November 2020

Pourquoi la chapelle Saint-Joseph va-t-elle être démolie ?

Depuis le 7 novembre, date à laquelle nous avons appris que le ministère de la culture rejetait la demande de mise sous protection d’urgence de la chapelle Saint-Joseph, nous n’avons eu de cesse que de nous mobiliser pour la sauvegarde de cet édifice, comme nous l’avions fait au printemps, ce qui nous avait conduit à la suspension de la démolition par le ministre de l’époque Franck Riester, dont nous saluons encore la décision.


Hélas, autres temps autres mœurs, la chapelle n’a pas l’air du goût de notre nouvelle ministre, alors que nous misions beaucoup d’espoirs sur sa nomination. Est-ce sa proximité avec madame la maire de Lille, qui a signé le permis de démolir qui lui a fait prendre la décision de refuser le classement, ou est-ce vraiment parce que l’édifice ne mérite pas d’être sauvé ? Nous ne le saurons jamais.

Ce que nous savons en revanche c’est que le demandeur du permis a tout fait dans les règles de l’art, ou presque et que nous n’avons rien à lui reprocher, à part cette obsession à vouloir faire disparaître la petite sœur du Palais Rameau, née du même architecte que ce dernier et qui lui faisait parfaitement écho.

Ce qui nous pose problème, ce sont les préconisations de l’Architecte des Bâtiments de France qui, comme la chapelle est dans un périmètre protégé, devait délivrer un avis conforme pour valider le permis de démolir.

À l’époque où le projet avait été à peine suggéré, des voix s’étaient élevées au sein même de la Direction Régionale des Affaires Culturelles contre la démolition de la chapelle, mais lors de l’instruction du dossier, la personne qui en a eu la charge s’est orientée vers un avis bien différent, condamnant ainsi l’édifice.

Si les préconisations étaient fondées et surtout argumentées, nous ne serions sans doute pas en train de mener ce combat.

Or, sacrifier le patrimoine sans motif avéré nous semble inconcevable.

Voici les préconisations. Nous avons volontairement masqué le nom de l’ABF et celui du demandeur :


En premier lieu, nous pouvons observer les regrets de l’ABF quand à la démolition de l’édifice. Cela ne l’empêche pas d’argumenter sa décision avec la sempiternelle « excuse » des désordres de structure. Or, aucune étude n’a été réalisée qui attesterait de ces désordres structurels et les nombreux professionnels du patrimoine, Étienne Poncelet en tête, n’ont constaté aucun désordre irréversible. Certes, les sols ont besoin d’une reprise, mais la chapelle Saint-Joseph tient bien debout. Quant aux flaques d’eau que l’on voit sur certaines photographies, elles sont dues au fait qu’une fenêtre de toit n’a jamais été fermée depuis des années.

Certes pour s’assurer un bel avenir, il faudrait faire des travaux mais comme pour n’importe quel édifice qui n’a pas été entretenu depuis plus de 20 ans.

Donc, les avis des experts sont unanimes : l’argument des désordres n’est pas recevable, comme le confirme ce communiqué d’Étienne Poncelet.


Sa désaffectation ? C’est bien parce que l’édifice est désaffecté qu’il est aisé de l’inclure dans l’ensemble du projet.

Les besoins liés à l’évolution de l’enseignement ? Ah bon, parce qu’au Palais Rameau il n’y a pas de travaux d’aménagement pour les besoins liés à l’enseignement ?


De toutes les façons, « qui veut tuer son chien l’accuse de la rage », c’est bien connu. Donc, avec ou sans argument, le but étant de donner sa bénédiction pour la démolition, pourquoi l’ABF aurait-elle fait des efforts de rédaction ? La seule question que nous nous posons aujourd’hui est : à quand un contrôle poussé des services de la culture lorsqu’il s’agit de délivrer un avis favorable à un projet de démolition dans un périmètre protégé ? Pas pour notre pauvre chapelle Saint-Joseph en tout cas. Nous espérons que lorsque tous ceux qui ont besoin d’un avis favorable pour repeindre leurs volets auront à faire à un ABF aussi peu regardant.

Quant aux autres préconisations :

- Vitraux démontés en conservation : d’accord, mais pour les mettre où, en faire quoi ?

Nous savons que celui représentant le Christ derrière le Maître Autel sera intégré dans la chapelle du campus (théoriquement), mais quant aux autres ?

S’il s’agit juste de les déposer pour les entreposer quelque part et pour les « oublier », autant les détruire car cela reviendra au même. Reste l’espoir d’une vente, car pour récupérer quelques écus sonnants et trébuchants, la Catho est championne du monde.

D’ailleurs, si dans le programme universitaire il y a un module « à tous les coups l’on gagne », nous voulons bien suivre quelques cours. Nous ignorons combien l’orgue a été vendu à une association Autrichienne, mais en revanche nous savons qu’une paroisse voisine qui était dépourvue d’instrument s’était proposée pour le récupérer, mais elle ne devait pas être assez riche. Nous n’irons pas non plus sur le terrain glissant de L’Évangéliaire de Saint-Mihiel, ouvrage inestimable mis en vente par la Catho qui n’a pas pu sortir du territoire grâce à l’intervention de l’ancien ministre de la culture, qui l’a fait classer « bien national » le privant ainsi d’un éventuel acquéreur étranger.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ignorons si celui-ci a été vendu ou si les tractations sont toujours en cours.

-Certaines peintures : alors là nous en perdons notre latin car « certaines peintures », cela ne veut absolument rien dire. Combien y en a-t-il ? Où se trouvent-elles (pas dans la chapelle dans tous les cas). Qui en sont les auteurs ? Toutes nos questions resteront sans réponse et sans inventaire précis, de nombreuses œuvres seront sans doute perdues (peut-être pas pour tout le monde).


Enfin, dernière préconisation : la conservation du gymnase rue Colson qui « ne devra pas être touché par les interventions sur les bâtiments collatéraux.


Nous nous trompons peut-être sur ce point, mais après avoir interrogé certaines personnes qui connaissent bien les lieux, il semblerait que le gymnase fasse partie des bâtiments démolis comme l’indique ce plan.

Dans le projet, seul le théâtre est conservé comme Yncréa l’indique sur l’affichage public du permis de démolir.


Enfin, nous regretterons que l’ABF ne fasse pas mention des tapisseries, dont une partie était encore récemment installée dans la chapelle. Quant au bas-relief représentant la Cène, la stèle d’inauguration avec le nom des principaux donateurs et les éléments architecturaux des chapelles, ils serviront vraisemblablement de goûter aux pelleteuses.

Mais comme le dit si bien notre ministre de la culture, « on ne peut pas tout conserver ».

Résumons : à cause, ou grâce à cet avis de l’ABF (cela dépend si l’on est du côté du patrimoine ou des démolisseurs), la chapelle a été condamnée.

Dans plusieurs articles de presse, Yncréa se positionne en défenseur du patrimoine en argumentant que 25% de leurs investissements sont consacrés aux réhabilitations.
Nous voulons bien l’entendre, mais précisons tout de même qu’ils sont bien aidés, car si l’allusion est faite au Palais Rameau, n’oublions pas que celui-ci est classé Monument Historique et donc éligible aux subventions de l’État. La chapelle de la Catho, quant à elle, a la chance de bénéficier du soutien de grandes entreprises de la région, mais aussi de la générosité publique, puisqu’une souscription de la Fondation du Patrimoine avait été lancée parallèlement à l’appel aux dons initié par la Fondation de la Catho.

Nous avons un peu de mal à comprendre pourquoi les généreux donateurs ne se sont pas opposés à la démolition de la chapelle Saint-Joseph. En fait si, nous savons, car le discours récurrent de certains d’entre eux est  « qu’il faut savoir regarder vers l’avenir et que, Saint-Joseph, c’est du passé. »

Pourtant, quand nous nous rendons sur le site internet de l’Université Catholique au sujet de la chapelle qui est en cours de restauration voici l’argumentaire :

« Au coeur du campus de l’Université catholique de Lille, la chapelle rénovée sera un lieu d’inspiration et d’innovation ouvert à tous. En 1875, au coeur de la révolution industrielle, Philibert Vrau décide d’apporter une réponse innovante aux profonds bouleversements que connaît la jeunesse de son époque et devient, aux côtés d’autres entrepreneurs de la région, un acteur décisif de la fondation de l’Université catholique de Lille. En 2018, soit plus de 140 ans après sa fondation, c’est toujours en alliant tradition et innovation que la Catho accompagne les jeunes générations dans une ère de changements fulgurants et de défis multiples. Renforcer la place des démarches d’innovation constitue un axe majeur du nouveau mandat du Président-Recteur, notamment en offrant des espaces physiques et symboliques pour associer la société civile, les entreprises, les collectivités ou les acteurs du quartier à la formation des étudiants.

Lire le document dans son intégralité 
ICI.

Et la chapelle Saint-Joseph, elle ne pouvait pas être rénovée pour être un lieu d’inspiration et d’innovation ouvert à tous ? Allier tradition et innovation cela fonctionne pour l’une et pas pour l’autre ? En fait, c’est comme si, dans une famille avec deux enfants, on en tue un sous prétexte qu’on ne sait pas trop quoi faire du second. Oui, la comparaison est un peu extrême, mais nous ne sommes pas loin de la vérité. Car pour les habitants du quartier, la chapelle Saint-Joseph et le Palais Rameau faisaient partie de la même famille, celle de l’architecte Auguste Mourcou qui au moment de sa construction en 1886 ne se doutait pas que sa « famille » allait être endeuillée.


Enfin, si nous n’arrivons pas à sauver la chapelle, nous ne sauverons pas Urgences Patrimoine non plus, car il est évident qu’aucun mécène de la Catho ne deviendra mécène de ceux qui depuis des mois les empêchent de mener à bien ce grand projet.



Allez mesdames et messieurs, un peu de compassion. Non pas pour les défenseurs du patrimoine, mais bel et bien pour la chapelle Saint-Joseph que tout le monde pleurera le jour où elle tombera. Cela dit, le jour de la démolition, tous les médias nationaux seront présents et alors ce sera une belle page de publicité gratuite pour l’Université Catholique de Lille et pour tous ceux qui la soutiennent.

En attendant ce jour notre pétition rassemble plus de 11.000 signatures et si vous n’avez pas encore signé, c’est le moment de dire Non à la démolition de la chapelle Saint-Joseph.

N’oubliez pas qu’il est inutile de faire un don à la plateforme de pétition comme elle vous invite à le faire 
ICI.

En revanche, vous pouvez faire un don à Urgences Patrimoine pour couvrir les frais de notre recours en justice et soutenir notre action en faveur de la chapelle. D’avance merci  de cliquer
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Crédits photographiques
Photo 1 : photomontage Jean-David Desforges
Photo 7 : Copie d’écran site Fondation Catho Lille
Photos 2 à 6 :
La Gazette du Patrimoine

Scoop : la Ministre de la culture nous confirme que l’Opéra Garnier ne se trouve pas à Montauban!

On pourrait en rire, mais cela fera sans doute pleurer bien des habitants des territoires qui vont apprendre que leur patrimoine est quantité négligeable et qu’il faut avant tout financer les « Grands Opérateurs Parisiens ». Pourtant, nous savons tous que, comme le dit le grand philosophe Michel Sardou, « c’est en France qu’il y a Paris, mais la France c’est aussi un pays ».


J’ai lâché, quelques minutes, mon action pour la sauvegarde de la chapelle Saint-Joseph qui, sans doute, à la plus grande joie des hautes sphères parisiennes ou tout au moins dans la plus grande indifférence, va être réduite en poussière dans quelques semaines, et ce afin de partager mes inquiétudes quant à l’avenir du patrimoine des territoires. Si je me suis accordée un « entracte », c’est parce que j’ai failli « tomber de ma chaise » en entendant Madame Bachelot lors de sa dernière audition devant la commission culture du Sénat.

Même si ladite commission est sourde et muette quant à l’affaire de la chapelle Saint-Joseph, je tiens à saluer les propos de la sénatrice Sonia de La Provôté qui, elle, ose s’inquiéter de l’avenir du patrimoine non protégé, suite aux propos tenus par Madame la ministre qui, en substance, nous explique qu’il est tout à fait normal de financer en majorité les grands opérateurs de la culture parisiens, car ils sont « La France », et que, s’ils ne sont pas soutenus prioritairement, cela coûtera bien plus cher.

Ça, nous le savons. D’ailleurs, il suffit de voir dans quel état se trouve le Palais Garnier pour comprendre qu’il y a urgence. Il était vraiment temps que l’on s’occupe de lui, car depuis l’ébauche d’un vague projet de restauration initié par Françoise Nyssen, il ne s’était pas passé grand-chose pour ce fleuron du patrimoine national et nous applaudissons cette mesure d’urgence. Mais de là à nous expliquer que Le Palais Garnier ne se trouve pas à Montauban pour justifier le peu d’intérêt pour les territoires, c’est un peu fort.

Voici les propos de madame la Ministre suivis de ceux de madame Sonia de la Provôté.

Madame Roselyne Bachelot :

« Il me tient à cœur de revenir sur une sorte de débat récurrent qui oppose les financements engagés sur les grands opérateurs et les territoires.
Je ne vois pas comment justifier cette opposition. Les grands opérateurs sont la marque de notre pays, reflets de notre histoire. Il est vrai que l’Opéra de Paris n’est pas à Montauban et le Louvre pas à Lengelsheim. Situés dans la capitale, ces grands opérateurs doivent être entretenus, valorisés, ils sont des produits d’appel considérables. Espérons que lorsque le tourisme aura repris, ils seront en bon état. Pour autant, ils ont un rôle d’animation des territoires colossal, avec, par exemple, le prêt d’œuvres par le Louvre aux établissements territoriaux. Il faut sortir de ce débat stérile car, si on délaisse l’entretien du patrimoine et ne procède pas aux grandes réparations, les états de déshérence consécutifs coûteront beaucoup plus cher in fine. Il y a un soutien significatif aux monuments historiques ne relevant pas de la responsabilité de l’État. Je voudrais là aussi sortir de l’idée reçue suivante : l’État croulerait sous l’argent et les collectivités territoriales seraient en difficulté. Pardon, tout le monde est à la peine dans ce domaine. Chacun fait un effort et essaie de gérer le mieux possible ses responsabilités. Le soutien de l’État à des opérations qui ne sont pas de sa responsabilité dans le cadre de la loi de décentralisation est massif. D’ailleurs, les collectivités territoriales nous accompagnent aussi dans un certain nombre d’opérations qui sont de notre ressort. Il faut parler de concertation dans une situation difficile. Plus de 170 millions d’euros ont été prévus pour les monuments historiques non-État, soit 70 % des crédits monuments historiques déconcentrés. Un effet de levier considérable est engendré qui multiplierait au moins par deux voire par trois les fonds. Dans le plan de relance, 40 millions d’euros en faveur des monuments historiques non-État pourraient générer 120 millions d’euros de travaux. J’espère qu’on les dépensera, ce qui n’est pas gagné car ces subventions ont souvent du mal à être consommées et engager des travaux pour un propriétaire privé ou une collectivité territoriale reste difficile à entreprendre, même avec un niveau de subvention important. Nous le suivrons ensemble. »

Mme Sonia de la Provôté :

« Merci, madame la ministre, de ce temps passé et de la qualité de vos réponses. Concernant le patrimoine, je veux rebondir sur ce que vous venez de dire. Pour les opérateurs de l’État, il s’agit d’un rebasage ou d’une sécurisation des budgets avec une vraie volonté de maintenir ou accompagner le mieux possible. Globalement, de l’avis de tous sur le terrain, ce sont plutôt les gros chantiers avec de gros budgets qui vont être accompagnés dans le plan de relance, car les petits chantiers sont plus difficilement identifiables. Ils ont cet avantage pourtant d’être diffus sur tout le territoire et surtout de concerner des entreprises locales. Cette remarque faite, pourrait-on imaginer, dans le cadre d’une loi de finances rectificative pour 2021, qu’une partie des crédits finance ce type de petites opérations de restauration et d’entretien tant elles sont nécessaires pour le patrimoine dans les territoires ? Sur le fonds incitatif à destination des petites communes rurales, je souhaiterais une plus grande transparence sur l’usage des crédits, car j’ai le sentiment que certaines régions accompagnent mieux que d’autres et comme le montant des crédits reste modeste, très peu de chantiers sont accompagnés au final. Les pertes de recettes de mécénat vont avoir un impact important sur le secteur des patrimoines. Beaucoup de mécènes se réorientent vers d’autres priorités que le patrimoine et la culture. Nous devons anticiper une diminution au cours des deux prochaines années au moins. Est-ce que votre ministère a prévu des dispositions particulières pour favoriser le mécénat ou le flécher - plus particulièrement vers le patrimoine ? S’il fait défaut, beaucoup de monuments, petits et grands, vont en souffrir. Je veux redire que l’assistance à maîtrise d’ouvrage qui n’est plus exercée par l’État est identifiée, par tous les acteurs, comme une des sources principales des difficultés pour mobiliser les crédits. En effet, les chantiers sont complexes, et le maire d’une petite commune ne peut pas trouver les moyens de mener à bien son projet. Le ministère de la culture est attendu à ce sujet. Je souhaite enfin réagir : je m’attendais à ce que le patrimoine non protégé ou vernaculaire, qui constitue une grande part du patrimoine de la France et de son identité, soit davantage pris en considération après le Loto du patrimoine. L’État ne devrait-il pas créer un fonds dédié, aider à son recensement et à sa restauration par le biais de programmations annuelles ? La feuille est mince entre le classement et le non-classement et, quelquefois, on ne classe pas pour ne pas avoir les contraintes du classement. »


Pour revenir aux propos ultra-jacobins de madame la Ministre, qui s’agace de l’opposition entre les grands opérateurs (parisiens) et les territoires, elle nous dit clairement que si l’on n’entretient pas le patrimoine, les coûts de restauration sont bien plus élevés quand les interventions se font attendre. Ah bon ? Parce que c’est différent pour la petite église de la creuse ou le petit musée du Lot-et-Garonne ?

Non, c’est pareil : alors pourquoi ce patrimoine des territoires ne mériterait-il pas un peu plus d’attention ?

Comme j’aime bien les métaphores, je vais aller plus loin. En fait, les préconisations de notre ministre de la culture sont les suivantes :

Imaginons qu’il y ait un énorme tremblement de terre avec des milliers de victimes gravement blessées ou sur le point de mourir. Que, parmi ces victimes, se trouvent Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Isabelle Adjani et Jean Dujardin, trouveriez-vous juste de ne sauver qu’eux parce qu’ils sont « la France » et laisser mourir tous les anonymes ?

Et bien c’est pourtant ce que sous-entend madame la Ministre.

En fait, par ses propos notre Ministre ne fait qu’opposer une fois encore Paris et la province, ce qui est, en ces temps perturbés, une erreur fondamentale de communication.

Si je suis bien d’accord avec elle sur un point, c’est sur cette perpétuelle opposition. Paris est une ville merveilleuse avec un patrimoine exceptionnel pour lequel il faut impérativement trouver des solutions, mais en aucun cas au détriment et au mépris des territoires. Les millions de touristes qui, jusqu’à la crise de la Covid-19, venaient visiter « La France », ne viennent pas qu’à Paris.

Quant à l’argument « le Louvre prête des œuvres à certains opérateurs des territoires », il est nul et non avenu, car la Joconde ne se retrouvera jamais dans un petit musée de province. C’est bien connu, on ne prête qu’aux riches.

Enfin, la restauration des « grands édifices parisiens » sous-entend que ce sont, dans la majorité de cas, de grandes entreprises de restauration du patrimoine qui interviennent. Dison juste que restaurer un plus grand nombre de patrimoines vernaculaires des territoires permettrait à des milliers de petits artisans locaux, bien souvent à l’agonie, de vivre décemment en exerçant leur art.

Cela dit, ne noircissons pas un tableau déjà bien sombre et reconnaissons que c’est déjà une bonne chose que nos « grands édifices » jouissent d’aides importantes. En effet, si Notre-Dame avait bénéficié de la grande campagne de restauration qu’elle attendait depuis des années, elle n’aurait sans doute pas brûlé.

Enfin, espérons qu’un jour un grand plan « patrimoine vernaculaire » naîtra dans la tête d’un Ministre de la culture vraiment issu des territoires.
Madame Bachelot, étant native de la Nièvre, je pensais qu’elle aurait un regard bienveillant concernant la province, mais je me suis trompée. Néanmoins, son mandat n’est pas terminé et elle peut encore nous surprendre. Elle a, certes, déjà « jeté le bébé », mais pas encore « l’eau du bain ».

Alexandra Sobczak-Romanski

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Crédits photographiques : La Gazette du Patrimoine
Photo 1 : Palais Garnier
Photo 2 : église de Vezot (Sarthe) classée et en état d’urgence absolue.

La Vie: « Le feuilleton de la chapelle Saint-Joseph se poursuit ».

Nous publions aujourd’hui le très bon article de l’hebdomadaire La Vie qui résume parfaitement le combat que nous menons pour sauver la chapelle Saint-Joseph depuis le 20 mai 2020.


Au sujet de contre-projet que Junia conteste dans cet article, au moment où nous l’avons produit, les informations dont nous disposions indiquaient qu’un projet de serre était envisagé en lieu et place de la chapelle. C’est pour cette raison que nous l’avions orienté vers une telle option. Nous savons pertinemment que, quelle que soit l’idée développée pour donner un avenir à l’édifice, elle sera contestée, mais nous savons tous qu’avec un minimum de volonté la chapelle pourrait être réhabilitée au sein même d’un projet résolument tourné vers l’avenir.

Encore une fois, n’oublions pas les mots de Victor Hugo : « L’avenir est une porte, le passé en est la clé ».

Malgré les maigres chances que nous avons de remporter cette bataille contre le déni de patrimoine, le combat continu.

Accédez à la version numérique de l’article de La Vie :

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Démolition de la chapelle Saint-Joseph à Lille : l’avis d’un expert

Pour tous ceux qui se passionnent pour le patrimoine religieux, Mathieu Lours est une référence. Alors si certains méprisent l’action populaire d’Urgences Patrimoine pour sauver la chapelle Saint-Joseph de la démolition, nous espérons que ce précieux soutien leur ouvrira les yeux et qu’en haut lieu on comprendra enfin qu’une réhabilitation de l’édifice est possible, même dans un projet résolument tourné vers l’avenir.

Nous remercions Monsieur Mathieu Lours pour cette belle plaidoirie en faveur de la sauvegarde de la chapelle Saint-Joseph.



Mathieu Lours
Paris-Cergy Université
33, Bd du Port
95 011, Cergy-Pontoise Cedex

Cergy, le 20 novembre 2020

Le refus du classement de la chapelle Saint-Joseph de Lille est une nouvelle qui attriste tous les défenseurs du patrimoine. En tant qu’enseignant en histoire de l’architecture, la perspective de la démolition de l’édifice m’attriste et m’interroge. Elle m’attriste, car, une nouvelle fois, le patrimoine du XIXe siècle, tout particulièrement religieux, peine à faire admettre ses qualités et son rôle caractéristique dans les paysages urbains et ruraux. Elle montre également la manière dont une institution catholique, puisqu’il s’agit d’un édifice propriété d’une université catholique, promeut la démolition et l’effacement d’un élément de son patrimoine qui manifeste clairement son identité.

Cette démolition m’interroge également. La réalisation du nouveau campus s’accompagnera en effet d’une restauration du Palais Rameau, dont l’un des deux architectes est Auguste Mourcou, également auteur de la chapelle. L’édifice a été classé en 2002. Comment admettre que, s’agissant de deux édifices voisins réalisés par le même architecte, on en classe et réhabilite l’un et qu’on refuse le classement et voue à la pelleteuse le second ? D’autant que la chapelle est dans un bon état de conservation. Je m’interroge également sur le fait que, dans de nombreux autres projets contemporains, on conserve et on réhabilite des édifices aussi marquants que la chapelle Saint-Joseph. Voire, on les considère comme des chances et des opportunités ! Si vraiment l’université catholique de Lille ne souhaite plus disposer de lieu de culte, un tel volume pourrait trouver un nouvel usage digne, au service de l’enseignement et de la culture.

La démolition de Saint-Joseph de Lille est aussi un signal inquiétant pour le patrimoine du XIXe siècle dans la région des Hauts-de-France. La région a été marquée, en 2013, par la démolition d’une de ses plus belles églises néogothiques, Saint-Joseph d’Abbeville, et d’autres édifices construits à la même époque connaissent des fermetures ou des dégradations importantes. Le classement de la chapelle lilloise aurait pu permettre à l’État d’impulser une dynamique nouvelle, de porter un nouveau regard sur cet ensemble patrimonial témoin d’une époque-clef dans la constitution de l’identité de la région. La décision de surseoir à la démolition en l’attente de décision de classement, était un signe important, dont je remercie M. Franck Riester. Il semble aujourd’hui plus difficile aux défenseurs du patrimoine de trouver une oreille attentive à leurs alertes au sein du ministère. Plus que jamais, la réactivation du comité du patrimoine cultuel, laissé en sommeil depuis des années, pourrait permettre de disposer d’un lieu de réflexion qui évite ces cas par cas et ces à-coups.

Dans l’immédiat, je soutiens vivement toutes les actions de mobilisation qui pourraient être menées, dans le cadre d’un dialogue constructif entre tous les acteurs, afin de tenter de sauver la chapelle Saint-Joseph de Lille et de lui donner un destin à la mesure de la place qu’elle occupe dans le paysage et la mémoire de la métropole.

Mathieu Lours


Et pour ceux qui auraient des doutes quant à la légitimité du contenu de ce courrier, voici le CV de l’auteur.

TITRES ET DIPLOMES

2020 (en cours) : Habilitation à diriger les recherches. Sous la direction de M. Jean-Michel Leniaud. École pratique des hautes études. Titre de l’essai : Le sacré par l’antique. L’architecture religieuse en France de 1755 à 1801. • 2006 : Thèse de doctorat d’Histoire, Université Paris I, sous la direction de Mme Nicole Lemaître : Les cathédrales de France du Concile de Trente à la Révolution : mutations d’un espace sacré. Mention très honorable avec félicitations à l’unanimité des membres du jury. • 1997 : DEA d’histoire moderne, Université Paris I, sous la direction de Mme Nicole Lemaître : Sixte Quint et la Ligue. Un pape et une révolution. Mention très bien. • 1997 : Concours de l’École Nationale du Patrimoine, Admis au concours du CNFPT. • 1996 : Agrégation d’Histoire, 11e admis • 1995 : Maîtrise d’histoire moderne, Université Paris I, sous la direction de Mme Nicole Lemaître : L’éclaircissement des églises parisiennes an XVIIIe siècle. Gestion et spiritualité. Mention très bien. • 1991-1994 : Classes préparatoires littéraires classiques, lycée Fénelon. • 1991 : baccalauréat série A2, mention très bien. ENSEIGNEMENTS • 2011-2019 : Professeur en classe préparatoire aux grandes écoles de Lettres supérieures en histoire et théorie des arts, lycée Léon Blum, Créteil. • 2019 : Chargé d’enseignement en histoire de l’architecture. Cours de préparation au concours de l’INP, institut Michelet. • 2003-2019 : Chargé d’enseignement à l’Université de Cergy Pontoise. Enseignements en 2018-2019 : - Cours magistral de L1 : Histoire des religions - Cours magistral de L3 : Histoire de l’architecture • Cours magistral de L3 : La France au XVIe siècle • 2016-2019 : Chargé d’enseignement au Centre international du Vitrail à Chartres. Histoire de l’architecture religieuse aux XVIIe et XVIIIe siècles. • 2000 – 2002 : Allocataire moniteur à l’Université Paris I. TD de L1 « Histoire de la Révolution française » (cours : M. Zylberberg) et TD de L3 : « La réforme catholique en France, Espagne et Italie » (cours Nicole Lemaître) • 1996 – 2000 et 2003 - 2011 : Professeur agrégé d’histoire dans l’académie de Versailles : collège Martin-Luther King de Villiers-le-Bel (1997-2000 et 2002 – 2006), lycée Louis Armand à Eaubonne (2006 – 2011) JURYS DE CONCOURS : 2013-2017 : Membre du jury de l’agrégation externe d’histoire.

PUBLICATIONS ET COLLOQUES

Éditions de sources • Les plans d’archives de la série G9 des archives nationales. Publication en partenariat avec la section ancienne des archives nationales, travail en cours, publication prévue en 2014 Ouvrages Synthèses : • Églises de Paris du Grand siècle aux Lumières (dir.), Paris, Picard, 2016. • Architectures sacrées. Paris, Citadelles et Mazenod, 2016. • Cathédrales d’Europe. Coécrit avec Alain Erlande-Brandenburg. Paris, Éditions Citadelles et Mazenod, 2011. • L’autre temps des cathédrales. Concile de Trente-Révolution française. (édition de thèse) Paris, Picard, 2010. • Dictionnaire des cathédrales de France. Éditions Jean-Paul Gisserot, Paris, décembre 2008. • Églises du Val d’Oise, Pays de France et Vallée de Montmorency, (dir.), Gonesse, SHAGPF. Monographies : • Saint-Eustache, direction de la partie consacrée à l’architecture de l’édifice, Strasbourg, La Nuée bleue, à paraître en 2019. • Saint-Sulpice de Paris, l’église du grand siècle, Paris, Picard, 2014 • Saint-Acceul d’Écouen et ses vitraux : une cage de verre en pays de France, Domont, STIP, 2004. • Saint-Martin de Mareil-en-France : Une œuvre originale de Nicolas de Saint-Michel, Gonesse, SHAGPF, 2004. • Saint-Martin de Cormeilles-en-Parisis. Aux racines du gothique, Gonesse, SHAGPF, 2004. • La citadella vescovile di San Leo, ricostruzione di uno spazio sacro. Urbino, 2001. Contributions Ouvrages et revues d’histoire de l’art et de l’architecture • « L’éloquence de l’architecture. Les églises parisiennes des XVIIe et XVIIIe siècles », in Arts sacrés, n°36, 2017, pp. 88-104. • « L’art, partie prenante du rite », in L’art et le sacré, sous la direction de Henri de Rohan-Csermak et Isabelle Saint-Martin, Poitiers, Canopée, 2017, pp. 37-59. • « Le décor du XVIIIe siècle, la primatiale à l’heure des Lumières » et « Les archevêques de Bourges du XVIe au XVIIIe siècle », in Bourges, coll. « La nuée bleue », Strasbourg, 2017, pp. 139-149 et 354-358. • « Les travaux et embellissements du chœur », in Vendée, Luçon, coll. « La grâce d’une cathédrale », Strasbourg, La nuée bleue, 2017, pp. 70-76. • « Mémoires de verre. Les vitraux commandés par la famille de Montmorency dans les églises de son domaine au XVIe siècle », in Art Sacré, n°32 (« Faire Mémoire, les arts sacrés à l’épreuve du temps »), 2016, pp. 181-195. • « Les subtils aménagements des XVIIe et XVIIIe siècles », in Albi, joyau du Languedoc, coll. « La grâce d’une cathédrale », Strasbourg, La nuée bleue, 2015, pp. 107-112. • « Renaître de ses cendres », in Art sacré, n°31 (« Reconstruire, restaurer, renouveler, la reconstruction des églises après les conflits religieux en France et en Europe »), 2014, pp. 7-17. • « Le chœur de Saint-Sulpice : un espace éloquent », in Bulletin de la société historique du VIe arrondissement de Paris, nouvelle série n°27, Paris, 2014, pp. 121-138 • « « Antique église et catholicisme rénové. L’architecture néoclassique comme aboutissement de la Réforme catholique. Églises paroissiales urbaines et rurales du diocèse de Paris, 1750-1793 », in Art sacré, n°30, 2014, pp. 175-193. • « Foi et Lumières. L’architecture religieuse de Jacques-Germain Soufflot », in Arts sacrés, n°25, 2013, pp. 8-16. • « Les cathédrales du Languedoc. Ruptures et continuités. Moyen-Âge – Temps modernes », in Les voies de la création, (sous la direction de Laure Lévêque), Paris, l’Harmattan, 2013, pp. 129-145. • « Le chœur tridentin », in Chartres, coll. « La grâce d’une cathédrale », Strasbourg, La nuée bleue, 2013, pp. 362-372. • « Les temples de Napoléon. De la Réforme catholique à la Réforme protestante », in Arts Sacrés, n°21, 2013, pp. 56-63. • « Le chœur entre continuités et ruptures », in Rouen, primatiale de Normandie, coll. « La grâce d’une cathédrale », Strasbourg, La nuée bleue, 2012, pp. 95-105. • « L’architecture religieuse après le Concile de Trente » in Histoire générale du Christianisme, Paris, PUF, coll. Quadrige. ss. dir. Jean-Robert Armogathe, 2010. • « Porte ou barricade ? Le jubé des cathédrales à l’épreuve de la modernité. (XVIIe et XVIIIe siècles) », In Art sacré, n°28, 2010, pp. 161-179. • « La cathédrale à l’épreuve de la modernité », in La cathédrale de Reims, ouvrage dirigé par Patrick Demouy, éditions « La Nuée Bleue », 2010. • « Avant-propos », co-écrit avec Alain Erlande-Brandenburg, in Strasbourg, coll. « La grâce d’une cathédrale », Strasbourg, La nuée bleue, 2007, pp. 13-25. • « Comprendre la cathédrale médiévale : un révélateur de l’identité gallicane aux XVIIe et XVIIIe siècles », in Materiam superabat opus. Hommage à Alain ErlandeBrandenburg, Paris, RMN, École nationale des chartes, 2006, pp. 175-185. • « Architecture XVIe-XIXe siècles » in Historiographie de l’histoire de l’art religieux en France à l’époque moderne et contemporaine, Bibliothèque de l’École des hautes études, Sciences religieuses n°127, Turnhout, Brepols, 2005, pp. 13-19. • « Un tesoro disperso. Gli arredi delle chiese leontine nel periodo pot-tridentino » in Studi montefeltrani, n°25, San Leo, 2004, pp. 79-109. • « Le reflet du temps et le sens des images : iconographie des vitraux commandés par la famille de Montmorency », « Les vitraux de Saint-Acceul d’Écouen », in Les Montmorency et l’art du vitrail, Musée nationale de la Renaissance / Éditions du Valhermeil, 2003. • « Les aménagements liturgiques entre le concile de Trente et la Révolution », in XX siècles en cathédrales, catalogue de l’exposition de la CNMHS à Reims, ss. dir. Catherine Arminjon et Denis Lavalle, Paris, 2001. Actes de Colloques • « Une géographie des sanctuaires : pour une typologie des chœurs de cathédrales au sortir du Moyen-Âge » in Les langages du culte aux XVIIe et XVIIIe siècle. Astes du colloque ANR Musefrem, Le Puy-en-Velay, 2013, (à paraître en 2019). • « Pour ou contre le chœur à la romaine ? Polémiques autour des espaces sacrés », in Réalités et fictions de la musique religieuse à l’époque moderne, Sous la direction de Sophie Hache et Thierry Favier, Rennes, PUR, 2018, actes du colloque de Poitiers (Universités de Poitiers et Lille III, ANR Musefren) de 2013, pp. 205-217. • « Considérations sur les aménagements de la cathédrale de Reims au XVIIIe siècle », in La cathédrale de Reims, actes du colloque organisé en 2011 par l’Université de Reims-Champagne-Ardennes, pp. 409-417, Paris, PUPS, 2017. • « La cathédrale de Sens au XVIIIe siècle. Les fastes du gallicanisme au siècle des Lumières », in Saint-Étienne de Sens, la première cathédrale gothique dans son contexte, actes du colloques de Sens en 2014, Sens, Société archéologique de Sens, 2017, pp. 397-413. • « L’église néoclassique : une écriture architecturale du sublime ? France, seconde moitié du XVIIIe siècle », in A la croisée des arts, Actes du colloque de Poitiers de 2012 (Université de Poitiers, Université Lille III, ANR Musefren), sous la direction de Sophie Hache et Thierry Favier, Paris, Classiques Garnier, 2015, pp. 221-235. • « Le chœur en bataille. Débats et polémiques sur le chœur à la romaine dans les cathédrales françaises au XVIIIe siècle », in La place du chœur, Actes du colloque organisé en 2007 par l’EPHE, Paris, Picard, 2012, pp. 227-237. • « Les corps saints dans les cathédrales après le concile de Trente », colloque international « cathédrales et pèlerinages » organisé par l’Université Paris X. Actes publiés dans la Bibliothèque de la revue d’Histoire ecclésiastique, Fascicule 92, Louvain, 2010, pp. 105-129. • « Liturgies et aménagements des chœurs : l’exemple des cathédrales françaises, XVIIe et XVIIIe siècles », in Décor et liturgie dans les églises de France au XVIIe siècle, actes du colloque organisé par les Archives départementales d’Eure-et-Loir en 2009, Chartres, 2010, pp. 17-42. • « Clergé paroissial et commande artistique en Pays de France du XVIe au XVIIIe siècle : un espace rural sous influence ? », in Pasteurs des âmes, passeur des arts. Les prêtres et la production artistique dans les provinces françaises, XVIe-XXe siècle, Toulouse, Méridiennes, 2009. Actes du colloque organisé en 2008 par le CNRS et l’Université de Toulouse-le Mirail, sous la direction de Sophie Duhem et Marc Salvan-Guillotin, pp. 59-77. • « Un problème insoluble : l’entretien des « vitres peintes » dans les églises parisiennes au XVIIIe siècle », in « Verre et fenêtre de l’antiquité à nos jours », Les cahiers de Verre et histoire, n°1, 2009. Actes du colloque de Verre et histoire, château de Versailles, 2005. • « L’espace rêvé des liturgistes gallicans », colloque organisé par le C.I.H.E.C « Liturgie et pratiques cultuelles dans les Églises chrétiennes des origines à nos jours », Paris, juillet 2007. (actes à paraître) • « L’autel médiéval entre Trente et Viollet-le-Duc : un débat exemplaire dans les cathédrales », in Hortus artium medievalium, Zagreb-Motovun, Actes du colloque de Motovun, 2004, pp. 251-255 • « L’istituzione provinciale e la ristrutturazione urbana di San Leo », in La provincia feretrana (secoli XIV-XIX), actes du colloque de San Leo / Montecerignone de 1999, San Leo, Studi Montefeltrani, Atti e convegni n°7, pp. 135-151.

DIVERS : • Organiste titulaire des orgues de l’église Saint-Acceul, Écouen. • Membre de la commission départementale de classement des objets d’art du Val d’Oise • Membre du conseil d’administration de la Société d’histoire de Montmorency • Membre du conseil scientifique de l’Observatoire du patrimoine religieux • Membre du conseil d’administration de l’association Rencontre avec le patrimoine religieux.



Crédits photographiques :
Photo 1 :Anne Sophie Hourdeaux / La Croix de Lille


Notre précédent article sur le même sujet
ICI.

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15 novembre 1886 : pose de la première pierre de la chapelle Saint-Joseph / 15 novembre 2020 : dépôt d’un recours en justice pour la sauver de la démolition


Hasard ou coïncidence, mais Urgences Patrimoine a déposé son recours de la dernière chance le même jour ou fut posée la première pierre de l’édifice.

Un édifice qui a été tant désiré et que l’on pensait voir se dresser fièrement pendant des siècles et des siècles…

C’était sans compter sur la volonté d’hommes d’Église qui, frappés d’amnésie sans doute, ont fait le choix de démolir un des symboles de la foi chrétienne au nom de la promotion immobilière et d’une modernité que l’on aurait pourtant pu conjuguer au passé.

Victor Hugo écrivait un jour : « L’avenir est une porte, le passé en est la clé ». Nous pouvons dire qu’à Lille on préfère défoncer les portes plutôt que de les ouvrir avec respect.

Peu importe si nous nous attaquons à la puissance du pouvoir et de l’argent. Urgences Patrimoine œuvre pour que le passé puisse être créateur d’avenir. Même si les chances de gagner cette bataille contre les démolisseurs sont infimes, il faut aller jusqu’au bout. Le 15 novembre, nous avons donc déposé notre recours en justice, au nom d’Urgences Patrimoine et de nombreux riverains qui ne se résignent pas à voir disparaître leur voisine de pierre.

Voici le communiqué de Maître Théodore Catry, notre avocat :

Dépôt du recours pour la sauvegarde de la chapelle Saint-Joseph devant le tribunal administratif de Lille

En union avec plusieurs riverains et citoyens mobilisés pour la Chapelle Saint-Joseph, Urgences Patrimoine a, par l’intermédiaire de son avocat, déposé samedi 14 novembre 2020 un recours pour excès de pouvoir contre le courrier du 20 octobre 2020 par lequel le ministère de la culture a refusé de mettre l’édifice en instance de classement au titre de Monuments Historiques.

Cette requête s’appuie sur le constat d’un certain nombre d’illégalités, parmi lesquelles figure notamment l’appréciation insuffisante de la valeur du bien et de l’intérêt public attaché à sa conservation.

Urgences Patrimoine et les requérants qui se sont joints à ce recours demandent au tribunal d’annuler purement et simplement le refus opposé par le ministère et d’enjoindre ce dernier à régulariser sa décision en ouvrant une procédure de classement et, dans l’attente, en mettant la chapelle en instance de classement comme cela aurait dû être fait dès l’origine.

Urgences Patrimoine, qui est à l’origine de la mobilisation depuis le 20 mai 2020, appelle tous les acteurs du patrimoine, au niveau local comme au niveau national, à soutenir cette action en justice.


Nous regrettons et nous nous étonnons qu’une partie de la communauté catholique de Lille ne soutienne pas notre démarche et soit favorable à cette démolition.

D’ailleurs, dans cette action nous constatons que les partisans de la sauvegarde de l’édifice sont souvent non pratiquants et que c’est bien l’avenir d’un témoin de l’histoire locale et collective qu’ils souhaitent sauvegarder et pas juste un symbole religieux.

Nous nous posons la question suivante : si la communauté catholique est vent debout dès qu’un acte de vandalisme est commis dans une église, pourquoi ne s’insurge-t-elle pas quand l’institution catholique elle-même souhaite démolir un de ses édifices ?

Nous n’aurons sans doute jamais la réponse, mais à ceux qui pensent qu’il est normal de faire table rase du passé au nom de la modernité, nous tenons à rappeler avec quelle ferveur les catholiques lillois avait participé fièrement à l’édification de la chapelle Saint-Joseph.


Voici un extrait du discours prononcé lors de la pose de la première pierre le 15 novembre 1886 :

Baunard, Louis (1828-1919). Le Collège Saint- Joseph de Lille, 1881-1883 (Discours, notices et souvenirs par Mgr Baunard) Paris : 1888.

Le Ministère de la Culture a décidé que cette chapelle n’était pas assez remarquable pour être protégé au titre des monuments historiques. Nous ne comprenons toujours pas sur quels critères ce jugement a été rendu, mais là encore, nous tenions à rendre hommage aux bâtisseurs avec un extrait du discours d’inauguration de la chapelle :


« En vérité, que ce lieu et grand et redoutable! C'est la maison de Dieu et la porte du Ciel! »

Baunard, Louis (1828-1919). Le Collège Saint- Joseph de Lille, 1881-1883 (Discours, notices et souvenirs par Mgr Baunard) Paris : 1888.

Il faut donc croire que cela ne l'est plus. Plus assez grand ? Plus assez redoutable ?


Que va-t-il advenir des vitraux, du haut-relief représentant la Cène, des beaux pavés de marbre et de tous les éléments architecturaux qui constituent l’édifice ?

L’orgue est déjà parti depuis longtemps faire entendre l’âme de la chapelle Saint-Joseph en Autriche. Il aurait plus chrétien de l’offrir à une paroisse voisine qui en était dépourvue. Mais, l’opération aurait alors été moins lucrative.

Yncréa affirme que les vitraux seront réutilisés « ailleurs ». Nous émettons des doutes à ce sujet, mais nous espérons nous tromper.

Quant à la stèle dédiée aux fondateurs, elle finira probablement dans les gravats.



Une chose est certaine : comme le dit le proverbe, « on n’est jamais trahi que par les siens ». Car les bâtisseurs de la chapelle Saint-Joseph, qui la pensait éternelle, ne devaient pas se douter une seule seconde que seulement 134 ans après la pose de la première pierre, l’institution catholique déciderait de la démolir pour y voir pousser en lieu et place un bloc de béton.

Enfin, tant que les pelleteuses ne sont pas en train de se livrer à leur sale besogne, tous les espoirs sont encore permis et, pour une fois, à défaut de confiance en la justice divine, gardons la foi en la justice des hommes.

Le recours est déposé, notre pétition dépasse désormais les 10.000 signatures et la mobilisation continue plus que jamais, notamment grâce à de nombreuses lettres de soutien de professionnels de la culture et de personnalités publiques qui viendront augmenter notre argumentaire auprès des instances compétentes.

Alea jacta est …

N’hésitez pas à nous adresser vos courriers de soutien par mail :
urgences.patrimoine@gmail.com


Lire nos précédents articles au sujet de nos actions en faveur de la Chapelle Saint-Joseph :
http://lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/96e4550157ade0fea66230bf046b26ce-93.html
http://lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/c0565fba1dceb9509113652212deeb23-98.html
http://lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/db6c0a2d6605194f0e21209e14e40275-109.html
http://lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/51466a10931c53b15a2426c4514fce77-168.html
https://www.lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/d90b5f4664e4edaea75eb4f50e425046-184.html?fbclid=IwAR1sNjq-1l3_xmUEoXv04kHzB62lUULoxu8tFWU97IJ5TCeR00fFXQopMuU
https://www.lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/ea9c177a130d3112abccad59bc6fb262-186.html?fbclid=IwAR2nTJ5Psh5UneOD9krSoPSen0sO5Fljgmx-h67QCZIjsIdUdIuCLmpsJIk
http://lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/10731324e7be9b9e2f91b192bc795a73-188.html

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Photo 1 : Gallica
Photos 2 :
La Gazette du Patrimoine
Photo 3, 4 et 5 : Anne-Sophie Hourdeaux/
Actu Lille-Croix du Nord

Samedi 14 Novembre 2020: le Ministère de la Culture refuse à nouveau le classement de la chapelle Saint-Joseph à Lille


C’est avec stupeur que nous apprenons à l’instant par un communiqué de presse du Ministère de la culture que la demande de classement de la Chapelle Saint-Joseph est à nouveau rejetée.


Nous sommes bien conscients que ce projet porté par Yncréa a permis de valoriser le Palais Rameau, mais cela ne justifie en aucune façon la démolition de la chapelle Saint-Joseph. D’autant que, comme nous ne cessons de le répéter, un projet de réhabilitation de l’édifice serait moins coûteux que la démolition-reconstruction souhaitée par Yncréa.

Le Ministère de la Culture reste donc sourd aux appels des Lillois et des défenseurs du patrimoine et préfère privilégier la destruction de l’édifice
plus coûteuse et moins écologique.

Pour quelle raison ?

Sans doute la même qui a poussé Madame Martine Aubry a retiré la candidature de la ville pour son classement à l’UNESCO !

Notre recours en justice reste donc aujourd’hui la seule issue, à moins que le Président Emmanuel Macron réponde favorablement à notre appel, mais nous émettons des doutes quant à sa décision.

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DERNIERE MINUTE : RÉPONSE D'ETIENNE PONCELET AU COMMUNIQUÉ DU MINISTERE DE LA CULTURE

Le communiqué de presse du ministère de la Culture du 14 novembre est une redite des arguments développés par le Directeur général des patrimoines dans son courrier du 20 octobre auquel s’ajoute l’argument de la restauration du palais Rameau, bâtiment voisin construit par le même architecte.

Je reprends quelques éléments de ce communiqué :

- La chapelle n’est pas dans un « état très dégradé ». Le sol qui est un plancher est effectivement abîmé par les fuites d’eau dues notamment à un châssis de toit laissé ouvert depuis longtemps. Le gros œuvre et la toiture sont dans un état passable, tout à fait aptes à être restaurés dans des conditions normales.

- La demande d’instance de classement avait pour but de permettre la réflexion avec les partenaires pour intégrer les éléments existants au projet de campus et non pas pour empêcher celui-ci. La concertation annoncée par le ministre Franck Riester en son temps ne s’est pas réalisée avec les défenseurs de la chapelle.

- Le nouveau campus de 8 000 étudiants pour un investissement de 120 millions d’euros ne concerne pas que le site de la chapelle mais quatre autres sites proches les uns des autres dans le quartier de la catho.

- La restauration du palais Rameau pour lequel les lillois avaient réclamé et obtenu le classement est maintenant engagée et budgétisée depuis plusieurs mois. Cette opération dont le chantier doit démarrer prochainement n’a pas à être mis en balance avec le budget de l’opération du site de la chapelle.

- Bien au contraire, nous plaidons pour que le jumelage architectural du palais Rameau, classé Monument Historique, et de la chapelle, construite à la même époque par le même architecte et qui révèle un parti architectural unique et original, trouve son épanouissement dans le projet général de JUNIA (ex YNCREA) que nous appelons de nos vœux, intégrant la réhabilitation de la chapelle de Saint-Jo dans son programme.

Lille, le 14 novembre 2020
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N’oubliez pas que nous avons besoin de soutien pour ce combat et que le moindre petit geste compte.

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Pointe-à-Pitre: la fin de la Renaissance ?

Abandonné depuis des années à son triste sort, le cinéma « La Renaissance » a subi de graves dommages causés par un incendie au début de l’année 2020 :

« Samedi 25 janvier 2020, 16h30 : le glas semble sonner pour l’ancien cinéma « La Renaissance », monument historique inscrit par l’arrêté n° 2009-22 du 09 janvier 2009 qui protège la façade ouest, les toitures ainsi que les galeries latérales nord et sud en ferronnerie d’art. L’édifice abandonné depuis près d’une double décennie, puis fragilisé faute d’entretien, est ravagé par des flammes dont l’origine est dite inconnue. Hasard ou rendez-vous du calendrier ? Le samedi 25 janvier 2020, se déroulaient les Journées du Patrimoine pointois, dorénavant tristement mémorables. 

C’est alors que se font jour plusieurs questions. Quelle pourrait être l’origine de cet incendie ? Comment un Monument Historique clos, au sein d’un périmètre de sécurité et non alimenté électriquement, peut-il s’embraser ? A qui profite ce délit ? » (Extrait de
l’article publié dans notre Gazette par notre correspondante Nathalie Ruffin)


Beaucoup de questions sont restées sans réponses. C’est la raison pour laquelle l’association Patrimoine Pointois vient de lancer une pétition pour attirer l’attention des pouvoirs publics quant au devenir de ce patrimoine emblématique de la ville.

D’après de nombreux experts du patrimoine, l’édifice est tout à fait en mesure d’être restauré, mais hélas son avenir n’a pas l’air de préoccuper les autorités locales.

La Renaissance renaîtra-t-elle de ses cendres ? Nous le souhaitons sincèrement.


Merci de bien vouloir signer cette
pétition ICI afin d’aider l’association dans cette action de la dernière chance.

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Crédits photographiques : Patrimoine Pointois

Chapelle Saint-Joseph : nous en appelons au Président et à la justice

Tous les moyens seront bons pour que nous puissions sauver la chapelle Saint-Joseph de la démolition. Démolition imminente, puisque le ministère de la culture n’a pas étudié un projet alternatif comme Franck Riester s’était engagé à le faire dans son communiqué du 5 juillet 2020 et que Madame Roselyne Bachelot, lui succédant, n’a pas trouvé bon de le faire.

C’est par un courrier adressé à Monsieur Étienne Poncelet par le directeur des patrimoines que nous avons également appris le refus de mise sous protection de l’édifice lui permettant d’empêcher symboliquement sa démolition. Démolition prévue probablement pendant les fêtes de Noël afin de limiter les « nuisances », d’après Yncréa.

Depuis samedi, nous travaillons sans relâche afin de trouver les moyens d’empêcher ce que nous appelons encore aujourd’hui, même si le terme peut sembler exagéré pour certains, un « patrimonicide ».


La mobilisation qui avait déjà été importante lorsque nous avions lancé l’alerte de la dernière chance le 20 mai dernier est aujourd’hui un raz de marée. Des mails nous parviennent par dizaine pour manifester une vive opposition à cette démolition. Beaucoup de mails d’habitants du quartier concerné, de Lillois attachés à leur patrimoine et beaucoup de témoignages de nombre de Français attachés tout simplement à leur culture et à tous les témoins de la mémoire collective.

Nous avons donc décidé de contester la décision du ministère de la culture. Notre avocat, Maître Théodore Catry a préparé un recours qui sera déposé ce jour.

Chapelle Saint-Joseph : notre recours 

Le courrier du ministère du 20 octobre dernier porte-t-il un coup d’arrêt à la
sauvegarde de l’édifice ? La réponse est non.

Pour rappel, la mesure de protection qui avait été sollicitée n’était ni une demande de classement, ni une demande d’inscription aux Monuments Historiques. La chapelle étant, à l’époque, menacée de destruction du fait de la délivrance d’un permis de démolir, la demande qui avait été faite au ministre de la culture était de mettre en urgence l’édifice en instance de classement. Une telle mesure, qui s’analyse juridiquement en une véritable décision à portée conservatoire, permet de suspendre toute intervention sur l’ouvrage dans l’attente qu’une décision soit prise sur l’opportunité de le classer au titre des monuments historiques.

Le refus d’y donner suite est une véritable décision administrative faisant grief, d’autant plus qu’il est également concédé dans le courrier que la chapelle Saint-Joseph ne serait pas, in fine, susceptible de mériter un classement compte tenu de l’intérêt patrimonial insuffisant qu’elle présenterait. En tant que tel, ce courrier ouvre par conséquent droit à recours.

Notre stratégie : le recours juridictionnel et l’obtention de l’inscription.

La suite de ce dossier connaîtra deux actions menées en parallèle l’une de l’autre.

En premier lieu, il s’agit de contester le courrier du ministère par laquelle il a été décidé de refuser de mettre la chapelle en instance de classement. Cette action sera portée devant le tribunal administratif de Lille et visera à demander l’annulation de cette décision. Elle permettra d’espérer la prolongation du sursis accordé à l’édifice jusqu’à ce que la juridiction statue.

En second lieu, Urgences Patrimoine diligentera, auprès du préfet de région, la constitution d’un dossier pour demander l’inscription (et non le classement) de la chapelle au titre des monuments historiques, mesure de protection qui peut être accordée pour les immeubles qui, même sans justifier de classement, présentent un « intérêt d’histoire ou d’art suffisant pour en rendre désirable la préservation » (art. L. 621-25 du code du patrimoine).


Parallèlement à ce recours, sous l’impulsion de Madame Violette Spillebout, conseillère municipale à Lille et représentant de la majorité Présidentielle, un courrier a été adressé à Monsieur le Président de la République afin de lui demander d’intervenir pour surseoir à cette démolition qui, dans le contexte très particulier que nous connaissons, après l’assassinat de trois paroissiens dans une église, serait considérée comme une provocation à l’encontre des catholiques en particulier et de tous les français attachés à leur histoire.

Violette Spillebout nous a confié les raisons de son engagement :

« Lilloise, attachée à ma ville et à ses repères culturels, j'ai immédiatement souhaité visiter la Chapelle, quand j'ai appris le projet de démolition. Au sein du collège Saint-Paul, dans l'environnement proche du magnifique Palais Rameau, cet édifice m'a tout de suite touchée. Il fait évidemment partie d'un ensemble précieux, il est un symbole d'une partie de l'histoire de Lille, qu'il soit classé ou non ne change pas son importance à mes yeux. Ce combat pour sauver la Chapelle me semble être celui du bon sens et de la cohérence d'un projet urbain tourné vers l'avenir, mais qui doit respecter l'histoire. Je regrette surtout que dès la conception du projet de campus universitaire Junia, tous les partenaires publics et privés ne se soient pas réunis pour trouver une solution de sauvegarde du bâtiment, insérée dans un nouvel ensemble moderne. Je pense que tout est encore possible ! »

Cette lettre est signée par des personnalités lilloises, mais également par Stéphane Bern, qui s’est beaucoup impliqué dans ce dossier, ainsi que par l’ancien ministre, Yves Jégo qui en 2016 avait fait une proposition de Loi afin suite à l’assassinat du Père Hamel, afin que plus jamais un édifice religieux ne soit démoli.


La décision finale est désormais entre les mains de notre Président.

Une vidéo de soutien est désormais en ligne sur You Tube :
https://www.youtube.com/watch?v=077qaWau-K8

Notre pétition dépasse les 9000 signatures et, si vous n’avez pas encore signé, c’est le moment de le faire. Attention, il est inutile de faire un don à la plateforme change.org au moment de signer comme celle-ci vous invite à le faire ICI.

En revanche, si vous avez la possibilité de nous aider, un don aussi modeste soit-il sera le bienvenu ICI.


Lire nos précédents articles au sujet de nos actions en faveur de la Chapelle Saint-Joseph :
http://lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/96e4550157ade0fea66230bf046b26ce-93.html
http://lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/c0565fba1dceb9509113652212deeb23-98.html
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Photos 1 à 4 : La Gazette du Patrimoine
Photo 5 : Anne-Sophie Hourdeaux/
Actu Lille

Non au mur de la Paix avenue de Breteuil : un collectif de riverains s’oppose à son implantation

La Ville de Paris a décidé de construire un nouveau Mur pour la Paix sur la pelouse de l'avenue de Breteuil (partie 15ème arrondissement).

Un premier Mur pour la Paix, censé être provisoire, avait été installé devant l'École Militaire (Monument Historique classé) en 2000. Il a occupé illégalement le Champ-de-Mars pendant 20 ans. Menaçant de s'effondrer sur le public, du fait du manque d’entretien, des dégradations et d’actes de vandalisme, il a été détruit en juin dernier, à la suite d’une décision de la Cour administrative et d’un arrêté de péril du Préfet.

La Ville de Paris, quant à elle, préfère parler d’un « déplacement » qui serait un simple effet secondaire du projet du Grand Palais éphémère... Or, dans ce dossier très épineux, la Ville de Paris n’est pas transparente en matière de propriété, de transfert de propriété, a fortiori d’acquisition, de destruction, de reconstruction, voire de nouvelle commande publique…

Les habitants du quartier ont découvert fortuitement qu’un nouveau projet de Mur pour la Paix était prévu et devrait prendre place, définitivement cette fois-ci, avenue de Breteuil, dans la perspective historique des Invalides. Le permis de construire a été délivré.


L’emplacement choisi pour ce Mur, à savoir les pelouses de l’avenue de Breteuil, alerte, a minima, à trois niveaux : patrimonial, environnemental et social.

Patrimonial
L’avenue de Breteuil a été percée en 1680, au moment de la construction de l’hôtel des Invalides, et prolongée jusqu’à la rue de Sèvres au XIXe siècle. Depuis le XVIII e s, les urbanistes et les architectes ont respecté cette percée majestueuse dans son intégralité, allant des Invalides jusqu’à la porte de Sèvres du mur des Fermiers généraux. Encadrée d’une double rangée d’arbres dès l’origine, elle n’a donc jamais été obstruée durant toute son histoire. La place de Breteuil, qui a été tracée en 1782, lors du percement de l’avenue de Saxe, est ornée depuis 1904 d’un monument en l’honneur de Louis Pasteur, conçu par Alexandre Falguière.

La construction de ce mur détruirait cette parfaite harmonie architecturale et paysagère. En effet, la façade de la cathédrale Saint-Louis, le dôme des Invalides (abritant le tombeau de Napoléon) et la statue de Louis Pasteur seraient masqués par une structure monumentale de verre et de métal de près de 10m de haut. L'avenue de Breteuil, qui est également classée au titre des sites naturels présentant un intérêt historique, pittoresque et artistique, serait altérée dans sa lecture depuis la rue de Sèvres. Illuminé, ce monument rendrait encore moins visible la perspective de nuit. Pour mémoire, la perspective de l’avenue donnant sur les Invalides est protégée.

Très régulièrement, de nombreux films sont réalisés dans le quartier et la perspective de l’avenue de Breteuil sert alors de décor aux tournages.

Environnemental
La promenade plantée de platanes de l’avenue de Breteuil est agrémentée, en son centre, de larges pelouses, qui font le bonheur des Parisiens et des touristes. C’est un îlot de fraîcheur en période de canicule. Dans sa partie méridionale, le programme « Végétalisons Paris », mis en place par la Ville de Paris, a permis aux habitants d’aménager des jardinets pour y pratiquer l’agriculture urbaine.

En matière de préservation de l’environnement, ce projet monumental éliminerait plusieurs centaines de m² de pelouse, dont 200m² au moins disparaîtraient sous une chape de béton. Cela impliquerait l’imperméabilisation du sol, donc la disparition de pleine terre, refuge de la biodiversité en ville, essentiel à la captation des poussières et des gaz polluants et au ralentissement de l’érosion. C’est la disparition d’un îlot de fraîcheur, indispensable au micro-climat urbain. De grandes parois de verre, exposées plein Sud, réverbèrent fortement les rayons solaires en période d’ensoleillement élevé. Les platanes bordant les pelouses, qui souffrent chaque été de manque d’irrigation et perdent leurs feuilles dès le mois de juillet, seraient alors exposés à une intense réverbération. Tous ces éléments contribueraient à créer un nouvel îlot de chaleur dans Paris…

Social
En matière sociale, de nombreux habitants de ce quartier et des quartiers alentours, densément peuplés, se pressent ici pour se détendre et pratiquer des sports collectifs et des jeux de plein air nécessitant de l’espace. Les écoles du quartier et les centres de loisirs utilisent les pelouses comme aires de récréation. Deux aires de jeux pour enfants sont situées à proximité immédiate du mur, qui est envisagé en plein milieu de cette partie de l’esplanade. Menacées par l’emprise au sol du monument (plusieurs centaines de m²), les aires de jeux seraient repoussées, ce qui réduirait de facto les pelouses avoisinantes, si le projet ne les supprimait pas purement et simplement...

Aucune étude d’impact (patrimoniale, architecturale, urbanistique, environnementale, sociale) n’a été produite, alors que le quartier est densément peuplé. Pour mémoire, le PLU de Paris est en cours de révision.

Aucune concertation n’a été faite, alors que la Ville de Paris prône sans cesse la démocratie participative.

La disparition d’une pelouse, îlot de fraîcheur urbain, est contraire à toutes les déclarations de la Ville de Paris, qui a pourtant fait de la préservation et du développement des espaces verts sa priorité absolue. Pour mémoire, un plan biodiversité (2018-2024) a été adopté par le Conseil de Paris en mars 2018.


En dépit de ces constats, un permis de construire a d’ores-et-déjà été délivré par la Ville de Paris.

Un collectif de riverains s’est constitué : le collectif SOS Breteuil. Il réunit les riverains opposés au projet d’implantation définitif de ce monument sur le site de l’avenue de Breteuil. Le collectif SOS Breteuil n’est ni contre la reconstruction du monument, ni sa symbolique, mais interpelle les élus afin qu’ils optent pour une réinstallation du monument dans un autre lieu, sur un site plus approprié et moins préjudiciable pour les usagers, la protection du patrimoine et les espaces verts.

Des élus se sont rapprochés du collectif pour lui apporter leur soutien.
En 30 jours, le collectif de Breteuil a recueilli près de 4000 signatures en ligne sur le site.
https://www.change.org/p/non-au-mur-avenue-de-breteuil

Le collectif est actif sur les réseaux sociaux suivants :

Twitter :
https://twitter.com/SOSBreteuil
#NONauMURavBRETEUIL
Facebook :
https://www.facebook.com/SOSBreteuil
Adresse mail du collectif :
murbreteuil@gmail.com

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Crédits photographiques : Collectif Breteuil

Chapelle Saint-Joseph à Lille : tant que les pelleteuses ne sont pas là, continuons le combat!

Ce n’est plus un secret pour personne, le ministère de la culture a rejeté la demande de protection d’urgence de la chapelle Saint-Joseph au prétexte que celle-ci ne représente pas suffisamment d’intérêt architectural pour bénéficier de ladite protection.

Or, pas à un seul instant, le ministère ne se prononce sur l’intérêt architectural d’un point de vue local.


C'est au mois de mai qu'Urgences Patrimoine a lancé l'alerte afin de stopper le projet de démolition de la chapelle Saint-Joseph. Jusqu’alors, personne n’avait eu l’air de s’émouvoir du sort de l’édifice dont le permis de démolir avait été signé, rappelons-le, deux ans auparavant. Personne n’a déposé de recours gracieux à l’époque où il était possible de le faire.

Nous nous sommes employés à alerter l'opinion, les instances politiques, la presse, afin de préserver cet édifice. Certes, nous ne sommes pas Lillois, mais notre intérêt pour le patrimoine ne fait pas de de sélection en fonction de sa situation géographique. Nous défendons Le Patrimoine et en particulier celui qui, comme la chapelle Saint-Joseph, ne bénéficie d’aucune protection.

C'est Étienne Poncelet, architecte Lillois renommé, qui s'est fait porteur de notre demande de mise sous protection d'urgence de l'édifice auprès du ministère de la culture, afin de laisser un peu de temps pour trouver un terrain d'entente avec Yncréa, qui souhaite démolir la chapelle pour installer une serre à la place, dans le cadre du projet CAMPLUS de l'Université Catholique de Lille.

Urgences Patrimoine a d'ailleurs proposé un projet contradictoire permettant de conserver la chapelle pour un coût inférieur à la démolition/reconstruction et surtout, dans une démarche plus écologique.

Pour consulter ce projet cliquez sur le lien
ICI.

Or, si l'ancien Ministre de la culture avait été sensible à ce projet en annonçant un sursis pour la chapelle le 5 juin 2020, la nouvelle Ministre semble se désintéresser du sujet, au prétexte qu'on ne peut pas tout conserver. Sauf que sa décision s'appuie uniquement sur le fait que la chapelle ne présente pas suffisamment d'intérêt architectural par rapport à des critères nationaux. Pas à un seul instant, la valeur de l'édifice n'a été prise en compte dans un contexte local, dans un secteur protégé à proximité du Palais Rameau. Nous savons que certaines inscriptions sont délivrées sur les critères d'intérêts locaux, alors pourquoi pas pour la chapelle Saint-Joseph ?

Parce que l'Université Catholique de Lille est très riche et puissante et que l'État ne souhaite pas entraver ses projets de démolition ?


Une chose est certaine, Monsieur Stéphane Bern qui s'était joint à notre combat en mai et qui semblait être un des acteurs clé de ce sursis, n'a visiblement plus aucun pouvoir auprès des instances en charge des décisions.

Il semblait être confiant après la décision de Franck Riester, même lorsque nous avions exprimé nos doutes quant à sauvegarde de l’édifice. La preuve nous est hélas donnée aujourd'hui que le pouvoir supposément confié à Monsieur Bern, quelle que soit son implication ou son indignation, est politiquement limité. En nommant un "Monsieur Patrimoine" notre Président pensait sans doute uniquement à faire rentrer de l'argent dans les caisses de la Fondation du Patrimoine et, en aucun cas, à sauver le patrimoine de la démolition, alors que reconnaissons-le, Stéphane Bern mérite bien mieux qu’un simple statut « d’apporteur d’affaires », tant il est sincèrement passionné par le patrimoine.

Après un instant de découragement et de sidération suite à l’annonce de refus de protection de l’édifice, nous avons décidé de contester la décision du ministère de la culture. Même si cette démarche connaît peu, si ce n'est aucun précédent, Urgences Patrimoine à travers la voix de son avocat Maître Théodore Catry a décidé de lancer une procédure.

En parallèle, le classement n'étant pour l'heure pas obtenu, Urgences Patrimoine mobilisera le dernier recours administratif encore ouvert, à savoir une demande d'inscription aux Monuments Historiques auprès du préfet de région.

Pour mener à bien cette action, nous avons besoin que tous ceux qui sont opposés à cette démolition nous rejoignent.

Nous refusons de politiser notre action, comme nous l’avons toujours fait, mais nous appelons tous les représentants de notre république opposés à cette démolition à se faire connaître et à nous rejoindre. Nous invitons bien entendus toutes les associations de sauvegarde du patrimoine, locales ou nationales à se joindre à nous, car l’heure n’est pas à la division mais à l’action commune en faveur d’un patrimoine qui doit garder sa place comme témoin de la mémoire collective.

Enfin, nous invitons tous les Lillois, qui sont les principaux concernés à prendre position contre la démolition de LEUR patrimoine.


C’est une fois de plus Victor Hugo qui nous rappelle :

« Il faut arrêter le marteau qui mutile la face du pays. Une loi suffirait. Qu'on la fasse. Quels que soient les droits de la propriété, la destruction d'un édifice historique et monumental ne doit pas être permise à d'ignobles spéculateurs que leur intérêt imbécile aveugle sur leur honneur ; misérables hommes, et si imbéciles qu'ils ne comprennent pas qu'ils sont des barbares ! Il y a deux choses dans un édifice : son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde, à vous, à moi, à nous tous. Donc, le détruire, c'est dépasser son droit. » [Victor Hugo, "Guerre aux démolisseurs", Revue des deux mondes, 1er mars 1832]

Nous vous invitons à nous contacter par mail à cette adresse
urgences.patrimoine@gmail.com afin que vous puissiez nous apporter votre soutien écrit.

Enfin, un recours signifie que nous allons engager des frais. C'est la raison pour laquelle nous prenons d'ores et déjà l'initiative de mettre en ligne une cagnotte afin que tous ceux qui sont opposés à cette démolition puissent soutenir notre démarche.

CLIQUEZ ICI POUR VOUS RENDRE SUR NOTRE CAGNOTTE

Sans un minimum de participations, nous ne parviendrons pas à mener à bien la procédure. Nous avons jusqu'alors travaillé plus de cent heure bénévolement mais aujourd'hui, nous comptons sur vous pour dire Non à la démolition de la chapelle Saint-Joseph.

« Le Patrimoine ne peut pas lutter, ensemble nous pouvons ».

ATTENTION : Certaines associations profitent de la situation pour faire appel à la générosité publique au profit de la sauvegarde de la chapelle Saint-Joseph. Nous rappelons que depuis le 20 mai, Urgences Patrimoine est la SEULE association à avoir agi pour sauver la chapelle, nous appelons donc à la vigilance.

En cas de doute, contactez nous : urgences.patrimoine@gmail.com

Lire notre précédent article sur le même sujet 
ICI.

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Photo 1 et 2 : Josette hemsen/Urgences Patrimoine
Photo 3 : Anne-Sophie Hourdeaux/Lille Actu

Deux mois après le passage de la tempête Alex, n’oublions-pas les oubliés.

À l’heure où le covid-19 se propage à vitesse grand V, et que nous voilà à nouveau confinés, les débats portent essentiellement sur l’opposition entre commerce de proximité et grande distribution et accessoirement sur l’impossibilité pour certains de rejoindre leur résidence secondaire.

Quant aux médias, ils ont les yeux et les caméras rivés vers un autre continent, puisque le suspense est à son comble concernant l’avenir des Etats-Unis d’Amérique.

Pourtant en France, il y a des gens pour qui la victoire de Trump ou de Biden est totalement indifférente et pour qui l’opposition commerce de proximité/ grande distribution est anecdotique.

Ces gens ne sont pas des êtres incultes peu enclin aux sujets d’informations. Non, ce sont les malheureuses victimes de la tempête Alex qui, il y a déjà deux mois, a dévasté l’arrière-pays niçois.


Au lendemain de ce terrible événement, toutes les hautes sphères de la République s’étaient rendues sur place, le Président Macron en tête pour assurer du soutien indéfectible de l’État, qui jurait que tout allait être mis en place pour que les habitants de ces villages sinistrés retrouve une vie « normale » au plus vite.

Deux mois plus tard, certains n’ont toujours pas l’eau courante et sont coupés du reste du monde parce que les routes emportées par les eaux n’ont pas été reconstruites. Les commerces de proximités ? Ils ne peuvent toujours pas ouvrir puisqu’ils sont en partie détruits et ne peuvent pas être approvisionnés. Rien, ils n’ont plus rien, à part le courage et la détermination et surtout, un amour infini pour leur village qu’ils refusent d’abandonner.

Au lendemain de cette catastrophe, je m’étais dit que j’allais proposer aux municipalités sinistrées un peu d’aide pour la restauration de certains éléments du patrimoine qui auraient été endommagés. J’y ai renoncé car je trouvais absolument indécent après réflexion, de proposer cela alors que tout le monde comptait ses morts.
Je le ferai sans doute plus tard, ou si on me le demande.

J’ai tenu à rédiger ces quelques lignes, suite à un échange avec une de mes connaissances qui habitait jadis un de ces villages. Ce village c’est La Brique. À l’époque, elle m’avait demandé d’intervenir au sujet du pont romain du village qui devait supporter la lourde charge de certains camions qui ne respectait pas l’interdiction d’y circuler. Je n’imaginais pas qu’un jour ce village serait dévasté.


Voici le message qu’elle m’a envoyé lorsque je lui ai demandé de ses nouvelles il y a quelques jours. Il résume très bien la situation de nombreux villages de l’arrière-pays.

Chère Alexandra,

J'accepte avec plaisir que vous publiez mon petit compte rendu, vu du petit bout de lorgnette, les petits commerces de Tende à Breil ont été enterrés avec cette tempête . Certains parlent du barrage EDF de Casterino qui aurait été lesté durant les inondations, ce qui aurait aggravé fortement la situation en contre- bas :

Je vous remercie infiniment de penser à moi, et à cette vallée oubliée des Elus régionaux. Le petit pont du Coq a bien résisté (pas si fous ces romains !)

Je ne vis plus dans cette région mais les contacts que j'ai gardé me parlent d'une situation apocalyptique proche d'un Mad Max 5. Les pillages vont de bon train, alors que les denrées alimentaires collectées ne sont pas réparties équitablement. Cette vallée ne s'en remettra pas , ni psychologiquement ni économiquement.

Le principal acteur politique est le président de la CARF, Jean-Claude GUIBAL maire de Menton depuis 25 ans. Il n'investira rien dans la reconstruction de la vallée qui a déjà été abandonnée pas les secours de l'armée et des pompiers.

Un travail titanesque pour reconstruire les routes et les ponts, et aucunes subventions. Ils sont coupés du monde et de leurs emplois , ce qui va entraîner un exod, et je ne parle pas des morts, du cimetière englouti, des sans-abris qui ont perdu une maison et des proches.

J'espère que pour vous tout va bien.
Amicalement 



Je pense qu’après la lecture de ces quelques mots, il n’y a rien à ajouter. Simplement, que nous avons de la chance de ne pas avoir été confrontés à un tel événement et lorsque nous avons envie de manifester notre mécontentement par rapport à cette nouvelle période de confinement, nous devrions penser à ces habitants sinistrés dont la seule préoccupation est de survivre.

N’oublions pas les oubliés…

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Crédits photographiques : JH/La Gazette du Patrimoine

Lille : clap de fin pour la chapelle Saint-Joseph!

La nouvelle vient de tomber. C’est le grand architecte Étienne Poncelet qui nous a transmis le courrier du ministère de la culture annonçant que Madame la Ministre a refusé notre demande d’inscription au titre des monuments historiques.

DEMLILLEPHOTO-COURRIER


Franck Riester, suite à notre action « coup de poing » du mois de mai avait accordé un sursis à l’édifice et souhaitait s’entretenir avec Yncréa, le porteur de projet, mais le remaniement ministériel a fait que cette rencontre n’a pas eu lieu le 10 juillet comme prévu et, visiblement, Madame Bachelot n’est pas sensible à la cause du patrimoine religieux. Certes, cette chapelle, comme nous le rappelle ce courrier, n’était pas un édifice suffisamment remarquable pour mériter un classement, mais nous avons des centaines d’exemples de patrimoine bénéficiant d’une inscription qui sont du même niveau architectural que Saint-Joseph. Et quand bien même, bien au-delà de la valeur architecturale, cette chapelle est un symbole. Et à l’heure où notre pays est victime chaque jour d’actes anti-chrétiens, démolir cet édifice est une provocation.

Certes, ce n’est pas l’État qui en est le propriétaire, mais l’institution catholique elle-même. Mais en n’accordant pas cette protection, l’État est complice, tout comme la Maire de Lille, qui a accordé le permis de démolir. L’Architecte des Bâtiments de France avait donné un avis favorable, laissant ainsi la porte ouverte aux pelleteuses.

Nous comprenons que les priorités soient ailleurs, et qu’en cette période de crise le patrimoine n’intéresse absolument pas les hautes instances, sauf par le biais de quelques effets d’annonce en faveur d’édifices propriété de l’État. Même s’ il est certain qu’il est impossible de tout sauver, cette chapelle méritait de l’être.

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Je rappelle que le projet contradictoire que nous avions proposé pour sauvegarder cette chapelle était moins coûteux que la démolition/reconstruction et beaucoup plus écologique. Mais visiblement, l’Université Catholique de Lille a les moyens de gaspiller son argent. Pourtant, elle n’a pas hésité à faire appel à la générosité publique pour faire financer la restauration de la chapelle du Palais Rameau toute proche, via une souscription de la Fondation du Patrimoine. J’espère que les généreux donateurs apprécieront.

Aujourd’hui, j’ai une pensée pour tous les Lillois qui étaient attachés à cet édifice et en particulier aux riverains qui aimaient leur « voisine » de pierre. Une pensée également à tous ceux qui ont été élèves aux lycée Saint-Joseph et pour qui cette chapelle était familière. Une pensée et un grand merci également à tous ceux qui se sont mobilisés à nos côtés, à commencer par les plus de 8000 signataires de notre pétition, sans oublier Monsieur Étienne Poncelet et notre architecte Laurent Lequeuche.

Enfin, un grand merci également à Stéphane Bern qui s’était également mobilisé et à Xavier Bertrand, Président de la Région Hauts-de-France, qui est également intervenu pour plaider la cause de ce patrimoine.

Cette défaite est amère. Ce sont des centaines d’heures de travail anéanties en une minute. Une chose est certaine, je n’ai absolument plus foi en nos instances qui n’écoutent JAMAIS, la voix du peuple que nous représentons.

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Cette défaite est la mienne sans doute, mais je m’étais préparée à ce que l’on me l’incombe, alors que si la chapelle avait été sauvée, personne n’aurait même digné citer le nom d’Urgences Patrimoine.

Pendant quelques instants, j’ai pensé renoncer à mes combats contre « l’extermination » des témoins de notre histoire collective, car à quoi bon si le ministère de la culture ne nous soutient pas ? Mais au contraire, cet échec retentissant renforce ma détermination et j’espère que vous serez nombreux à me soutenir et à soutenir Urgences Patrimoine, car c’est un combat collectif que nous devons mener pour gagner.

J’ignore encore la date d’entrée des pelleteuses dans l’enceinte du Saint-Joseph, mais nous ne manquerons pas de vous informer à travers un dernier « requiem », en hommage à cette Dame de pierre vieille de 144 ans.

Alexandra Sobczak-Romanski

Lire nos précédents articles depuis le début de l’affaire :
http://lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/96e4550157ade0fea66230bf046b26ce-93.html
http://lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/c0565fba1dceb9509113652212deeb23-98.html
http://lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/db6c0a2d6605194f0e21209e14e40275-109.html
http://lagazettedupatrimoine.fr/blog/files/51466a10931c53b15a2426c4514fce77-168.html


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Crédits photographiques : La Gazette du Patrimoine

Saint-Quentin-la-Poterie : Il faut sauver la cheminée !

Encore un patrimoine remarquable menacé de démolition, et nous espérons vivement que ce second confinement ne précipitera pas cette démolition, car nous avons pu remarquer, lors du premier, que les pelleteuses n’avaient pas chômé.

C’est dans un merveilleux village du Gard jusqu’alors assez préservé, que les sirènes de la promotion immobilière se font entendre, emportant avec elles les témoins du passé industriel de la commune. À commencer par l’emblématique usine de pipes Job Clerc, qui a fait la renommée de Saint-Quentin bien au-delà de nos frontières de la fin du XIXe siècle et jusque dans les années 70. Si certains habitants sont résignés à voir disparaître l’ensemble des bâtiments de l’usine, ils se mobilisent depuis plus d’un an pour sauver la cheminée.
Cette cheminée en briques rouges est d’ailleurs protégée au titre des monuments historiques depuis 1989, ce qui atteste bien de son importance au sein du patrimoine local.


L’association « Patrimoine et culture céramique à Saint Quentin La Poterie » nous expose ici les faits :

Dans le bulletin municipal de mars 2019, les habitants de Saint Quentin La Poterie ont découvert le projet immobilier privé sur le site de l'ancienne usine Job Clerc. Hormis pour les quelques riverains, aucune concertation ou information n’a été organisée, alors que ce projet prévoit la destruction de la cheminée de l'ancienne usine. 

Construite à la fin du XIXe siècle et haute de 29 m, cette cheminée a fait l’objet d’une restauration en 2003, pour un montant d’environ 40 000 euros. Elle est la dernière cheminée intacte du village et de ses environs, et représente un symbole de l’industrie de la terre cuite en Uzège. À ce titre, elle est inscrite à l’Inventaire du patrimoine culturel. Depuis le néolithique, l’histoire de Saint-Quentin-La Poterie est liée à la terre cuite grâce aux gisements d'argile et de sables réfractaires de son territoire.

En 2017, une subvention de 40 000 euros a été obtenue dans le cadre d'un projet européen LEADER pour travailler sur l'identité du village et valoriser son patrimoine. Ce programme est actuellement mis en œuvre par une commission qui implique la mairie, l'office culturel, l'association des métiers d’art et l'office du tourisme d'Uzès.


Comment peut-on, simultanément, mener des actions subventionnées par l'Europe et le département en faveur du patrimoine, et détruire cette cheminée, symbole du village et témoin de son passé industriel ? 

Nous sommes bien sûr favorables à la construction d'habitations au cœur du village, mais en intégrant la cheminée au projet immobilier. 

Le 12 novembre 2019, le maire de Saint-Quentin-la-Poterie a signé le permis de construire du projet immobilier initial de l’Espace Job-Clerc, qui prévoit la démolition de la cheminée. Dans ce projet immobilier, la démolition de la cheminée est justifiée par sa dangerosité, son risque d’effondrement. Or M. Aigoin, ingénieur structure spécialiste des monuments historiques, mandaté par la DRAC, a déclaré que la cheminée ne présentait aucun danger dans l’immédiat et pouvait être facilement restaurée.

Depuis mars 2019, nous nous battons pour empêcher la démolition de la dernière cheminée intacte de Saint-Quentin-la-Poterie ( il y en avait jusqu’à 8 au début du XXe siècle ) avec de nombreux soutiens, DRAC, Bâtiments de France, Monuments Historiques……                                                                                                                                                                             
Malgré les 2000 signatures des pétitions, le maire, ses conseillers, et le promoteur choisi refusent toute conciliation. Nous rappelons que nous ne sommes pas contre le projet immobilier, nous demandons seulement que la cheminée soit intégrée au projet : elle est en bordure de propriété, et occupe moins qu’une place de parking. Alors, pourquoi ne pas la garder ?


Nous avons saisi le tribunal administratif, avec deux actions : une en référé, pour la suspension du permis de construire, l’autre au fond, pour la sauvegarde de la cheminée. Bien que le juge des référés ait ordonné la suspension de l’exécution du permis de construire prévoyant la démolition de la cheminée, le juge du fond vient de refuser notre requête parce que l’article 111-27 ne s’applique qu’aux permis de construire et que nous l'utilisons pour lutter contre la démolition de la cheminée, bien que le promoteur immobilier ait déposé un permis de construire (valant démolition). Et c’est bien contre ce permis de construire que nous avons saisi le tribunal administratif de Nîmes.

Nous avons décidé de faire appel auprès du Tribunal d’appel de Marseille.


Urgences Patrimoine a été contactée par le comité de sauvegarde afin de soutenir ce combat. Bien entendu, nous avons répondu présents aussi bien pour l’assistance juridique que pour la communication autour de cette triste affaire. Ce patrimoine est un témoin remarquable de l’histoire de la commune et il ne doit être préservé.

Mobilisons-nous pour dire non à la démolition de la cheminée de Saint-Quentin-la-Poterie notamment en signant et en partageant la pétition mise en ligne par l’association de sauvegarde 
ICI.


Un peu d’histoire : la Fabrique de pipes Job Clerc

Job Clerc (1854-1935)) est un artisan pipier de Saint-Quentin-la-Poterie  qui s'inscrit dans la tradition de ce village où il créa une  fabrique florissante. Il vend  des pipes inspirées souvent de ses concurrents dans toute la France et dans les colonies (Afrique, Maghreb). Job Clerc fabrique des pipes que l’on nomme « fantaisie » de formes diverses, de la tête d’illustres personnages au pot de chambre en passant par les têtes d’animaux . Cette fabrique produira également des pipes plus simples destinées à servir de cible dans des stands de tir des fêtes foraines, et des figurines pour les cornets surprise que l’on pouvait offrir aux enfants

Après le décès de Job Clerc en 1935, l’entreprise est reprise par ses descendants mais ferme définitivement ses portes dans les années 70.



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Photo 1 : Thierry Allard / Objectif Gard
Photo 2 : Jean Donnet.
Photo 3 : Joe McLean