February 2020

Adieu couvent ...

Encore un pan du patrimoine des territoires qui disparaît aujourd’hui. Le Couvent de la Visitation à Vif dans l’Isère, vient d’être définitivement rayé du paysage. Construit en partie au XVIIème siècle, le lieu avait été abandonné par les sœurs en 2006.



Racheté par la commune, mais toujours laissé à l’abandon, il fut la cible d’un incendie en 2016. 600 m2 sur 2000 furent détruits. Mais il était toujours question de création d’un projet culturel dans les parties épargnées par l’incendie.


Il n’y aura pas de projet culturel, mais des logements en lieu et place de l’édifice qui a été entièrement rasé dans l’indifférence générale.

En attendant de voir « pousser » les logements en question, c’est un « joli parking » qui peut s’enorgueillir de prendre la place de 400 ans d’Histoire.




Lire l’article du
Dauphiné Libéré ici.

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Crédits photographiques : photo 2 : Marie-Noëlle Streker / Mairie de Vif . Autres : Le Dauphiné Libéré




Saint-Saturnin-de-Séchaud : vandalisme et vols, une liste trop longue


Victor Hugo qui fit la guerre aux démolisseurs serait bien consterné de nos jours. Je n'imagine pas son chagrin face à Notre-Dame, ravagée par les flammes. La cathédrale, qu'il sauva avec Viollet-le-Duc et Lassus, est un symbole, comme son combat. N'oublions jamais ces hommes, comme lui, comme Alexandre Lenoir et d'autres encore à qui l'on doit une prise de conscience patrimoniale puis l'élaboration d'un cadre législatif dans l'espoir de sauver ou à tout le moins de préserver les témoignages de notre grand passé. L'indignation de Hugo, le travail acharné des grands restaurateurs du XIXe siècle à nos jours sont nôtres. Notre combat pour le patrimoine, quel qu'il soit, n'est ni vain ni d'arrière-garde.


Non seulement, aujourd'hui, un nombre impressionnant d'églises nécessitent des restaurations, mais en plus certaines sont de plus en plus vandalisées voire pillées. De très beaux objets liturgiques, accumulés au fil des siècles, faisaient la gloire de l'église Saint-Saturnin-de-Séchaud à Port d'Envaux en Charente-Maritime, connue pour être une sorte de musée d'art religieux.

C'est le samedi 22 février 2020 que l'église a été profanée. Monsieur le Maire du village indique « qu'il y a eu effraction par une petite fenêtre qui donne sur la sacristie. Des objets de culte d'une grande valeur ont été dérobés, notamment dans une armoire, avec pratiquement l'intégralité du trésor emporté. Ils ont fracturé les tabernacles des autels pour en voler les calices ».


Le Père Feliho, curé de la paroisse, le maire et les villageois sont, bien sûr, sous le choc. De tels actes n'étaient plus arrivés depuis des dizaines d'années. Une messe de réparation sera célébrée le 2 mars à 18h30, l'église ayant été profanée.

Si vous pouvez vous y rendre, vous verrez surgir soudain, quittant Port-d'Envaux en direction du hameau de Saint-Saturnin-de-Séchaud, au bout de la ligne droite, l'aimable façade gothique flamboyant, œuvre délicate du XIXe siècle, de cette charmante église qui est tel un précieux écrin. L'abside, le chœur, le carré du transept à coupole sur trompes et les croisillons sont romans bien que très remaniés. On peut estimer que l'ensemble des vestiges romans actuellement visibles, dont les bras du transept font également partie, remonte aux premières décennies du XIIe siècle. Si une église antérieure a existé, il n'en reste rien.

On va du transept à la nef par des passages étroits comparables à ceux de l'Abbaye-aux-Dames de Saintes, de Geay et surtout à ceux du Berry. La nef possède des voûtes d'ogives du XIIIe siècle. Au chevet, des arcatures alternent avec les fenêtres. Sur la souche romane du clocher carré a été monté un étage gothique à baies trilobées. A l'aide d'une chambre de refuge à créneaux et meurtrières, l'église a été fortifiée au XVe siècle.


L'intérieur de l'église est un véritable musée d'art liturgique, notamment du XIXe siècle. Statues, candélabres, lustres, vitraux, autels sont des exemples parfaits de la magnifique production d'un temps où le style gothique avait été remis à l'honneur. Le mobilier de grande qualité, le bronze, les marbres, les peintures ont été employés avec justesse et créent une ambiance de solennité exceptionnelle. La chaire aux élégantes colonnettes de marbre de différents coloris fait l'admiration des visiteurs. La statue de Jeanne d'Arc, au-dessus, est particulièrement réussie. A l'entrée du chœur, vous pourrez voir le chapiteau des trois âges de la Vie, œuvre des frères Arnold, sculpteurs originaires de Saintes. La voûte du chœur présente, elle, une somptueuse décoration néo-classique à caissons peints en trompe-l’œil du plus bel effet.


Si vous vous déplacez , vous remarquerez aussi que le clocher est surmonté du drapeau français. Il date de la Seconde République (1848-1852), la commune étant une des rares à avoir conservé ce symbole de l'élan patriotique de cette époque.

Dans ce délicieux village, dont la devise est « 
Sol omnibus lucet » (le soleil brille pour tout le monde), vous ne manquerez pas la prévôté où l'on gardait les larrons reconnus coupables sur les villages alentour, la chaussée romaine (reconstruite au XIIe siècle, Saint-Louis l'aurait emprunté en 1242) immortalisée par Delacroix dans son tableau «La Bataille de Taillebourg» et le Fief de la Tour, maison forte du XIVe siècle, face à l'église. Pendant la Guerre de Cent Ans, y logeait le sénéchal anglais nommé par le Roi d'Angleterre et chargé de la justice.

Vous pouvez retrouver Saint-Martin-de-Séchaud dans mon livre
La Charente-Maritime pour les Curieux, aux Éditions Le Passage des Heures à Saint-Savinien.

François Hagnéré
Historien de l'art et de l'architecture
Rochefort, le 27 février 2020.

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Crédits photographiques  : François Hagnéré

Ancien Monoprix de Saint-Brieuc : « On fait quoi pour lui aujourd’hui ? »

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Ce slogan de la marque Monoprix, « on fait quoi pour vous aujourd’hui », n’est pas vraiment d’actualité, puisque pour ce bâtiment emblématique de la ville, on ne peut plus rien faire.

Une histoire à moult rebondissements qui ne se termine pas vraiment bien.

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Construit en 1880 il avait tout d’abord abrité un Grand Magasin de confection et, dans les années 50, c’est Monoprix qui avait pris place dans ce grand bâtiment du centre-ville.

Fermé en 2009 et racheté par le Crédit Agricole il était à l’abandon depuis.

En 2015, la banque avait présenté un projet immobilier comprenant une vingtaine de commerces et une vingtaine de logements, mais le permis de démolir avait été refusé suite au rapport délivré par l’Architecte des Bâtiments de France, l’édifice se situant dans un secteur protégé.

Ce projet n’ayant pas abouti, il a fallu de nombreuses concertations entre le propriétaire (le Crédit Agricole), la ville et l’ABF, pour arriver à l’hypothèse de l’installation d’une médiathèque, mais rien n’a été arrêté. La ville a envisagé un temps l’acquisition du bien pour 1 euro symbolique, mais cela n’a pas abouti non plus. Quoiqu’il en soit, le bâtiment s’étant fortement dégradé faute d’entretien, un arrêté de péril imminent a été déclaré et l’heure est désormais à la démolition et plus aux concertations.

Le permis de démolir a été accordé et nous en sommes aujourd’hui à la mise en place du calendrier du chantier de démolition.

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Sauf que démolir un édifice de 1700 m2 en plein centre-ville n’est pas chose aisée, d’autant que l’Architecte des Bâtiments de France souhaite que les pierres de la façade soient conservées, ce qui induirait une « déconstruction » presque entièrement manuelle de cette partie du bâti. Mais cette méthode « douce » risque de ne pas être compatible avec un arrêté de péril imminent, et il est fort probable que ce soit une fois encore les pelleteuses qui fassent le travail, au risque de fortement endommager les éléments à conserver.

Du côté des habitants de la ville, l’heure est aux souvenirs et nombreux regrettent cette démolition. « C’est un morceau de l’âme de Saint-Brieuc que l’on va détruire » disent certains. D’autres, qui qualifiaient l’édifice à l’abandon de « verrue », sont soulagés que les travaux soient enfin entrepris.

Quoiqu’il en soit, le Mon’op aura fait couler beaucoup d’encre, mais si le bâtiment avait été entretenu, sa démolition n’aurait jamais été d’actualité, et après 140 ans de bons et loyaux services, on aurait pu envisager un meilleur avenir pour lui.

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Lire l’article du Télégramme ici.

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Crédits photographiques Le Télégramme : Valentin Boudet et Benoît Tréhorel.

Julien Cohen et la chapelle Notre-Dame-de-Pitié à Nevers : une TRES belle affaire conclue !

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Vous avez été très nombreux à nous envoyer la vidéo (ici) de Monsieur Julien Cohen, célèbre marchand vedette de l’émission « Affaire Conclue » sur France 2.

Cette vidéo visible sur les réseaux sociaux est un appel à « coups de main » en direction des artisans et autres bénévoles habiles pour la restauration de la chapelle Notre-Dame-de-Pitié, à Nevers, édifice datant du XVIIe siècle : « Toutes les bonnes volontés sont les biens venues (sic), peintres, plâtriers, maçons, électriciens et plombiers ou juste bons bricoleurs vous êtes tous les bienvenus. »

Jusque-là, tout est louable et ce n’est pas nous qui irons contre un projet de sauvegarde du patrimoine et la seconde vie d’un édifice abandonné.

Le seul souci, c’est que cette chapelle n’est pas un bien appartenant à la collectivité et pour laquelle Monsieur Cohen mettrait sa notoriété au service du bien public. Non, cette chapelle est sa propriété, puisqu’il l’a achetée en juillet 2019.

Si le projet d’ouverture d’une boutique ou, plutôt, d’une salle d’expertises, permet de donner une nouvelle destination à un lieu délaissé est séduisant, ce qui l’est moins est la façon dont M. Cohen souhaite réaliser les travaux de restauration.

Aux dernières nouvelles, il n’est pas dans le besoin — loin de là — et il n’est pas non plus à la tête d’une association ou fondation reconnue d’intérêt général ou d’utilité publique (mais nous imaginons qu’il va le devenir sous peu) et, pourtant, il fait appel à la générosité publique pour éviter de payer la restauration de l’édifice.

Et là, soudainement, tout le monde veut apporter son « geste à l’édifice », parce qu’il s’agit d’une personne publique et que donner son temps pour Julien Cohen, c’est mieux que d’œuvrer pour la petite chapelle de sa commune qui tombe de toute part. Évidemment, nous ne pouvons pas empêcher les gens de se faire « exploiter » par un millionnaire, mais nous ne pouvions pas ne pas nous exprimer sur ce sujet.

Nous sommes d’autant plus légitimes à le faire, que l’opération « Un Geste à l’Édifice » d’Urgences Patrimoine, qui consiste à faire intervenir des artisans bénévolement dans le cadre du mécénat de compétences, a maintes fois été la cible de critiques cinglantes de la part d’artisans criant à la concurrence déloyale, alors que dans notre cas, les patrimoines restaurés gracieusement sont des biens appartenant à la collectivité et pour lesquels il n’existe aucun budget.

M. Julien Cohen surfe sur la vague du « Patrimoine Business » où l’intérêt financier passe bien avant l’intérêt pour le patrimoine.

Autre élément à souligner et pas des moindres, l’édifice est protégé, depuis 2006, au titre des Monuments Historiques. Il faut donc tout d’abord une étude préalable réalisée par un architecte du patrimoine. Puis, il faut que la DRAC donne son accord pour le lancement des travaux.

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Nous imaginons fort mal les services de la culture accepter que « n’importe qui » vienne restaurer un patrimoine protégé, à moins bien entendu qu’ils n’aient eux aussi cédé à l’appel des sirènes de la notoriété télévisuelle, mais nous n’y croyons pas.

Et soulignons ici que, parce que la chapelle est inscrite, elle bénéficie, de fait et de droit, de subventions publiques.

Vous n’êtes pas convaincu par nos propos et vous pensez que cela pourrait venir d’une quelconque jalousie de David face à Goliath ?

Alors imaginez que vous ayez besoin de faire restaurer une résidence secondaire ou votre future boutique, pensez-vous que nombreux seraient les artisans qui viendraient travailler gratuitement chez vous ? Que penseraient les artisans auxquels vous avez demandé des devis et qui apprendraient que vous faites faire des travaux « à l’œil » par d’autres artisans en mal de reconnaissance ? Enfin, une fois votre bien restauré, imaginez que vous le vendiez avec une très jolie plus-value, que penseraient les artisans et tous les bénévoles qui sont intervenus gracieusement ?

Tout simplement que vous vous êtes enrichi sur leur dos.

Et bien là, en l’espèce, nous assistons exactement à cela. Un propriétaire, qui a les moyens de faire restaurer un monument historique à destination d’une activité commerciale, le fait restaurer sans débourser un centime de main-d’œuvre. En droit, je suppose que cela a un nom.

En revanche, Si M. Julien Cohen fait appel à la générosité publique pour sa chapelle, mais qu’en contrepartie il reverse l’équivalent du montant des travaux pour un édifice en péril de la ville, alors là oui, nous ne pourrions que saluer son geste et, effectivement, le présenter comme le nouvel ambassadeur de la sauvegarde du patrimoine et nous faire presque oublier Stéphane Bern.

Sauf que si M. Bern nous lance des messages désespérés pour la sauvegarde du patrimoine en péril et fait appel à la générosité publique comme il l’a fait pour Notre-Dame, ou à travers son loto, au moins lui ne s’est jamais servi de sa notoriété pour faire restaurer « gratis » son patrimoine personnel.

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Lire l’article du Journal du Centre.

Crédits photographiques : Le Journal du Centre et GOBEROT Daniel

Quand tombent les chapelles

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La semaine dernière, vous êtes nombreux à avoir été indignés par la démolition de la chapelle Sainte-Thérèse à Scaër, dans le Finistère.

Malheureusement, cette démolition n’est pas un cas isolé, et bientôt démolir un édifice religieux sera relégué à la rubrique des « faits divers ».

Un peu partout sur notre territoire, des édifices semblables à la chapelle Sainte-Thérèse, attendent impuissants que les pelleteuses viennent mettre fin à leur lente agonie. Agonie résultant d’années d’abandon et de désintérêt et que l’absence d’entretien conduit un peu plus chaque jour vers la benne. Triste destin que celui de finir en gravats, quand on a été désiré et que l’on a pourtant parfaitement rempli sa mission pendant des décennies, voire des siècles.

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Pourquoi détruire ce qu’on a eu tant de mal à construire ?

Parce que restaurer un édifice très endommagé coûte cher. Pourtant, un entretien régulier permettrait d’assurer l’avenir d’un édifice, mais depuis près de 50 ans, cet entretien n’est plus une priorité.

Secrètement sans doute, on se dit que cela peut attendre encore quelques années, et que quelqu’un, plus tard, entreprendra les travaux. Sauf que cette politique du « après moi le déluge », conduit inexorablement nos pierres vers leur fin. « Il est toujours plus tard qu’on le pense », c’est aussi valable pour le patrimoine.

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Si bien souvent ce sont les maires qui sont responsables de ces démolitions, les Diocèses ne sont pas plus exemplaires. Il est évident que l’argent manque dans tous les cas, mais encore une fois, si le patrimoine était entretenu de façon régulière, les sommes à engager seraient moindres.

Ce qui nous surprend le plus, ce sont les discours qui accompagnent les projets de démolition. Comme lors de celle de la Chapelle Saint-Bernard à Clairmarais en 2017, où le représentant du Diocèse expliquait que « cette chapelle ne servait plus à rien, car les pèlerins qui venaient par milliers se recueillir à Clairmarais devant la grotte, venaient pour être au grand air et pas pour être enfermés dans une chapelle ».

Un regret peut-être ? Celui de ne pas avoir vendu la chapelle à la commune qui avait à un moment exprimé le souhait d’en faire l’acquisition.

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Cette pauvre chapelle fut donc détruite. « Du passé faisons table rase », c’est bien connu.

D’ailleurs, profitons du souvenir de Clairmarais pour évoquer celui de la Chapelle Sainte-Thérèse et la Chapelle des Goëlands, toutes deux propriétés du Diocèse de Luçon et situées à Saint-Jean-de-Monts. L’une a fait place à une chapelle plus « moderne », l’autre a laissé sa place encore toute chaude à un lotissement.

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Pour « s’excuser » de ce genre de pratique, le discours est toujours le même : « L’Église ce n’est pas le bâtiment, ce sont les fidèles ». Certes, mais pourtant, ces « bâtiments » ont bien été construits pour quelque chose relevant de l’éternel et du sacré, et certainement pas pour être des édifices éphémères.

Nous ignorons quel sera le prochain sur la liste à tomber, mais nous savons qu’hélas cela ne saurait tarder.

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Crédits photographiques 1 à 4 : La Voix du Nord ; 6 : Le Courrier Vendéen.

Adieu Maison Janssens...


La France n’a, hélas, pas le monopole des démolitions.
Dans quelques jours, cette maison située à Huy en Belgique, sera rasée pour faire place à un ensemble immobilier sans âme qui dénaturera un peu plus le quartier. La commune n’a pas souhaité l’acquérir pour la sauver, laissant la préférence au promoteur.



Malgré une mobilisation forte de L’association Historia, une pétition qui a réuni 1700 signatures et des appels à l’aide auprès des services de la Culture, il ne restera plus rien, ou presque, de cette demeure.

Seule maigre satisfaction, quelques éléments seront prélevés, pour « peut-être » être réutilisés un jour.

Historique :
La maison Janssens fut construite en 1903, elle est le véritable symbole et début de l’art nouveau dans la ville de Huy. Elle a été propriété de la famille Renard et Topet. Occupée par les troupes allemandes en mai 40, elle devient propriété de la célèbre famille Heine et Janssens en 1952. Elle se transmettra sur plusieurs générations, jusqu’à sa vente à un promoteur.


L’association Historia organise un ultime rassemblement pour dire « Non » à cette démolition le dimanche 1er mars.


Voici le communiqué du Président de l’association Historia, Virgil Declercq :

« Deux projets refusés, 1700 signatures contre la démolition, pose de bâches de protestation, enquête publique négative... Les actions n'ont pas manqué pour défendre cette maison située à Huy, avenue Godin Parnajon. Pourtant le Collège autorise la démolition pour le profit d'un promoteur et d'un architecte. Une maison récupérée une bouchée de pain qui va laisser place à des appartements qui coûteront les yeux de la tête... Le patrimoine hutois semble se résumer à ça aujourd'hui ?

Nous vous lançons un appel de détresse pour une dernière action de protestation devant la Maison Janssens. Rendez-vous le 1er mars à 10H00 devant la Maison Janssens, avenue Godin Parnajon. »

Lire l’article de
RTBF.BE ici.


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Crédits photographiques : Communauté Historia

Tels pères, tels fils

Il y a quelques jours, un énième acte de vandalisme a eu lieu dans une église du Nord, à Herlies. Comme nous le constatons assez souvent, ce sont des jeunes qui sont responsables des dégradations.

Sans doute désœuvrés, ils n’ont trouvé rien de mieux à faire que de tirer à la carabine à plomb dans les vitraux, dont un plus particulièrement.

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Certains verront des provocations contre les chrétiens or, bien souvent ce sont des actes « gratuits » perpétrés par de très jeunes gens qui n’ont pas forcément la culture du patrimoine et encore moins du patrimoine religieux.

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Posons-nous alors la question quant aux responsabilités qui conduisent à de tels comportements. Si le patrimoine en général et le patrimoine religieux en particulier étaient mieux entretenus et valorisés, alors nous observerions sans doute une baisse sensible de ces actes. Car quel exemple est donné à cette jeunesse désœuvrée ?

Des églises fermées car trop dégradées, des châteaux rasés pour construire des zones pavillonnaires, des ponts et autres « ouvrages d’art » démolis pour laisser place à des structures modernes, et ne parlons pas des cimetières qui parfois ressemblent à des champs de ruines.

Si l’on additionne tout cela, alors ne soyons pas étonnés du résultat. Un pays qui ne respecte pas son patrimoine, et encore moins ses morts, ne peut imposer qu’il soit respecté.

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Alors si nous voulons faire cesser en partie ces actes de vandalisme « gratuits », il faut montrer l’exemple à nos jeunes et faire en sorte que le mot patrimoine puisse avoir du sens pour eux.

« Relevons nos pierres pour relever la tête », c’est une évidence. Et surtout éduquons pour ne pas avoir à rééduquer.

Lire l’article de La Voix du Nord ici.

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Crédits photographiques : photos 1 et 2 : La Voix du Nord ; photo 3 : Ouest France.

Premier geste pour l’Assomption de la Vierge

Première « apparition» pour cette Assomption de la Vierge après la première étape de nettoyage réalisée par Sophie de Joussineau et Osanne Darantière. Les couleurs se révèlent et cela promet un beau résultat final pour ce tableau provenant d’une petite commune de l’Allier. Ce tableau a d’ailleurs un peu voyagé auparavant, car c’est une autre restauratrice en Touraine qui devait le restaurer, mais suite à des problèmes de santé, elle n’a pas pu offrir son geste.

Mais comme rien n’arrête Sophie et Osanne, c’est dans leur atelier parisien qu’il est venu se refaire une santé.

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Bien entendu, une fois encore, cette œuvre est restaurée grâce à l’opération « Un Geste à l’Édifice » initiée par Urgences Patrimoine et la restauration est réalisée dans le cadre du mécénat de compétences.

Un grand merci à nos généreuses restauratrices qui offrent encore une fois leur contribution au petit patrimoine en péril de nos territoires.

À suivre…

Nous tenions à mettre en lumière une autre action de nos deux restauratrices. En effet, il y a un an exactement, elles partaient en Irak restaurer cette Madone grâce à SOS Chrétiens d’Orient.

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Un souvenir extraordinaire pour elles. Elles ont aujourd’hui ont une pensée toute particulière pour 4 collaborateurs de l’association qui sont portés disparus depuis plusieurs semaines. Un grand bravo à ces deux femmes de cœur, dont le talent n’a d’égal que leur générosité.

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Crédits photographiques : Sophie de Joussineau/Osanne Darantière Sophie de Joussineau Conservatrice-Restauratrice de tableaux et d'objets d'art polychromes sophiedejoussineau.atelier@gmail.com 06 63 15 33 56 Osanne Darantière Restauratrice-conservatrice de tableaux  et d'objets d'art polychromes http://atelier-osanne.fr

Classé mais condamné ?

Il y a quelques mois, Urgences Patrimoine avait déjà relayé l’information, mais hélas la situation ne s’est pas améliorée. Le Saint-Yves, l’un des derniers bateaux lavoirs du territoire, se trouve toujours dans un état d’abandon manifeste et son avenir est de plus en plus compromis.

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Classé au titre des monuments historiques depuis 1993, ni la ville de Laval qui en est la propriétaire, ni la DRAC, ne semblent se soucier du Saint-Yves. Le collectif de sauvegarde a pourtant à plusieurs reprises pris attache auprès des services de la culture et du patrimoine de la commune, mais malgré la promesse d’une étude pour une éventuelle restauration, aucune action n’a été engagée.

Nous savons tous qu’en période préélectorale il ne se passe pas grand-chose et nous en avons encore la preuve aujourd’hui. Pourtant, certains élus commencent à placer le patrimoine au cœur de leurs sujets de campagne, mais pas ici. Afin de sauver un édifice, il nous est arrivé de demander une mise sous protection d’urgence, mais dans ce cas précis, le Saint-Yves étant classé, il bénéficie déjà du niveau le plus important de protection au titre des monuments historiques, donc, il est difficile d’intenter quoi que ce soit à ce niveau. Nous allons cependant alerter le Préfet.

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La ville a pourtant un certain attachement pour son patrimoine puisqu’elle lance les travaux de réhabilitation de l’ancien Crédit Foncier. Ce bâtiment des années 30, mais lui, non classé va retrouver une seconde vie en devenant un conservatoire départemental. Un beau projet, pour un budget de 27 millions d’euros, financé par l’État, la Région, le Département et la ville. Ne resterait-il pas quelques milliers d’euros pour restaurer le Saint-Yves, qui se dégrade un peu plus chaque jour, abandonné sur un terrain vague ?

La question qui pourrait être également posée est : Pourquoi ne pas le vendre, si la ville n’a pas de budget pour sa restauration ? Car plutôt que de le voir disparaître à tout jamais, faute de pouvoir le restaurer, il est évident qu’un nouveau propriétaire pourrait le faire revivre et lui offrir un avenir.

Nous espérons avoir quelques réponses dans les prochaines semaines, en étant conscients du fait qu’il faut désormais attendre l’échéance électorale. Mais combien de temps pourra encore attendre le Saint-Yves ? Certainement pas les prochaines élections municipales dans six ans.

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Vous pouvez soutenir le collectif de sauvegarde en signant la pétition ici.
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Crédits photographiques : Stéphane Bourderiou

Menace sur les mosaïques d’Isidore Odérico

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Cela n’aura sans doute échappé à personne, car nombreux sont ceux qui ont relayé cette information, mais nous souhaitions tout de même insister sur un point important qui semble un peu sous-évalué dans cette affaire du Château Delisse.

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« Le Château de la fromagerie Delisse », situé sur la commune de Montauban-de-Bretagne, a été construit par la famille Délisse au début du XXe siècle. Symbole de l’industrie florissante de l’époque, il est aujourd’hui la propriété du groupe Entremont. Ces derniers viennent d’annoncer leur intention de le démolir.

Pourquoi le démolir ? On invoque toujours les mêmes prétextes, à savoir, la sécurité. Or, avant qu’un édifice soit dangereux, il faut qu’il ne soit pas entretenu pendant une longue période. C’est sans doute ce qui a été le cas, et bien entendu, on se protège derrière un vague « c’est trop tard, on ne peut plus le restaurer à cause de son état.»

D’après la presse locale, la démolition ne serait pas imminente, Rennes Infos Autrement parle même d’un délai de cinq ans. Sauf qu’il semblerait que le permis de démolir soit déjà déposé, et nous savons que la validité d’un permis est de trois ans, avec possibilité de prolongations de deux fois un an. Il nous semble curieux que la procédure soit déjà en cours, si ce n’est pour démolir que dans cinq ans.

Cependant, certains diront que des édifices comme celui-ci, il y en a pléthore, donc un de plus ou un de moins cela ne changera pas grand-chose. Mais le plus préoccupant dans cette « banale » histoire de démolition, c’est que l’édifice possède à l’intérieur des mosaïques remarquables du grand Isidore Odorico.

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La direction d’Entremont semble affirmer que toutes les précautions seront prises afin que ce patrimoine remarquable soit sauvegardé et puisse trouver une nouvelle destination. Toutefois, par expérience, nous savons que, bien souvent, dans le feu de l’action, on « oublie » ce genre d’engagement et on détruit sans regret, comme nous l’avons vu récemment avec les céramiques de Bigot dans la « Villa Poulain » à Blois.

Souhaitons que ces trésors soient préservés et que leur future destination soit connue avant démontage, car, là encore, le risque de les voir remisés dans un entrepôt, puis « oubliés », est une éventualité à ne pas négliger.

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Biographie :
Mosaïste rennais, Isidore Odorico (1893-1945) était d'origine italienne. Sa famille était arrivée fin XIXe en France, pour le chantier de l'opéra Garnier à Paris. Elle s'installe ensuite à Rennes où elle crée son atelier. Leur style italien (vénitien et romain) illustré par des tesselles de couleurs vives et dorées découpées dans le marbre, le granit ou la pâte de verre assurera leur succès. Après la première guerre mondiale, le fils Isidore Odorico, formé aux Beaux-arts à Rennes, reprend la direction de l'entreprise familiale.

Lire l’article du Figaro.
Lire l’article de Rennes Infos Autrement.

Historique :
https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/rennes-redecouvre-ses-mosaiques-odorico_3279449.html

Crédits photographiques : © Alain Amet - Musée de Bretagne Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à soutenir La Gazette du Patrimoine en cliquant ici.

Le pape démolit la chapelle

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C’est le titre du Journal Le Télégramme pour annoncer la fin de la chapelle Sainte Thérèse. Effectivement, comme l’écrivait Beaumarchais, il vaut mieux « se presser de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer ».

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Quoi qu’il en soit, la petite chapelle bretonne, située sur les terres des anciennes usines Bolloré à Scaër dans le département du Finistère, n’est plus.

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Elle aura fait beaucoup parler d’elle, car déjà en 2007 il était question de la « déconstruire » pour la faire revivre ailleurs.

Il y a deux mois, cette fameuse « déconstruction » était toujours annoncée. Le clocher avait été démonté pour des raisons de sécurité, les vitraux déposés et les ardoises retirées.

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Mais aujourd’hui, plus aucun doute, la chapelle n’a pas été déconstruite, elle a bel et bien été démolie. Une triste fin pour ce petit édifice, qui était originellement érigée à Coat-Quéau, dans la commune de Scrignac, et que René Bolloré avait acquise et faite reconstruite en 1926, dans l'enceinte des Papeteries de Cascadec.

À croire que l’intérêt pour le patrimoine du groupe Bolloré n’est plus le même qu’il y a 94 ans et nous ne pouvons que le déplorer.

bollore



En savoir plus :

https://www.letelegramme.fr/dossiers/travaux-a-la-chapelle-de-cascadec/le-pape-a-demoli-la-chapelle-saint-vincent-14-02-2020-12503661.php
https://www.letelegramme.fr/finistere/scaer/chapelle-de-cascadec-un-curieux-chantier-12-11-2019-12431286.php
https://www.letelegramme.fr/finistere/scaer/chapelle-de-cascadec-le-demontage-est-possible-19-11-2019-12437106.php

Crédits photographiques : Photos 1 à 5 : Le Télégramme Photo 6 : Ouest France

Marquise, après le Château, l’église ?

Un petit retour en arrière au sujet de la démolition du Château Hulleu, situé dans la très belle commune de Marquise.



Comme nous pouvons le constater sur cette photo de drone, il ne reste plus rien de l’édifice et des arbres qui l’entouraient. Le bunker présent dans le parc et qui selon le permis de démolir devait être conservé, reste toujours enfoui sous une épaisse végétation à l’extrémité de la propriété (à l’extrême gauche sur la photo) et pour le moment, aucun avenir pour lui.


Le Château n’est plus, et son terrain tant convoité va permettre l’extension du parc voisin pour en faire un « poumon vert », selon les dires de la mairie (alors pourquoi avoir abattu les arbres de la propriété ?)

La mairie envisage également à cet endroit, la construction d’aires de jeux pour enfants ainsi que la construction d’un skatepark. À ce rythme-là, ce ne sera plus Marquise, mais Luna Park.


Une chose est certaine, la commune a les moyens pour les jeux, mais pas pour l’entretien de son patrimoine. La charmante église, qui faisait écho au château, aurait bien besoin de soins, mais faute de budget, toujours selon la mairie, les grands travaux ne sont pas pour demain.



Si elle est toujours accessible au public et que des messes y sont célébrées régulièrement, la voûte est maintenue par des structures métalliques et les paroissiens prient chaque jour un peu plus afin que le ciel — enfin, la voûte — ne leur tombe pas sur la tête.


Si vous vous rendez sur le site de la commune, vous pourrez constater dans la rubrique « Travaux », qu’à part la consolidation d’un muret de l’édifice, aucun travaux n’ont été entrepris.

Sans doute qu’il est prévu dans les prochaines années, quand la voûte se sera effondrée, que les messes soient célébrées en plein air au cœur du « poumon vert », entre un toboggan et un skatepark.

Lire les articles précédents sur ce sujet :

« Tout va très bien monsieur le Maire de Marquise ! »
« Tout va très bien monsieur le Maire de Marquise ! (suite) »

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Un Geste à l'Edifice

« Un Geste à l’Édifice » est une action d’Urgences Patrimoine qui permet à des communes ou à des structures associatives culturelles, de faire restaurer gracieusement des œuvres ou des petits éléments du patrimoine, dans le cadre du mécénat de compétences.

Bien entendu, cette action ne peut être considérée comme de la concurrence déloyale envers les artisans, car elle ne concerne que des projets pour lesquels
aucun budget n’est disponible. Mais l’absence de restauration pourrait même conduire l’œuvre à sa perte.

Les artisans participant à l’opération, offrent leur temps et leur savoir-faire sans compter. Cependant, lors de certaines restaurations, des frais de matériaux parfois importants sont nécessaires, et pour acquérir ces matériaux il faut des fonds dédiés, puisque nous garantissons au porteur de projet la gratuité de notre action.


Le patrimoine, nous ne cesserons jamais de le répéter, est notre bien commun et nous en sommes tous les gardiens et surtout les dépositaires, avec un devoir de transmission aux générations futures. « Passeurs de mémoire, créateurs d’avenir », nous pouvons tous l’être en faisant un petit geste pour soutenir cette belle action et ainsi accompagner les artisans qui offrent leur Geste à l’Édifice.

Pour réaliser votre geste cliquez sur le lien :
https://www.leetchi.com/c/un-geste-a-ledifice








Saint-Brieuc remercie la réserve foncière

Saint-Brieuc PHOTO 1


Il était une fois une jolie petite maison bretonne située à l’entrée de la ville. Abandonnée et squattée depuis de nombreuses années, l’option démolition a été sans appel. Pourtant en 2005, elle avait été proposée à la vente par la commune au prix de 30.000 euros, ce qui aurait sans doute fait le bonheur d’une famille ou, du moins, d’un artisan qui aurait su la mettre en valeur.

Saint-Brieuc PHOTO 2


Alors qu’un acquéreur s’était fait connaître, la vente n’a finalement pas eu lieu, car, au dernier moment, la Mairie a cassé la vente et a remboursé le malheureux acquéreur.

Mais pourquoi donc ?

Parce que cette pauvre maison était dotée d’un terrain de 2500 m2 et que cette réserve foncière était précieuse pour la ville. Résultat, il aura fallu attendre 15 ans pour détruire ce qui est devenu un édifice peu engageant, qui faisait « mauvais genre » à cette entrée de la commune.

Pour la « modique somme » de 78 .000 euros, la maison est en cours de démolition.

Alors effectivement, cette construction datant de 1905 n’était pas remarquable, mais sa vente à un particulier lui aurait donné une seconde vie. La commune aurait fait l’économie de 70.000 euros d’argent public et les déchets nombreux dus à la démolition n’auraient pas eu besoin de traitement puisqu’il n’y aurait pas eu de déchets.

À l’heure où la protection de la planète est devenue une obsession pour tout le monde, il faudrait peut-être penser « réhabilitation » au lieu de penser toujours « démolition ».

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Bonus : un autre édifice de la ville va être détruit dans les prochaines semaines, afin de créer des « box » pour les associations.

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Vive le patrimoine Breton !

Cliquer ici pour lire l’article du Télégramme :

Crédits photographiques : Marina Chélin, Le Télégramme.

Le patrimoine, nouvel enjeu électoral ?

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Si jusqu’alors le patrimoine était le grand oublié des débats électoraux, cette campagne pour les municipales le fait rentrer dans « la course ». Sans doute sous l’impulsion de quelques élus visionnaires qui ont compris que pour redynamiser les centre-bourgs, rien ne valait un patrimoine entretenu et des réhabilitations intelligentes.

En conséquence, ici et là, dans certaines communes du territoire on ressort des dossiers oubliés et on les remet sur la table. C’est le cas à Alençon, où deux établissements emblématiques de la ville, fermés depuis douze ans, reviennent sur le devant de la scène. Il s’agit de l’Hôtel du Grand-Cerf et de la brasserie La Renaissance.

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Nous ne pouvons que nous réjouir de cet intérêt soudain pour le patrimoine, mais restons prudents quant à la suite. Les candidats sont d’accord sur ce sujet : il faut faire revivre ces lieux. Le terme de « verrue », employé par l'un des candidats, nous déplaît, car une verrue en théorie est vouée à disparaître. Il serait fort dommage de démolir ces deux édifices, en précisant tout de même que les décors de La Renaissance sont protégés au titre des monuments historiques par une inscription.

Douze ans pour se rendre compte que ces lieux fermés se dégradent, c’est un peu long. Mais le principal, c’est de ne pas oublier. Ne pas oublier, non plus, la vague de démolitions que produit la période pré-électorale, que ce soit ici ou ailleurs.

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Les arrêtés de péril et les permis de démolir fleurissent partout, mais c’est normal sans doute car le printemps arrive. Un bel exemple de patrimoine voué à disparaître pour laisser place à … rien, comme on peut le constater sur le permis.

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Souhaitons que tous les Maires qui auront les faveurs des électeurs sauront donner un peu d’éclat au patrimoine de leur commune, en choisissant l’option réhabilitation, plutôt que celle de la démolition.

Pardon, en politique, on ne dit plus démolition, on dit déconstruction. Le résultat est le même, mais c’est moins choquant pour la population.

Lire l'article de l'Orne hebdo ici.

Crédits photographiques : L'Orne hebdo.

Un geste pour Céline

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Grâce à l’intervention de Sophie de Joussineau, ce portrait du peintre Théophile Poilpot intitulé « Céline » , provenant du fond du Musée Eugène Carrière, a retrouvé une seconde jeunesse. Cette restauration a eu lieu dans le cadre de l’opération « Un Geste à l’Édifice » d’Urgences Patrimoine.

Nous rappelons que cette opération consiste à faire intervenir des professionnels de la restauration du patrimoine, et que ces restaurations sont gracieuses car effectuées dans le cadre du mécénat de compétence. Cela permet à des œuvres pour lesquelles il n’y a pas de budget dédié, de pouvoir bénéficier des soins dont elles ont besoin pour ne pas disparaître.

Ce tableau est le premier à sortir de l’atelier parisien de Sophie de Joussineau, qui participe à deux autres sauvegardes, toujours dans le cadre « d’Un Geste à l’Édifice ». Une vraie chance pour le patrimoine oublié et sans avenir qui, sans l’engagement de ces restaurateurs, serait condamné.

Un grand merci à nos généreux artisans et, dans ce cas précis, un grand merci à Sophie.

Pour contacter Sophie de Joussineau :

Atelier Sophie de Joussineau :
Conservatrice-Restauratrice de tableaux et d'objets d'art polychromes
58 rue Letellier
75015 Paris
contact : sophiedejoussineau.atelier@gmail.com


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Coup de Grâce à Cadaujac

Cette ravissante commune des environs de Bordeaux dispose d’un riche patrimoine bâti. Parmi ce patrimoine, un édifice datant du XVIIIe siècle portant le doux nom de « La Grâce » ou château de la Grâce. Or ce gracieux petit édifice a été préempté par l’Établissement Public Foncier, ce qui ne laisse rien présager de bon.

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Voici les dernières informations qui nous sont parvenues.

Jusque récemment, la propriété appartenait à Madame Rode. Au moment de la vente, l'EPF (Établissement Public Foncier) a préempté au profit d'un projet communal à établir. La Mairie a mis le bâtiment à la disposition de l'école de musique communale, pour une durée de 1 ans. Renouvelable ? La Mairie a 4 ans pour accepter un projet présenté par un promoteur, dans les règles du PLU.

Elle a rejeté un premier projet, au motif qu'il y avait une trop grosse densité de logements ( 80 logements prévus). Elle en aurait accepté un second, aussi dense, le problème est que seul le maire et son adjoint à l'urbanisme ont vu le projet et personne ne sait si la démolition du château y figure. Cependant, vu l'emprise, il semble improbable de construire 80 logements sans détruire.

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Tout ceci ne laisse rien présager de bon, mais attendons un peu d’en savoir plus sur ce projet. Il est vrai que créer quatre-vingt logements entre ces murs, nous semble mission impossible sans détruire l’édifice.

Nous allons essayez d’en savoir plus dans les prochaines semaines, car comme on pourrait dire chez nous « tant qu’il n’y a pas de pelleteuse, il y a de l’espoir ».

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La Grâce
 
D’après la carte de Belleyme, la Grâce existait à la fin du XVIIIème siècle. Le cadastre de 1810 atteste déjà des plans actuels. Si les communs ont été agrandis, l’architecture du logis et des façades a été respectée. Les deux ailes des communs sont de longueur identique mais de largeur différente. On accède à la grande cour rectangulaire largement ouverte à l’Ouest par un magnifique portail en fer forgé. Les ardoises couvrent le toit du logis alors que la toiture des ailes est constituée de tuiles. Les pierres de taille d’origine ont été enduites d’un crépi de ciment peint en blanc. Le corps du logis présente une élévation centrale d’un étage formant un pavillon. Six fenêtres en plein cintre symétriquement réparties s’ouvrent sur la cour intérieure.

Une frise de pierre, surmontée d’une corniche fortement accentuée, parcourt l’ensemble de la façade soulignant la séparation entre le rez-de-chaussée et le premier étage du pavillon. L’entrée dans le bâtiment s’effectue par la porte centrale du pavillon ; celle-ci a été construite sur le modèle des fenêtres latérales. De part et d’autre de la porte se situent deux fenêtres couronnées d’un fronton triangulaire reposant sur une console. Sur la façade Est s’ouvrent six baies sur la partie basse, réparties de part et d’autre du pavillon symétrique à la façade Ouest.
 
La Grâce a été bien entretenue par ses propriétaires successifs. Après la révolution, elle appartient à un riche américain qui achète également le château des Faugères. En 1937, le château est loué au patronage « Etoile Saint Louis ». Jusqu’en 1946, réunions, séances de cinéma, cours d’enseignement ménager s’y succèdent. Cette même année y est organisée la première kermesse paroissiale. En 1948, les murs de la Grâce abritent « la Coopérative d’Amélioration de l’élevage de la Gironde ». Il s’agit d’un centre d’insémination artificielle ayant pour but d’améliorer la race bovine en Gironde. Très vite l’entreprise étend ses services aux départements voisins et prend alors le nom de « Coopérative interdépartementale girondine et d’insémination artificielle ». Dans les années 60, elle possède une quarantaine de taureaux de cinq races différentes. Elle deviendra en suite une résidence privée.

Sources : Cadaujac et ses châteaux. Tome 1 publié dans le Journal de la Promenade ( ISSN 1959-4259) le 6 septembre 2009 par Frédéric Durand, Jean Claude et Jeanie Grenier.

L’immobilier de standing : alternative heureuse pour la sauvegarde du patrimoine ?

Pontchartrain Photo 1


C’est officiel, le château de Pontchartrain dans les Yvelines a été racheté par un promoteur qui a pour ambition de transformer l’édifice en résidence de standing.Si ce projet fait bondir les défenseurs du patrimoine, il permet tout de même d’espérer un avenir pour cet édifice qui a subi les affres du temps et qui, sans projet concret, risquait de se dégrader chaque jour un peu plus.

L’avis du Président de l’association Sites et Monuments se défend. Ce dernier, en effet, souligne qqu’un tel projet implique malheureusement la construction de 86 cuisines et de 86 salles de bain dans un monument classé MH. Toutefois, ne vaut-il pas mieux un réaménagement intérieur discutable que la disparition pure et simple de ce patrimoine remarquable ?

Notre seule inquiétude aujourd’hui, c’est l’aboutissement du projet, car combien de promoteurs ont voulu réaliser des opérations immobilières de cette envergure et ont connu entre-temps des revers de fortune, stoppant net la réhabilitation.

Nous avons tous en tête le projet immobilier avorté du Château du duc d’Épernon en Seine-et-Marne, ou celui du château de Boisseron dans l’Hérault dont l’état est aujourd’hui plus que préoccupant.

La société fraîchement propriétaire des lieux semble être fiable. Nous n’avons plus qu’à lui souhaiter bon succès.

Malgré la « défiguration » intérieure, réjouissons-nous de la seconde vie du château de Pontchartrain. Même si c’est un projet de vente « à la découpe », il est moins dangereux pour le patrimoine qu’un abandon — qui conduirait sans aucun doute à une perte définitive.

Le Maire de la commune a pour sa part le sourire, car lorsqu’on a un minimum d’intérêt pour le patrimoine, il est toujours douloureux de le voir disparaître. D’autres élus se seraient peut-être réjouis d’une démolition, mais à Pontchartrain ce n’est pas le cas.

Pontchartrain photo 2

Regarder le reportage de France 3.
Lire l’article d’Actu.fr.

Crédits photographiques : photo 1, Arnaud Neuveu ; photo 2, archives des Yvelines

Le petit Raymond devrait reposer en paix sur les terres qui l’ont vu naître en 1878

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Suite à un alerte qu’Urgences Patrimoine avait reçu concernant la démolition probable de la tombe du petit Raymond de Bellissen de Bénac, mort à l’âge de 10 mois, et enterré dans ce qui était alors la propriété du Baron de Bellissen de Bénac, nous avons remué ciel et terre pour essayer de trouver une fin heureuse à cette affaire.

Comme nous l’expliquions dans l’article du 31 janvier 2019, le château du baron a été rasé dans les années 80 et c’est l’Hôtel du Département qui occupe l’emplacement aujourd’hui, ce qui signifie que cette tombe se situe sur une parcelle qui est la propriété du Conseil Départemental.

Suite à notre article, puis à un appel sur les réseaux sociaux, la mobilisation citoyenne a été inespérée et nous a permis de faire avancer rapidement les choses. Un de nos contacts nous a mis en relation avec le député de la circonscription, M. Michel Larive, qui nous a immédiatement communiqué les coordonnées de Mme Christine Téqui, Présidente du Conseil Départemental de l’Ariège — ce qui nous a permis de lui présenter rapidement l’affaire qui nous occupait. Quelques heures plus tard, nous avons eu un contact avec M. Thomas Cantin, Directeur des bâtiments et de la logistique du Conseil Départemental, qui nous a assuré que la démolition de la tombe de Raymond n’était pas programmée.

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Nous remercions infiniment l’ensemble des élus pour leur collaboration et leur réactivité. Pour nous, défenseurs du patrimoine, il est agréable de constater que certains d’entre-eux sont sensibles à notre cause. Ce fut le cas en Ariège.

Nous remercions également tous les artisans qui ont proposé d’intervenir dans le cadre du mécénat de compétences pour restaurer l’édifice, qui a beaucoup souffert depuis 2014, dates à laquelle avaient été prises les photos qui nous avaient été communiquées. Merci enfin à tous les internautes qui nous ont aidé grâce notamment à leurs partages de publications et à leurs propositions de nous venir en aide lors du futur chantier. Il va y avoir un vrai travail de restauration si nous voulons remettre cette tombe dans son état d’origine, mais le petit Raymond le vaut bien.

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Mais avant d’envisager le chantier de restauration, il va falloir passer par la « case administration », car même si ce chantier se fait dans le cadre du mécénat de compétences et, donc, ne demande aucun argent public, une commission doit se réunir pour donner son accord. Nous ne doutons pas que cet accord nous sera donné, car il s’agit tout de même de la tombe du bébé d’un homme qui, jadis, fit beaucoup pour la ville de Foix, ville qui s’est notamment opposée au projet de démolition du château des Comtes de Foix et qui a ainsi permis à la ville de conserver un de ses trésors architecturaux. Cela vaut bien la restauration de la tombe de son enfant.

Et puis savoir respecter les morts est un premier pas vers le respect des vivants…

Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant des suites données à ce dossier, mais à priori, Raymond pourra reposer en paix.

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Crédits photographiques : Photos 1 et 4 : Olivier Munin Photos 2 et 3 : Jules Allais

En dépit du bon Sens !

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Voilà un projet de démolition qui fait grand bruit à Sens, dans le département de l’Yonne, et bien au-delà. L’Hôtel de Paris et de la Poste, haut lieu de la gastronomie et de l’hôtellerie de la ville vient d’être racheté et les nouveaux propriétaires n’ont pas l’air d’apprécier ce patrimoine du XVIIIe, jusque-là toujours fièrement debout, malgré les nombreuses guerres et autres événements tragiques de l’Histoire qui auraient pu avoir raison de lui.

L’histoire justement. Quand l’on se rend sur le site internet de l’Hôtel de Paris et de la Poste des anciens propriétaires, qui n’a pas été désactivé, voici ce que l’on peut lire en première page :

« L'histoire nous concerne tous et nous accompagne au fil des siècles grâce au patrimoine architectural laissé par nos ancêtres. L'Hôtel de Paris et de la Poste, situé au cœur du centre-ville de Sens, représente à lui seul une partie de l'histoire de la ville. Ancienne maison canoniale de 1776 à 1796 occupée par le chanoine de Vaudricourt, elle devient Relais de Poste sous le nom de l'Auberge de la Ville-de-Paris. À partir de 1812, l'auberge qui devient hôtel est cédée de propriétaire à propriétaire jusqu'en 1980 lorsque M. et Mme Godard rachètent l'hôtel. C'est en ces lieux qu'officie Philippe « un Godard 3ème génération », exécutant brillant d'un art culinaire entre tradition et innovation. »

Visiblement, ce ne sera pas la politique des nouveaux acquéreurs. Peut-être ne savent-ils pas que le patrimoine et la gastronomie ne font qu’un et qu’un outrage au bâti est un outrage à la mémoire des hommes qui ont fait l’histoire de ce lieu.

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Par la voix du journal l’Yonne Républicaine, l’Unité Départementale de l’Architecture et du Patrimoine (l’UDAP) ne dit ne pas être au courant de ce projet de démolition. Pourtant, l’édifice se trouve face à l’Hôtel de Ville et à quelques mètres de la remarquable Cathédrale de Sens ; les bâtiments de France doivent donc obligatoirement se prononcer sur le sujet et donner leur accord.

De leur côté, les nouveaux propriétaires affirment que toutes les demandes ont été faites dans le règles de l’art. Nous ne pouvons donc qu’attendre, impuissants, la position de l’Architecte des Bâtiments de France.

Pour connaître la rigueur et les exigences des ABF du département, s’agissant de repeindre une porte, de mettre une enseigne sur un commerce ou de faire placer un petit Vélux dans ce secteur protégé, nous serions surpris que l’accord soit donné pour cette démolition. L’Hôtel de Paris et de la Poste attend donc de savoir s’il va tomber au nom d’une pseudo-modernité ou s’il va pouvoir continuer sa route au fil des siècles.

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Cliquer pour l'Historique de l’édifice.

Lire les articles de L’Yonne Républicaine :

« L’Hôtel de Paris et de la Poste va être démoli ».
« La démolition de l’Hôtel de Paris et de la Poste enflamme les réseaux sociaux »

Crédits photographiques : L’Yonne Républicaine

Un nouveau « Geste à l’Édifice » : Sophie de Joussinneau et Osanne Darantière


Notre opération « Un Geste à l’Édifice » permet à des communes ou à des petits musées de bénéficier de la restauration gracieuse de certaines œuvres, dans le cadre du mécénat de compétences. Lorsque le porteur de projet n’a aucun budget pour faire restaurer une œuvre, alors Urgences Patrimoine, à travers ce dispositif, permet la réalisation de la restauration avec l'intervention de professionnels qualifiés.

Aujourd’hui Sophie de Joussinneau et Osanne Darantière ont réceptionné dans leur atelier du XVe arrondissement de Paris ce tableau, en provenance de l’église de Courlon dans le département de l’Yonne.

Nous avons eu un peu de retard suite au désistement de la restauratrice qui devait intervenir sur cette œuvre, mais il est à présent entre de bonnes mains et va pouvoir bénéficier des soins nécessaires à sa restauration.


Ces actions bénévoles de la part des professionnels du patrimoine devraient être plus souvent soulignées, mais hélas, en France, l’acte de générosité est souvent perçu comme suspect, notamment par les institutions habituées aux lancement d’opérations coûteuses, que l’argent public peine à financer.

C’est pour cette raison qu’il faut savoir explorer d’autres pistes, comme celle du mécénat de compétences. Le sujet n’est pas de faire perdre des marchés rémunérés aux artisans, mais ce sont ces mêmes artisans qui souhaitent apporter leur contribution à la sauvegarde du patrimoine en péril « oublié » des territoires. Saluons leur action, sans polémiquer.

Tout ce qui peut être utile au patrimoine est important et remercions celles et ceux pour qui le mot générosité signifie encore quelque chose.

Rappelons que nos « fées des pinceaux » en sont à leur troisième tableau en convalescence, dans le cadre « d’Un Geste à l’Édifice ».


En savoir plus sur nos deux restauratrices :
https://www.facebook.com/sophierestaurationdetableaux/
https://www.facebook.com/AtelierOsanne/




Tout va très bien monsieur le Maire de Marquise ! (suite)

MARQUISE DÉMOLITION ARBRES


Suite à notre publication d’hier, un habitant d’une commune voisine s’est rendu sur le chantier de démolition, notamment pour vérifier si les éléments intérieurs de l’édifice avaient été conservés, ou s’ils avaient fini dans les gravats. Les photos sont là pour nous prouver que rien n’a été conservé et qu’en plus de la démolition, nous pouvons constater que des arbres du parc ont été abattus.

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Autre étonnement de notre part suite à la lecture du permis de démolir. Le terrain n’est « que » de 3280 m2 et le bunker de la seconde guerre mondiale est conservé. Pour la construction de futurs logements, le terrain « occupé » nous semble bien petit. Il faudra donc être vigilant quant à l’avenir de ce témoin de la guerre, qui par manque de place risque de disparaître.

MARQUISE DEMOLITION PHOTO 3


Enfin, encore une fois, même si cet édifice n’était pas « le château de Versailles », il pouvait renaître à travers le projet hôtelier proposé et devenir un vecteur économique et touristique pour la ville. Mais cette solution simple et efficace n’a pas eu grâce aux yeux des élus locaux qui ont préféré dépenser l’argent public pour le mettre par terre.

Dont acte.

Voici le commentaire de Loïck Bouvier qui s’est rendu sur place :

« Constat visuel le mardi 4 février 2020, 14h, à Marquise, rue de Verdun. 

Analyse visuelle : l'on peut constater la dégradation à certains endroits, au niveau de la toiture, mais pas étonnant si cela n'a pas été entretenu volontairement depuis des années. Le coût de rénovation peut se chiffrer entre quelques milliers d'euros et quelques dizaines de milliers d'euros, pas plus.

Le tas de la charpente, même à distance de plusieurs mètres, montre une bonne qualité de bois, poutres en chêne, bois rouge, magnifique escalier probablement. La supposée maladie semble être la parade facile et semble être un gros mensonge. Les gros blocs de pierres blanches, malheureusement détruits, démontraient une solidité éternelle. Certaines parties extérieures pouvaient être démontées comme l'architecture autour des fenêtres, mais il est plus facile de détruire avec l'engin.

Le lieu est sous surveillance et interdit au public. »

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Crédit photographiques: Loïck Bouvier Lire l’article précédent dans La Gazette du Patrimoine.

Tout va très bien monsieur le Maire de Marquise !

Vous avez été très nombreux à nous alerter, depuis hier, au sujet du triste sort du château de la commune de Marquise dans le Pas-de-Calais. Depuis quelques jours, les pelleteuses font leur sale travail et détruisent l’édifice. Jusque-là, nous pouvons presque tristement appeler ça « scène de la vie quotidienne du patrimoine du XIXe siècle ».

Sauf que, dans ce cas précis, il n’y avait aucune raison que ce patrimoine disparaisse, car au décès de la propriétaire, une jeune femme s’était fait connaître pour le racheter et avait un projet de réhabilitation solide qui assurait l’avenir de l’édifice. La réhabilitation avait été chiffrée à près d’un million cinq cent mille euros, mais cela ne faisait pas peur à la jeune femme.

Extrait de l’article de
La Voix du Nord du 26 octobre 2015 au sujet de son projet :

« Alizée Debou a failli avaler son café de travers. Et pour cause, puisque la jeune entrepreneuse de 28 ans, déjà à la tête du restaurant À l’Opale des caps, ainsi que d’un appart hôtel à Ambleteuse, venait de signer un compromis de vente sur cette propriété de la rue de Verdun quelques jours avant. Avec son père Albert-François, la jeune femme a en effet craqué en août sur cette belle maison bourgeoise du XIXe siècle s’ouvrant sur un charmant parc et un petit bois.

Du moment où elle a glissé un pied dans la propriété, en vente depuis avril dernier suite au décès de Mme Huleu, sa propriétaire, à l’âge de 102 ans, elle a tout de suite vu le potentiel de l’endroit.

Allier tradition et modernité

Dans cette ancienne maison de maître de 600m2, elle imagine à la fois un hôtel de standing sur deux étages, des salles de séminaire et de réception au rez-de-chaussée (notamment pour les mariages). Le tout dans un cadre rénové et restructuré mais gardé dans son jus : beaux plafonds sculptés, parquets anciens, cheminées en marbre, radiateurs de caractère… Plusieurs des chambres ou suites donneraient sur le grand parc arboré qu’Alizée souhaite préserver tel quel, avec son petit bois, ses mares et son potager. Un room service (plateaux-repas de qualité) serait aussi proposé aux clients, préparés par un cuisinier.

Également dans son projet : une résidence hôtelière de 6 à 8 appartements, construits « en bois » sur un des côtés du parc, en retrait du château, et un espace bien-être (Spa…) à aménager dans le blockhaus construit par les Allemands pendant la seconde Guerre mondiale, qui trône au milieu du parc. Enfin, les dépendances situées du côté de la cour d’entrée seraient transformées en appartements loués à l’année.

De lourds travaux de rénovation

Le projet est très ambitieux, surtout quand on voit les travaux nécessaires. Un chantier évalué à 1,5M€. Les intérieurs sont complètement vétustes et les murs et plafonds rongés par l’humidité. Mais cela ne fait visiblement pas peur à notre dynamique entrepreneuse. Pas plus d’ailleurs que la prétendue mérule qui attaquerait le bâtiment. Un rapport d’experts qui vient d’être réalisé établit que le champignon serait circonscrit sur une petite surface dans la cave, dans une structure en bois qui peut être aisément démontée. Reste un problème de taille : la ville de Marquise, qui ne dispose plus de réserves foncières pour réaliser les projets qu’elle souhaite, veut, elle aussi, acquérir la propriété. Elle envisagerait d’ailleurs de démolir l’édifice. Face au risque de préemption, Alizée et son père soulignent les nombreuses qualités de leur projet : la création d’un hôtel -qui plus est de prestige- dans une commune où il n’en existe plus, la création d’emplois, la contribution au tissu économique local et la préservation du patrimoine de la commune. »



Elle a bon dos la mérule ! Toujours le même prétexte fallacieux employé par les élus qui veulent justifier leurs actes de vandalisme à l’encontre du patrimoine de leur commune.

Nous ne pouvons que déplorer la préemption de l’édifice qui l’a conduit à sa démolition aujourd’hui, au nom de la sacro-sainte réserve foncière. Comme il est énoncé dans cet article, un blockhaus de la seconde guerre mondiale se trouve dans le parc et nous ignorons pour le moment quel sort va lui être réservé.

Nous reviendrons un peu plus tard sur ce sujet dans la journée, car un de nos correspondants a accepté de se rendre sur place pour essayer de voir si les éléments architecturaux ont été mis de côté pour être revendu et espérer une seconde vie ailleurs, ou si tout a été broyé.


Une question se pose encore une fois : à l’heure où dans certaines communes on met en place un « permis de louer » afin de décourager les « marchands de sommeil », à quand un permis de préempter pour les Maires, afin d’éviter les communes d’être privées de leur patrimoine et du potentiel économique que celui-ci pourrait engendrer ?

Enfin, il ne faut pas rêver, nous n’en avons pas fini de notre « guerre aux démolisseurs », car si l’État nous fait l’aumône de quelques « mesurettes » pour la sauvegarde du patrimoine, jamais personne ne s’inquiète de cette vague de démolition grandissante. D’ailleurs, ne parlons plus de vague, mais plutôt de tsunami, car il ne se passe pas une journée en ce moment, sans que l’on ne détruise un édifice ou qu’on ne le laisse à l’état d’abandon pour mieux le détruire un peu plus tard.

Lire l’article de
La Voix du Nord du 03/02/20 ici.


Crédits photographiques : La Voix du Nord .

Quel avenir pour les carrières souterraines de Meudon ?

Encore un patrimoine menacé au nom de la modernité.

Nous avons été alertés il y a quelques jours et nous nous devions de partager cette alerte.

Les carrières souterraines de craie de Meudon, creusées au début du XIXe et classées en site scientifique et artistique depuis 1986, vont être détruites de moitié ! Nous connaissons tous les crayères de Champagne, classées au patrimoine mondial de l'Unesco. À Meudon nous possédons les mêmes, à quelques kilomètres de Paris.

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Cela fait 40 ans que divers projets successifs veulent venir à bout de ce « sous-sol gênant », dans un secteur ou la valeur foncière ne fait qu'exploser. 2020 sonne le glas, puisque le Ministre de la transition écologique et solidaire a validé les travaux de comblement via les apports de déblais issus des chantiers d’Ile de France.

C'est la moitié d'un dédale de 8 kilomètres de galeries qui va disparaître sous les remblais du nouveau métro Grand-Paris-Express. Ces galeries souterraines sont d'une qualité architecturale inestimable : taillées dans la masse de craie à la main et au pic par les Maîtres carriers de l'époque, ces galeries font en moyenne de 3 à 7 mètres de haut, avec un ciel vouté en plein cintre.

Aux intersections de chaque galerie se dévoilent de somptueuses croisées d'ogives souterraines. Le souci du détail lors de la création de cette carrière souterraine a amené les carriers à peigner les parois des galeries, de manière à obtenir des finitions artistiques des plus parfaites. Ce sont tous ces détails qui donnent à l'ensemble l'ampleur d'une cathédrale romane.

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À cet intérêt architectural s'ajoute un intérêt acoustique exceptionnel. Les études du CNRS révèlent une qualité acoustique digne des plus grandes salles de spectacles et grandes cathédrales. En 1988, des enregistrements de l'ensemble Venance Fortunat ont démontré l'intérêt d'écoute tout à fait particulier de ce lieu.

Enfin, l'intérêt scientifique est aussi très important, puisque ce site est célèbre dans toute la littérature géologique internationale. De nombreux chercheurs du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, de l'Université Pierre et Marie Curie et du CNRS y ont mené des travaux qui ont abouti à une visite de géologues du Monde entier lors du Congrès Géologique International de 1980.

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C'est un patrimoine inestimable qui s’apprête donc à être enseveli, en faisant fi de son intérêt patrimonial dans bien des domaines : patrimoine historique, patrimoine ouvrier, patrimoine architectural rare, patrimoine du souvenir de la guerre, patrimoine géologique....

Un recours a été déposé, mais les travaux devraient démarrer prochainement. Une pétition est en ligne, n’hésitez pas à cliquer sur le lien pour la signer :

https://www.change.org/p/carrieresarnaudet

Crédits photographiques : Magdaleyna Labbé

Démolition programmée à Calais

Poursuivons notre tour de France des démolitions programmées dans les cœurs de villes. Aujourd’hui, c’est à Calais : nous déplorons les projets envisagés dans les prochains mois par cette ville. Trois bâtiments sont concernés, dont celui que nous vous présentons ici.

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Pourtant, les réhabilitations sont reconnues comme beaucoup plus écoresponsables que les démolitions et leurs encombrants déchets. Nous ne pouvons qu’assister impuissants à cette épidémie, qui tue chaque jour davantage ces petits témoins architecturaux d’un autre temps, qui ne demandent qu’à retrouver une seconde vie. Avec un minimum de volonté de la part des élus et des institutions, il est certain que de beaux projets pourraient naître dans le respect de ce patrimoine du XIXe et du début du XXe si souvent condamné.

Un élu s’est pourtant opposé à la démolition de cet édifice, mais hélas, madame le Maire n’a rien voulu entendre. Il faut dire qu’elle a reçu la « bénédiction » de l’Architecte des Bâtiments de France — donc, fin du débat.

Extrait de l’article de la Voix du Nord :

Conseiller d’opposition, Christophe Duffy (Europe Écologie – Les Verts) a demandé au maire de retirer de la délibération la démolition de l’immeuble du 139 rue des Soupirants, qui fait l’angle avec les rues Jules-Ferry et des Salines, à côté de l’ancienne caserne des pompiers. « Cette démolition a suscité un certain émoi dans le quartier. Je suis allé le voir, il n’est pas en bon état mais possède un certain cachet. Je demande de surseoir (sic) sa démolition au cas où une nouvelle équipe municipale aurait un projet », lance-t-il. Demande refusée par la Maire (LR) Natacha Bouchart qui a mis en avant « l’avis favorable donné par l’Architecte des Bâtiments de France à la démolition. Leur responsable, Catherine Madoni, est venue sur place. Et, la connaissant, si elle a décidé cela, c’est que le bâtiment n’est vraiment plus en état… »

Arrêtons aussi de nous cacher derrière les sempiternels « c’est en trop mauvais état », car n’oublions pas que dans la majorité des cas, c’est le manque d’entretien, souvent volontaire, qui est à l’origine de la vétusté de ces bâtiments, quand ils n’ont pas été acquis par les municipalités au prétexte de la réserve foncière. Dans ce cas, ils sont condamnés sans appel, sans même passer par la case « projet ».

Encore un « cas laid » pour l’avenir du patrimoine de nos cœurs de villes.

Crédit photographique : La Voix du Nord

Le calvaire de Plorec-sur-Arguenon

Nous voici dans un charmant petit village de Bretagne, à Plorec-sur-Arguenon dans le département des Côtes d’Armor. Un village d’un peu plus de 400 âmes qui, jusqu’alors, vivaient paisiblement.

Il y a deux ans, l’association de sauvegarde du patrimoine religieux de la commune a souhaité restaurer un calvaire datant de 1946.


Elle n’a pas demandé d’argent public et a pris en charge cette restauration. La Mairie s’est occupée des seules formalités administratives, puisque le terrain sur lequel le calvaire se trouve appartient au Département, et qu’il fallait obtenir une autorisation de travaux. Autorisation délivrée sans problème par le Département


Jusque-là, tout va bien. Le calvaire a retrouvé sa superbe, et l’on a même déplacé un petit calvaire qui se trouvait tout seul dans un champ voisin pour le mettre plus en valeur. Le tout a été clôturé et l’espace a été paysagé. L’inauguration a eu lieu en octobre 2018.

On devrait à ce moment-là uniquement parler du formidable travail des bénévoles pour le patrimoine de leur commune.

Or, pas du tout. L’actualité de ce petit édifice est tout autre.

En effet, lors de la cérémonie des vœux, le Maire de la commune a annoncé qu’il était très ennuyé par une plainte déposée par un de ses administrés, membre de « La Libre Pensée ». Cette association sévit depuis des années sur l’ensemble du territoire pour traquer sans relâche « les signes extérieurs » de la religion. Ce sont eux qui s’illustrent notamment dans tous les procès concernant les crèches, les statues religieuses dans les espaces publics et, aujourd’hui, c’est au tour des calvaires.

Nous ne savons pas comment cette association est financée, mais vu le nombre de calvaires sur notre territoire, s’ils intentent des procès partout, cela risque de leur coûter très cher. Quoiqu’il en soit, c’est le tribunal Administratif de Rennes qui devra se prononcer et statuer sur le sort de ce pauvre édifice magnifiquement restauré. Cette affaire pourrait faire sourire, mais elle laisse entrevoir ce qui risque de se passer dans les prochaines années au nom d’une ultra laïcité mal interprétée.

Appliquer la politique du « Bien vivre ensemble » commence par respecter l’histoire et le patrimoine de chacun et non de lutter contre.

Lire l’article du Petit Bleu des
Côtes d’Armor.

Crédits photographiques : Le Petit Bleu des Côtes d’Armor