Avignon : il faut sauver l’île de la Barthelasse

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À l’heure
où l’écologie est au cœur de toutes les préoccupations, le projet de bétonnage de l’île de la Barthelasse nous laisse dubitatifs. Comment peut-on, de nos jours, envisager un tel écocide, alors qu’avec un minimum de bon sens un projet alternatif respectueux de la nature pourrait voir le jour ? Comment l’État peut-il cautionner cela ? Et nous pourrions même aller plus loin en demandant : « à qui profite le crime ? ».

Le patrimoine naturel faisant également partie de nos prérogatives, c’est tout « naturellement » qu’Urgences Patrimoine se joint au collectif « SOS Baqrthelasse » afin de mettre un terme à ce projet d’un autre siècle.

Nous vous invitons à participer à l’enquête publique dont le lien se trouve en fin d’article. Cinq minutes de votre temps peuvent contribuer à sauver cette île du bétonnage sauvage. D’avance merci pour votre aide.

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Le collectif SOS Barthelasse nous résume la situation :

Au cœur de l'agglomération d'Avignon se trouve l'île de la Barthelasse, vaste territoire de 700 hectares à vocation principalement agricole.
Depuis toujours, l'île subit les crues du Rhône, dont les limons contribuent à la fertilisation des terres.

Une digue, construite à la fin du XIXe siècle, renforcée depuis régulièrement, protège l'île, ses habitants (une centaine de foyers) et les exploitations agricoles des petites crues régulières.

Des arbres ont pris racine sur cette digue depuis 150 ans. Il s'agit d'une ripisylve, ou forêt alluviale, qui joue un rôle de corridor écologique, essentiel au maintien de la biodiversité.

Cette forêt de plusieurs milliers d'arbres plus que centenaires, regorge de vie sauvage et de nombreuses espèces vulnérables y ont été recensées. Chiroptères, odonates, insectes, reptiles, mammifères (dont la loutre) ... protégés par différentes lois et dispositifs nationaux et européens (la Barthelasse se trouve notamment dans une zone Natura 2000).

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A la fin des années 90, soit il y a une trentaine d'années, un projet de rénovation de la digue de l'île de la Barthelasse a vu le jour. Après des années de montage, ce projet est entré dans une phase décisive, puisqu'une enquête publique se déroule actuellement, et jusqu'au 9 février à midi.

De nombreux citoyens s'expriment contre ce projet qui, au prix de beaucoup d'argent public (18 millions d'euros) et d'un massacre environnemental d'un autre âge, va bénéficier à très peu de gens.

Ce projet, écocide et anachronique, est jugé recevable par les services de l'Etat alors qu'il présente de nombreuses carences et insuffisances.

Citons notamment :

L'absence délibérée de transparence et le manque total de concertation dont ce projet a fait l'objet depuis 30 ans : dissimulations, mensonges, fin de non-recevoir, tout a été fait pour systématiquement confisquer ce dossier au public, en violation manifeste de la loi (notamment la directive européenne 2003/4/CE et la charte de l'environnement).

L'étude d'impact qui s'appuie sur des inventaires mal menés et incomplets. La demande de dérogation pour la destruction d'espèces animales protégées, indispensable pièce du projet puisque situé en zone Natura 2000, concerne 62 espèces. Des naturalistes indépendants ayant réalisé des inventaires dans la durée, en dénombrent de leur côté plus de 170 ! Dans un cas comme dans l'autre, on ne peut concevoir l'idée de porter intentionnellement atteinte à autant d'espèces, pour un projet dont l'intérêt est discutable et dont les alternatives sont possibles.

L'analyse coût / bénéfice, qui tient pour quantité négligeable l'environnement, dont la valeur n'est à aucun moment prise en considération.

Le non-respect de la séquence ERC, obligation du code de l'environnement, dont l'objectif est d’obtenir que les projets d’aménagement du territoire se fassent sans perte de biodiversité aucune. L’ordre hiérarchique de cette séquence doit obligatoirement être suivi par les aménageurs.

Il faut d’abord éviter les impacts sur les écosystèmes, puis, seulement si ce n’est pas possible, il faut les réduire, et en dernier recours, si réduire n’est pas possible non plus, on doit les compenser. Seules les mesures "Éviter" garantissent la non atteinte à l’environnement.

Or, on ne trouve dans la conception du projet, aucune trace d'une volonté d'évitement ou de réduction de son impact environnemental catastrophique. Tout au mieux des promesses de compensations, qui vont de l'inutile (replanter des arbrisseaux, d'autres espèces, sur des sites déjà naturels) à l'aberrant (des gîtes en béton pour les castors, on ne sait pas si l'on doit en rire ou en pleurer).

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Les autorités environnementales ne s'y sont pas trompées, puisque tant la Mission Régionale d'Autorité environnementale (MRAe) que le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) ont donné un avis négatif ou sévère sur ce dossier.

Pourtant des solutions existent, qui permettraient de concilier à la fois protection contre les crues et préservation de l'environnement. Comme par exemple la technique de la digue en retrait, proposée par le collectif SOS Barthelasse, qui dénonce les méthodes brutales de l'actuel projet et ne cesse d'inviter à une plus large concertation.

Restée sourde à ces appels, la communauté d'agglomération du Grand Avignon a malgré tout fait le choix de maintenir son projet, qui va causer un lourd préjudice à toutes et tous, et pour longtemps.

Déjà en 2016 la presse relayait l’absurdité du projet :

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L'enquête publique en cours vise à déterminer si ce projet est, oui ou non, d'utilité publique. Toute personne, tout.e citoyen.ne, quelle que soit sa nationalité, quel que soit son lieu de résidence, peut apporter sa contribution à cette enquête publique.

Nous invitons vivement tous les lecteurs de La Gazette du Patrimoine à prendre part à l'enquête publique pour contribuer à nos côtés à la dénonciation de ce non-sens écologique. Chacune, chacun, avec ses mots, peut contribuer à ce que les aspects dévastateurs de ce projet soient explicités, dans l'espoir que cette prise de conscience unanime et nationale exerce une influence décisive sur l'issue de l'enquête et la décision de l'administration à qui il revient d'autoriser le projet.

Pour vous aider dans cette démarche, nous avons mis à votre disposition un "Kit citoyen" qui vous donne les informations nécessaires sur le projet et sur les modalités de participation à l'enquête publique ICI.

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Crédits photographiques :
photos 1 et 2 : SOS Berthelasse ; photo 3 : Sanaga  ; photo 4 : Le Canard Enchainé

Laval : pourtant inscrit Monument Historique, le Saint-Yves est toujours à l’abandon

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Urgences
Patrimoine a souvent pour habitude de défendre le patrimoine non protégé des territoires, mais, hélas, même protégé au titre des Monuments Historiques, certains témoins de notre histoire collective sont dans un état plus que préoccupant. Le collectif de sauvegarde local tire encore une fois la sonnette d’alarme, car maintenant le Saint-Yves est en état d’urgence absolue. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons accompagner le collectif, bien au-delà d’une simple action de communication. En attendant de passer à l’action dans les jours prochains, voici « l’état des lieux » de ce pauvre bateau lavoir dont les jours sont comptés.

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QUE DIRE AU 25 JANVIER 2022 DU BATEAU LAVOIR SAINT YVES ?

Des interrogations, des inquiétudes et des demandes.

À quand une mise à l’abri et des travaux d’entretien dans l’attente d’une restauration promise et souhaitée par le Maire de Laval (53) ?

Depuis plus de trois ans des lavallois, notamment des petits-enfants de laveuses se mobilisent -Collectif bateau-lavoir St-Yves- pour la protection et la réhabilitation du Saint-Yves, l’un des derniers bateaux-lavoirs français voire européens. Toujours délaissé sur un terrain municipal (après un naufrage en 2009) son état général se détériore inexorablement et attend désespérément l’heure de sa renaissance. Ce patrimoine a pourtant fait l’objet d’une protection au titre des Monuments Historiques avec obligation pour le propriétaire de l’entretenir et le protéger.

Malgré des difficultés et la crise sanitaire, le Collectif a persévéré pour être écouté et entendu...croyant que 2021 serait l’année de la protection et d’un projet de restauration et d’exploitation du St-Yves... que nenni !En effet la ville s’était engagée (réunion mars 2021, courrier juillet 2021Maire et Adjoint aux Cultures pour tous) :

  • à mener des travaux a minima de sauvegarde (mise hors d’eau et redressement de la coque), effectivement réalisés en septembre.
  • d’ici septembre à fournir une feuille de route sur un projet de restauration et de mise en valeur après validation par les élus. Il semble destiner à une annexe de l’Office de Tourisme. Mais à ce jour, pas de planification de projet mais un transfert de propriété et une restauration a été évoquée au Conseil Communautaire de Laval Agglomération mais sans précision sur le budget et le calendrier.
  • à communiquer : « Vos interlocuteurs sur ce projet restent Mme Boisgontier et Mr Fléchard qui reviendront vers vous dès que de nouveaux éléments concernant le devenir du bateau lavoir seront connus. » Aucun échange avec ces élus depuis … pourquoi ne pas informer le collectif de la visite sur site d’un expert de la DRAC début octobre 2021(sans retour à ce jour), du transfert de propriété Laval/Laval Agglomération ? Pourquoi ce manque de visibilité, de communication et collaboration qui peuvent compromettre l’issue d’un tel projet ? Pourquoi ne pas répondre aux interrogations et inquiétudes ?

Pourtant l’intérêt pour la sauvegarde du bateau lavoir St Yves ne se dément pas…population, historiens, élus, associations soutiennent le collectif…preuve que notre combat est légitime. En décembre une association lavalloise propose d’étudier une éventuelle mise à l’abri. Mme Alexandra Sobczak présidente de l’association Urgences Patrimoine, que je remercie pour son soutien, propose une délégation pour Laval et ses environs.

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QUE DIRE ENCORE ?

Qu’aprés 13 ans d’abandon … chaque jour qui passe l’amène vers son délabrement. Il n’est pas difficile d’observer  l’écaillement de la peinture, la rouille rongeant les ferrailles, l’altération des boiseries et de la structure. De fait, aujourd’hui le Collectif et la population s’inquiètent, s’interrogent. En effet, au vu de sa dégradation actuelle, ce patrimoine emblématique lavallois résistera-t-il aux temps incompressibles de concertation et de validation d’un projet de réhabilitation ?

Que le bateau lavoir St-Yves est en péril… Un pan de l’histoire des lavandières lavalloises est à même de disparaître.

En dépit de cet intérêt porté au patrimoine -indéniable pour les élus de Laval et du Département- combien de monuments historiques, classés ou non, sont délaissés, abandonnés voire détruits ? Et pourtant ces édifices sont, dans nos villes et nos villages, les témoins de notre histoire, d’un passé plus ou moins lointain. Nous nous devons de sauvegarder ce précieux patrimoine et d’en pérenniser la transmission aux générations futures.

QUE DIRE ENFIN ?

Que Confucius a dit « Examine si ce que tu promets est juste et possible, car la promesse est une dette. »

Que Monsieur le Maire de Laval s’est engagé à restaurer le bateau lavoir Saint Yves pendant sa mandature…

Que le collectif demande :
  • des réponses à nos interrogations et une visibilité d’un projet de restauration;
  • le respect de la législation par le propriétaire d’un objet mobilier classé (Titre II: Monuments Historiques ; article L622-24) : entretien et protection ;
  • rapidement et expressément les préconisations de l’expert de la DRAC suite à la visite sur site début octobre 2021 ;
  • une collaboration basée sur une relation de confiance avec la Municipalité.

Michel Rosiaux
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Crédits photographiques : Michel Rosiaux

Présidentielles 2022 : quel avenir pour le patrimoine des territoires ?

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La
campagne électorale bat son plein, et chacun dévoile son programme en faveur de l’avenir des français. Pouvoir d’achat, sécurité, écologie, éducation, immigration sont les « fers de lance » de cette campagne.

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Il est un sujet moins sensible, mais somme toute important, qui n’émerge que peu des discours : le patrimoine. Pourtant, présider la France, c’est présider le patrimoine, car la France est Patrimoine.

Chaque commune, même la plus modeste, porte en son sein un témoin de notre histoire collective. Le patrimoine est notre ADN, un marqueur fort de notre identité. Nous ne parlons pas ici de Versailles, de la Tour Eiffel, de Chambord ou de Notre-Dame qui font la fierté de tous et pour lesquels tous les gouvernements auront toujours un regard attentif et bienveillant.

Nous parlons ici des clochers de nos campagnes, de nos fours à pain, de nos maisons à pans de bois, de nos petits châteaux… Ceux que nous pourrions définir comme « les petits, les obscurs, les sans grades », parce qu’ils ne bénéficient pas de protection au titre des monuments historiques.

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S’ils ne sont pas des fleurons du patrimoine national, ils ont cependant tous une valeur ou un intérêt local. Oublier ce « petit patrimoine », c’est oublier la France des territoires.

Les touristes du monde entier, qui représentent une manne économique pour notre pays, ne viennent pas visiter uniquement Versailles ou Paris. Ils viennent également visiter nos belles provinces, parce qu’ils apprécient la diversité de nos paysages, de notre architecture, de notre gastronomie, de nos traditions de nos savoir-faire…

La question qui se pose aujourd’hui est : viendront-ils toujours lorsqu’ils n’auront pour seul spectacle que des zones pavillonnaires avec des maisons à toits plats à la place d’un château XIXe et de son parc, des parkings à la place de gracieux presbytères, ou des champs d’éoliennes qui défigurent tout sur leur passage ? La réponse est aisée : ils iront ailleurs.

Au-delà de l’aspect financier émanant du tourisme, il faut également souligner qu’à l’heure où l’écologie est au cœur de toutes les préoccupations, un chantier de démolition est tout sauf écologique, car ces chantiers produisent des tonnes de déchets. Certes, on nous expliquera que ceux-ci sont triés et valorisés, mais il suffit de se rendre sur un chantier de démolition pour constater que seulement une infime partie fait l’objet d’un traitement particulier. Soyons lucides, la démolition « propre » n’existe pas.

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Depuis quelques années, on invite les français à trier leurs déchets. On les invite également à donner une seconde vie à leurs objets, à réparer ou à céder plutôt que de jeter, parce que c’est plus écologique. Alors pourquoi le patrimoine n’aurait pas droit à ce genre de « faveur » ? « Réparer » le patrimoine, plutôt que le détruire pour assouvir l’appétit des promoteurs immobilier, serait un geste fort pour la planète et un geste fort pour ses habitants.

Certains argumenteront en mettant en avant l’aspect économique. Certes, parfois une réhabilitation est plus coûteuse, mais elle permet d’inscrire un édifice dans la durée, alors que la pérennité d’une construction moderne est contestable. Il suffit de regarder les constructions réalisées il y a une vingtaine d’année pour constater que beaucoup d’entre-elles sont déjà en fin de vie.

N’oublions pas que les réhabilitations sont aussi source d’emploi pour des milliers d’artisans et d’artisans d’art. À l’heure où le « Made in France » est au cœur des préoccupations, il serait judicieux de ne pas priver des milliers de professionnels, ambassadeurs du savoir-faire français, de travail, au prétexte qu’on préfère démolir que « soigner ». Oui, le patrimoine se soigne. Hélas, la principale maladie dont il souffre, est le déni. Et seul le bon sens pourra éradiquer ce mal. Comment un pays qui méprise son passé, peut-il envisager l’avenir ?

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Cette question, nous sommes nombreux à nous la poser et nous espérons que l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle y répondront avant que nous nous rendions aux urnes.

Quoi qu’il en soit nous savons déjà que toutes les mesures qui ont été mises en place ces dix dernières années ne sont absolument pas adaptées.

Tout d’abord, parce que le Ministère de la Culture n’est pas en mesure de se préoccuper de tous les sujets et que, la plupart du temps, le patrimoine est le grand oublié des Ministres de la Culture. Mais peut-ont pour autant les blâmer ? Trop de sujets à traiter et pas assez de temps pour mener sérieusement leurs missions. Le temps moyen d’exercice d’un ministre de la culture est de 18 mois. Comment en 18 mois peut-on réfléchir, se poser les bonnes questions, afin d’obtenir les bonnes réponses ?

Depuis longtemps nous pensons que la création d’un secrétariat d’état au patrimoine pourrait considérablement faire avancer la cause. Jusqu’alors, on peut dire que le Ministère de la Culture est un ministère « fourre-tout » et la tâche est trop grande pour un seul Ministre.

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Nous pensons également que les idées reçues et l’éternelle phrase « on a toujours fait comme ça »,sont mauvaises conseillères. Il est grand temps de réformer et d’inventer la sauvegarde du patrimoine de demain.

À chaque fois que le patrimoine est mis en avant, on nous répond : budget, argent.

Or, depuis huit ans, Urgences Patrimoine n’a eu de cesse de démontrer que l’argent n’est pas toujours la solution aux problèmes. Certes il faut des sommes colossales pour restaurer, entretenir et valoriser, mais il faut simplement du bon sens pour sauver.


Victor Hugo dans sa « Guerre aux démolisseurs » écrivait :

Il faut arrêter le marteau qui mutile la face du pays. Une loi suffirait. Qu'on la fasse. Quels que soient les droits de la propriété, la destruction d'un édifice historique et monumental ne doit pas être permise à d'ignobles spéculateurs que leur intérêt imbécile aveugle sur leur honneur ; misérables hommes, et si imbéciles qu'ils ne comprennent pas qu'ils sont des barbares ! Il y a deux choses dans un édifice : son usage et sa beauté. Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde, à vous, à moi, à nous tous. Donc, le détruire, c'est dépasser son droit.

Ne serait-il pas temps de mettre en place des lois qui permettraient d’arrêter les mutilations faites au patrimoine ? Chaque jour, ce sont des dizaines d’édifices qui disparaissent dans l’indifférence générale des pouvoirs publics.

Nos inquiétudes, quant à l’avenir du patrimoine lors des cinq prochaines années, se justifient, entre autres, par l’absence de réaction de l’ensemble des candidats à cette élection, lors de la destruction de la chapelle Saint-Joseph à Lille, il y a un an jour pour jour. Nous avions pourtant sollicité l’ensemble de la classe politique qui aurait pu se mobiliser contre cette démolition injustifiée de ce grand édifice lillois. Mais à part le bruit assourdissant des pelleteuses, nous n’avons entendu personne et nous avons assisté impuissants à un « patrimonicide » de plus.

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À qui donc pourrions-nous faire confiance, nous, les défenseurs du patrimoine ? À l’heure où l’on demande aux citoyens de se mobiliser et d’agir, quel sera l’avenir de leur engagement face à des dirigeants s’ils restent sourds et aveugles ?

Le patrimoine ne fait pas de politique, car le patrimoine est un bien commun. Il appartient à chacun d’entre nous et nous ne voulons pas que le patrimoine soit « l’otage » d’un parti plutôt que d’un autre. Nous souhaitons seulement que celle ou celui qui gouvernera la France lors du prochain mandat, soit soucieux de la préservation de cette histoire collective qui fait notre fierté et qui participe au rayonnement de notre pays.

Nous espérons donc avoir des réponses concrètes à travers des programmes concrets, qui offriront au patrimoine des perspectives d’avenir différentes que celles du déni et de la destruction.

Vive le patrimoine, vive la France !

Alexandra Sobczak-Romanski
Présidente d’Urgences Patrimoine

Nous contacter : urgences.patrimoine@gmail.com
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Crédits photographiques : Urgences Patrimoine

Saint-Maixent-l’École : Saint Christophe libéré, délivré et bientôt sauvé

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Depuis
un peu plus d’un an, la « boucherie » de Saint-Maixent-l’École a été au cœur de toutes les préoccupations de l’ADANE et de sa présidente Marie-Claude Bakkal-Lagarde. Après un bras de fer épique avec la commune, la persévérance a payé. Le cadenas qui empêchait l’accès a été enlevé et l’édifice médiéval va pouvoir s’inscrire dans l’avenir, sous le regard bienveillant de Saint Christophe.

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Résumé des six derniers mois :

À Saint-Maixent-l’École dans les Deux-Sèvres, au cours de l’été 2021, le projet de démolition de deux maisons situées aux 9-11 rue Anatole France, dans le périmètre protégé de l’abbatiale, inaugure une bien inquiétante période. Les maisons adjacentes, dont une à colombages, risquent de souffrir de la destruction des façades en pierre de taille du XIXᵉ siècle et des trépidations des engins de chantier.

Est-ce bien sérieux de vouloir créer des logements en béton, quel qu’en soit le prix, d’une durée de vie maximale de 40 ans ?

Mais, fin septembre, un miracle se produit. Il consiste en la découverte d’une peinture murale représentant le Christ enfant sauveur du monde, sur les épaules de Saint Christophe. C’est le rayon de lumière au bout du tunnel, celui qui nous guide et nous conduit à œuvrer pour ce patrimoine exceptionnel. L’œuvre est datée du XVᵉ siècle et authentifiée par Mme Sabine de Freitas. Elle intervient à la demande d’Urgences Patrimoine. Nous informons La DRAC de la découverte et deux ingénieurs se déplacent pour voir les lieux. Tous reconnaissent que le sauvetage relève d’une prise en charge en milieu très sensible. Le « risque d’effondrement » est particulièrement élevé.

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En effet, exposé aux intempéries depuis des années, le mur qui porte la peinture est extrêmement fragile. Mais c’est aussi tout l’ensemble du bâti environnant qui est déstabilisé. Mi-octobre, le propriétaire accorde à l’ADANE le droit d’intervenir pour la protéger et sécuriser cet espace. Néanmoins ce n’est pas l’idée du Maire qui interdit toute action. Aucune négociation n’est possible. La mairie cadenasse les lieux.

Mi-novembre, contre vent et marée, l’association ayant rassemblé ses économies en réorientant ses investissements, signe le compromis d’achat du lieu. Cependant, le risque de la préemption plane toujours sur la transaction.

La présidente de l’ADANE, qui a reçu différents soutiens dont celui d’Urgences patrimoine, est convoquée pour expliquer son projet devant la commission d’urbanisme le 13 décembre. Elle s’y rend accompagnée par un juriste de Vieilles Maisons Française et du voisin du n° 13. Passionné des vieilles pierres, il a aussi sauvé sa maison à colombage en l’achetant alors qu’elle était frappée d’un arrêté de péril. Après un exposé exposant le point de vue, chacun pose ses questions, les réponses éclairent la faisabilité dans un délai raisonnable. Il est possible de cristalliser l’écrin, de refaire les toitures et de sécuriser cet ensemble.

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Les journées passent et toujours rien. Durant la semaine suivant Noël, des pluies diluviennes s’abattent. Des bruissements se font entendre du côté de la peinture. Nul ne peut aller voir ce qui s’y passe. Le cadenas municipal est toujours là. La présidente écrit le vibrant appel de Saint Christophe. Et le matin du 31 décembre, bonne nouvelle, le cadenas de l’élu a été retiré.

Trois tempêtes de plus et des morceaux d’enduits se sont détachés. Ils sont précautionneusement collectés.

Sur les conseils avisés, le projet d’abri de la peinture prêt depuis mi-octobre va être réalisé. Celle-ci au premier étage d’un bâtiment dont ne subsiste qu’un mur de 3 niveaux et un moignon de parement perpendiculaire nécessite la réalisation d’une plateforme. Elle sera posée dessus.

Le jour de l’an passe et, dès le 2 janvier 2022, les matériaux achetés, deux adhérents de l’ADANE, ensuite rejoints par quelques adhérents des Maisons Paysannes de France commencent à construire la plateforme.

Bien que la signature ne soit pas encore ratifiée, les bénévoles apportent leurs outils et retroussent leurs manches. Les lierres sont peu à peu supprimés et certaines zones sont désencombrées des gravats des toitures, etc.

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La pluie reprend. Elle rend le terrain glissant. En ruisselant sur les murs de terre, elle accroît le danger. Certains jours, il vaut mieux ne pas approcher des murs et, les jours plus favorables, il convient d’être plusieurs et attentif, au cas où il faudrait donner alerter les secours.

La construction de la plateforme à peine achevée, un nouvel épisode pluvieux s’annonce. La météo donne l’alerte. À 17 heures, chacun rentre chez lui. Dès 19 h,eures la nuit qui s’annonce du 8 au 9 janvier 2022 est dantesque. Le voisin du n° 13 surveille les bruits de pluie, le souffle des bourrasques et le murmure des bris d’enduits le fait frémir. Soudain, un grondement plus sourd le met en émoi. Sortant en pleine nuit dans sa cour, il ne voit rien de particulier chez lui. L’événement se déroule de l’autre côté du bâti mitoyen, au niveau de la peinture murale.

Le jour se lève, la pluie s’affaiblie. Avec l’arrivée d’un proche, les deux passionnés se rendent sur place pour voir. Là c’est la stupéfaction ! Un nouvel effondrement du résidu de mur s’est écroulé sur le bout de la plateforme.

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Mais il faut croire que Saint Christophe et le Christ veillent. Si la protection avait été élaborée comme initialement prévue, elle aurait pu être préjudiciable. Au chevet de ce patrimoine, chaque jour invite à redoubler de prudence. Mais que de temps perdu ! Il était possible d’œuvrer dans les bonnes conditions automnales.

La fin de l’hiver n'est pas pour demain.

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Crédits photographiques : ADANE

Valençay : Jackpot pour le grand, pelleteuse pour le petit

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Alors
que nous avons appris il y a quelques semaines, que le sublime Château de Valençay allait bénéficier de 300.000 euros de dotation du Loto du patrimoine pour la restauration de son théâtre (lire l’article de La Nouvelle République ICI),nous apprenons aujourd’hui la démolition prochaine d’un petit édifice, certes très modeste, mais pourtant marqueur fort de la commune.

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Nous nous réjouissons bien évidemment pour le château, fleuron du patrimoine national, mais, à travers cet article, nous souhaitons illustrer ce que nous répétons sans cesse, à savoir l’intérêt pour les grands, le déni pour les petits.

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Certes, les milliers de touristes qui viennent dans cette superbe commune pour visiter la demeure de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord ne viendront pas visiter l’humble « Arrêt du Tacot », c’est une évidence, mais ce petit édifice est pourtant à son niveau un élément fort du patrimoine local, notamment du fait de son architecture de briques, peu utilisées dans la région.

Abandonné depuis les années 80, suite au décès de ses derniers propriétaires, la commune vient de le condamner, car il est jugé trop vétuste et désormais dangereux.

Cela, nous l’entendons bien, et nous comprenons la décision du maire qui doit assurer la sécurité de ses administrés. Sauf qu’il existe une solution pour satisfaire tout le monde, sans dépenser d’argent public (une démolition a un coût ). Cette solution est la cession du bien à l’euro symbolique. Nous avons sauvé la maison médiévale d’Orpierre (Hautes-Alpes) grâce à ce procédé et plus récemment, l’imposant Château de Westhove (Pas-de-Calais), sans parler de « notre » chapelle de Vrères (Deux-Sèvres) qu’Urgences Patrimoine va restaurer gracieusement pour la sauver des pelleteuses.

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Nous allons dès demain contacter la commune, afin de proposer de prendre en charge l’édifice dans le cadre de notre dispositif « PPA » (un Patrimoine, un Projet, un Avenir), en espérant qu’il ne soit pas trop tard. Nous sommes convaincus qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, et comme le disait Talleyrand , « on ne croit qu'en ceux qui croient en eux » et en ce qui concerne « L’Arrêt du Tacot », nous croyons être en mesure de lui offrir un avenir.

Vive le « petit » patrimoine des territoires !

Pour plus de détails, voici le lien de l’article de La Nouvelle République, grâce auquel, nous avons été alertés ICI.
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Crédits photographiques : La Nouvelle République