Hauts-de-France : le musée de l'éventail de Paris sauvé par la communauté de communes des Sablons

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Cela faisait des années que le Musée de l’Éventail situé dans le 10ème arrondissement de Paris était menacé de disparition. Sa propriétaire, Madame Anne Hoguet, Maître éventailliste et digne héritière d’une collection d’éventails unique au monde, n’avait pas réussi à trouver un accord avec la ville de Paris et était menacée d’expulsion.  Ce qui signifiait que l’inestimable collection risquait d’être dispersée aux enchères.

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C’était sans compter sur la volonté du Musée de la Nacre et de la Tabletterie, situé à Méru dans le département de la Somme. Beaucoup de parisiens ont regretté que ce magnifique musée quitte la capitale, mais c’est pourtant un vrai « retour aux sources », car c’est précisément à Méru qu’exerçaient les ancêtres de Madame Hoguet.
 
Inutile une fois encore d’opposer Paris à la province, l’essentiel étant que la collection ne soit pas dispersée aux quatre coins du monde, dans des collections privées.
 
Nous nous réjouissons de ce dénouement heureux et nous saluons l’implication et la détermination de tous les acteurs de ce sauvetage, à commencer par Xavier Bertrand, le Président de la Région Hauts-de-France qui n’a pas ménagé ses efforts pour rendre « l’impossible, possible », ainsi que La Communauté de Communes des Sablons et, bien entendu, l’État, à travers le Fonds National du Patrimoine, pour son soutien « exceptionnel ».
 
Mais cette collection unique valait bien que l’on se batte pour elle.
 
Nous avons été la dernière association à être sollicitée pour venir en aide au Musée, et nous avions d’ailleurs convié Madame Hoguet sur notre stand lors du Salon International du Patrimoine au Carrousel du Louvre en octobre dernier.

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Nous sommes donc aujourd’hui très heureux de pouvoir annoncer cette sauvegarde et de partager avec vous le communiqué de presse du Musée de la Nacre et de la Tabletterie qui officialise ce merveilleux projet.
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Nous tenons tout particulièrement à remercier Monsieur Florentin Gobier, Directeur du Musée, pour sa disponibilité, son enthousiasme et son courage, car mener un tel projet n’était pas chose aisée.
 
Enfin, nous remercions tous les donateurs qui ont fait un geste pour sauver le musée au moment où son avenir était bien sombre.
 
Vive les territoires qui s’engagent pour la sauvegarde du patrimoine.
 
Télécharger le communiqué de presse ICI.
 
Découvrir le Musée de la Nacre et de la Tabletterie ICI.
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Crédits photographiques : photo 1 : Musenor\Urgences Patrimoine ; photo 2 : Urgences Patrimoine

Sauvegarde du patrimoine : un triste bilan

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J’avais écrit ces lignes au lendemain des élections présidentielles en mai 2017. Comme en ce moment tout le monde y va de son « bilan », j’ai trouvé intéressant de republier ce texte, car six ans après on ne peut pas dire que la sauvegarde du patrimoine soit un sujet « prioritaire ». Le sera-t-il un jour ?
 
Pour faciliter la lecture de cet article un peu long, le texte en bleu est celui de 2017, en noir le constat aujourd’hui.

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La sauvegarde du Patrimoine, ne fut pas un grand thème de campagne des élections présidentielles, c'est donc avec une certaine fébrilité que nous attendions les orientations du nouveau Président sur le sujet. J'ai pris connaissance des dispositions qui pourraient être prises en faveur de la Culture et j'avoue être un peu soulagée de constater que ce sujet fera partie des "grands chantiers" envisagés par Monsieur Macron.
 
Comme mon implication et mes compétences concernant la Culture se limitent à la sauvegarde du Patrimoine, je ne vais pas me permettre de juger les mesures en dehors de celle-ci.
 
Le Patrimoine, qu'il soit matériel ou immatériel, mérite des mesures d'urgence et sans doute des réformes en profondeur.
 
1/ le Patrimoine ne devrait-il pas avoir un Ministère dédié ou au moins un Secrétariat d'état, en dehors de celui de la Culture, car après plus de trente ans d'abandon manifeste, la tâche me paraît démesurée pour être traitée par un seul Ministre.

 
6 ans plus tard, Stéphane Bern et quelques personnalités politiques, comme le Maire de Versailles, François de Mazières, plaident pour la création urgente d’un secrétariat d’État au patrimoine. Stéphane Bern optant pour un rattachement au Ministère du tourisme, François de Mazières, tout comme nous, au Ministère de la Culture.
 
Mais peu importe le rattachement, l’essentiel serait qu’il existe. Il a d’ailleurs déjà existé puisque de mars 2000 à mai 2002, sous la présidence de Jacques Chirac et du gouvernement Jospin, Michel Duffour sera Secrétaire d'État au Patrimoine et à la décentralisation culturelle. Après cette date, on n’entendra plus jamais parler de Secrétariat d’État au patrimoine et, en vingt ans, pas moins de onze ministres se sont succédés au Ministère de la Culture -- ce qui fait une moyenne inférieure à deux ans par mandat.
 
La question est : comment peut-on réformer et développer une politique ambitieuse en faveur du patrimoine quand on exerce si peu de temps ? Et la réponse est : on ne fait rien, ou du moins, pas grand-chose.
 
 2/ Ne serait-il pas temps de redonner une réelle valeur à ce que l'on appelle communément "le petit Patrimoine", qui est pourtant celui qui fait le charme et l’intérêt de nos beaux paysages de France. Celui de nos territoires, souvent oubliés par nos instances Parisiennes et qui pourtant contribuent au rayonnement touristique du pays ?
 
Ne supportant plus l’appellation « petit patrimoine » que nous trouvions trop réductrice, nous avons fait le choix de le nommer : « patrimoine de proximité ». C’est plus clair et cela permet, au moins au niveau du langage, de ne pas dénigrer un patrimoine incontournable, à savoir celui qui nous entoure et qui fait de la France ce qu’elle est.
Pour le reste, ne rêvons pas.
 
Depuis six ans, rien n’a été fait pour mettre en valeur et surtout pour protéger de la folie démolisseuse nos châteaux, nos églises et autres patrimoines, qui ne bénéficient d’aucune protection au titre des Monuments Historiques.
 
Pire, lors du plan relance Culture en 2020 doté de 614 millions d’euros en faveur du patrimoine, le patrimoine de proximité s’est vu gratifié de zéro euro.
 
Les édifices protégés MH ont reçu 40 millions d’euros, ce qui n’est tout de même pas grand-chose, et le reste est allé, comme d’habitude, à ce que Madame Roselyne Bachelot nomme « les grands opérateurs », nous rappelant au passage que l’Opéra Garnier n’était pas à Montauban et qu’il était tout à fait légitime de préférer financer les « têtes de gondoles », plutôt que les modestes édifices de province.
 
La Loi ELAN de 2018 a également facilité la démolition des immeubles de nos centres anciens, puisque désormais, les Architectes des Bâtiments de France ne peuvent émettre qu’un avis simple, à savoir, un avis qui n’aura aucune valeur s’agissant d’un projet de démolition. Nous n’ouvrirons pas le débat sur l’isolation par l’extérieur qui est un casse-tête pour tous les propriétaires de patrimoines non protégés, et enfin, il nous faudrait un livre entier, et pas un simple article, pour dénoncer les défigurations de nos paysages de province à grand coup d’éoliennes, antennes relais ou autres méthaniseurs. En quelques années, sous couvert d’écologie, on massacre purement et simplement des dizaines de villages, qui finissent par ne plus ressembler à rien.
 
Il est important de rappeler une fois encore, que les touristes du monde entier ne viennent pas chez nous pour visiter des champs d’éoliennes, des parkings ou des zones pavillonnaires, mais bel et bien pour visiter des lieux chargés d’histoire…De notre histoire…

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3/Consciente que l'état ne pourra pas engager toutes les sommes nécessaires à la restauration des édifices en grand péril, il faudrait davantage d'implication et de mobilisation citoyenne. Pour se faire, il faut donner un peu plus de pouvoir aux associations locales ou nationales, grandes ou petites, mais qui bien souvent peuvent réaliser de grandes choses.
 
Sujet tout à fait d’actualité avec « l’affaire » de la chapelle des Augustins à Montagnac. (voirnotre précédent article).
 
Alors que Madame Bachelot (encore elle), nous a fait la morale en début d’année au sujet du patrimoine religieux en « conseillant » aux citoyens de se relever les manches s’ils voulaient sauver leurs églises. Et bien dans le cas qui nous occupe, le propriétaire et l’association de sauvegarde risques d’être condamnés pour ça.
 
Autre exemple : il y a 4 ans, on nous a formellement interdit d’exfiltrer une statue qui était rongée par les insectes, afin de la faire restaurer gracieusement par un artisan qualifié membre de notre réseau. Résultat, la statue est toujours dans son église, fermée au public pour des raisons de sécurité, et elle va finir par être réduite en poussière, si ce n’est déjà fait. Donc, en conclusion, en 2023, on préfère perdre un objet mobilier ou un édifice, si les restaurations ne sont pas suivies par les services de la culture.
 
Nous n’avons aucune idée du nombre d’objets qui disparaissent tous les ans, faute de restauration d’urgence, mais ils doivent être nombreux.
 
Quant au « pouvoir » des associations, s’agissant de lutter contre les démolitions, il est quasi nul. La plupart du temps, elles sont déboutées, car en règle générale, il y a toujours un ABF qui a fini par signer un avis conforme, et la justice ne tient compte que de cet avis, même si les éléments présentés par les défenseurs du patrimoine sont probants et attestent du bien fondé de l’opposition à la démolition. En conclusion : pouvoir = zéro.
 
 4/ En termes de démolitions, la "veille" de l'état doit être plus approfondie, car si la majorité des Architectes des Bâtiments de France font un travail formidable, dans certains cas, ils ne peuvent pas intervenir, et laissent toute latitude aux élus "démolisseurs", peu sensibles au Patrimoine de leur commune. Il serait là aussi judicieux de rendre obligatoire une concertation publique, afin que les administrés puissent faire entendre leur voix, s'agissant de la destruction d'un bien commun.
 
Sur ce point-là, inutile de s’attarder, car le terme « concertation publique » semble être un gros mot dans notre beau pays de France. Pourtant, le patrimoine est réellement un bien commun, et tous les habitants d’une commune devraient avoir leur mot à dire lorsqu’un édifice fait l’objet d’un projet de démolition. D’autre part, une commission indépendante devrait être mise en place pour émettre un avis quant à la pertinence d’un projet de démolition. Sous l’impulsion du Préfet, elle pourrait être constituée d’élus, de représentant de la population et de représentants des associations de sauvegarde locales. Mais ne rêvons pas, en France, on ne peut pas mélanger « les torchons et les serviettes ».  
 
 5/Ne pas hésiter à encourager et développer toutes les initiatives éducatives et de sensibilisation à la fois auprès des élus, ainsi qu'auprès des jeunes, qui seront les futurs acteurs de la sauvegarde du Patrimoine.
 
On ne peut pas dire que le patrimoine soit un sujet prioritaire dans l’enseignement primaire et secondaire. Quelques enseignants cependant résistent au « wokisme ambiant », mais ils sont hélas très peu nombreux. Le patrimoine, pour certains, est le sujet de prédilection des réactionnaires qui sentent la naphtaline, mais entre-nous, je préfère sentir la naphtaline que le souffre. Un pays qui ne reconnaît pas ses racines est un pays perdu. Bon, réjouissons-nous : il y a une certaine volonté à développer les Masters Patrimoine dans toutes les FAC de France, le problème reste les programmes qui orientent bien plus les étudiants vers des métiers de médiations culturelles que de sauvegarde du patrimoine. D’ailleurs, nombreux sont les étudiants de cette filière qui trouvent assez normal qu’on détruise à grands coups de pelleteuses tous les édifices qui ne sont plus vraiment « politiquement correct », à savoir, le patrimoine religieux.
Mais ne nous aventurons pas sur un terrain trop glissant.
Quant à la sensibilisation auprès des élus, sauf si j’ai raté quelque chose, il n’y a aucune démarche dans ce sens. Enfin si, quelques rapports mettant en avant l’intérêt du patrimoine, mais suivis d’aucun effet.
 
 Il y a bien le plan Action Cœur de Ville qui était sensé permettre la valorisation des centres anciens, mais les millions dirigés vers les villes bénéficiaires servent plus souvent à démolir, plutôt qu’à réhabiliter. Donc, l’intention était bonne, mais sans doute pas suffisamment encadrée, c’est d’ailleurs le constat que fait la cour des comptes dans un rapport en 2022. Pour le résumer : « pas mal mais peut mieux faire ».

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6/ Concernant la mobilisation des professionnels évoquée par notre nouveau Président, elle est évidente et nous sommes d'ailleurs en train de monter un projet "pilote" en Région, afin de réunir talents et compétences au chevet du Patrimoine en péril.
 
Ce projet « pilote », c’était notre dispositif « Un Geste à l’Édifice ».
 
C’est au Salon du Patrimoine en 2016, qu’une restauratrice de tableaux était venue me voir pour me proposer, si le cas se présentait, de restaurer, sur son temps libre, une œuvre pour laquelle il n’y avait pas de budget. Je connaissais une petite association dans l’Yonne qui avait pris en main la restauration complète de l’église de la commune, et qui avait un tableau pour lequel le montant de la restauration s’élevait à 14.000 euros. Somme dont ne disposait ni la commune, ni l’association. C’est donc cette première œuvre qui a bénéficié de notre dispositif et depuis, il y en a eu beaucoup d’autres.

Nous avions de grandes ambitions avec ce dispositif, mais plusieurs facteurs nous ont un peu freinés.
 
Tout d’abord, certains artisans voient dans cet acte gracieux une concurrence déloyale, ce qui pour moi n’est pas justifié puisque les œuvres ou les éléments du patrimoine restaurés ne disposent d’aucun budget et de ce fait, sont condamnés.
 
Tous les artisans qui participent à Un Geste à l’Édifice le font sans contrainte, simplement par pure générosité. Donner son temps et son savoir-faire pour sauver le patrimoine ne me semble pas être répréhensible, mais soit …
 
Ensuite, il y a un facteur « suspicion », car l’acte gratuit est toujours inquiétant. L’exemple le plus flagrant est celui-ci : une commune avait 4 tableaux à restaurer. Tous bénéficiaient d’une protection MH, et nos restaurateurs participants sont tous de grands professionnels habitués à restaurer des œuvres inscrites ou classées. L’intervention gracieuse a été refusée par la DRAC de peur que le travail ne soit pas de qualité. Un appel d’offre a été lancé et c’est, ironie du sort, notre restauratrice qui l’a emporté. La commune s’est donc privée d’environ 15.000 euros, montant approximatif du « geste » que nous étions prêts à lui offrir, mais dans ce cas précis, il y avait des subventions de la DRAC, donc tant mieux si notre restauratrice a été rémunérée.
 
D’ailleurs, lorsqu’une commune nous contacte pour ce dispositif, nous précisons désormais que nous ne pouvons hélas pas intervenir sur des œuvres protégées, car la DRAC nous l’interdit. Peu importe, il y a sur le territoire des milliers d’œuvres en déshérence qui ne bénéficient d’aucune protection, et il y a des élus qui nous font confiance, car ils savent que nous n’engagerions pas notre réputation en faisant restaurer le patrimoine de leur commune de façon approximative.
 
Toujours est-il que grâce à « Un Geste à l’Édifice nous avons restauré une bonne quinzaine de tableaux qui étaient condamnés, des statues en bois polychromes, un grand calvaire, remis un baptistère sur pied, fait exécuter de nombreux diagnostics, notamment pour la restauration de peintures murales, restauré une toiture complète et bien d’autres choses encore.
 
Rappelons tout de même qu’après le drame de Notre-Dame, nombreux étaient les artisans et les entreprises qui souhaitaient s’engager bénévolement pour certaines restaurations, alors pourquoi ne pas s’engager une fois de temps en temps pour des édifices plus modestes ? Il y a 6 ans, le Président Macron préconisait l’investissement des artisans. A lui de leur donner les moyens d’aller jusqu’au bout de la démarche avec des avantages fiscaux, ou des allègements de charges quand ils mettent le temps et leur savoir-faire au service du patrimoine.
 
En attendant, si vous aussi vous souhaitez offrir votre « Geste à l’Édifice », vous pouvez toujours œuvrer aux côtés d’Urgences Patrimoine.

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7/ Le Patrimoine ne se limitant pas au bâti, une cause importante est à mettre en lumière, celle de la transmission du geste et du savoir-faire. C'est en redonnant le goût de la transmission aux jeunes générations, que nous sauvegarderons des savoir-faire inégalés, qui contribuent également au rayonnement de notre pays et peuvent créer des emplois.
 
C’est un sujet récurant qui revient régulièrement sur le devant de la scène. On parle d’intelligence de la main, d’excellence Française… Les superlatifs ne manquent pas pourtant, beaucoup de métiers de l’artisanat peinent à trouver des candidats, alors que ce sont des métiers d’avenir et très valorisants. Hélas, nous manquons cruellement de structures qui enseignent ces métiers. La seule initiative notable de ces dernières années est sans doute la création du Campus Versailles, mais il faudrait certainement des dizaines d’établissements de ce genre sur l’ensemble du territoire pour motiver et orienter les jeunes vers ces métiers. Et pourquoi pas rendre obligatoire un stage en classe de troisième chez un artisan ? Pour le moment, les jeunes ont obligation de faire un stage en entreprise, mais n’importe quelle entreprise. Quelques jours passés sur un chantier de restauration pourraient peut-être susciter de nombreuses vocations et encourager la transmission des gestes.
 
8/Il existe des mesures simples à mettre en place pour trouver des sources de financements supplémentaires, en passant par la fiscalité, certes déjà très lourde, mais certaines mesures pourraient aisément encourager le monde de l'entreprise et des classes aisées à agir davantage pour cette cause. Une autre mesure pourrait même être la panacée, mais celle-là, je la garde pour moi. Le sujet est si vaste, qu'il pourrait y avoir cent mesures toutes aussi importantes, chaque acteur de la sauvegarde du Patrimoine, grand ou petit, institutionnel ou simple citoyen pouvant apporter sa "pierre à l'édifice".
 
En 6 ans, rien n’a changé. Les grandes entreprises et les grands donateurs font preuve de générosité envers les grands édifices. Alors qu’ils pourraient bénéficier des mêmes avantages fiscaux, si leurs dons étaient dirigés vers le patrimoine de proximité.
 
Le plus bel exemple est encore et toujours Notre-Dame. Or, il existe sur notre territoire des milliers de « petites Notre-Dame », qui sont en train de tomber en ruine dans l’indifférence générale. Donner pour Notre-Dame, c’est sauver certes, un des édifices les plus célèbres du monde, mais sauver les « petites Notre-Dame », c’est sauver la France. À quand un engagement de la Fondation Louis Vuitton par exemple pour la restauration d’une petite église de Saône-et-Loire ? pas pour demain hélas…

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Bon, ne voyons pas tout en noir, il y a tout de même eu la création du loto du patrimoine. Longtemps plébiscité par François de Mazières, le loto du patrimoine a été enfin lancé en 2018 avec, à sa tête Stéphane Bern. Nous ne pouvons que nous réjouir de la création du loto, car tout ce qui peut permettre d’assurer un avenir au patrimoine est bon à prendre. Nous regrettons simplement que parmi les lauréats, se trouvent désormais de plus en plus d’édifices protégés au titre des Monuments Historiques qui bénéficient de subventions, et même des cathédrales, qui en théorie sont à la charge de l’État. À quand une mesure uniquement destinée au patrimoine de proximité ?
 
La mesure que j’évoquais sans vouloir la dévoiler n’a en fait rien de révolutionnaire. Mais il suffirait de mettre en place une « patri-taxe » à l’image de l’éco-taxe que nous payons lors de l’achat d’un téléphone portable ou d’une machine à laver. Elle pourrait être mise en place lors des réservations sur les différentes plateformes dédiées comme Booking ou Airbnb, ou lors de l’achat d’un séjour dans une agence de voyage. Une micro taxe de quelques centimes passerait totalement inaperçue pour les usagers et permettrait de faire avancer la cause du patrimoine de proximité.
 
Je sais, nous sommes taxés de tous les côtés, mais là encore, quelques centimes pour sauver des centaines de témoins de notre mémoire collective, ne me semble pas être un gros sacrifice.
 
J’entends déjà les critiques de certains pour lesquels le patrimoine n’a aucun intérêt et qui verraient d’un mauvais œil cette « patri-taxe ». À ceux là je répondrai que nous payons des impôts et des charges pour des choses qui sont totalement éloignées de nos préoccupations, et pourtant, nous les payons.
 
9/ Il est un "détail" à ne pas négliger: 2018 sera l'Année Européenne du Patrimoine Culturel, il est à mon avis urgent d'agir, afin d'affirmer la position de la France par rapport à ce sujet, qui rappelons le, concerne et préoccupe bon nombre de nos concitoyens. Le Patrimoine est l'ADN même de notre pays, il doit retrouver sa place dans les grands dossiers de l'Etat !
 
Alors là, c’est un zéro pointé. En 2018, l’année Européenne du Patrimoine Culturel est passée totalement à la trappe chez nous. Aucune manifestation notable et une communication quasi nulle de la part du Ministère de la Culture.
 
Pour conclure, alors que nous avions cru à une réelle volonté du gouvernement, de faire de la sauvegarde du patrimoine une cause prioritaire, portée par une politique novatrice et ambitieuse, nous n’avons rien vu venir. Si : nous avons vu disparaître des dizaines d’édifices au profit d’une promotion immobilière toujours plus gourmande, et nous ne pouvons que constater une accélération des démolitions sur l’ensemble du territoire. Pourtant quand la question de l’écologie est au cœur de toutes les préoccupations, la réhabilitation du bâti ancien est bien plus bénéfique en termes d’empreinte carbone qu’une démolition reconstruction. Je ne le répèterai jamais assez.

On nous invite chaque jour à réparer plutôt que de jeter, à donner une seconde vie à nos objets… Alors à quand la même démarche pour le patrimoine ?
 
Bien entendu, cette liste de questions et de constats n’est pas exhaustive, car en 6 ans nous avons eu le temps d’appréhender plus en profondeur le sujet, notamment, au fil des multiples actions menées contre les démolisseurs.
 
Il reste 4 ans à notre Président pour agir concrètement, et faire de la sauvegarde du patrimoine une grande cause nationale. Car ne perdons pas de vue que le patrimoine est un vecteur important de notre économie et que c’est en grande partie grâce au patrimoine que nous sommes la 1ere destination touristique du monde, mais pour encore combien de temps ?
 
"Le Patrimoine ne peut pas lutter, ensemble, nous pouvons."
 
 Alexandra Sobczak-Romanski

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Crédits Photographiques : Urgences Patrimoine

Montagnac (34) : le Tribunal demande la destruction des travaux réalisés dans la chapelle

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Comme annoncé dans notre précédent article, le propriétaire de la chapelle des Augustins de Montagnac comparaissait ce matin au Tribunal Correctionnel de Béziers pour ne pas avoir demandé d’autorisation préalable de travaux à la DRAC et pour avoir fait un béton ciré sur le sol de l’édifice en lieu et place d’une dalle de ciment.
 
Rappelons que la chapelle était en ruine au moment de son acquisition en 2011 et qu’Olivier Fury a dépensé plus de 360.000 euros sur ses deniers personnels pour offrir un avenir à un édifice condamné.

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Certes, nous sommes conscients qu’il y a des lois et qu’il faut les respecter, mais lorsqu’un édifice ne tient plus qu’à un fil, il faudrait que la loi soit adaptée à la situation. Oui, il s’agit d’un édifice inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, et le propriétaire a des devoirs envers lui. Mais le premier devoir ne devrait-il pas être celui de le sauver ? Et c’est ce qu’Olivier Fury a fait. Il a redonné vie à un édifice abandonné depuis 50 ans, ce qui jusqu’alors n’avait pas posé de problèmes aux services de la culture.
 
Le problème est bien là. Sur l’ensemble du territoire, il y a des centaines d’édifices qui sont protégés au titre des Monuments Historiques et qui sont dans un état d’abandon manifeste, mais ceux-là ne font l’objet d’aucune action de l’État envers leurs propriétaires, ou alors très rarement. Urgences Patrimoine a d’ailleurs plusieurs dossiers en cours concernant des édifices protégés et nous n’arrivons jamais à obtenir la moindre réponse des DRAC.
 
Pire, nous avions réussi à faire inscrire un château en 2017 pour lui éviter de finir sous les pelleteuses, deux ans plus tard, la DRAC Normandie a autorisé sa démolition.
 
Mais revenons à la chapelle des Augustins. Le jugement définitif sera rendu le 28 juin 2022. Voici ce que le procureur a requis : 3000 euros d’amende pour le propriétaire et la même somme pour l’association de sauvegarde dont il est le président. Destruction du béton ciré et de tous les travaux intérieurs dans un délais de six mois avec au-delà 75 euros d’astreinte par jour de retard.
 
Si cette condamnation est confirmée, alors ce sont 12 ans de travail qui seront détruits, et 360.000 euros d’investissement qui partiront en poussière.

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Et la suite ? Il va de soi que la DRAC, qui sait si bien rappeler à l’ordre les contrevenants, n’aura aucune solution pour sauver l’édifice. Au mieux, elle pourra abonder à hauteur de 30% du montant des travaux puisque l’édifice est inscrit, mais comme les caisses sont vides, ce sera plutôt de l’ordre de 10%. Alors pas la peine d’être Madame Irma pour savoir qu’il n’y aura jamais plus de travaux dans cette chapelle, et que si Monsieur Fury est condamné, c’est avant tout l’édifice qui sera condamné.
 
Rendez-vous le 28 juin pour le dernier acte. Lire notre précédent article sur le sujet ICI.
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Crédits Photographiques : Olivier Fury

Montagnac (34) : assigné en justice pour avoir sauvé la chapelle des Augustins

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Le 16 mai, Olivier Fury est convoqué devant le Tribunal Correctionnel pour avoir sauvé de la ruine totale la chapelle du domaine qu’il a acquise en 2011.
 
Cet amoureux des vieilles pierres, qui souhaitait acquérir un bien immobilier à Montagnac, charmante petite commune de l’Hérault, s’est vu, à l’époque, presque dans l’obligation d’acquérir en plus du bâtiment principal, cette chapelle du monastère des Augustins, alors à l’état de ruine.

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Comme il est passionné, il a accepté de relever le défi et depuis qu’il en est propriétaire, il a consacré son temps et son argent à offrir une nouvelle vie à un édifice qui était condamné.

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Condamné, c’est peut-être ce que sera Olivier Fury demain, car la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles ) a déposé une plainte pour absence de demande d’accord préalable pour les travaux.
 
La chapelle étant inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 2009, le propriétaire avait obligation de demander toutes les autorisations nécessaires aux services concernés pour entreprendre le chantier de restauration, mais il ne l’a pas fait.
 
Certes, nul n’est censé ignorer la loi, et effectivement, sur la forme, cette assignation est justifiée, mais sur le fond ?
 
En effet, s’il ne l’a pas fait, c’est en partie parce que nous savons tous que les délais d’instruction de ce genre de dossier sont interminables, non pas par manque de compétences des services, mais sans doute par manque de moyens humains. De plus, les cahiers des charges sont extrêmement stricts et ce qui est parfois imposé aux propriétaires en termes de travaux est difficilement réalisable lorsqu’il s’agit d’un édifice qui ne tient presque plus debout, ce qui était le cas de la chapelle d’Olivier.
 
Ce que la DRAC lui reproche également, c’est d’avoir réalisé un magnifique sol en béton ciré, alors qu’en lieu et place, il n’y avait qu’un sol en ciment très dégradé.

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Pourtant, tous les ans, l’Architecte des Bâtiments de France s’est rendu sur le chantier, comme nous le précise Olivier Fury : « il faut souligner que les ABF sont venus chaque année pendant la rénovation et n'ont jamais fait une seule remarque sur le travail effectué.  Notre seule obligation était de protéger les peintures des chapelles et les sculptures sur plâtre, qui d'après eux avaient un grand intérêt. D'ailleurs, lors de l'inscription, Monsieur Dreyffus, ABF, a écrit que : seules les chapelles ont un intérêt remarquable ... le reste de l'église ne mérite pas une inscription, comme l’atteste l’extrait du document ci-dessous ».
 
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 Alors, certes, le béton ciré n’existait pas au XVIIe siècle époque de construction de l’édifice (datation d’après la DRAC, l’édifice étant sans doute un peu plus ancien ), mais le béton non plus. Il faut dire que la chapelle avait été en grande partie détruite par deux fois, et qu’elle avait été restaurée (sans doute avec les moyens du bord) à la fin du XIXe siècle, avant d’être laissée à l’abandon dans les années 1970.
 
Les travaux ont été titanesques, et du sol au plafond Olivier Fury a fait ce qui lui a semblé bon de faire pour redonner vie « à la vieille Dame », en la sauvant d’une mort certaine.
 
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La question que nous nous posons aujourd’hui est la suivante : faut-il traiter un dossier de restauration d’une ruine, comme on traite un dossier de restauration d’un édifice qui n’est pas menacé de disparition ?
 
Nous voyons, de plus en plus dans nos combats, que des avis favorables à la démolition de certains Architectes des Bâtiments de France sont émis au prétexte que l’édifice concerné est en trop mauvais état (le plus bel exemple étant « Notre » chapelle Saint-Joseph à Lille).
 
Nous comprendrions la démarche contestataire des services de l’État si Olivier Fury avait demandé des subventions publiques, mais ce n’est pas le cas.
 
360.000 euros, c’est ce qu’il a investi dans cette restauration, sans bénéficier d’un centime d’argent public.
 
Roselyne Bachelot, à l’occasion de ses « délires » contre le patrimoine religieux en début d’année, avait souligné qu’il faudrait que les citoyens sensibles à ce patrimoine se retroussent les manches et agissent, car l’État ne pouvait pas payer pour la restauration de tous les édifices en danger. Olivier Fury a donc « devancé l’appel » et a fait son devoir de citoyen engagé pour sauver cette chapelle, qui est désormais une des plus belles du département.
 
Il est également important de souligner que la démarche d’Olivier n’était pas une démarche égoïste, puisque son but est avant tout de l’ouvrir au public, aussi bien dans le cadre de manifestations culturelles, que pour y prier, puisqu’il semblerait que la chapelle n’ait jamais été désacralisée.
 
Le comble de l’ironie, c’est que Madame Brigitte Macron, elle-même, avait envoyé ses félicitations pour cette sauvegarde exemplaire, sans parler des honneurs qu’il a reçus du maire ou de la députée de sa circonscription, tous heureux de voir revivre ce marqueur fort de l’identité du territoire permettant d’en développer l’attractivité.  
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Nous verrons donc demain ce que le tribunal décidera, mais une chose est certaine, si Olivier Fury est condamné par la justice, il condamnera les ouvertures de la chapelle, et ne fera jamais partager ce lieu chargé d’histoire avec quiconque.
 
Restons optimistes : avec un dossier « béton », la justice devrait être clémente avec ce fervent défenseur du patrimoine.
 
Nous ne manquerons pas de vous tenir informés du verdict de l’audience.

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Crédits photographiques : Olivier Fury

La mémoire des deux fondateurs de Wimereux bientôt restaurée

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Jeudi 4 mai, nous étions tous réunis au cimetière sud de Wimille, afin de lancer officiellement le projet de restauration de la tombe de l’Abbé Gustave Lebègue et de celle de Théophile Dobelle, les deux co-fondateurs de l’âme de la commune de Wimereux, qui reposent l’un à côté de l’autre dans ce cimetière.

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Pas moins de trois Maires avaient fait le déplacement. Messieurs Jean-Luc Dubaele, Antoine Logié et Christian Foucroy, respectivement Maires de Wimereux, Wimille et Equihen-plage. Réussir à faire déplacer un élu tient généralement du miracle, mais trois !!! Nous sommes vraiment heureux et fiers que notre projet de sauvegarde de ces deux sépultures retienne autant l’attention de ces trois municipalités. Nous les remercions bien sincèrement pour leur présence et leurs sympathiques interventions.

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Le Père Derycke, coordinateur de la paroisse Saint-Jean du Wimereux était également présent pour honorer la mémoire de son illustre prédécesseur. Nous avons tous apprécié sa bonne humeur et son enthousiasme pour ce projet.

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Enthousiastes étaient également les représentant de la paroisse, ainsi que Monsieur Alain Évrard, à l’origine de l’alerte concernant l’état des deux sépultures, qui a su en quelques mots nous rappeler qui étaient les deux défunts, et quel avait été leur rôle.
 
Mention spéciale pour Franck Weens, Président de l’Association des Amis de l’Église de l’Immaculée Conception de Wimereux, avec lequel nous sommes en contact depuis longtemps et qui est à l’origine de notre intervention.
 
Nous remercions également les représentants de la presse locale, ainsi que le service communication de la mairie de Wimereux.
 
Enfin, Cécile Fontaine Albagnac qui est à la tête de l’entreprise La Rose et la Pierre, était également présente, puisque c’est elle qui est en charge du nettoyage des deux sépultures. Cécile nous a très bien expliqué sa démarche, et quels moyens elle allait utiliser pour valoriser les deux sépultures quelque peu souillées par les affres du temps.

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Au-delà du nettoyage, nous souhaitons remplacer la statue de la Vierge trônant sur la sépulture de l’Abbé Lebègue et qui a subi des dommages importants, ainsi que le buste de Théophile Dobelle, qui a été déplacé à la mairie de Wimereux pour des raisons de sécurité puisqu’il était en bronze, et que nous savons que ce genre de buste dans les cimetières est en proie à toutes les convoitises.

Concernant la statue de la vierge, nous souhaitons faire appel à un sculpteur local, quant au buste de Théophile Dobelle, nous ferons vraisemblablement réaliser une copie en résine.
 
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Pour ces deux projets, nous avons lancé une souscription, car si notre Commission Nationale de Sauvegarde du Patrimoine Funéraire est en mesure de financer les travaux de nettoyages, pour la statue et le moulage il nous faut faire appel à la générosité des donateurs. La fin de la première tranche de travaux de valorisation devrait avoir lieu dans deux mois. Pour la statue et le buste, cela dépendra des dons récoltés, mais c’est bien connu, le patrimoine apprend à être patient…
 
En tout cas, nous sommes vraiment heureux de participer à ce projet hautement symbolique, car n’oublions pas que la mémoire ne doit pas être effacée, mais qu’elle doit être transmise.
 
Si vous souhaitez participer, cliquez ICI.
 
En savoir plus 

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Le Père Gustave Lebègue naquit à Cucq le 11 avril 1814, il fit ses études au collège de Montreuil-sur-Mer, puis entra au grand Séminaire d’Arras. Ordonné prêtre le 21 décembre 1839, il fut nommé vicaire de la paroisse de Wimille de 1840 à 1842, puis curé de Maninghen et de Zoteux. Vicaire ensuite à l’importante paroisse de St-Joseph à Boulogne pendant 10 ans, il fut envoyé en mission à Equihen (petit et pauvre village de marins, sans clocher !) et il y construisit une église. Pour le remercier, son évêque le nomma ensuite curé de la riche commune agricole de Wimille, non sans l’opposition de quelques notables. A Wimereux, hameau dépendant de Wimille à l’époque, il n’y a que dunes de sable et vestiges du Camp de Boulogne de Napoléon Ier (prévu pour envahir l’Angleterre). Cependant tout allait changer : l’attrait pour les bains de mer, l’expansion du chemin de fer (avec la construction du viaduc pour relier Boulogne à Calais), et la capacité d’investissement immobilier des industriels textiles du Nord, ne sont pas restés inaperçus dans l’esprit visionnaire de l’abbé Lebègue qui décida de construire une chapelle de secours dans les dunes de sable de Wimereux, afin que la bourgeoisie du Nord, en villégiature durant tout l’été dans les villas qu’elle y faisait construire, accomplisse son devoir dominical et ne resta point sans la protection et le salut divin. Il fit poser la première pierre de l’église de Wimereux le 17 novembre 1866. Le viaduc était déjà achevé en 1863 (sous la responsabilité d’un dénommé Théophile Dobelle), et la gare de Wimille-Wimereux fut inaugurée juste après en janvier 1867. C’est autour de cette église que prit corps l’âme de Wimereux, qui s’urbanisa tout autour (sous l’impulsion de M. Dobelle) devant la multiplication des villas, des hôtels et casinos, et avec l’arrivée de l’aristocratie britannique. C’est fatigué après un longue carrière dans ses différentes et lourdes charges sacerdotales, amoindri par un premier AVC, que s’éteindra, frappé par une seconde attaque le 12 février 1876, le fondateur de l’église de Wimereux.
 
Théophile Dobelle (de son vrai prénom : « Prudent ») est né le 5 mars 1841 à Camon (dans la Somme). Il était employé aux Chemins de Fer du Nord et fut à ce titre envoyé sur Wimille pour participer à la construction du viaduc ferroviaire qui permettrait de relier Boulogne à Calais par le train. Il trouva le climat de Wimereux fort agréable... Est-ce par le fait qu’il fit la connaissance d’une demoiselle locale, Joséphine Mercier, fille d’hôteliers ? Ils se marièrent en 1864 et s’établirent définitivement à Wimereux. Ils eurent ensemble ... beaucoup de petits hôtels, et aussi quatre enfants dont l’un d’eux, appelé communément « Théophile » (aussi !), qui devint maire de Wimereux de 1910 à 1912. Théophile Dobelle (père) participa à l’organisation de l’urbanisation de Wimereux (réseau d’assainissement, voirie) rendue nécessaire devant la construction croissante des villas dans les dunes du hameau de Wimereux, et fut un ardent partisan de la séparation de Wimereux d’avec Wimille, commune agricole qui ne partageait pas les valeurs d’un tourisme balnéaire. Il n’eut pas le bonheur de connaître l’émancipation de la ville de Wimereux qui eut lieu le 26 mai 1899. Il décédera en effet le 4 juin 1897. Le viaduc et la voie ferrée sur lesquels il avait travaillé devinrent le trait de démarcation entre ces deux communes. C’est aujourd’hui le trait d’union entre celles-ci dans leur coopération. Sur le monument de Théophile Dobelle (père) (et non pas maire), on peut lire la mention « Fondateur de Wimereux ». Son buste trône sur le palier du 1er étage de l’Hôtel de Ville de Wimereux. Par la restauration de leurs monuments funéraires, les deux « co-fondateurs » de l’âme de Wimereux auront leur mémoire préservée pour les générations à venir.
 
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Crédits photographiques : photos 1-5 : Urgences Patrimoine ; photo 2-3-4 : Franck Weens ; photo 6 : photos d’archives

Montévrain ( Seine-et-Marne) : construction de 37 maisons à proximité immédiate de l’église classée

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Montévrain est une charmante commune de Seine-et-Marne qui ne manque ni de charme, ni de dynamisme. Sauf que depuis quelques temps, la municipalité s’en prend au centre historique, ce qui n’est pas du goût de certains habitants. Et pour cause. C’est tout le périmètre de l’église Saint-Rémy, dont la construction remonte au XIIe siècle et qui est classée Monument Historique depuis 1928, qui est en proie à la promotion immobilière. Nous avions été alertés trop tard pour nous opposer à la construction d’un immeuble à une centaine de mètres de cette pauvre église Saint-Rémy, mais cette fois, le collectif local nous a alerté dans les temps. Urgences Patrimoine sera donc à ses côtés pour dire non à ce nouveau projet.
 
Un des membres du collectif nous présente « l’affaire » :
 
Montévrain Bourg, était un très joli quartier que l’on nomme d’ailleurs « le centre bourg historique » du fait de la présence l’église Saint-Rémy, classée Monument Historique depuis 1928.

 
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 Depuis quelques années, il semblerait que la commune ait décidé de « moderniser » notre bourg, à grand coups de projets immobiliers qui font perdent tout le charme de cet endroit. Des constructions qui défigurent le paysage, et, à l’heure ou la végétalisation est une préoccupation dans bien des communes, ici, on va abattre de nombreux arbres.

La municipalité a déjà autorisé la construction d’un bâtiment de 25 appartements à proximité immédiate de l’église, rasant au passage, plusieurs habitations anciennes et leurs jardins, sans parler le la circulation qui se fait de plus en plus dense.Tout était harmonieux et calme dans notre petit bourg

Voilà notre bourg avant la construction des 25 logements
 
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Et voilà à quoi cela ressemble maintenant. 

 
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Aujourd’hui, la commune frappe encore. Elle a décidé de construire 37 maisons individuelles (enfin si nous pouvons appeler cela des maisons) encore et toujours aux abords de notre église.
 
Chez nous, tout est harmonieux et verdoyant. Certes, il y a tout de même de petits immeubles, mais ceux-ci sont parfaitement intégrés dans le paysage. Nous, habitants du 12 rue de l’église nous sommes justement en train de réaliser la rénovation de notre immeuble. Nous avons eu des normes à respecter, des couleurs à respecter, compte tenu de notre proximité avec l’église.

Alors nous nous interrogeons, car le projet de construction des 37 maisons ne semble pas respecter toutes les normes qui nous sont imposées. Sans compter sur la gêne que cela va occasionner car la rue de l’église est à sens unique, et entre le nouvel immeuble et les 37 maisons, cela correspond à une bonne centaine de véhicules supplémentaire entre les appartements et les 37 maisons. Cela va forcément engendrer plus de pollution. Pollution qui risque, au passage, d’altérer notre église.

 
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Nous pensons qu’il est grand temps d’arrêter de détruire notre centre historique au nom de la promotion immobilière. Tous nos espoirs se tournaient vers l’Architecte des Bâtiments de France, qui nous impose à nous riverains des normes contraignantes, mais hélas, tout comme pour le nouvel immeuble qui se trouve à 150 mètres de l’église, il a émis un avis favorable pour la construction des 37 maisons. Nous sommes dans l’incompréhension totale, mais si nous n’avons pas eu le temps de réagir pour le premier projet, pour celui-ci, nous n’avons pas l’intention de laisser défigurer notre bourg sans réagir.

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Crédits photographiques : photo 1 : Litlok/Monumemtum ; photos 2-3-4-5 : collectif de sauvegarde

Hondevilliers (Seine-et-Marne) : la municipalité et les habitants disent non à Free Mobile

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Au Printemps, il n’y a pas que les arbres qui fleurissent : les projets de défiguration du patrimoine paysager de nos territoires aussi. Quand ce ne sont pas des éoliennes qui poussent, ce sont des méthaniseurs et il semble y avoir une mode croissante pour les antennes relais.

Suite à notre publication indiquant la victoire de notre avocat sur Orange, pour un projet similaire dans l’Eure, nous avons été sollicités afin d’accompagner la commune d’Hondevilliers dans son « combat » contre Free Mobile, qui visiblement, pour une fois, n’a pas tout compris.
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Photo 1. Ferme aux pieds de laquelle s'élèverait une antenne relai de 30 mètres de haut/ photo-montage 

Madame Mélina Dessoles, adjointe au Maire, nous résume l’affaire :

La commune de Hondevilliers dans la belle Seine-et-Marne se heurte aujourd’hui à la décision de Free Mobile d’installer une antenne relais de plus de 30 mètres de haut au milieu d’un paysage idyllique que l’on associe tout de suite à de bonnes conditions de vie. Deux projets ont été élaborés par Free Mobile. Le premier a été déposé début 2022 pour permettre la construction d’une antenne relais ayant une base de 8x8 mètres et une hauteur de 30 mètres sans compter les antennes elles-mêmes, ni même les infrastructures à la base de cette antenne, nécessaires à son bon fonctionnement.

Ce premier projet, auquel se sont opposés les habitants bien que non réunis en association, a été rejeté par le maire, qui s’est appuyé sur des arguments divers tels que la préservation du cône de vue ou encore la préservation de la trame verte qui traverse notre territoire rural.

Un deuxième projet a été envoyé en recommandé le 27 décembre alors que tous les services administratifs étaient fermés à cause de la trêve de Noël. Partageant un service urbanisme commun avec d’autres petites communes rurales, il a fallu que le personnel traite le dossier en urgence pour ne pas dépasser les délais et se voir attribuer un accord tacite face auquel nous aurions été désarmés.

Le maire et les habitants de la commune ont encore refusé ce nouveau projet, cette fois au pied de deux domiciles et ne respectant donc pas la distance de 100 mètres entre l’antenne relai et la plus proche habitation. Mais cette fois, Free Mobile ne s’est pas contenté de notre « non ». La décision de la mairie est attaquée au tribunal administratif de Melun et le maire est convoqué en référé, le tribunal ne lui accordant qu’une semaine pour préparer ses arguments et essayer de convaincre le juge du bien fondé de notre démarche.

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Photo 2. Vue du château d’eau et de son antenne relai Orange.

Hondevilliers n’est pas dans une zone blanche, ni dans une zone peu dense, en termes de couverture mobile et il existe déjà une antenne relais à quelques centaines de mètres… Alors Free peut-il comprendre que nos territoires ruraux ne sont pas à bradés et que nos belles conditions de vie ne sont pas à vendre ?

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Bien évidemment, malgré le délai extrêmement court qui nous est imparti pour agir, nous allons tout mettre en œuvre pour éviter cette nouvelle atteinte au patrimoine paysager.
« Le patrimoine ne peut pas lutter, ensemble, nous pouvons. »

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Photo 3. Vue générale avec à gauche, le château d’eau et l’antenne relai Orange déjà existante
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Crédits photographiques : Mélina Dessoles

Le Teil (Ardèche) : sombre avenir pour Notre-Dame-de-l’Assomption

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Nous avons été alertés hier du devenir préoccupant de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption et nous relayons donc ici les inquiétudes de Philippe Romain, qui nous a demandé de relayer une pétition dont l’auteur demande ad minima une consultation citoyenne, afin que les habitants qui sont bien évidemment concernés se prononcent quant à l’avenir de l’église de leur village, ce qui nous semble être la moindre des choses.  Nous vous invitons bien évidemment à signer cette pétition ICI.

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La fin tragique de l’église du Sacré-Cœur, propriété du diocèse, est passée quasiment inaperçue, alors l’extrême vigilance est de mise aujourd’hui. À l’heure où tout le monde au sein de la classe politique semble s’émouvoir du sort de notre pauvre patrimoine religieux, ce risque de démolition vient allonger la liste des édifices menacés par les pelleteuses cette année.

Il est vrai que dans ce cas précis, la fragilisation de l’édifice n’est pas due à un manque d’entretien de la part de la commune, mais à un violent séisme qui a eu lieu en 2019. Mais il serait plus judicieux d’utiliser l’argent de l’assurance pour restaurer l’édifice existant, plutôt que pour le raser et reconstruire un bâtiment moderne à la place, d’autant que la compagnie d’assurances en charge du dossier n’est autre qu’Allianz, qui s’implique à travers son partenariat avec La Sauvegarde de l’Art Français, dans la restauration du patrimoine religieux. Privilégier le financement de la démolition plutôt que celui de la restauration serait mal venu dans le cadre d’un tel partenariat..

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Un patrimoine religieux en peau de chagrin
Le Teil, Ardèche

 
Le séisme du 11 novembre 2019 en Ardèche a ébranlé les églises de Saint-Étienne-de-Mélas et du Sacré-Cœur de Frayol ainsi que l’enclos paroissial Notre-Dame-de-l’Assomption, église, cure et jardin. L’église de Mélas, classée au titre des Monuments Historiques depuis 1875, est en cours de restauration, L’église du Sacré-Cœur, propriété du diocèse, a été démolie en août 2022, peu avant son centenaire.
 
Le sort de l’ensemble Notre-Dame-de-l’Assomption, propriété de la commune, est en suspens. Il est entre les mains du conseil municipal, de la compagnie d’assurances qui financerait seule les travaux de restauration ou de démolition liée à la construction d’un nouveau bâtiment, et du diocèse de Viviers. Néanmoins, son avenir concerne un large public et pas uniquement en Ardèche.
 
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Tout d’abord la présence dominante de ce bâtiment dans le paysage urbain depuis 1897 en a fait un symbole de la ville sur de nombreuses cartes postales multivues qui concentre une part des souvenirs de générations d’habitants de Le Teil dont les écoles bordent la place avec l’église qui en est comme le mur de scène, à l’image de celui du théâtre d’Orange. Sa disparition serait comme un nouveau séisme pour la mémoire de Le Teil en effaçant une trace de son histoire tant urbaine, économique, sociale que culturelle aux 19 et 20èmes siècles.
 
Ensuite, son sort relève aussi de la connaissance de la place à laquelle peut prétendre ce monument dans l’ensemble du patrimoine religieux français hérité de la fin du 19ème siècle.
La notice de l’inventaire rend compte de la richesse de l’histoire de l’ensemble de Notre-Dame-de-l’Assomption, réalisation soutenue par les Lafarge, donc inséparable de la place de Lafarge dans la vie de Le Teil. L’ensemble de Le Teil est une réalisation emblématique de l’œuvre.de Siméon Baussan et de Joseph Baussan, son fils, issus d’une lignée de maçons de Bourg-Saint-Andéol, tous deux architectes diocésains (puis architectes des monuments historiques) dont l’un, Joseph, a réalisé aussi, à Viviers, la chapelle Saint-Victor et le monument aux morts.
 
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Que Notre-Dame-de-l’Assomption soit à la fois un emblème de Le Teil et du dynamisme de l’architecture religieuse à la veille du siècle dernier, incite à appeler à l’aide afin que cet ensemble ne subisse pas le sort de l’église du Sacré-Cœur, sa cadette d’un quart de siècle.
 
Philippe ROMAIN

 
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Crédits photographiques : photo 1 : Fabrice HÉBRARD / Le Dauphiné Libéré, photo 2 : Yves ESQUIEU/Le Dauphiné Libéré