August 2021

Cimetière « des fous » à Évreux : une première victoire contre l’oubli

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L’article du journal Le Figaro du 4 août a peut-être enfin levé le doute quant à l’avenir du cimetière de Navarre, à Evreux. Jusqu’alors, un vague communiqué de la Préfecture laissait à penser que les choses seraient faites dans le respect des défunts, mais rien n’était moins sûr, car l’option de l’ensevelissement du cimetière, sans exhumation, semblait être la plus probable.

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La forte mobilisation de ces dernières semaines a permis d’orienter la secrétaire générale de la préfecture vers une toute autre décision, puisqu’elle réunira en septembre les principaux acteurs de cette mobilisation, la DRAC, la DREAL et la mairie, afin de prendre une décision collective quant à la façon d’honorer au mieux la mémoire des défunts qui seront tout de même « délogés », puisqu’il n’est plus question de changer le tracé de la déviation. Ça nous le savions, c’est la raison pour laquelle nous ne nous sommes pas mobilisés contre la déviation, mais contre l’oubli.

Nous profitons de ces quelques lignes pour remercier tous ceux qui ont contribué à cette victoire, à commencer par Manon Morin qui a « allumé la mèche », grâce à sa pétition, et Anaïs Poitou pour avoir pris la décision d’indexer le cimetière de façon précipitée de peur que les travaux détruisent tout, avant un tel inventaire. Précipitation légitime puisque nous n’arrivions pas à obtenir de réponse claire et cette décision s’est imposée lorsque le maire d’Evreux nous avait affirmé que tout avait été réglé, et qu’il n’y avait plus à polémiquer. C’est en voulant vérifier par nous même que nous nous sommes rendus compte que le cimetière était toujours enfoui sous la végétation, que nous avons compris qu’il fallait passer à la vitesse supérieure en termes de communication et d’actions.

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Nous remercions Le président des Gilets Bleu Horizon, Alain Raoul, et Laure Guillaud, la vice-présidente, qui ont de leur côté réussi à retrouver parmi les tombes, celle d’un soldat Mort pour la France et ont participé également à cette indexation, tout comme Manon Morin qui avait fait le déplacement pour l’occasion.

Merci également aux personnes qui ont répondu présents à l’appel d’Anaïs, dont une bonne partie de sa famille, sans oublier Alain Desgrez, ancien infirmier de l’hôpital psychiatrique, qui n’a jamais ménagé ses efforts pour permettre à ce cimetière ne ne pas tomber totalement dans l’oubli.

Enfin, merci à tous les journalistes qui ont relayé cette mobilisation et qui ont très largement contribué à cette première victoire.

Ce genre de « combat » se gagne collectivement. L’union fait la force, c’est bien connu.

En attendant, c’est un peu cette affaire qui nous a poussé à créer notre Commission Nationale de Sauvegarde du Patrimoine Funéraire, en espérant qu’elle nous permettra de valoriser ce patrimoine souvent négligé.


Crédits photographiques : Anaïs Poitou

Riffifi sur la Nationale 7 : «ren’essence» d’une station-service

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Nous avons tant besoin de jolies histoires, en ce moment, que nous ne pouvions pas passer à côté de celle-ci. En trois semaines seulement, le projet de restauration de cette ancienne station-service, près de Roanne, par les membres de l’association « Cars, Utilitaires et Compagnie », a enflammé les réseaux sociaux. Il ne faudra pas grand-chose pour que ces joyeux passionnés deviennent des stars nationales, voire internationales, et nous sommes heureux d’être parmi les premiers à vous les faire découvrir.

Il faut dire que ce projet nous renvoie directement dans les années 1950, sur la célèbre Nationale 7.

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Une pointe de nostalgie dans ce projet certes, mais surtout une passion débordante de la part de ceux qui ont pour objectif de faire renaître ce patrimoine et l’inscrire dans l’avenir.

C’est Jean-Michel Buchet, Président de l’association, qui nous raconte cette belle histoire.

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L’association « Cars, Utilitaires et Compagnie » est une jeune association d’une cinquantaine de membres qui regroupe tous les passionnés de véhicules anciens, qu’ils soient propriétaires ou non.
A l’automne 2019, son trésorier et un de ses administrateurs ont émis l’idée d’essayer de récupérer l’ancienne station- service située en bordure de l’ex-nationale 7, abandonnée depuis 40 ans.

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Cette station avait été construite en 1956 et ouverte l’année suivante sous l’enseigne OZO. Elle comprenait un petit logement, un local technique et un bureau. En 1968, elle est passée sous le contrôle de TOTAL, jusqu’à la fin de son activité en 1981. Dès lors, elle a eu une vie assez tumultueuse puisqu’elle a changé deux fois de propriétaire et a failli disparaître deux fois. TOTAL l’a d’abord revendue au département de la Loire qui avait un projet de passage à deux fois deux voies de la Nationale 7 à la sortie du Coteau. Mais, entre-temps, le contournement autoroutier de l’agglomération roannaise par l’est a été réalisé. Le projet étant mort-né, le département l’a vendue à Roannais Agglomération qui, en même temps, a acquis une prairie de 7 ha en vue d’une future zone artisanale.

En 40 ans, elle en a vu passer des vandales, des squatteurs et des tagueurs sans compter la végétation qui a repris ses droits…

C’est donc au milieu d’une véritable forêt vierge et d’une décharge à ciel ouvert, qu’elle est apparue aux membres de l’association. Mais il en fallait bien plus pour les décourager ! D’autant plus, et c’est là sa richesse, qu’elle compte parmi ses membres un exploitant forestier, un loueur de matériel pour le BTP, un entrepreneur de maçonnerie, un exploitant de carrière et … beaucoup de bras.
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Nous nous sommes donc rapprochés de la Mairie du Coteau au printemps 2020. 3 confinements et une élection municipale plus tard, c’est véritablement au printemps 2021 que les choses se sont concrétisées. La station est mise à disposition de l’association, charge à elle de la restaurer. En deux jours, début Juillet, les engins ont effectué un travail considérable. Petit à petit, la station s’est dévoilée : ont été retrouvées les pistes routières, l’emplacement des postes essence etc…

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Après les blindés, les fantassins ont pris le relais ! A intervalles réguliers, des corvées sont organisées pour purger le terrain des ordures en tous genres, débarrasser les locaux des gravats et autres immondices, enlever du toit les arbres et la végétation qui avaient poussé.

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Dès le début de l’aventure un groupe Facebook a été ouvert et, quinze jours plus tard, il comptait déjà 1300 membres : éloges, encouragements mais aussi des personnes se proposant de nous aider soit bénévolement soit pécuniairement. La page Facebook a même permis de retrouver la fille des derniers gérants de la station ! Au-delà des réseaux sociaux, on assiste à un véritable emballement médiatique : FR3, Le Progrès, etc…. et même The connection, mensuel en direction de tous les britanniques vivant en France !

Cet engouement est en rapport avec la Nationale 7.

Au début du XXème siècle, on a inventé l’automobile puis les congés payés. Donc les départs en vacances et les embouteillages … Certains n’hésitent pas à replonger dans cette ambiance en faisant un véritable pèlerinage sur celle qui était à l’époque la colonne vertébrale de la France, la route des vacances, la Nationale 7.
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En restaurant cette station et en la remettant dans sa configuration d’origine, c’est cet esprit que l’association veut faire revivre. Si la station deviendra son siège social, ce sera également, ouverte à tous, un lieu de rencontres, d’expositions temporaires pour tous les passionnés. Déjà, alors que nous n’en sommes qu’aux prémices, nous recevons la visite de voitures de collection qui viennent se faire photographier. La Fédération Française des Véhicules d’Epoque (F.F.V.E.) l’a d’ailleurs bien compris puisqu’elle a identifié le bâtiment comme élément remarquable du patrimoine routier et qu’une plaque sera apposée au même rang que les usines Berliet de Vénissieux ou le circuit automobile d’Albi par exemple.

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La phase de reconstruction et de restauration qui se profile sera bien entendu fonction des aides que l’association recevra. Pour l’instant aucune échéance de fin de travaux n’est évoquée même si l’automne 2023 apparaît raisonnable. Toutes les synergies seront accueillies avec beaucoup de gratitude. En premier lieu, merci à La gazette du patrimoine de mettre en lumière notre projet et de mettre à disposition son réseau.

Jean-Michel BUCHET
Président de Cars Utilitaires et Compagnie



Pour suivre les aventures de nos amis, rendez-vous sur leur groupe Facebook ICI.
Pour découvrir l’association : https://cars-et-bus.fr/


Crédits photographiques : Cars,Utilitaires et Compagnie

Projet de parc éolien refusé : agir en cas de recours du promoteur

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C’est l’aboutissement d’une longue bataille : aujourd’hui, plusieurs années après les premières démarches de prospection d’un discret promoteur dans votre secteur, après réunions d’information, constitution d’un collectif, distributions de tracts, réalisation de photomontages, apostrophe à politiques, mobilisation lors de l’enquête publique, nuits blanches et freins rongés, la décision de votre préfecture est tombée : le parc éolien que vous combattiez fait l’objet d’un refus.

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Faut-il crier victoire ? Assurément ! Mais attention : le terme de « bataille » est ici bien choisi, car la guerre n’est peut-être pas terminée.

En effet, dans les deux mois qui suivent le refus, le promoteur éconduit a la possibilité de saisir le juge pour demander l’annulation de cette décision.

Or, si les refus préfectoraux tendent localement à voir leur nombre augmenter, leurs annulations aussi : ainsi, depuis mars 2021, sur 37 recours de promoteurs, 15 d'entre eux ont donné lieu à des annulations. Pire encore : dans plusieurs de ces cas, les autorisations environnementales ont été délivrées d’office par le juge lui-même.

Peut-on se prémunir d’une telle douche froide ?

OUI : tout comme il leur est possible de contester une autorisation de parc éolien, les associations, riverains et communes concernées ont la faculté de prendre part au procès lancé par le promoteur. Il s’agit du mécanisme de l’intervention volontaire.

Cette faculté, ouverte par l’article R. 632-1 du code de justice administrative, autorise en effet aux tiers à un procès ayant un intérêt à agir à déposer un mémoire et des conclusions dont l’objet est de soutenir la décision du préfet.

Cette intervention présente trois intérêts majeurs :

1. Elle permet aux intervenants de défendre le refus du préfet en faisant valoir leur propre dossier et compenser ainsi les éventuelles lacunes de l’arrêté préfectoral. C’est une occasion de mettre à profit les investigations qui ont pu être menées par les collectifs d’opposants et, ainsi, de suppléer les carences des arrêtés des préfectures (car malheureusement la motivation des arrêtés est souvent juridiquement critiquable) et de développer certains points que l’administration pourrait oublier d’aborder devant le juge.

2. Si le sort de l’intervenant suit celui du procès, il a cependant la possibilité de faire appel ou se pourvoir en cassation. Les préfectures n’actionnant pas toujours ces voies de recours lorsqu’elles sont déboutées, cette faculté peut s’avérer cruciale dans un procès.

3. Au-delà de leurs potentialités juridiques, les interventions volontaires accroissent la légitimité de la décision du préfet qui peut ainsi se trouver conforté dans son argumentaire par plusieurs acteurs, y compris publics si des communes y prennent part.

Je profite de cette occasion pour rappeler à tous les adhérents d’Urgences Patrimoine et ceux qui ne le sont pas (encore) de redoubler de vigilance en cette période estivale : l’attention locale étant moindre, c’est un moment idéal pour les délivrances d’autorisations et permis sur des projets polémiques. Prudence, donc !


Pour plus d'informations :
Maître Théodore Catry
19 Avenue de Grammont
37000 TOURS
Téléphone: 02 47 61 31 78
Télécopie: 02 47 20 26 02
tcatry@avocatatours.fr



Crédits photographiques : Fabien Malavaud