June 2022

Loire-Atlantique : deux amies cherchent à acheter un terrain de loisirs, elles découvrent un trésor du Moyen Âge !

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Voici
un très beau projet de sauvegarde qu’Urgences Patrimoine soutiendra avec plaisir dans le cadre de l’opération 1001 Chapelles. Découvrez la belle histoire de Karen et Annabelle qui, par hasard, ont désormais entre leurs mains l’avenir de la chapelle du Dugilard.

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En 2021, deux amies souhaitent acheter un étang de loisirs dans leur commune, Soudan, à la limite de la Bretagne et de l’Anjou. Un peu par hasard, elles se retrouvent finalement avec une chapelle du XIIe siècle. Une véritable aventure et de nouvelles découvertes commencent alors pour Karen Chauve et Annabelle Le Rest, pour leur plus grand plaisir.

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L'origine du projet : créer un lieu convivial d'art, de culture et de loisirs

Karen, 46 ans, éducatrice de jeunes enfants, et Annabelle Le Rest, 42 ans, bibliothécaire de formation, ne souhaitaient pas spécialement investir dans le patrimoine ou la pierre. Leur idée initiale était un projet associatif, acheter un petit étang pour organiser des événements, retrouver l’ambiance des petits concerts au bord de l’eau, après une période de confinement quelque peu morose. Elles tombent alors sur le magnifique étang du Dougilard, aux parois maçonnées de vieilles pierres et une belle surprise en plus : une chapelle ! Elles n’en demandaient pas tant. On leur raconte les anecdotes des décennies passées, les concours de pêches, les processions et pèlerinages en l’honneur de Saint-Barthélemy, les photos de mariages des voisins devant l’if millénaire, les prières devant la fontaine pour guérir les maladies de peau... Elles tombent sous le charme ! Elles se disent qu’il faut absolument faire revivre ce lieu, rouvrir l’étang à la pêche et les portes de la chapelle aux riverains. Elles achètent le terrain et créent l'association Les Amis du Dougilard, avec le projet de sauvegarder le lieu en y créant des événements mêlant art, patrimoine, convivialité et loisirs. Elles entament alors tout un tas de recherches pour connaître l’histoire de cet endroit bucolique.

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Le Dougilard, des siècles d’histoire

Un acte de fondation du XIIe siècle nous permet de proposer une datation pour la chapelle d’architecture romane. Entre 1139 et 1142, Rivallon de Soudan et un autre seigneur local, Esgat, règlent probablement leurs différents en concédant des terres du Dougilard à l’abbaye angevine de Nyoiseau, fondée en 1109 par l’ermite breton Salomon, qui y établit un prieuré de femmes. Le lieu, installé près d’une source, est très probablement déjà occupé. En effet, l’acte précise que l’« église fut fondée au centre de cette terre, afin que ce lieu qui avait été si longtemps sous le règne du diable et de ses ministres en fut délivré par Dieu, par l'intercession de la bienheureuse Vierge Marie, de saint Barthélemy et de tous les saints ». Y avait-il là les reliques d’un culte païen ou une confrérie opposée à la réforme grégorienne ? Quoiqu’il en soit, le lieu constitue un ancien carrefour de chemins sur le tracé de la voie antique de Carhaix à Angers, et plusieurs enclos fossoyés protohistoriques sont identifiés en photographie aérienne dans son environnement.


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Le nom du Dougilard, ductus gislardi en latin (« direction de Gislard » en français), pourrait même peut-être renvoyer à un évêque du IXe siècle. En 850, le roi breton Salomon concéda au dénommé Gislard un diocèse taillé sur mesure, allant de l’Atlantique à la rivière du Semnon et correspondant probablement à ce qui deviendra trois siècles plus tard l’archidiaconé de La Mée, dont le Dougilard constitue la limite orientale.

Le prieuré du Dougilard intègre un vaste mouvement de fondations érémitiques initié à la fin du XIe siècle, notamment par le fondateur de l’abbaye de Fontevraud, Robert d’Arbrissel, dont Salomon est le disciple. La place des femmes dans ces ordres est différente de ce qui peut se passer ailleurs, et de l’image que nous nous faisons généralement du Moyen Âge. Selon le spécialiste Jean Claude Meuret, la particularité de l’ordre de Nyoiseau est qu’il « se met en place, recrute et fonctionne en réelle osmose avec l’ensemble du monde seigneurial de sa région, et non pas seulement son élite ». Plus encore, pendant au moins un siècle, l’ordre semble s’inscrire dans une réelle expérimentation de la mixité monastique : il place « les femmes au premier rang, faisant des nonnes, qualifiées de sanctimoniales, les intermédiaires privilégiées entre les hommes et Dieu ».

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Au fil des siècles nous ne savons que peu comment ce prieuré de femmes évolue. Une prieure, Françoise de Bouillé est encore mentionnée en 1546. Mais comme l’explique Jean-Claude Meuret, « comme pour d’autres obédiences mineures de Nyoiseau, Le Dougilard paraît avoir été rattaché dès le début du XVIIème siècle à l’abbaye ». À cette époque, les terres sont affermées et il n’y a vraisemblablement plus de résidentes. Au cours de la période révolutionnaire, l'église paroissiale de Soudan est incendiée par les royalistes. Les décennies suivantes, la chapelle du Dougilard, qui est alors deux fois plus grande, servira d’église le temps de la reconstruction de l’église du bourg. L'intérieur est rénové à la fin du XIXe siècle, le sol renouvelé et l'autel remplacé.

En recherchant l’histoire du lieu, Karen et Annabelle prennent conscience de la valeur historique de l’endroit. Mais elles ne sont pas encore au bout de leurs surprises.

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Des peintures médiévales !

Début 2022, les deux amies qui souhaitent faire un espace d’exposition dans la chapelle, s’attaquent à la réfection des murs intérieurs de l’édifice. Au fur et à mesure que le revêtement de briques et de plâtre tombe, apparaissent des couleurs ocres, du jaune au rouge. Elles reconnaissent des peintures anciennes et appellent la DRAC pour avoir des conseils. Des spécialistes viennent, motivés par le peu d’exemples de peintures médiévales connues en Loire-Atlantique. L’un des plus éminents d’entre eux, Christian Davy, propose de dater ces peintures du XVe siècle.

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Le projet va de découvertes en découvertes, et ça ne semble pas fini. Mais pour continuer et procéder aux premières étapes de restauration, elles ont besoin de soutien et d’argent.

Soutenir le projet :

L'association Les Amis du Dougilard vient de lancer une cagnotte sur HelloAsso et fait appel à votre générosité pour lancer la restauration de ces peintures. L'argent collecté servira aux premiers frais de restauration, mais aussi aux travaux de terrassement pour mettre la chapelle hors d'eau. Une première étape nécessaire pour offrir une belle remise en beauté à cette vieille dame.

Pour les contacter, une adresse mail lesamisdudougilard@yahoo.com et une page facebook Les Amis du Dougilard.

Vidéo du projet ICI

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Evénements organisés au Dougilard :

-18 et19 septembre 2021 : Journées Européennes du Patrimoine, exposition historique, expositions et animations d'artistes locaux, concert, visites guidées par un étudiant en archéologie (environ 250 visiteurs).

- 20 mars 2022 : Foire de Printemps, bourse aux plants, expositions et animations d'artistes locaux, marché de producteurs locaux, concert (environ 300 visiteurs).

- 4 juin 2022 : Concours de palets, concert (environ 50 visiteurs).

À venir :

- 9 juillet 2022 : Après-midi théâtre, Cie Min' de Rien

- 16 août 2022 : Passage de la TroMée, visite de la chapelle et pique-nique

- 28 août 2022 : Vide grenier, animations, concert.

- 17 et 18 septembre 2022 : Journées Européennes du Patrimoine, exposition historique, expositions d'artistes locaux, concerts, visites guidées.

- Exposition/résidence de Juliette Monbureau, en réflexion

- Concours de pêche, en réflexion

Crédits photographiques : Les amis du Dougilard

Osmoy-Saint-Valéry (76) : le calvaire de la chapelle de Maintru restauré

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C’est
à l’occasion de la fête des Mousquepierres, l’association locale de sauvegarde de la chapelle Saint-Martin de Maintru, qu’Aurélien Ratieuville, dirigeant de l’entreprise Maçons d’Aôtefois, et plusieurs membres de son équipe sont venus restaurer bénévolement le calvaire érigé devant la chapelle Saint-Martin.

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Membre d’Urgences Patrimoine, Aurélien était venu visiter la chapelle lors de la signature de notre convention avec les Mousquepierres et c’est très spontanément qu’il avait proposé de prendre en charge, gracieusement dans le cadre du mécénat de compétences, la restauration du calvaire.

Il l’a dit, ils l’ont fait !!!

L’équipe était intervenue une première fois quelques jours avant afin de préparer le chantier et c’est donc en public, sous une chaleur accablante , que les généreux artisans ont réalisé la réfection du petit édifice. Il ne manquera plus qu’un petit nettoyage de la pierre et le calvaire aura retrouver toute sa superbe.

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Afin de faire connaître leur savoir-faire, une démonstration de taille de pierre était organisée parallèlement, et le public a pu découvrir que ce formidable métier n’est pas exclusivement exercé par des hommes.

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Cette opération s’inscrit dans le cadre de notre dispositif « Un Geste à l’Édifice », qui permet de restaurer des petits éléments du patrimoine pour lesquels il n’existe aucun budget.

Jusqu’alors, ce sont essentiellement des tableaux oubliés de nos petites églises rurales qui ont bénéficié des bons soins de nos généreux artisans, donc ce calvaire est une première. Souhaitons qu’il y en ait beaucoup d’autres.

Au nom d’Urgences Patrimoine, nous remercions ces généreux artisans qui offrent leur temps et leur savoir-faire, pour la sauvegarde du petit patrimoine des territoires.

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Bien évidemment, tout reste à faire pour la chapelle Saint-Martin, mais grâce au dynamisme de l’association Les Mousquepierres, sous l’impulsion de son président, Damien Colin, et du soutien d’Urgences Patrimoine dans le cadre de l’opération « 1001 chapelles », les choses sérieuses devraient commencer très prochainement, avec l’aide précieuse de Maçons d’Aôtefois, dont la restauration du bâti ancien normand est la spécialité.

À suivre …

Découvrir Maçons d’Aôtefois ICI. : https://www.macons-aotefois.fr/

Soutenir « 1001 Chapelles »  ICI.

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Crédits photographiques : Photos1- 2-3 : Les Mousquepierres ; photo 4 : Redpaln/Urgences Patrimoine

Luxembourg : on achève aussi le patrimoine

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Il
n’y a hélas pas qu’en France que le patrimoine est en proie à la « démolitionnite aigüe ». Voici encore un bel exemple de ce qui ne devrait pas être fait, mais que l’on fait quand même au nom de la sacro-Sainte promotion immobilière. Karin Waringo, membre d’un collectif de sauvegarde nous a adressé ce constat édifiant.

Karin Waringo milite au sein du collectif Luxembourg under destruction, groupe Facebook créé fin 2019 (par un expatrié néérlandais) et qui compte aujourd'hui près de 3000 membres. Avec d'autres membres de ce groupe, elle a initié une pétition réclamant une meilleure protection du patrimoine architectural au Luxembourg et qui a dépassé le seuil de signatures nécessaires pour obtenir un débat à la Chambre des députés (parlement luxembourgeois) en 2020.

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Luxembourg : quand la protection du patrimoine architectural se heurte à la croissance

Il y a trois mois, le Luxembourg s’est doté d’une nouvelle loi de protection du patrimoine. En matière de patrimoine architectural, celle-ci devait, notamment, mettre fin à une politique dite de sapeurs-pompiers : des procédures de classement entamées dans l’urgence afin de sauver un immeuble de sa démolition imminente.

A peine un mois plus tard, les pelleteuses se sont attaquées à la Gare d’Ettelbruck. Imposante bâtisse dont la construction remontait à l’année 1862, lorsque la ligne du Nord fut développée, elle prit sa forme définitive au cours de la première guerre mondiale quand le réseau luxembourgeois était exploitée par la Kaiserliche Generaldirektion der Eisenbahnen Elsass-Lothingen. De ce fait, elle se caractérisait par une architecture typique telle que l’on la retrouve également dans la région Nord-Est de la France.

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Le maître d’ouvrage et celui qui ordonna cette démolition, n’était autre que l’Administration des Ponts et chaussées et donc l’Etat luxembourgeois.

Aujourd’hui un autre immeuble remarquable est menacé de démolition : le « château d’Eisenborn », situé à une dizaine de kilomètres au nord-est de Luxembourg-Ville. Tout aussi imposant de par sa taille et de ses dimensions que la Gare d’Ettelbruck, il s’agit d’une ancienne ferme, transformée, au cours du temps, en ferme-château..

En 1992, le Château qui avait servi dernièrement de lieu de villégiature aux religieuses de la Congrégation Notre-Dame, fut racheté par le Fonds du Logement. Organisme d’Etat, mais autonome, celui-ci a pour mission la création de logements abordables. Dans un premier temps, le Château servait à abriter des réfugiés venus d’Ex-Yougoslavie ; à leur départ, les baies ont été murées et le Château resta vide.

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Quelques années plus tard, des habitants du village semblent s’être émus devant l’état de délabrement du Château : Ils adressèrent une pétition à la Ministre de la Culture demandant la protection de l’immeuble, mais il fallait attendre jusqu’en 2005 pour que celui-ci soit finalement inscrit à l’inventaire supplémentaire. Quatre années plus tard, la secrétaire d’Etat à la Culture prit l’initiative de le faire classer à titre de monument national.

En 2012, le Fonds du Logement entreprit de transformer une partie du Château, la maison de maître, en appartements. Cependant, et en raison d’une apparente non-conformité du projet avec le plan d’aménagement de la commune, le projet fut avorté. Dans les rapports Fonds du logement, les indications se succèdent : 2009, « transformation de l’ancien couvent en immeuble résidentiel dont les logements seront réservés à la location. En 2010, on précise le nombre de 30 logements. Deux ans plus tard, le rapport évoque l’état d’abandon de l’immeuble et la création de sept appartements dans ce que le Fonds qualifie «d’ancien couvent ». Puis, Eisenborn disparaît des rapports du Fonds jusqu’en 2019, année où le Fonds présente, sur la chaîne de télévision nationale, son projet de réaffectation du château d’Eisenborn. Sur le site de la chaîne on peut lire qu’après une décennie d’abandon, le Fonds va finalement relancer son projet et construire 14 habitations.

En mars dernier, un habitant de la commune qui venait de faire son tour habituel avec son chien le long du château d’Eisenborn fut surpris d’y découvrir un avis public invitant la population à se prononcer sur un projet de démolition de la grange de l’ancien couvent de Eisenborn. Intrigué il posta l’annonce sur les réseaux sociaux, suscitant la curiosité de quelques militants engagés dont l’autrice de ces lignes. En effet, de grange à strictement parler, il n’y en a pas à Eisenborn. Le Château consiste en deux bâtiments distincts, dont l’un, la maison de maître, le domine par sa taille et ses proportions, et un autre, beaucoup plus modeste, qui abritait les étables, mais, comme l’indiquent les fenêtres du premier étage, également des logements.

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Des actes notariés du milieu du dix-neuvième siècle évoquent une maison de maître et une maison de ferme. La comparaison des deux bâtiments dans leur environnement, - à l’arrière se trouve un grand parc aménagé en jardin anglais - , permet de penser que le riche fermier qui occupait jadis ces terres, décida un jour de changer sa simple bâtisse pour une autre plus imposante et plus en phase avec son statut social. Dans cette perspective, l’aile gauche du château et de facture plus modeste serait en réalité sa partie la plus ancienne et le noyau. Vérification faite auprès de la mairie, c’est cette partie-là qu’on entend démolir !

La suite de l’histoire est aussi triste que lamentable : En effet, il s’avéra bientôt qu’en vue de sa demande de démolition le Fonds du Logement avait déjà sollicité et obtenu un accord de principe de la Ministre de la Culture. Il s’avéra aussi que le plan d’aménagement général de la commune qui avait jadis fait obstacle à la réalisation du projet avait été modifié, de sorte que désormais l’ensemble de l’immeuble n’est plus que protégé de par son gabarit, conception typiquement locale de protection du patrimoine, qui permet de substituer un bâtiment ancien par une nouvelle construction dans les mêmes formes.
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Par conséquent, les objections formulées à l’encontre du projet de démolition et évoquant la valeur historique et architecturale de l’immeuble furent balayées d’un revers de main, le maire déclarant ne pas pouvoir rejeter un projet tant qu’il respecte les règles urbanistiques. La ministre de la culture défendit le projet d’une « revitalisation » du site par un nouveau projet de logement et justifia la démolition de l’ancienne maison-ferme par sa moindre valeur architecturale.

Cerise sur le gâteau, le Ministre du Logement affirma que le remplacement des anciennes dépendances et leur remplacement par une construction permettait d’améliorer la performance énergétique de l’ensemble : « J’apprécie votre engagement pour le patrimoine, » affirma-t-il dans un courrier adressée à l’autrice de ces lignes, tout en ajoutant que le Fonds du Logement maintiendrait son projet et demanderait bientôt un permis de construire. Quant aux arbres du parc qui avaient été abattus alors que le parc fait partie de l’ensemble protégé à titre de monument national et se situe en outre dans une zone verte, on affirma qu’ils étaient soit trop vieux et malades ou ne correspondaient pas aux espèces locales.

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Intervenant dans des endroits et des contextes totalement différents, la démolition de la Gare d’Ettelbruck et la démolition partielle du Château d’Eisenborn font néanmoins ressortir quelques similitudes intéressantes : Dans le premier cas, l’immeuble n’était pas classé, des ministres successifs ignorants l’avis favorable et unanime de la commission compétente. Dans le deuxième cas, une démolition partielle est accordée en dépit d’une protection existante. Le jeu des acteurs : Les ministres impliqués dans la mise en œuvre des projets qui font fi de la valeur patrimoniale des immeubles démolis. Une ministre de la Culture qui déclare forfait fasse à des impératifs majeurs. Les maires qui jouent le rôle de figurants. Pourtant et à chaque fois, il s’agit de projets qui ont été préparés de longue haleine et à l’insu de la population. Une fois les projets ficelés toute discussion était vaine.

La protection du patrimoine est une intervention de l’Etat, parfois au détriment des propriétaires d’un bien, visant à protéger ce qui est considéré comme un héritage commun. Il est cependant intéressant de noter que l’Etat est beaucoup moins regardant et plus souple quand c’est lui qui envisage la suppression d’immeubles ou de parties d’immeubles protégés. Causez toujours, continuez à mobiliser les médias ! Nous ne lâcherons rien !, tel est le message aux militants.

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Le signal qui ressort de ces actions est absolument néfaste : s’engager pour le patrimoine ne mène à rien, ou pire, à des ennuis avec l’Etat et son administration. D’un autre côté, l’Etat affaiblit lui-même sa position face à des propriétaires et promoteurs trop gourmands qui n’auront plus qu’à lui tendre le miroir.

Evoqué en termes de changement de paradigme ou d’approche, le seul véritable changement survenu semble être celui, de la part du Gouvernement, de considérer que la protection du patrimoine n’est pas un enjeu exclusif, ni même prioritaire, et que, dans un pays à forte croissance, à la fois économique et démographique, il doit être contrebalancé par d’autres priorités telles que le développement des infrastructures et la création de nouveaux logements.

Ce changement est bien antérieur à la nouvelle loi : Ainsi, comme le justifia l’actuelle ministre de la Culture, Sam Tanson, dans sa réponse à une demande de classement de la Gare d’Ettelbruck : « vu l’importance l’intérêt public majeur du projet [de création d’un « pôle multi-modal », K.W.] pour toute la région du Nord, il fut décidé jadis de ne pas conserver la Gare d’Ettelbruck et de ne pas la protéger. »

Karin Waringo

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Crédits photographiques : photos 1-4-6-7 Karin Waringo ; photo 2 : Alain Grosch ; photo 3 : collection privée ; photo 5 : Fonds du Logement