Sans Issue ?
Janvier 2020
Cette rubrique est dédiée, non pas aux causes désespérées, mais plutot, aux causes désespérantes — des affaires insolubles qui mettent un peu plus en danger des patrimoines déjà fragiles.
Église Saint-Gilles, Charonville (28)
Notre première affaire sans issue nous amène à Charonville, charmante petite commune d’Eure-et-Loir qui compte un peu moins de 400 âmes réparties autour d’une ravissante église du XIIIe siècle.
C’est à la suite d’une pétition lancée sur les réseaux sociaux par Harold Koubbi-Humbert, membre de l'Association de Sauvegarde du Patrimoine de Charonviille (présidée par Gérard Chailloux), que nous avons pris connaissance de cette affaire, grâce à une internaute engagée pour la sauvegarde du patrimoine. Nous pensions réellement qu’Urgences Patrimoine allait pouvoir démêler l’épais « sac de nœuds » qui entourait le projet de sauvegarde de l’église, mais la situation fut tellement ubuesque que nous n’avons pu qu’assister impuissants à ce qui se passait.
C’est à la suite d’une pétition lancée sur les réseaux sociaux par Harold Koubbi-Humbert, membre de l'Association de Sauvegarde du Patrimoine de Charonviille (présidée par Gérard Chailloux), que nous avons pris connaissance de cette affaire, grâce à une internaute engagée pour la sauvegarde du patrimoine. Nous pensions réellement qu’Urgences Patrimoine allait pouvoir démêler l’épais « sac de nœuds » qui entourait le projet de sauvegarde de l’église, mais la situation fut tellement ubuesque que nous n’avons pu qu’assister impuissants à ce qui se passait.

Description du problème :
Le Maire de la commune, Monsieur Éric Roulleau, souhaite faire restaurer l'église du village datant du XIIIe siècle, mais huit opposants de son conseil municipal refusent, prétextant qu'il y a « d'autres priorités ». N'étant plus majoritaire au conseil, Monsieur le Maire ne peut pas lancer les travaux sans l’aval du dit Conseil.
Fait très rare dans notre beau pays, les finances de la commune sont positives, donc, les travaux sont tout à fait réalisables, sans que les contribuables ne voient leurs impôts augmenter. L'Association de Sauvegarde du Patrimoine de Charonville dispose également de fonds levés via une souscription de la Fondation du Patrimoine, donc dans cette « affaire », ce n'est pas d'abord un problème d'argent.
Cependant, les bonnes âmes opposées à la restauration persistent à répandre de fausses informations auprès de la population, à savoir que les travaux se montent à 940 000 euros (HT) (voir le reportage de France 3) et que de ce fait, la commune ne peut pas supporter une telle dépense.
Si, effectivement, le montant total des travaux pourrait atteindre cette somme, il n’en est rien pour les travaux d’urgence, permettant la mise en sécurité et la réouverture de l’édifice. Pour le reste, les travaux pourraient être effectués par tranche chaque année, comme il est courant de le faire dans bon nombre de communes rurales qui n’ont pas de gros budgets.
Comme il est important de connaître toute la vérité, afin d’être objectifs et efficaces dans nos démarches, nous avons demandé au Maire de nous communiquer les devis concernant les urgences. Voici le devis initial et le PV du Conseil municipal du 12avril 2018.
Le Maire de la commune, Monsieur Éric Roulleau, souhaite faire restaurer l'église du village datant du XIIIe siècle, mais huit opposants de son conseil municipal refusent, prétextant qu'il y a « d'autres priorités ». N'étant plus majoritaire au conseil, Monsieur le Maire ne peut pas lancer les travaux sans l’aval du dit Conseil.
Fait très rare dans notre beau pays, les finances de la commune sont positives, donc, les travaux sont tout à fait réalisables, sans que les contribuables ne voient leurs impôts augmenter. L'Association de Sauvegarde du Patrimoine de Charonville dispose également de fonds levés via une souscription de la Fondation du Patrimoine, donc dans cette « affaire », ce n'est pas d'abord un problème d'argent.
Cependant, les bonnes âmes opposées à la restauration persistent à répandre de fausses informations auprès de la population, à savoir que les travaux se montent à 940 000 euros (HT) (voir le reportage de France 3) et que de ce fait, la commune ne peut pas supporter une telle dépense.
Si, effectivement, le montant total des travaux pourrait atteindre cette somme, il n’en est rien pour les travaux d’urgence, permettant la mise en sécurité et la réouverture de l’édifice. Pour le reste, les travaux pourraient être effectués par tranche chaque année, comme il est courant de le faire dans bon nombre de communes rurales qui n’ont pas de gros budgets.
Comme il est important de connaître toute la vérité, afin d’être objectifs et efficaces dans nos démarches, nous avons demandé au Maire de nous communiquer les devis concernant les urgences. Voici le devis initial et le PV du Conseil municipal du 12avril 2018.
Comme vous pouvez le constater, les Conseillés opposants font totalement fausse route, et la somme annoncée par Monsieur le Maire est manifestement la bonne.
En fait, nous pouvons déduire de tout cela que le problème vient des hommes et pas des pierres. Une « querelle de clocher » dont ce pauvre édifice agonisant est devenu l’otage.
En fait, nous pouvons déduire de tout cela que le problème vient des hommes et pas des pierres. Une « querelle de clocher » dont ce pauvre édifice agonisant est devenu l’otage.

Nous nous sommes rendus sur place en compagnie d’Alexandre Bonnassieux, architecte du patrimoine, afin de mieux appréhender les choses et de rencontrer le Maire, ainsi que les membres de l’association de sauvegarde.
À l’issue de cette première rencontre, nous avons pensé qu’il fallait s’adresser aux représentants de l’État pour éclaircir les choses. Nous avons donc adressé un courrier à Madame la Préfète du Département d'Eure-et-Loir afin qu'elle intervienne, ne serait-ce que pour faire appliquer la loi de 1905, rendant obligatoire l'entretien et la restauration des lieux de culte par les communes propriétaires des édifices.
Or à notre grande surprise, Madame la Préfète nous a gentiment informé qu’elle avait un pouvoir de police égal à celui du Maire et qu’elle ne pouvait pas ordonner le démarrage des travaux. Sans nous décourager, nous avons écrit à Monsieur le Préfet de Région qui, pour sa part, ne s’est même pas donné la peine de nous répondre.
Comme l’édifice ne bénéficie d’aucune protection au titre des monuments historiques, la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) n’a qu’un rôle consultatif et ne peut donc pas non plus ordonner les premiers travaux d’urgence. Nous regrettons que les services de l’État ne puissent rien faire pour cette église église romane, vraisemblablement construite avant les fondations de la Cathédrale de Chartres, sa « voisine de palier ».
À l’issue de cette première rencontre, nous avons pensé qu’il fallait s’adresser aux représentants de l’État pour éclaircir les choses. Nous avons donc adressé un courrier à Madame la Préfète du Département d'Eure-et-Loir afin qu'elle intervienne, ne serait-ce que pour faire appliquer la loi de 1905, rendant obligatoire l'entretien et la restauration des lieux de culte par les communes propriétaires des édifices.
Or à notre grande surprise, Madame la Préfète nous a gentiment informé qu’elle avait un pouvoir de police égal à celui du Maire et qu’elle ne pouvait pas ordonner le démarrage des travaux. Sans nous décourager, nous avons écrit à Monsieur le Préfet de Région qui, pour sa part, ne s’est même pas donné la peine de nous répondre.
Comme l’édifice ne bénéficie d’aucune protection au titre des monuments historiques, la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) n’a qu’un rôle consultatif et ne peut donc pas non plus ordonner les premiers travaux d’urgence. Nous regrettons que les services de l’État ne puissent rien faire pour cette église église romane, vraisemblablement construite avant les fondations de la Cathédrale de Chartres, sa « voisine de palier ».

Cette statue est pour sa part protégée et, donc, elle doit rester en place en attendant d’être restaurée par un artisan recommandé par leurs propres services. Sans doute jusqu’à ce que mort s’en suive, car la personne en charge des objets mobiliers du secteur es rarement joignable.
Après avoir fait grand bruit sur les réseaux sociaux et dans la presse locale, nous espérions un « miracle » qui n’a pas eu lieu.
Nous sommes revenus sur place, avec cette fois deux experts du bâti ancien et en particulier des églises Romanes. J’en profite pour remercier Monsieur Claude Rayon pour son étude que vous pouvez télécharger ici:
Nous attendions également avec la plus grande des impatiences le rapport d’expertise de Monsieur Nicolas Wasylyszyn, grand professionnel et expert des églises Romanes, venu à Charonville de façon bénévole, mais hélas, son compte-rendu, qui aurait été d’une grande utilité pour demander une protection de l’édifice au titre des monuments historiques, n’a jamais été communiqué à la commune.
Je rappelle qu’avec cette protection, la DRAC pourrait, de fait, ordonner les travaux d’urgence.
Je rappelle qu’avec cette protection, la DRAC pourrait, de fait, ordonner les travaux d’urgence.

Ortho-image de l'intérieur de l'église de Charonville © Alexandre Bonnassieux
Pour l’anecdote, Monsieur Stéphane Bern en personne a été mis au courant de l’affaire par Monsieur le Maire, mais pas de réaction particulière de sa part sur le cas Charonville qu’il connaît pourtant depuis longtemps.
Le plus incroyable, c’est que Monsieur Franck Riester le Ministre de la Culture en personne, lors d’une visite à Illiers-Combray, commune de Marcel Proust toute proche de Charonville, a répondu à Monsieur le Maire, lorsque ce dernier lui a présenté les faits, que « ce dossier n’était pas de l’ordre de ses compétences. »
Nous sommes dubitatifs par rapport à la réponse donnée, car il suffisait à Monsieur le Ministre d’ordonner une mise sous protection d’urgence de l’église Sant-Gilles et les travaux auraient pu être enfin envisagés.
Heureusement, Monsieur le Maire, les membres de son Conseil « non dissidents » et les valeureux membres de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine de Charonville ont un moral d’acier, et là où bien des gens auraient jeté l’éponge, eux sont toujours unis malgré l’adversité.
Ils continuent régulièrement à surveiller leur église et à la débarrasser de la poussière, histoire d’entretenir la flamme de l’espoir.
L’espoir aujourd’hui se nomme : « élections municipales ». Car après avoir eu un moment d’hésitation, tant cette épreuve « églisesque » a été douloureuse, Monsieur le Maire se représente avec la ferme intention de convaincre les administrés de Charonville, qu’en donnant un avenir pérenne au patrimoine de la commune, c’est à la commune elle-même qu’il ouvre une grande porte sur l’avenir.
Nous ne manquerons pas de vous tenir informés le jour où sera trouvée une issue heureuse à « l’affaire » Charonville.
Le plus incroyable, c’est que Monsieur Franck Riester le Ministre de la Culture en personne, lors d’une visite à Illiers-Combray, commune de Marcel Proust toute proche de Charonville, a répondu à Monsieur le Maire, lorsque ce dernier lui a présenté les faits, que « ce dossier n’était pas de l’ordre de ses compétences. »
Nous sommes dubitatifs par rapport à la réponse donnée, car il suffisait à Monsieur le Ministre d’ordonner une mise sous protection d’urgence de l’église Sant-Gilles et les travaux auraient pu être enfin envisagés.
Heureusement, Monsieur le Maire, les membres de son Conseil « non dissidents » et les valeureux membres de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine de Charonville ont un moral d’acier, et là où bien des gens auraient jeté l’éponge, eux sont toujours unis malgré l’adversité.
Ils continuent régulièrement à surveiller leur église et à la débarrasser de la poussière, histoire d’entretenir la flamme de l’espoir.
L’espoir aujourd’hui se nomme : « élections municipales ». Car après avoir eu un moment d’hésitation, tant cette épreuve « églisesque » a été douloureuse, Monsieur le Maire se représente avec la ferme intention de convaincre les administrés de Charonville, qu’en donnant un avenir pérenne au patrimoine de la commune, c’est à la commune elle-même qu’il ouvre une grande porte sur l’avenir.
Nous ne manquerons pas de vous tenir informés le jour où sera trouvée une issue heureuse à « l’affaire » Charonville.
