La mémoire avalée

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Avalée par un tractopelle, la mémoire du village de Bizanet, charmante petite commune de l’Aude, au riche patrimoine.

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Malgré un marquage patrimonial fort, il n’en reste pas moins que la commune, comme tant d’autres sur notre territoire, ne résiste pas à l’appel des sirènes de la modernité. Ici aussi c’est « tabula rasa ».

Certes, ce n’est pas une église, un château ou un « bâtiment classé » remarquable. Non, ce n’était qu’un simple ensemble de maisons de village, devenues « encombrantes » et qui vont faire place à six logements locatifs neufs à prix réduits.

Certes il faut offrir la possibilité à des personnes modestes de pouvoir se loger. Mais encore une fois, ne pouvions-nous pas envisager une réhabilitation intelligente plutôt que ces démolitions ?

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La question ne s’est peut-être même pas posée et nous n’avons pas suffisamment suivi ce projet pour porter un jugement sur la forme. Mais sur le fond, nous ne nous résoudrons jamais à la défiguration grandissante de nos centres anciens.

Aujourd’hui, on se souviendra de la « Maison d’Anna », la laitière, puisque la presse locale en a fait un article. Mais demain ? Qui se souviendra de cette figure emblématique de la commune arrivée d’Ardèche en 1929 ? Personne. Et quel intérêt en fait de se « souvenir d’Anna » ?

Mais qui était Anna ?

Paul et Marie Anna Dedieu sont arrivés de l’Ariège en 1929 pour s’installer à Bizanet comme marchands de légumes, fromages, volailles et œufs. C’est en 1930, qu’ils deviendront marchands ambulants et commenceront leur travail de laitier avec 6 vaches qui seront dans l’étable en face de la maison où l’on pouvait venir chercher son lait. De fil en aiguille et surtout pendant la guerre, tous les Bizanétois allaient chercher leur lait chez Anna, qui est devenue Anna la laitière, surnom qui l’a suivi jusqu’à sa mort en 1981. Aucun de leurs 3 enfants ne voulant reprendre le commerce familial, il s’est donc arrêté dans les années soixante. (cf Journal L’Indépendant)

En faisant disparaître tous ces lieux chargés d’histoire, c’est la mémoire locale que l’on assassine. Les bâtiments construits à la place auront au maximum une durée de vie de 30 ans, et encore… Alors que la maison d’Anna avait traversé plusieurs siècles…

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Mais l’ère de l’éphémère modernité efface tout sur son passage. Adieu maison d’Anna, qui va laisser sa place à … un parking pour les résidents des six logements, nommés « La résidence d’Anna », hommage ou provocation, nous vous laissons juges…

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Crédits photographiques : L’indépendant.fr

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