Patrimoine : « aimons le vivant, n’attendons pas que la mort lui donne du talent »



Et vous, que faisiez-vous pendant la guerre?

Dans quelques jours sans doute, Saint-Joseph tombera
Rappelant un peu plus qu’un témoin de l’histoire
Peut disparaître ainsi sans le moindre débat,
Sans le moindre procès d’atteinte à la mémoire.

Devant les pierres inertes les larmes couleront
Nous serons orphelins, mais pour combien de temps ?
Le temps des souvenirs qui nous rappellerons
Que nous n’avons rien fait ou pas suffisamment.

Mais où êtes-vous donc, vous courageux guerriers
Qui pourraient empêcher que la fière chapelle
Ne soit plus que poussière, arrêtez de prier
Agissez sans attendre, il faut sauver la belle.


Mais vous ne ferez rien, car l’argent règne en maître
Et sans aucun regret vous serez les acteurs
De cette exécution sans jamais reconnaître
Que votre indifférence est guidée par la peur.


Oui, car c’est sans doute la peur de s’opposer à la puissante Université Catholique de Lille qui conduit au silence de nombreuses personnes qui auraient pu empêcher cette « exécution patrimoniale ». Oui, exécution est bien le mot. De quoi est coupable cet édifice ? Simplement « d’encombrer » un projet immobilier. Décidemment, la mémoire de l’histoire d’un quartier, et surtout d’une institution, est bien fragile devant la dévastatrice promotion immobilière encouragée par les banques et les grands groupes industriels français. Quand on pense, d’ailleurs, que parmi les mécènes de ce projet se trouvent les petits-enfants ou arrières petits-enfants des généreux donateurs pour la construction de l’édifice on se dit que même le mot « famille » n’a plus aucune valeur face à la puissance financière. De toute façon, nous savons bien qu’il est inutile d’essayer de faire entendre raison à ceux qui n’ont pas d’autre mot à la bouche que : « modernité ».


Ils seront sans doute aux premières loges lorsque la plaque sur laquelle sont inscrits les noms de leur famille pour honorer les grands mécènes de Saint-Joseph sera réduite en poussière. Décidemment, l’honneur n’est plus la qualité principale des gens fortunés.

Mais ces derniers ne sont pas les seuls responsables de cette exécution. L’État est resté sourd à nos appels. Notre lettre au Président Macron est restée lettre morte, quant à nos appels aux ministre de la culture n’en parlons pas, puisque la seule réponse a été : « il faut maintenant que Junia puisse procéder le plus rapidement possible à la démolition ».

Quant à nos parlementaires, députés ou sénateurs c’est silence radio et pourtant, ce n’est pas faute de les solliciter.

D’ailleurs nous venons de publier une annonce sur « 
Le Bon Coin » pour trouver un parlementaire courageux qui osera porter la voix du patrimoine. Puisqu’ils ne nous répondent pas lorsque nous les sollicitons, une annonce sur ce site sera peut-être plus « payante » (et un peu d’humour ne peut pas nuire).

https://www.leboncoin.fr/offres_d_emploi/1891030285.htm

La prochaine fois que l’on me rappellera qu’il est important d’aller voter pour un député, il sera inutile de me rappeler qu’il est là pour faire entendre la voix « du petit peuple ». Car pour faire entendre, il faut savoir écouter et visiblement la majorité de nos parlementaires souffrent de surdité aigüe. Les fabricants de sonotones ont de l’avenir.

Ah oui ! mention spéciale pour le Sénat qui, à grand coup de rapports ronflants, nous somme de porter le plus grand intérêt au patrimoine non protégé et en particulier au patrimoine religieux et qui ne daigne pas se positionner quant au sort de la chapelle Saint-Joseph.

Mais c’est vrai, suis-je bête. Qui sommes nous, nous « les petits, les sans grades » pour espérer une réponse des « hautes sphères ». La voix du peuple n’intéresse personne. En revanche, lorsqu’il s’agit de payer des impôts pour gratifier tout ce joli monde, alors là le « petit peuple » a un intérêt certain. Mais ne dévions pas de notre sujet.

Cette démolition prochaine nous permet de constater que, de fait, nous vivons dans le monde du silence. Silence des politiques, silence des catholiques, silence des hommes d’Église (certains nous soutiennent mais ne peuvent pas s’exprimer publiquement à cause de leur « hiérarchie) et, enfin, silence des médias.

Car il faut se rendre à l’évidence, la chapelle Saint-Joseph, encore debout, n’intéresse personne. Ne nous plaignons pas: au moment du refus de classement par le ministère, nous avions quand même eu quelques articles, essentiellement dans la presse locale, mais articles quand même. Le dernier en date est celui du
Journal des Arts qui devait publier un très grand article sur la chapelle, mais qui a terminé en simple encadré pour laisser la priorité au retrait de la candidature de Lille à l’UNESCO. Il est vrai que la Citadelle est plus « vendeuse » que la chapelle Saint-Joseph, nous le comprenons mais nous le regrettons.


Nous pensions naïvement que la tribune signée par plus de 100 Universitaires serait médiatisée, car 106 universitaires du monde entier qui se mobilisent pour sauver une modeste chapelle à Lille ce n’est pas rien. Mais non,
aucune réaction de la part des médias que nous avons contactés. En revanche, tous les médias de France et de Navarre ont très largement couvert la démolition du pavillon de garde à Saint-Cloud, tout comme la démolition d’une maison à colombage en Alsace qui a provoqué la colère de Stéphane Bern.

Je rappelle à tous nos « amis » journalistes que Monsieur Bern est également opposé à la démolition de la chapelle Saint-Joseph, mais, hélas, cette dernière est encore debout, donc tant que les premiers coup de pelleteuses ne sont pas donnés, il ne faut pas rêver notre affaire restera dans l’ombre avant de faire la une partout, le jour de la démolition, et nous le savons par expérience : personne n’avait couvert notre combat contre la démolition du château de Lagny le Sec. En revanche, le jour de l’exécution le sujet a été l’un des dix sujets les plus médiatiques cette semaine-là.


Sans être voyante, le jour de la démolition de la chapelle Saint-Joseph, cela sera la même chose, et même puissance dix. Nous insistons, une fois encore, sur ce point précis : en dehors de l’aspect patrimonial de l’édifice, le symbole est encore plus fort. Il ne faudra pas s’étonner des réactions vives devant la démolition d’une chapelle, poussant irrémédiablement à la « haine de l’autre » avec tous les débordements que cela entraîne.

Enfin, tant que la chapelle Saint-Joseph est encore debout, j’invite tous ceux qui souhaitent qu’elle le reste, à diffuser partout nos articles et nos appels à mobilisation. N’attendons pas qu’elle soit détruite pour agir et réagir. Le patrimoine : « aimons le vivant, n’attendons pas que la mort lui donne du talent ».

Et souvenez-vous du traumatisme provoqué en 2013 lors de la démolition de l’église Saint-Jacques d’Abbeville.

Si vous n’avez pas encore signé notre pétition, n’hésitez pas à le faire. Nous rappelons qu’il est inutile de donner de faire un don à la plateforme de pétions au moment de signer ICI.

En revanche, nous avons vraiment besoin de soutien financier pour mener cette action. Un don même le plus modeste sera le bienvenu.
Pour faire un don cliquez sur le lien 
ICI.

Enfin si vous souhaitez nous contacter nous restons à votre disposition : urgences.patrimoine@gmail.com

Alexandra Sobczak-Romanski
Présidente d’Urgences Patrimoine



Crédits photographiques :
Photos 1 : infocatho.fr/
La Gazette du Patrimoine
Photo 2 : copie d’écran
La Voix du Nord
Photos 3 : copie d’écran
Le Journal des Arts
Photo 4 : France 3
Photo 5 :
Le Journal d’Abbeville