure : Sylvie Le Gratiet et Michel Carrière rejoints par Jacques Guillard, Marc Gisquet de la mairie de Gournay-sur-Marne, Madeleine Tavernier secrétaire de la société historique présidée par Jacques Guillard et Julienne Le Gratiet, la belle-maman fut nommée trésorière ! Une affaire de famille, d’amitiés, de belles rencontres commence : les statuts de l’association sont déposés en 1992.
Malheureusement Michel Carrière a une santé chancelante et il décide de faire don d’une partie de sa collection Carrière à la SAEC. Sylvie va contacter Michel Champion, le maire de Gournay-sur-Marne, pour trouver un local et en 1996 il alloue à la SAEC la salle du rez-de-chaussée de la Villa Marie. L’association s’enrichit de nouveaux membres et d’experts et collectionneurs français et étrangers (le premier adhérent étranger est japonais !)
Tout s’enchaine très vite : « ça va de soi, il n’y a pas d’hésitation » explique Sylvie. Elle fédère les gens, les énergies et va à la rencontre des collectionneurs de Carrière. Le premier qui la reçoit M.A, elle a trouvé son nom à Orsay alors qu’elle recense tous les tableaux d’Eugène Carrière dans les musées de France et dans le monde. Il y est fait mention d’un portrait « donation A. ». Toutes les rencontres avec les collectionneurs vont s’enchainer et les échanges se multiplier. Sylvie se souvient de sa rencontre avec M. D. lors d’une vente aux enchères de l’affiche de l’Aurore (c’était pour elle une première). A l’issue de la vente elle va à la rencontre de l’acheteur, M.D., lui parle de la SAEC et il lui donne son téléphone sur un de ses chèques ! Rien ne peut plus l’arrêter : Sylvie prendra même un jour de congé pour se rendre en province dans la demeure de Clemenceau pour y rencontrer sa belle-fille à qui elle a demandé un rendez-vous. Sa passion sera, là encore, la clé : elle explique à Madame Clemenceau qui sortait de chez elle au moment où Sylvie arrivait qu’elle a lu la dernière biographie sur Clemenceau et là le déclic se produit : la dame demande à son chauffeur de faire demi-tour, décommande son déjeuner et passe le reste de l’après-midi assise sur son lit à boire du champagne en compagnie de notre aventurière de l’histoire qui lui relit des passages du livre.
Les publications, les conférences, les expositions, les événements vont s’enchainer à Gournay-sur-Marne et à l’espace Carrière. Pourquoi Gournay-sur-Marne ? Parce que Carrière y est né en 1849 et c’est grâce à une bourse, à l’époque du département de Seine-et-Oise, que Carrière a pu entrer à l’école des Beaux-Arts de Paris et s’inscrire à l’atelier de Cabanel. « C’était son désir d’avoir dans sa ville natale la marque de son passage : entre tous les hommages posthumes que l’on lui faisait entrevoir, c’était le seul auquel il était vraiment sensible. » (Lisbeth Devolvé Carrière, fille d’Eugène Carrière, le 17 Mai 1927). Sylvie a donc naturellement continué dans sa lancée et l’Espace Eugène Carrière est devenu Musée Eugène Carrière (MEC) en 2012.
Il est soutenu par la DRAC, le département, la ville de Gournay-sur-Marne, reconnu comme partenaire du CdT du 93, de nombreux musées comme les musées Clemenceau, Rodin, Orsay, Petit Palais, Douai, Lagny, Troyes, Pontoise, Saint Cloud, et à l’international : le Metropolitan Museum (New York) , L'Art Institute de Chicago, le musée de Brême (Allemagne), Cardiff (pays de Galles),le musée d'Art occidental de Tokyo. l’INHA et différentes galeries privées. Ernest Pignon Ernest est membre du comité scientifique du MEC.
Le musée est partenaire des journées du patrimoine et de la nuit de la lecture.
Ses collections sont constituées à l’origine par les archives du petit-fils du peintre, Michel Carrière, et le fonds s’enrichit régulièrement par des achats et des dons.
Le MEC conserve un fonds d’environ 100 dessins à la sanguine, craie ou fusain : esquisses, projets d’illustration, un Argus de Presse à partir de 1885,des objets ayant appartenu à l’artiste comme son chevalet de campagne, plus de 100 éditions originales, dédicacées par leurs auteurs, faisant partie de la bibliothèque d’Eugène Carrière, des tableaux : portraits, paysages et scènes intimistes, la totalité des affiches conçues par Carrière, des lithographies, eaux-fortes et pierres lithographiques, des lettres de/à Eugène Carrière, des témoignages d’élèves de l’Académie Carrière : tableaux, carnets de notes, photographies, des photographies sur plaque de verre représentant Carrière, son atelier, sa famille.
La bibliothèque met à la disposition des chercheurs des : monographies, catalogues de vente et d’exposition, un relevé des lettres du Fonds Carrière de la Bibliothèque Centrale des Musées Nationaux, des Archives Goncourt, des archives privées, des revues anciennes et la presse d’époque comme L’Art et les Artistes, Les Hommes du Jour, The Studio, …, des livres de contemporains d’Eugène Carrière.
Chaque année de septembre à mars, le MEC organise une exposition consacrée à Eugène Carrière ou en lien avec son époque. Le parcours des salles a été créé par le scénographe Yves Cassagne dans un lieu privilégié à proximité des bords de Marne, propice à une journée d’escapade.
Du lundi au samedi nous accueillons les groupes d’adultes et les jeunes publics pour des visites commentées, des visites-ateliers avec nos médiatrices et guides-conférencières diplômées. Nous pouvons organiser des visites commentées, des visites goûter ou apéritif sur demande pour les groupes à partir de 10 personnes. Les tarifs groupes démarrent à 3 euros pour les visites-atelier des scolaires (45 mn de visite + atelier dessin de 45 minutes à choisir dans la brochure « ateliers ») et 8 euros pour les visites adultes.
L’accueil personnalisé des visiteurs et la gestion du musée sont assurés par l’équipe des Bénévoles de la Société des Amis d’Eugène Carrière (SAEC).
Nous recevons les visiteurs individuels les dimanches après-midi de 15h à 18h avec, à 15h30, une visite commentée de 1h30 incluse dans le prix du billet d’entrée de 6 euros. Depuis peu le MEC est aussi partenaire de la carte IKARIA.
Eugène Carrière appartient au courant des peintres intimistes. C’est un artiste porté sur l’intériorité de l’homme, son sens profond, essentiel et délicat.
“Le mystérieux de la réalité et la réalité de l’invisible m’a attiré. Je sais que pour moi l’évidence est ce qui ne se perçoit pas au premier instant ; inconsciemment je me suis laissé aller à cette fascination”.
L’exposition présente son parcours en 50 œuvres parmi lesquelles les dernières acquisitions du musée, restaurées pour l’occasion, le dépôt de 5 tableaux du musée de la Chartreuse à Douai et des œuvres inédites en provenance de collections privées.
Exposition réalisée avec le soutien de la ville de Gournay-sur-Marne et des Archives Départementales de la Seine-Saint-Denis.
Vous l’avez compris le MEC est avant tout une aventure humaine et il a besoin de tous les soutiens pour poursuivre l’action entreprise. Vous pouvez nous soutenir en devenant membre de la SAEC ( bulletin d’adhésion sur le site :eugenecarriere.com), en venant découvrir les salles du musée et en participant à nos événements, en enrichissant le fonds et les travaux de recherche, en nous permettant de découvrir d’autres œuvres et collectionneurs de Carrière, en nous aidant à trouver des mécènes pour nous permettre d’agrandir le musée et étendre notre ouverture à l’année.
Se rendre au Musée
Adresse :3 rue Ernest Pêcheux, 93460, Gournay-sur-Marne (Renseignements et réservations : 01 43 05 37 34/ 06 17 20 46 45)
– RER A (Noisy-Champs) ou RER E (Chelles-Gournay), Transilien P(Chelles-Gournay) et Bus : 213 (arrêt : Eglise de Gournay). A proximité : lignes de bus 113 et 220
– Autoroute A4 sortie Noisy-Champs N°10 direction Chelles ou RN 34
Liens utiles :
https://www.eugenecarriere.com/
La biographie d’Eugène Carrière est extraite du site qui est géré par la SAEC, vous y retrouverez toutes les informations pratiques ainsi que les collections du musée et les actions de l’association.
https://mec.biinlab.app/491-musee-eugene-carriere/1554-accueil-decouvrir-le-mec
Une application qui vous permettra de préparer ou poursuivre votre visite du musée en vous amusant.
https://www.facebook.com/pg/MuseeEugeneCarriere/posts/?ref=page_internal
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Crédits photos : Musée Eugène Carrière