June 2021

Patrimoine funéraire : mobilisons nous !

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La Commission nationale de sauvegarde du patrimoine funéraire a été créée par Urgences Patrimoine afin d’agir de façon concrète en faveur d’un patrimoine de plus en plus menacé et abandonné.

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Le but premier de cette commission est de rassembler un grand nombre d’acteurs engagés, qu’ils soient professionnels du patrimoine, historiens, juristes, représentants institutionnels, représentants associatifs, ou simples citoyens, ayant pour dénominateur commun le sens de l’engagement et du devoir de mémoire. Les actions menées seront des actions de terrain (restauration, entretien, inventaires…), mais la commission se veut également force de propositions auprès des élus et des institutions. Notre territoire a la chance de pouvoir déjà compter sur des associations actives et engagées pour la sauvegarde du patrimoine funéraire, en particulier pour le patrimoine funéraire militaire. Nous sommes convaincus qu’en fédérant les talents et les énergies de chacun, nous pourrons faire avancer cette cause qui nous tient tous à cœur et nous rassemble. Enfin, nous souhaitons être le relai de toutes les initiatives déjà mises en place sur l’ensemble du territoire, car nous savons que « la preuve par l’exemple » est un vecteur déterminant dans la réussite d’un projet.

D’ores et déjà, 120 personnes ont rejoint la commission. Nous ne couvrons pas encore la totalité des départements du territoire, mais en seulement dix jours nous sommes heureux d’avoir mobilisé autant de personnes.
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Les trois régions dans lesquelles nous avons pour le moment le plus de membres sont :

L’île de France : 18 membres
Les Hauts-de-France : 15 membres
La Normandie : 14 membres

Concernant les associations qui ont souhaité intégrer la commission, nous sommes heureux d’accueillir Les Gilets Bleu Horizon, Le Comité départemental du Patrimoine et de l’Archéologie du Cher (CDPA 41) et la grande association Patrimoine Aurhalpin qui est la Fédération régionale des acteurs du patrimoine d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Pour le moment, nous en sommes à la phase « administrative », celle la plus ingrate, car il faut dans un premier temps identifier tous les candidats en leur faisant remplir des questionnaires, alors que tout le monde souhaite réellement se mettre au travail, mais, hélas, cette phase ingrate nous permettra d’être plus efficaces dès la mise en place de nos commissions de travail.

Dès la semaine prochaine, nous allons rencontrer de nombreux acteurs du patrimoine funéraire afin de définir les grandes lignes des partenariats que nous envisageons. Si tout se passe bien, nous mettre en place nos premières actions de terrain à partir du 15 juillet.

Certains membres ont d’ailleurs commencé à travailler sur des sujets très pointus. Enfin, parallèlement à tout cela, nous allons mettre en place un comité d’éthique afin d’accroître la crédibilité de notre commission.

Vous souhaitez vous aussi rejoindre la Commission Nationale de Sauvegarde du Patrimoine Funéraire ?

Merci de remplir ce premier formulaire en cliquant sur le lien ICI.

Vous pouvez également nous contacter par mail : urgences.patrimoine@gmail.com

Parce que le patrimoine funéraire est fragile, nous devons nous mobiliser pour sa sauvegarde.

« Ne regardons plus, ENSEMBLE, agissons. »


Crédits Photographiques : Anaïs Poitou

Tronget : le Maire de la commune n’a pas l’intention de détruire le calvaire

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Suite à notre article au sujet du calvaire de Tronget, le maire de la commune nous a contacté afin d’apporter quelques éclaircissements.

Voici son message :

Pour votre bonne information, lors de la vente de la cure, la mairie de Tronget a été contactée par l'évêché nous demandant si nous pouvions faire procéder à l'enlèvement de ce monument appartenant à l'évêché et situé sur la parcelle lui appartenant cadastrée AA162. Nous avons alors demandé à l'évêché s'il fallait déposer cette croix ailleurs ou s'il y avait le souhait de la conserver. Le père Michel Saint-Gérand nous a été répondu que non. Le futur propriétaire ne voulant pas cet édifice sur son terrain, nous avons accédé à la demande de l'évêché et procédé à l'enlèvement, conformément au souhait de l'évêché et du nouveau propriétaire.

Nous avons fait le choix de ne pas détruire et d'essayer de conserver au mieux l'ensemble, en ayant le projet de l'implanter ailleurs par la suite, même si l'évêché ne le souhaitait pas. Depuis cette date, il y a environ 5 ans, l'ensemble est stocké sur un terrain communal et nous n'avons effectivement pas pris le temps de réinstaller et remettre en valeur.

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Nous avons fait cette opération à la demande et en lien avec l'évêché, et le conseiller municipal (Jean-Bernard Contoux) qui a suivi les opérations, fait partie des personnes qui gèrent la paroisse locale. Ce bien n'appartient pas à la commune de Tronget et jamais personne ne s'en est préoccupé ni manifesté depuis son démontage. Jamais personne n'a contacté la mairie ou moi-même pour avoir la moindre information. Je m'étonne déjà du titre de l'article. Par ailleurs, il y a beaucoup d'inexactitudes :

« Ce presbytère a une mitoyenneté avec un bâtiment communal et le calvaire se trouvait alors contre cette propriété communale. » : ce monument ne se trouvait pas comme décrit et montré sur la photo mais au milieu de la parcelle entre les 2 bâtiments, en aucun cas il ne touchait le bâtiment devenu bâtiment communal.

«  Au fond de la cour de ce bâtiment, la commune a aménagé un local pour le club de boules et c'est sans doute au moment de cet aménagement qu’il fut entreposé au dépôt municipal parce qu'il devait gêner. » Le local aménagé par la commune l'a été bien avant la vente de la cure et l'explication que je vous ai donnée démontre l'origine du déplacement du monument.

« Nous avons quand même du mal à croire qu’aucun habitant ne se soit indigné jusqu’à présent, mais il est vrai que s’opposer à une décision municipale dans une petite commune n’ai pas chose aisée. Il doit sans doute exister une délibération du Conseil Municipal faisant état de ce « déni de patrimoine », mais nous n’en n’avons aucune trace pour le moment. »  Il ne peut y avoir de décision municipale concernant ce bien puisqu'il s'agit d'un bien qui appartient à l'évêché. S'agissant d'un bien cultuel, quand bien même, je partage la nécessité de préserver le patrimoine, il ne peut être reproché à la municipalité de Tronget d'avoir fait ce qu'elle a fait. Nous avons toujours été ouvert à soutenir et/ou porter une initiative qui permette la sauvegarde de cet édifice, il ne peut nous être reproché de ne pas avoir à ce jour pris l'initiative alors même que l'évêché ne s'est pas préoccupé de la question.

Le fond de l'article, dont j'ai bien compris qu'il a été rédigé avec ce qu'on a bien voulu vous transmettre, est accusateur sans même avoir été contacté. Il apparaît bizarre que cela ressorte de cette manière et en ce moment mais c'était visiblement l'intention de vos sources.
 
Je reste à votre disposition.
Bien cordialement.
 
Jean-Marc Dumont
Maire de Tronget

Voilà qui « remet le calvaire au milieu du village » !

Soyons positifs, même si notre article comportait des erreurs et nous nous en excusons auprès de Monsieur le Maire, il permet de rappeler, à la mémoire de tous, la présence de l’édifice sur le terrain du dépôt communal depuis 5 ans. Lorsque la commune sera prête à étudier un projet de restauration, nous répondrons présents pour apporter notre aide.

Concernant la restauration de l’église, Monsieur le Maire nous a informé que l’Architecte des Bâtiments de France était venu il y a peu de temps.

À suivre…


Crédits Photographiques : La Gazette du Patrimoine


Tronget (03) : le calvaire de la honte

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Alors que de nombreuses communes du territoire s’efforcent de valoriser leurs calvaires, à Tronget, dans le canton de Souvigny (Fille ainée de Cluny), on ne peut pas dire que ce soit le cas. En effet, le calvaire du village érigé en 1846, suite à une souscription publique, a été relégué au fond du dépôt communal au milieu des tuyaux et des bouts de ferraille. Pourquoi est-il là ? Personne ne semble le savoir.

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Nous aurions pu croire qu’il attendait une éventuelle restauration, mais cela fait maintenant plusieurs années qu’il est là et il y a donc peu de chances que ce soit pour se « refaire une beauté ». D’ailleurs, la croix qui le surmontait fièrement ne fait pas partie des éléments gisant près du socle.

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On peut dire qu’il s’agissait d’un calvaire « voyageur », car il fut érigé en 1846 devant l'église de Tronget, au milieu du cimetière qui l’entourait, avant que ce dernier ne soit également déplacé un peu à l’extérieur de la commune. En 1920, le calvaire rejoindra la cour du presbytère afin de laisser sa place au monument aux morts.

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Le presbytère fut d’ailleurs habité à partir des années 1960 par un curé emblématique de Tronget, l'Abbé Guéneau, qui avait répertorié toutes les croix de la paroisse. Pour lui, les croix avaient une importance capitale. Il a ensuite été muté vers la paroisse de Le Montet (village voisin) jusqu'en 2007, date à laquelle il a pris sa retraite.

Des religieuses ont alors investi après lui ce presbytère et l'ont quitté il y a une dizaine d'années. Propriété de l'Association Diocésaine de Moulins, il a été revendu à un particulier il y a peu de temps.

Ce presbytère a une mitoyenneté avec un bâtiment communal et le calvaire se trouvait alors contre cette propriété communale.

Au fond de la cour de ce bâtiment, la commune a aménagé un local pour le club de boules et c'est sans doute au moment de cet aménagement qu’il fut entreposé au dépôt municipal parce qu'il devait gêner.

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Nous ignorons si l'Association Diocésaine de Moulins, qui était encore propriétaire à l'époque, a été mise au courant du « dernier voyage » de l’édifice. Enfin, « dernier », rien n’est moins sûr, car l’ultime déplacement pourrait bien conduire ce témoin de l’histoire de Tronget tout simplement à la décharge publique.

Nous avons quand même du mal à croire qu’aucun habitant ne se soit indigné jusqu’à présent, mais il est vrai que s’opposer à une décision municipale dans une petite commune n’ai pas chose aisée.

Il doit sans doute exister une délibération du Conseil Municipal faisant état de ce « déni de patrimoine », mais nous n’en n’avons aucune trace pour le moment.

Quoi qu’il en soit, nous n’avons pas l’intention d’en rester là, car ce patrimoine doit retrouver sa place à Tronget… ou ailleurs.

Dans notre beau pays de France, il fut un temps où l’on chassait les sorcières, de nos jours certains font la chasse aux calvaires. C’est le cas de l’association la Libre Pensée qui s’est illustrée il y a quelques mois en faisant retirer un édifice fraichement restauré, parce qu’il était dans l’espace public et qu’il avait été érigé en 1846, donc bien après la Loi de 1905. Le Maire de la commune de Tronget a peut-être oublié que le calvaire de sa commune était bien antérieur à la loi.

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D’ailleurs Monsieur le Maire a rejeté une demande du curé de la paroisse pour entretenir l’église. L’été dernier, le clocher a été squatté par des jeunes qui s’amusaient à taper sur les cloches et, depuis, la porte du clocher n’a jamais été refermée et cadenassée.

Dans ce contexte, nos interrogations quant à une éventuelle restauration du calvaire sont quelque peu vaines, le patrimoine ne semblant pas être la préoccupation première de l’édile. S’il y avait eu une réelle volonté de restauration, il ne l’aurait pas remisé au fond du dépôt.

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Bien évidemment, nous allons tenter d’en savoir un peu plus, en espérant pouvoir « mettre fin au calvaire » de ce patrimoine qui ne mérite pas de finir ainsi, ne serait-ce que par respect pour ceux qui ont contribué à sa construction en 1846.


Crédits Photographiques : La Gazette du Patrimoine.

La couronne du succès pour un maître artisan joaillier nantais

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C’est à Nantes, dans un petit atelier/boutique que les choses se passent. Béranger Poiron, Maître artisan joaillier, s’est vu confier une commande pour le moins singulière. La réplique de la couronne du Roi Louis Ier Le Pieux.

C’est la Maison d’Aurefois à Chasseneuil-du-Poitou, dans le département de la Vienne, qui a passé cette commande hors du commun.

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« Un courrier avec une photo en noir et blanc, posté par la Maison d'Autrefois à Chasseneuil-du-Poitou dans la Vienne. Me demandant si je pouvais réaliser la couronne du personnage figurant sur la photo. Intrigué, j'ai pris le téléphone, j'avais envie de la voir en couleur cette photo », rapporte Béranger dans une interview pour France 3.

Cette couronne, nul n’en connaît la représentation exacte. Seule une interprétation de celle-ci réalisée par le peintre Jean-Joseph Dassy en 1837 a orientée le Maître artisan dans son interprétation.

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Après avoir réalisé une étude de faisabilité pour la réalisation de cette couronne cintrée, il a fait découper un tronc de cône au jet d'eau dans une plaque de laiton et en dehors de l'électricité, toute la fabrication est traditionnelle, comme on soudait durant le Haut Moyen Âge".

Afin de transmettre son savoir-faire, le maître artisan joaillier, qui est également formateur, a mis à profit cette commande insolite pour faire travailler deux stagiaires du lycée Jean Géhenno à Saint-Amand-Montrond dans le Cher. Il a toujours été de tradition d’enseigner et de transmettre à « ses fils » les gestes et c’est ce qu’il fait avec passion, même si dans ce cas précis, c’est un peu différent.

Nul doute que ses deux apprenties joaillières n’oublieront jamais cette expérience hors du commun et pourront afficher fièrement sur leur CV leur implication dans cette création unique.

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Celui qui n’oubliera pas non plus, c’est Béranger. Passionné par son métier, jamais il ne pensait qu’un jour une telle réalisation lui serait confiée. C’est avec beaucoup de fierté qu’il a accompagné son œuvre jusqu’au musée dans lequel est désormais exposée la couronne du Roi Louis Ier Le Pieux.

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Une chose est sûre, pour Béranger c’est son savoir-faire qui a été couronné de succès.

Liens utiles 
www.lecreusetdelacreation.com
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Reportage de France 3


Crédits photographiques : photos 1-3-4 : Béranger Poiron ; photo 2 : Louis Ier Le Pieux , huile sur toile de Jean-Joseph Dassy (Château de Versailles)

Bergerac : il faut sauver la Maison Leydier

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Encore un patrimonicide programmé. Cette fois c’est la ville de Bergerac qui semble se désintéresser d’un élément remarquable et incontournable de son patrimoine. Pourtant, cet édifice, qui jouxte la mairie, s’intègre parfaitement dans un ensemble architectural cohérent. Certes, son état est préoccupant, mais rien n’empêcherait son incorporation dans un projet contemporain.

C’est en tout cas le souhait de nombreux habitants et de l’ensemble des acteurs de la culture et du patrimoine de la commune.

Nous espérons que M. le Maire fera preuve d’écoute et de bon sens en acceptant au minimum la solution qui contenterait tout le monde, à savoir, conserver la façade et l’intégrer dans le projet de construction qui doit voir le jour.

Nous disposons encore dans notre pays d’architectes respectueux du patrimoine qui seront en mesure d’offrir un avenir à ce témoin de l’histoire collective dans un projet contemporain.

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Urgences Patrimoine a été sollicitée par les membres collectif de sauvegarde et c’est, comme toujours, avec passion et conviction que nous essaierons de les accompagner au mieux afin de conserver l’âme de la Maison Leydier.

Nous laissons la parole à Fabien Ruet qui nous éclaire sur la situation :

Au cœur de Bergerac, la municipalité veut raser une demeure d’époque Restauration

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Fabien Ruet est élu de Bergerac depuis 2008. Il est en charge du développement de la zone aéroportuaire.  Il a occupé des fonctions de Maire adjoint délégué à l’Urbanisme, au Patrimoine et aux Déplacements. Vice-président de l’agglomération bergeracoise en charge de l’Habitat, il s’est imposé comme référent en matière d’application de la loi de Solidarité et de Renouvellement Urbain. Il conduit avec succès la candidature de Bergerac à l’obtention du label Ville d’Art et d’Histoire.  Il est administrateur de l’association des Amis de la Dordogne et du Vieux Bergerac.

C’est l’histoire d’une belle demeure du Centre-ville de Bergerac, construite sous la Restauration, à quelques encablures de notre belle rivière Dordogne, dans cette partie de la ville où l’urbanisme triomphant du régime suivant n’a pas encore pris ses quartiers. Chemin faisant, le temps faisant son œuvre, c’est un paradoxal sentiment de langueur agréable qui vous empare à la vue des lignes épurées de l’architecture de la bâtisse. Le caractère reposant de sa silhouette tranche singulièrement avec cette fièvre soudaine de démolition qui semble avoir saisi le premier magistrat de la sous-préfecture du Périgord. Située à un carrefour stratégique entre le centre-ville et le centre-ancien, celle qu’on appelle la « Maison Leydier » du nom de son dernier propriétaire agite bien des convoitises et des polémiques depuis une quinzaine d’années, au gré des changements de municipalité. A ma sincère repentance, j’en fut également le protagoniste alors que j’occupais les fonctions de maire adjoint en charge de l’urbanisme, au tournant des années 2010. Chemin faisant, un consensus s’était imposé autour de la nécessité de préserver la façade principale de cette maison, pour garder trace de ce témoignage architectural.

Un problème de voisinage municipal

Une partie des soucis de la « Maison Leydier » tient à son voisinage aussi immédiat qu’envahissant. Jouxtant l’Hôtel de Ville, elle a fait l’objet d’un emplacement réservé dès la mise en œuvre du premier Plan Local d’Urbanisme (PLU) de Bergerac. L’idée était d’y permettre l’agrandissement potentiel de la Mairie, à une époque où l’heure n’était pas encore à l’effacement des municipalités et des transferts de compétences et d’agents vers les intercommunalités. Chemin faisant, au décès de sa dernière propriétaire, en 2008, la question du devenir du site se pose avec acuité. Nous décidons de renoncer à cet emplacement réservé afin de faciliter la vente de la « maison Leydier» auprès d’un promoteur local reconnu et soucieux d’y construire un immeuble d’accession à la propriété.`

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Une première polémique et un consensus autour de la façade

Le travail de concertation commence. Une polémique digne de la pyramide du Louvre se fait jour alors qu’une esquisse du futur projet est dévoilée en Conseil municipal. Notre démarche, en lien avec l’Architecte des Bâtiments de France, avait été de considérer que la destruction d’un patrimoine du 19ème siècle devait être conditionnée à une nouvelle construction qui porterait la marque d’une architecture résolument contemporaine. Créer aujourd’hui le patrimoine de demain. Etait-il nécessaire de tout détruire ? Faute d’accord avec les principales associations de défense du patrimoine, face à la menace de recours des riverains, le promoteur finissait par renoncer à son projet considérant que la préservation de la façade ne serait pas compatible avec les exigences d’agencement d’appartements contemporains. Pour la municipalité, il était entendu que désormais l’approche urbaine devant prévaloir vis-à-vis de la « Maison Leydier » serait celle de l’intégration de sa façade à tout nouveau projet.

Le jardin à l’anglaise du patrimoine bergeracois.

Cette approche faisait écho à ce qui fait la spécificité du patrimoine bergeracois. J’ai l’habitude de le comparer à un jardin à l’anglaise. La juxtaposition des époques contribue à y créer cette harmonie propre à la « verte douceur des soirs sur la Dordogne » pour paraphraser Edmond Rostand. Aucune époque n’est parvenue à imposer totalement sa marque ou ses logiques de rationalisation des espaces urbains. Ici, un pan de bois médiéval côtoie une ouverture Renaissance. Cette approche de protection et de valorisation des patrimoines devait nous conduire, en 2013, à décrocher le label Ville d’Art et d’Histoire, aboutissement personnel d’un combat politique de plusieurs années. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter pour le devenir de la façade de la « Maison Leydier ». En 2018, une autre municipalité parvenait à en faire l’acquisition dans l’optique d’y transférer les archives municipales.

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Tenter de rendre inévitable la démolition totale

Ce faisant, des signes inquiétants de dégradation commençaient à se faire jour. Dès 2019, les désordres sur les toitures étaient devenus tels qu’ils exigeaient une intervention rapide. Une partie arrière de l’édifice menaçait ruine et fit l’objet de mesures d’urgence de mise en sécurité. Bien qu’ayant averti à de nombreuses reprises sur la nécessité de procéder à des travaux d’urgence, la « Maison Leydier » a continué à se dégrader. C’était sans compter sur la dernière attaque en règle qu’allait subir l’édifice : celle, plus sournoise, d’un techno-administratif plus soucieux de viabilité économique que de préservation patrimoniale. A croire que l’absence d’entretien était délibérée pour en arriver au dépôt d’un permis de démolition totale de la « Maison Leydier ». Ce projet a été soumis à l’avis de la Commission locale du Site Patrimonial Remarquable de Bergerac.

Un témoignage rare de l’architecture de la Restauration

Malgré l’opposition argumentée des représentants des associations locales de défense du patrimoine, le projet de permis de démolition a reçu, en mai 2021, un avis favorable. Voici donc un patrimoine qui serait voué à la démolition sans même connaître la moindre esquisse de ce qui pourrait le remplacer. Pire encore, nous avons pu mesurer qu’il ne restait que peu ou pas de traces de cette architecture de la Restauration au sein du patrimoine Bergeracois. Il est donc d’autant plus que nécessaire d’en sauvegarder la façade. Quand bien-même le nouveau maire de Bergerac nourrit le projet d’y édifier, en lieu et place, une nouvelle maison des associations, son futur aménagement n’en est qu’au stade de l’idée. Il ne dispose pas encore du moindre financement prévisionnel. Aucun concours d’architecte n’a été lancé.

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Rien ne s’oppose à la conservation et à l’intégration de la façade principale de la « Maison Leydier » au futur projet de la Municipalité. Mieux encore, la sauvegarde de cet ultime témoignage de l’architecture de la Restauration lui donnerait ce supplément d’âme si indispensable aux inévitables non-lieux produits par l’architecture fonctionnaliste de ces dernières années. La réalité d’une ville est mouvante, bouillonnante. Place à la création et aux ponts entre les époques. Mobilisons-nous pour sauver la façade de la « Maison Leydier ».

Fabien RUET, Conseiller municipal de Bergerac

Une pétition vient d’être mise en ligne, merci de la signer et de la partager. Nous rappelons qu’il est inutile de payer au moment de signer, comme la plateforme vous invite à le faire, car l’argent ne sert pas notre cause.

Pétition ICI.


Crédits photographiques : Fabien Ruet

Plaques mémorielles des soldats morts pour la France : pas assez remarquables d’après les ministres

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Urgences Patrimoine souhaite se mobiliser de façon concrète pour la valorisation et la sauvegarde du patrimoine funéraire et travaille depuis quelque temps sur de nombreux projets en collaboration avec des spécialistes du sujet. Bien évidemment, les tombes des soldats morts pour la France sont un volet important de ce patrimoine. Malgré l’activisme sur l’ensemble du territoire du Souvenir Français, il existe de nombreux problèmes qu’il est grand temps de mettre en lumière, afin de faire avancer la cause et essayer de changer les choses qui peuvent l’être. Le devoir de mémoire ne doit pas se limiter à une simple formule linguistique, mais il doit être un engagement fort de chacun d’entre nous.

Nous savons que le chemin sera long avant que des changements notables soient opérés, mais il est temps de se poser les bonnes questions, afin d’obtenir les bonnes réponses.

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Il est justement question de réponses dans cet article rédigé par Maître Marine Le Bihan, qui revient sur l’intervention de plusieurs députés à l’Assemblée Nationale qui souhaitaient voir les plaques commémoratives des soldats morts pour la France obtenir le statut de biens culturels. Ils ont donc interrogé Madame la ministre déléguée auprès de la ministre des armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants ainsi que Madame la ministre de la culture.

La réponse est sans appel : la dimension mémorielle de ces plaques n’est pas suffisante pour être considérée comme un bien culturel.

Comme nous l’écrivions un peu plus haut : le chemin va être long …

Les plaques funeraires des morts pour la France ne sont pas des biens culturels
— Maître Marine Le Bihan

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Le Souvenir français est une association loi 1901 fondée en 1887 qui a pour vocation d’honorer la mémoire de ceux qui sont morts pour la France. Elle a pour objet de conserver cette mémoire, d’animer la vie commémorative, et de transmettre le flambeau du souvenir aux générations successives.

Depuis plusieurs années, cette association s’alarme de la vente sur Internet de plaques mémorielles issues de vols sur des tombes en déshérence ou supprimées de « Morts pour la France ».

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Ainsi, en mars 2019, le Souvenir Français dénonçait la mise en vente sur eBay et Le Bon Coin de trois plaques provenant de cimetières. L’une de ces plaques avait été fixée sur une croix en fer sur la tombe de Maxime Fleur, un résistant fusillé le 7 juillet 1944 à l’âge de 22 ans et enterré aux côtés de trois camarades exécutés en même temps que lui. Heureusement, l’association avait pu récupérer la plaque.

Relayant l’inquiétude du Souvenir Français, plusieurs députés ont interrogé Madame la ministre déléguée auprès de la ministre des armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants ainsi que Madame la ministre de la culture au sujet de ces plaques à haute valeur symbolique et présentant un intérêt historique voire esthétique.

Certes, le vol et le recel de plaques mémorielles sont punissables, s’agissant d’infractions prévues, respectivement, aux articles 311-1 et 321-1 du code pénal.

Mais, eu égard à la haute valeur symbolique de ces plaques, le Souvenir Français souhaiterait que leur soit reconnu le statut de biens culturels, au sens de l’article 1er alinéa 1er du code du patrimoine qui définit le patrimoine matériel comme « l’ensemble des biens, immobiliers ou mobiliers, relevant de la propriété publique ou privée, qui présentent un intérêt historique, artistique, archéologique, esthétique, scientifique ou technique ».

Si un tel statut leur était accordé, les plaques funéraires des « Morts pour la France » bénéficieraient d’un régime de protection renforcé. Ainsi, leur nature de bien culturel serait une circonstance aggravante en cas de vol, et l’office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC) serait compétent pour poursuivre les infractions portant atteinte à ces plaques.

Dans une réponse publiée au Journal Officiel du 13 avril 2021, c’est Madame la ministre déléguée chargée des anciens combattants qui s’est prononcée.

Rappelant que la qualité de bien culturel provient, soit du caractère exceptionnel d’un bien, soit de sa très grande représentativité, elle estime que le grand nombre de plaques funéraires et leur production en série ne militent pas pour une protection particulière.

Selon la formule employée par Madame la ministre, « la seule dimension mémorielle [...] ne constitue pas un critère suffisant pour les qualifier de bien[s] culturel[s] ».

Celle-ci tient à toutefois à préciser que, s’agissant de plaques prélevées illicitement sur des tombes de « Morts pour la France », même sans statut de biens culturels, leur vente demeure naturellement prohibée, et ceux qui tentent de les mettre en vente peuvent être poursuivis pour vol ou recel.

Ce combat pour la protection des plaques mémorielles en rappelle un autre : le 4 avril 2019, une proposition de loi relative à la protection des drapeaux des associations d’anciens combattants a été adoptée en première lecture par le Sénat. A ce jour cependant, le texte n’est toujours pas inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale.

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Consulter la réponse publiée au Journal Officiel ICI.



Crédits photographiques: La Gazette du Patrimoine / Urgences Patrimoine