Nécrologie
Janvier 2020
Blois, Villa Bellevue, dite « Maison Poulain » : 1909-2019

Le 16 décembre 2019, c’est un pan de l’histoire de la ville de Blois qui a disparu sous les dents aiguisées des pelleteuses. La Villa Bellevue, que l’industriel Albert Poulain avait fait ériger en 1910, a été rayée de la carte du patrimoine Blésois.
Rendons-lui un dernier hommage en retraçant son histoire, entre grandeur et décadence.
En 1910, alors que Blois inaugure sa première ligne de tramway, Albert Poulain, fils du fondateur de la chocolaterie, fait bâtir la villa Bellevue au 10, rue de l'Hôtel-Pasquier dans le hameau des Grouëts, situé sur le coteau à 30 mètres de la voie ferrée. Cette demeure bourgeoise est notamment décorée de céramiques et de grès de l’artiste Alexandre Bigot, un des maîtres de la céramique « Art Nouveau ».
Rendons-lui un dernier hommage en retraçant son histoire, entre grandeur et décadence.
En 1910, alors que Blois inaugure sa première ligne de tramway, Albert Poulain, fils du fondateur de la chocolaterie, fait bâtir la villa Bellevue au 10, rue de l'Hôtel-Pasquier dans le hameau des Grouëts, situé sur le coteau à 30 mètres de la voie ferrée. Cette demeure bourgeoise est notamment décorée de céramiques et de grès de l’artiste Alexandre Bigot, un des maîtres de la céramique « Art Nouveau ».
La villa Bellevue fut construite sur un parc arboré de 1, 2 hectares, avec vue sur la Loire et la voie ferrée. L'imposante demeure, édifiée sur trois niveaux, bénéficie de l'eau courante, assurée par des réservoirs nichés dans le parc. L'espace arboré, agrémenté d'un petit pont de pierre au bord d'une fontaine, abonde d'essences variées.
En 1922, une pétition circule dans le hameau des Grouëts pour en faire une commune détachée du reste de Blois. Afin de marquer son soutien au projet, Albert Poulain fait construire une maison à côté de l’église, déstinée à accueillir la future Mairie. Mais, faute de soutien au niveau politique, le projet de scission n’aboutira pas.
Un an plus tard, Albert Poulain vend Bellevue et quitte définitivement les Grouëts.
Au décès d'Albert Poulain en 1937, Bellevue change de mains, et reste épisodiquement habitée, jusqu'à la fin des années cinquante, par une famille de notables blésois. La dépendance est occupée par un employé de la ville, survivant de Verdun, qui en contrepartie du loyer modique, entretient le parc. Vers 1963, des Parisiens achètent la propriété et viennent en week-end, avec dans la tête un projet de maison de retraite. D'autres projets suivront, mais rien n'aboutira. Bellevue entre dans l'oubli. Son propriétaire ne pouvant assumer l'entretien, retourne à Paris et décède en février 2009. Trois ans plus tard, un promoteur des quartiers nord, dépose un projet en deux lots, comprenant la restauration de la villa, et la construction de pavillons dans le parc. Aucune suite ne sera donnée. Une parcelle est ensuite revendue à une SCI de Mer et finalement, l'ensemble change de propriétaire en juin 2016.
En 1922, une pétition circule dans le hameau des Grouëts pour en faire une commune détachée du reste de Blois. Afin de marquer son soutien au projet, Albert Poulain fait construire une maison à côté de l’église, déstinée à accueillir la future Mairie. Mais, faute de soutien au niveau politique, le projet de scission n’aboutira pas.
Un an plus tard, Albert Poulain vend Bellevue et quitte définitivement les Grouëts.
Au décès d'Albert Poulain en 1937, Bellevue change de mains, et reste épisodiquement habitée, jusqu'à la fin des années cinquante, par une famille de notables blésois. La dépendance est occupée par un employé de la ville, survivant de Verdun, qui en contrepartie du loyer modique, entretient le parc. Vers 1963, des Parisiens achètent la propriété et viennent en week-end, avec dans la tête un projet de maison de retraite. D'autres projets suivront, mais rien n'aboutira. Bellevue entre dans l'oubli. Son propriétaire ne pouvant assumer l'entretien, retourne à Paris et décède en février 2009. Trois ans plus tard, un promoteur des quartiers nord, dépose un projet en deux lots, comprenant la restauration de la villa, et la construction de pavillons dans le parc. Aucune suite ne sera donnée. Une parcelle est ensuite revendue à une SCI de Mer et finalement, l'ensemble change de propriétaire en juin 2016.

Entre temps l’édifice a été fortement dégradé. Les marbres et autres cheminées artisanales ont fini sur les épaules des pilleurs nocturnes. Entre les murs élancés vers le ciel ouvert à défaut de charpente, c'est un spectacle de désolation. Les tags et détritus d'emballages alimentaires trahissent le passage de squatters et de visiteurs clandestins. Au sous-sol de la très vieille longère accolée à la villa, un dédale de caves d'un autre temps reçoit les fondations de Bellevue, révélant ainsi la présence d'une construction antérieure, alimentée en eau potable par un puits de quinze mètres de profondeur, en excellent état de préservation. L’histoire ne nous dit pas ce que sont devenus les carreaux de céramique de Bigot. On en viendrait à espérer qu’ils eussent été aussi pillés et revendus, plutôt que de finir dans les gravats du chantier de démolition.

Le dernier acquéreur, un ex-commerçant blésois reconverti dans la gestion de gîtes ruraux a, selon lui, engagé d'importants travaux :


Nous pouvons émettre des doutes quant l’importance des travaux réalisés car hélas, malgré toutes ses belles paroles d’engagement pour la renaissance de l’édifice, le propriétaire a renoncé et a vendu le terrain pour créer une zone pavillonnaire. Acte désespéré ou acte prémédité ? Nous ne le saurons jamais.
Il est vrai que vendre un terrain à un promoteur est bien plus simple et bien plus lucratif que de réhabiliter un patrimoine déjà très fragilisé par des années d’abandon.
Peut-être qu’à un moment, la demeure aurait pu être acquise par la ville, afin que ce témoin du patrimoine industriel blésois accueille un projet pérenne et ainsi assurer t son avenir. Mais hélas, il n’y a jamais eu de volonté de ce côté-là non plus.
De toute façon, à quoi bon se préoccuper du sort de ces demeures du début du XXème siècle ? Elles sont en train de disparaître une par une sur l’ensemble du territoire dans l’indifférence générale. Encore une décennie et nous n’aurons plus que les cartes postales pour nous souvenir de leur glorieux passé.
Il est vrai que vendre un terrain à un promoteur est bien plus simple et bien plus lucratif que de réhabiliter un patrimoine déjà très fragilisé par des années d’abandon.
Peut-être qu’à un moment, la demeure aurait pu être acquise par la ville, afin que ce témoin du patrimoine industriel blésois accueille un projet pérenne et ainsi assurer t son avenir. Mais hélas, il n’y a jamais eu de volonté de ce côté-là non plus.
De toute façon, à quoi bon se préoccuper du sort de ces demeures du début du XXème siècle ? Elles sont en train de disparaître une par une sur l’ensemble du territoire dans l’indifférence générale. Encore une décennie et nous n’aurons plus que les cartes postales pour nous souvenir de leur glorieux passé.

De profundis …
Lien vidéo de la démolition :
https://www.youtube.com/watch?time_continue=28&v=EdfK9MgUjzI&feature=emb_title
Liens externes :
https://www.lanouvellerepublique.fr/blois/blois-triste-epilogue-pour-l-ancienne-demeure-d-albert-poulain
L’ histoire du chocolat Poulain :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chocolat_Poulain
Alexandre Bigot, maître de la céramique Art nouveau :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Bigot_(c%C3%A9ramiste)
Sources : Michel Lomba pour La Nouvelle République
@crédits photos édifice : La Nouvelle République
@crédit photo projet Bigot : BNF
