February 2023

Armentières : démolition de l’église du Sacré-Cœur. La première d’une longue liste ?

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Alors que nous venons d’apprendre la démolition en cours de l’église du Sacré-Cœur à Armentières, il semblerait qu’il n’est pas de bon augure de porter ce nom quand on est un édifice religieux. Lire l’article de La Voix du Nord ICI.
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Depuis juin 2022, nous surveillons de très près le projet de démolition de l’église du Sacré-Cœur de Denain aux côtés du collectif de sauvegarde « Sacré Cœur », afin de lancer les recours nécessaires le moment voulu.

Pour rappel, Anne-Lise Dufour, Maire de la commune avait porté comme un étendard le projet de réhabilitation de l’édifice au moment de son élection. Or, il semblerait que l’édile ait un problème de compréhension  du verbe « réhabiliter », car, pour elle, la réhabilitation du Sacré-Cœur passe par la destruction de l’édifice, à l’exception du clocher, qui, tel un trophée, rappellera aux habitants et aux touristes de passage qu’ici, jadis, vivait une grande église. Et à ceux qui nous expliqueraient qu’il n’y a pas d’argent pour restaurer, il est important de rappeler que pour cette « pseudo réhabilitation », la commune prévoit une enveloppe de presque trois millions d’euros. Sans commentaire…
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Mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin. L’église du Sacré-Cœur de Santes, est également menacée de démolition. D’après un article datant de juin 2022 publié dans La Voix du Nord, la commune étudie les possibilités qui s’offrent à elle, mais penche plus vers la démolition que vers la réhabilitation. Là encore, nous allons regarder ça de plus près, car tant que le permis de démolir n’est pas signé, tous les espoirs sont permis. D’ailleurs, puisque dans le cas de Santes il s’agit vraiment d’un problème de budget, nous allons proposer au Maire de l’accompagner dans ses recherches de financements. Nous rappelons que la Région Hauts-de-France soutien financièrement chaque année des projets de réhabilitation du patrimoine religieux non protégé, mais pour en bénéficier, il faut se donner la peine de contacter les services concernés.

 Lire l’article de La Voix du Nord ICI.

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Enfin, la situation de l’église du Sacré-Cœur de Faches-Thuménil est, elle aussi, en sursis. Cette fois, c’est le mérule qui s’invite au bal. Pas de meilleur argument lorsque l’on veut raser un édifice. Là encore, nous tenterons de suivre l’affaire de près.

Lire l’article de France 3 ICI.
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Cette liste est sans doute, hélas, non exhaustive, mais à l’heure où les parlementaires et autres hautes instances s’inquiètent de l’avenir du patrimoine religieux en France, cette nouvelle vague de « patrimonicides » dans les Hauts-de-France ne laisse rien présager de bon.
 
Encore une fois, n’oublions pas cette citation de Victor Hugo : « Il vient une heure où protester ne suffit plus : après la philosophie, il faut l’action. »
 
Si un parlementaire courageux veut présenter des solutions, qu’il sache que nous en avons, et que nous nous ferons un plaisir de travailler avec lui ou elle pour l’avenir du patrimoine religieux de nos territoires.
 
Vive le Patrimoine
Vive la France
 
  
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Crédits photographiques : photo 1 et 3 : La Voix du Nord ; photo 2 : Collectif Sacré-Cœur ; photo 4 : France 3

Digne : est-il pertinent de détruire le vieux pont des Arches ?

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Nous venons d’être alertés par l’Association Terre Dignoise, qui s’oppose à la destruction d’un patrimoine emblématique de la région de Digne-Les-Bains, et bien entendu, nous soutiendrons l’ensemble des démarches de l’association, car cet ouvrage d’art mérite un avenir autre que celui de tas de ferraille.
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Le trafic routier est important à cet endroit. Il n’est donc pas question de s’opposer à la construction du nouveau pont. En revanche, le projet de sauvegarde du Pont des Arches doit être une priorité, ne serait-ce que pour l’attractivité du territoire.
 
Il nous semble tout à fait inopportun de détruire un édifice tel que celui-ci, en évoquant une quelconque dangerosité. S’il était dangereux, il serait fermé à la circulation. Or, ce n’est pas le cas. Pour le moment, les études de structures n’ont pas été communiquées par les services du Conseil Départemental en charge du dossier. Seul le projet du nouveau pont a été dévoilé. Le Pont des Arches appartient certes au Conseil Départemental des Alpes-de-Hautes-Provence, mais il appartient avant tout aux habitants du territoire et nombreux sont ceux qui y sont attachés. Tellement attachés, qu’un très joli faire-part de décès a été rédigé.
Ces lignes, écrites par Grégory Roose, résument tout.
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Terre Dignoise, à travers une pétition que nous vous invitons à signer en fin d’article, ne désire pas créer la polémique mais souhaite simplement interpeller le Conseil Départemental sur la nécessaire préservation de leur patrimoine, chère au cœur de nombreux Dignois.
 
L’association a, par ailleurs, félicité les élus pour le projet du nouveau pont et pour leur investissement sur cette réalisation très importante pour le territoire. À l'occasion des vœux du Maire, les membres de Terre Dignoise ont expliqué à Madame Eliane Bareille que leur démarche visait simplement à préserver ce « Monument Historique » et à trouver une solution de conservation,
 
Ce pont été réalisé en 1894 par la « Société des Ponts et travaux en Fer  »,  société qui a participé à L'Exposition universelle de 1900 et qui a comme autres réalisations les charpentes du Grand Palais des Beaux-arts ainsi que le pont de Suly à Paris.
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Benoît De Souza, membre de l’Association Terre Dignoise, nous explique pourquoi conserver le Pont des Arches est une évidence :
 
Nous devons pouvoir trouver une solution d'ingénierie, économiquement satisfaisante pour conserver cette œuvre référencée. Dans la situation économique actuelle il est préférable de garder le patrimoine et d'économiser de l'argent. Mettons au moins en balance le coût de destruction et le coût de maintien pour une autre utilisation.
 
Nous espérons ainsi un dialogue plutôt qu'une fin de non-recevoir surtout à une époque où notre patrimoine est en danger.
 
Ce pont trouve sa place dans le paysage un secteur de ce territoire qui a toujours été défendu et soutenu par la DRAC PACA.  
 
Nous pourrions tout à fait le conserver pour l’usage des piétons et pourquoi pas créer une piste cyclable ? Car il est important de préciser que ce pont conduit à l’entrée des musées promenade de la réserve géologique de Haute Provence, où se trouve le musée du CAIRN.
 
Le CAIRN est un centre d’art et un laboratoire de création et de recherche reliant l’art contemporain au territoire. Son objectif est d’encourager la production artistique en milieu rural. Depuis sa création en l’an 2000, le CAIRN est à l’origine d’une collection originale d’œuvres réparties sur tout le territoire de l’UNESCO Géoparc. Issue de résidences à Digne-les-Bains, cette collection est l’expression d’une recherche artistique unique en son genre à l’échelle internationale : une réelle spécificité de l’UNESCO Géoparc de Haute-Provence.
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Depuis des décennies, des générations de géologues venues du monde entier passent sur ce pont et arpentent notre région. Au seuil des Alpes et de la Provence, cette fabuleuse terre révèle en une courte distance plus de 300 millions d’années.

Qui plus est, ce pont se situe sur un point névralgique de « la Route de la Mémoire et de la Terre. »
 
Au départ de cette route, commençons par scruter l'immense dalle de 320m2 recouverte de plus de 1500 ammonites et nautiles fossilisés. Cette dalle est un précieux témoin des fonds marins d’il y a 200 millions d’années. Pendant des millions d’années, la mer a recouvert la région. En se retirant sous l’effet de la surrection des Alpes, elle a fait émerger des trésors géologiques tels que le désert lunaire des Terres Noires, ou ces étranges monstres marins que sont les ichtyosaures.
 
Puis les rivières et les torrents creusèrent la roche jusqu’à sculpter de splendides clues dont les couleurs d'automne ravivent la puissance. On peut citer la clue de Sisteron, la clue de Péouré ou la clue de Barles.
 
Ce pont dessert donc plusieurs sites emblématiques du territoire.
 
L’histoire géologique tumultueuse de cette région est à l’origine de ses reliefs et de panoramas grandioses tel que celui du Vélodrome, où les couches successives évoquent un passé toujours difficile à mettre en perspective à l’échelle du temps de l’Homme. Depuis le Serre d’Esclangon (1152 mètres d’altitude), on découvre ce gigantesque pli au cœur duquel une lame de roche s’élance vers le ciel : la Lame de Facibelle.
 
Aussi monumentale puisse-t-elle être, la géologie se fait parfois discrète, comme les étonnantes empreintes de pattes d’oiseaux datées de 20 millions d’années. Il aura fallu certaines conditions météorologiques pour que ces empreintes puissent être un jour fossilisées et encore maintenant, bien conservées.
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C’est indéniable, ce pont doit rester un témoin emblématique du Géoparc. 
 
Si l’UNESCO a attribué un label  à notre territoire c’est pour son patrimoine géologique, culturel, naturel et immatériel remarquable. Le Géoparc de Haute Provence fut le tout premier à être créé en 2000. Aujourd’hui, 177 géoparcs existent de par le monde.
 
De ce pont, nous pouvons contempler 300 millions d’années d’histoire de la Terre. Le détruire serait une monumentale erreur.
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Signez la pétition ICI.  
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Pour en savoir plus.
  
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Crédits photographiques : photos 1-2-3-6-7 : association Terre Dignoise ; photos 4-5 : Laure Roux

Patrimoine religieux : et une église de moins !

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Il aura fallu moins d’une semaine pour faire disparaître l’église Saint-Isle dans le département de la Mayenne.
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Alors que nombreux sont ceux qui manifestent contre la démolition annoncée de l’église de la Baconnière, à quelques kilomètres de là, celle du Genest-Saint-Isle a été démolie, sans que vraiment personne ne s’en préoccupe.
 
Nous avions été alertés par un adhérent il y a une quinzaine de jours, mais il était trop tard, d’autant que nous pensions avoir un peu de temps, mais hélas, du temps, nous n’en avions pas. La démolition a commencé le mardi 13 février et voici ce qu’il restait de l’église le vendredi 17, lorsque notre délégué départemental s’est rendu sur place.
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La Maire de la commune, qui a récupéré l’épineux dossier de l’avenir de l’édifice il y a déjà quelques années, n’a visiblement pas eu d’autre choix que d’acter la démolition. L’église étant jugée dangereuse, notamment à cause de sa proximité avec la route.
 
Encore une fois, nous pensons que la vente au privé pouvait sauver l’église, si cette vente avait eu lieu à temps, mais en France on préfère toujours l’option démolition à celui de la cession, et c’est bien dommage.
 
Mais ne jetons pas la pierre à cette élue, qui a fait ce qu’elle a pensé bon de faire pour la sécurité de ses administrés, même si elle semble réellement l’avoir fait à contre cœur.

Jetons la pierre aux élus qui se sont succédés depuis plus de cinquante ans et qui n’ont pas jugé bon d’entretenir l’édifice. Jetons la pierre à l’État qui ne s’est jamais vraiment fait entendre quant au non-respect d’entretien des édifices religieux sur l’ensemble du territoire.
 
En théorie, les Lois doivent être appliquées, et celle de 1905 est claire : l’entretien des édifices religieux construits avant 1905 incombe aux communes propriétaires. C’est donc bel et bien le non-respect de cette Loi qui précipite la démolition du patrimoine religieux en France.
 
Enfin, en ce qui concerne l’église Saint-Isle il est trop tard pour se poser la question « à qui la faute ». Celle qui venait de fêter ses 150 ans n’est plus que poussières.
 
Ses cloches ont retenti une dernière fois le 14 février avant qu’elles ne soient démontées, sous les yeux humides de bon nombre d’habitants venus nombreux dire au revoir à cette église qui leur était si familière. Les souvenirs se ramassent à la pelle, les églises aussi…
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Lire l’article de France Bleu ICI.
 
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Crédits photographiques :  photo 1 : Ouest France ; photo 2 : Urgences Patrimoine/ Michel Rosiaux ; photo 3 : Radio France / Alexandre Frémont

Les Gardiens du large disent non aux projets éoliens en mer !

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Si les démolitions sont un véritable fléau, la défiguration de nos paysages l’est tout autant. Entre champs de panneaux photovoltaïques (nouvelle tendance très à la mode depuis quelque temps), méthaniseurs et champs d’éoliennes terrestres ou en mer, rien n’épargne nos territoires. Si les grandes agglomérations sont relativement à l’abri de ces types de projets, nos territoires ruraux et maritimes sont de plus en plus impactés. Alors, oui, nous entendons bien les voix des écologistes qui brandissent ces solutions comme des solutions d’avenir pour notre pauvre planète, mais pourquoi s’acharner à vouloir tout défigurer, et surtout imposer de nombreuses nuisances aux habitants de ces territoires, qui sont des victimes impuissantes de ces pseudos solutions écologiques.
 
Sans parler de l’impact sur le tourisme, qui est pourtant l’un des moteurs de notre économie.
 
Vous avez déjà vu des touristes se presser pour visiter un champ de panneaux photovoltaïques, respirer le bon air d’un méthaniseur, ou s’émerveiller devant un bel alignement d’éoliennes ? Nous, pas.
 
Toute cette mouvance de la bien-pensance écologiste devrait plutôt se mobiliser contre la recrudescence des chantiers de démolition qui génèrent des millions de tonnes de déchets.
 
En attendant, voici un bel exemple de défiguration d’un territoire, et d’un combat de tous les instants, porté par l’association Les Gardiens du Large :
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Industrialisation massive de la mer côtière par l’éolien maritime, une nouvelle Urgence Patrimoine !
 
Les lecteurs de la
Gazette du Patrimoine le savent bien, la sauvegarde du patrimoine est un combat incessant et parfois un rocher de Sisyphe ; et ce patrimoine, légué par nos ancêtres et que nous avons à transmettre aux générations futures est non seulement immobilier, mais aussi paysager et naturel (biodiversité). Or, nos littoraux, paysages et sites maritimes remarquables sont aujourd’hui menacés par un tsunami de cinquante zones industrielles éoliennes, aimablement appelées parcs, à faible distance des côtes.
 
Ainsi, au sud de la Bretagne, le parc dit de Saint-Nazaire (en fait plus proche de la péninsule de Guérande) comprend 80 éoliennes de 180 mètres de hauteur, entre 12 et 20 km des côtes. Pour Bretagne-Sud, en cours d’appel d’offre, ce seraient 62 éoliennes de 260 m (Tour Montparnasse 210 m), entre 15 et 22 km de Belle-Île et 29 km de Groix. La superficie de chacun de ces parcs est au moins équivalente à celle de Belle-Île et la hauteur des éoliennes bien supérieure à son point culminant (70m) !
 
Les ravages visuels sont déjà massifs et le seront encore plus. Ainsi Michelle Quellard, maire du Croisic : « Notre côte n’a plus rien de sauvage...La vue que l’on en a a bien changé, l’horizon face mer est obstrué par un site de 78 km2 » ; Marie-Catherine Lehuede, maire de Batz-sur-Mer: «Les éoliennes, qui devaient être à peine perceptibles, sont aujourd’hui trop visibles de la côte. En tant que citoyens batziens, nous sommes tristes de voir la ligne d’horizon dénaturée sur l’ensemble de notre littoral ». Nombre d’autres élus locaux regrettent maintenant un choix dont les conséquences ne peuvent sûrement pas être compensées par la taxe éolienne que l’Etat leur a fait miroiter et estiment avoir été dupés par les photomontages des maîtres d’œuvre minorant de façon éhontée l’impact des éoliennes. Dans un avis conjoint avec l’Académie des sciences, l’Académie des beaux-arts a justement qualifié ces pratiques de « simulacres d'intégration plastique ». (Quelle place pour les éoliennes dans le mix énergétique français ? février 2022)
 
Et ne parlons pas des études d’impacts sur la biodiversité, simulacres elles aussi, qui ont lieu après le choix des zones et sont réalisées en un temps record par des cabinets rémunérés par les promoteurs éoliens qui peuvent en changer à tout moment. (voir à ce sujet le remarquable dossier de Sea-Shepherd intitulé Les Vents de la Colère)
 
Parmi les paysages exceptionnels qui seront fortement impactés, mentionnons le golfe du Morbihan et la baie de Quiberon, qui figurent dans le classement international des 43 plus belles baies du monde, aux côtés des baies de Rio et d’Along ; des îles, telles Hoëdic, qui a illustré l’été dernier une campagne de promotion du tourisme dans le métro parisien et qui voit maintenant son horizon barré par une ligne d’éoliennes ; de nombreux sites remarquables de Belle-Île, telles les aiguilles de Port Coton immortalisées par Monet et le fort de la Pointe des Poulains, dernière résidence de Sarah Bernhardt ; de Groix, telles les falaises de Pen Men-Beg Melen, seule réserve naturelle à intérêt minéralogique de France. Quant à l‘atterrage, les travaux de la ligne haute tension de connexion au réseau national affecteraient soit le site des Menhirs du Sud- Morbihan, proche de Carnac et qui fait l’objet d’une demande d’inscription au Patrimoine Mondial de l’Unesco, soit la zone littorale dunaire proche d’Erdeven, qui a obtenu le label Grands Sites de France.
 
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Quant à la biodiversité, ce ne sont pas moins de 6 zones Natura 2000 proches qui pourraient être affectées : l’archipel Houat Hoedic, (habitat des oiseaux marins), Groix (faune caractéristique des habitats rocheux), Belle-Île (faune et flore prioritaires à distribution européenne très restreinte), la Presqu’île de Rhuys-Golfe du Morbihan (hivernage et migration des oiseaux européens), la baie de Quiberon (directive oiseaux et diversité pélagique), la Ria d’Etel (faunes et flores subtidales particulières).
 
Cette richesse patrimoniale particulièrement forte explique l’opposition très vive de M. François Goulard, ancien ministre, ancien Secrétaire d’Etat à la Mer et alors Président du Conseil Départemental du Morbihan à ce projet Bretagne Sud : «Il s’agirait d’un préjudice considérable pour notre région ; pour les pêcheurs, qui perdraient l’accès à une ressource très riche ; pour le tourisme, en raison de la perte d’attractivité d’une nature défigurée… Ce projet serait un crime contre une nature d’une beauté insurpassable. Transformer la mer côtière en zone industrielle est tout bonnement insensé ». Ou, plus récemment, lors d’un colloque du Cérémé (Centre d’Etudes des Réalités écologiques et du Mix Energétique) : « Implanterait-on des éoliennes dans le parc du château de Versailles ? »)
 
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Malheureusement, trop d’élus locaux et nationaux sont, au prétexte de lutter contre le changement climatique et par ignorance, prêts à accorder aux promoteurs de l’industrie éolienne en mer des passe-droits qui seraient refusés à n’importe quelle autre industrie. En fait, les projets massifs d’éolien off shore sont nuisibles pour le climat (en raison d’un back-up fossile indispensable), économiquement aberrants, dangereux pour la sécurité d’approvisionnement et ravageurs pour nos paysages, la biodiversité et l’économie locale, en particulier la pêche. Ils n’ont aucune raison de bénéficier d’une « Raison Impérative d’Intérêt Public Majeur » exorbitante du droit commun, ni besoin d’accélération : ce qui s’impose surtout, c’est un moratoire !
 
Ces superbes paysages marins sont le patrimoine du peuple français, un patrimoine qui a bénéficié d’efforts importants de conservation, et dont nous pensions que nul ne pourrait nous l’enlever. Comme l’a écrit l’Académicien Jean-Marie Rouart, nous sommes « reliés à eux par un mystérieux cordon ombilical », ils nous font cadeau d’une « idée de l’harmonie, de la paix, d’un équilibre qui sont un privilège… Ces paysages ont des vertus nourricières: le lien immémorial que l’homme entretient avec eux lui confère un équilibre, un sens de la beauté, et un respect de la vie irremplaçables. » (La mort du paysage français, Le Figaro, 06/11/2022). L’horizon libre, cette vue, cette sensation immémoriale, va disparaitre d’une grande partie de nos littoraux.
 
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Si le littoral et les paysages terrestre bénéficient de lois de protection spécifiques, il n’en va pas de même du paysage maritime, et de ce point de vue, la Montagne Sainte Victoire et les Aiguilles de Port Coton ne sont pas sur un pied d’égalité ! C’est pourquoi la mobilisation de la société civile et des associations de défense du patrimoine et des milieux naturels contre ce tsunami d’usines éoliennes qui menace nos côtes est essentielle. Les Gardiens du Large remercient Urgence Patrimoine pour son soutien et pour nous avoir permis de mieux faire connaitre aux défenseurs du patrimoine ce nouveau et redoutable défi.

 
Éric Sartori membre de l’association Les Gardiens du Large
 
L’association Les Gardiens du Large, particulièrement implantée sur Quiberon, Belle-Île, Groix et la côte du Morbihan, a pour but d'œuvrer pour la protection et la conservation (paysage, biodiversité, activités traditionnelles et économiques) des espaces maritimes & littoraux français et le respect des engagements climatiques. A ce titre, elle est tout particulièrement opposée à toute implantation
 
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Crédits photographiques : Les Gardiens du Large
Légendes des illustrations :
1/ Batz-sur-Mer, la réalité avec les éoliennes du Parc de Saint-Nazaire ( 180 m de haut, distance 12,5 km)
 2/ Batz sur mer, les photomontages présentés dans le dossier du maître d’ouvrage
 3/ Les Aiguilles de Port-Coton immortalisées par Monet et ce qu’il en resterait – après Bretagne Sud
 4/ Photomontage vu du port de Quiberon 

Les Saintes-Maries-de-la-Mer : la mémoire sous les pelleteuses

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Nous avions été alertés vendredi 3 février de l’imminence de la démolition de cette cabane de Gardian. Malgré le peu de marge de manœuvre que nous avions, nous avons essayé de museler les pelleteuses en faisant intervenir un de nos conseils, Maître Élodie Toniazzo, avocate au barreau de Nîmes. Nous avons travaillé tout le week-end, mais la municipalité et les instances compétentes sont restées sourdes à nos sollicitations.
 
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La démolition, qui initialement semblait programmée pour le lundi 6 février, a eu lieu ce matin à l’aube. C’est toujours lorsqu’il fait encore nuit que ceux qui commanditent les   démolitions font exécuter leurs ordres. Ce fut le cas pour le Château de Lagny-Le-Sec et, bien évidemment, pour la chapelle Saint-Joseph à Lille.
 
Nous prenons ce procédé pour une marque de honte. Oui, ils ont probablement honte, ces démolisseurs de mémoire, mais comme on dit « un moment de honte est vite passé ».
 
Cette cabane de Gardian, avait pourtant résisté dix ans à l’assaut des pelleteuses. Dix ans de procédures multiples et variées, qui hélas trouvent leur terme aujourd’hui. Dix ans d’espoir aussi, pour tous les amoureux de ce territoire camarguais riche de traditions.
 
Ces cabanes de gardians sont l’identité même des Saintes-Maries et aujourd’hui, c’est cette identité qui est bafouée. Certes, sur le papier, le projet de Christelle Aillet, la maire de la commune, est présenté comme voulant honorer la mémoire camarguaise.
 
Or, on n’honore rien en détruisant.
 
Cette cabane pouvait avoir toute sa place dans le projet d’aménagement, mais elle a été condamnée au prétexte de mettre en valeur la croix camarguaise toute proche.
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Comme on peut le voir sur le visuel du projet, la cabane « rescapée » est présentée comme un trophée. Mais le patrimoine doit être vivant et pas « muséifié ». Certes, les touristes de passage trouveront le site très « instagrammable », mais n’oublions pas que le patrimoine des territoires appartient, avant toute chose, aux habitants de ce territoire et comme disait Victor Hugo, « le patrimoine appartient à tout le monde et c’est outrepasser son droit que de le détruire. »
 
Le plus incroyable, c’est que lorsqu’on se rend sur le site internet des Saintes-Maries Tourisme, ces constructions traditionnelles sont mises à l’honneur. Cette destruction nous semble totalement infondée.
 
Nous avions mandaté un huissier pour qu’il vienne constater le défaut d’affichage du permis de démolir. Il viendra constater la démolition et les restes fumants de ce petit bout d’histoire locale. La municipalité refusant de produire les documents attestant de la régularité de la procédure de démolition, notre avocate va donc déposer une plainte au Parquet.
 
Certes, cela ne ramènera pas la cabane, mais s’il y a eu irrégularité, il faudra que Madame la Maire s’en explique. Si elle était dans son bon droit, alors c’est auprès de ses administrés qu’elle devra rendre des comptes, car beaucoup d’entre eux se sont mobilisés pendant de nombreuses années contre la démolition de ce petit édifice. Preuve qu’ils y étaient attachés. Mais les élus se fichent « du petit peuple » quand il s’agit de mettre à exécution une démolition. En revanche, ils s’en fichent moins quand il s’agit de se faire élire.
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Lorsque l’on démolit un édifice identifié comme appartenant au Patrimoine Mondial, cela est considéré comme un crime contre l’humanité. Certes, cette cabane était bien modeste, mais nous considérons sa destruction comme un « crime contre l’identité. »
 
Toutes nos pensées vont aujourd’hui à Madame Sylvette César, qui s’est battue avec passion et conviction contre la démolition de « sa maison », puisqu’elle en fut la locataire pendant de nombreuses années.
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Les cris que l’on entend dans la vidéo ci-dessus sont les siens. Les mêmes cris que l’on pousse à l’annonce de la perte d’un être cher. Cela semblera peut-être exagéré pour certains, pourtant, nous ne cessons de le répéter, le patrimoine de proximité est souvent considéré un peu comme un membre de sa famille, et c’est toujours un déchirement quand on le voit partir injustement.
 
Vidéo de la démolition aussi ICI.
 
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Crédits photographiques : photo 1 : Sylvette César ; photo 2 : mairie des Saintes-Maries-de-la-Mer ; photo 3 : Maurice Cochet ; photo 4 : Chantal Soler

Tourcoing : non à la démolition de l’usine Desurmont & fils !

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En octobre 2021, nous vous alertions au sujet de l’avenir compromis de l’ancienne usine Desurmont & fils, pourtant considérée comme un des patrimoines industriels emblématiques de la ville.

Argument principal pour ne pas envisager une réhabilitation intelligente de cette friche industrielle ? C’est trop grand !

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Pourtant, avec un peu d’imagination et, surtout, grâce aux aides mises en place pour réhabiliter les friches, le site pourrait espérer un bel avenir.
 
L’association de sauvegarde locale a déposé un recours au Tribunal Administratif, mais sans attendre le résultat de ce recours, il semblerait que la démolition ait déjà commencé.
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Dans un dernier élan d’espoir, l’association a lancé une pétition que nous vous invitons bien évidemment à signer en cliquant sur le lien ICI.

Nous rappelons qu’il est inutile de faire un don à la plateforme de pétition, comme elle vous invite à le faire. En revanche, tous vos partages sont les bienvenus.
 
« Le patrimoine ne peut pas lutter, ensemble, nous pouvons. »
 
Pour avoir une idée plus précise du sujet, voici le lien de notre précédent article ICI.
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Crédits photographiques : Association Le Non-Lieu