April 2022

Martinique : une roche gravée précolombienne du Galion vandalisée

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Nous
ignorons où s’arrêtera la bêtise humaine, mais nous en avons là un bel exemple. Merci à Sébastien Perrot-Minnot pour cet article qui au-delà du fait de dénoncer un acte de vandalisme, nous permet de découvrir un patrimoine d’exception peu connu qui mériterait une mise en valeur et surtout quelques bons soins afin de lui assurer un avenir.

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Lors d’une visite sur le site précolombien du Galion (commune de La Trinité, Martinique), le 24 avril dernier, des archéologues ont fait une bien triste découverte : une des roches gravées du lieu avait été taguée avec une bombe bleue, assez récemment, semble-t-il. Les graffitis représentent des motifs géométriques évoquant vaguement des pétroglyphes, une tête humaine aux cheveux longs et un serpent ; ils comportent aussi l'inscription « CHIVA INdIEN ». Leur auteur savait visiblement qu’il s’en prenait à une roche gravée - en l’occurrence, l’imposant Bloc 2 du Galion, d’une hauteur de 2,30 m.

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Ce genre d’acte de vandalisme sur des pétroglyphes amérindiens est inédit en Martinique, pour autant que je sache. Après avoir été informée du délit, la Direction des Affaires Culturelles de Martinique a entrepris les démarches pour un dépôt de plainte. Il faut dire que le Bloc 2 est situé sur une propriété de l’État (administrée par le Conservatoire du Littoral), et que les roches gravées du Galion ont été inscrites au titre des Monuments Historiques en 2020.

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Localisé sur le littoral Atlantique de la Martinique, à la lisière d’une forêt lacustre et aux abords des champs de canne de l’Exploitation Agricole du Galion (EAG), le site amérindien du Galion a été signalé aux autorités en 1992. Depuis, il a fait l’objet de travaux archéologiques ponctuels (y compris, de l’auteur). Des pétroglyphes précolombiens ont pu y être identifiés avec certitude sur trois blocs. Leur style essentiellement géométrique et abstrait est inhabituel dans l’art rupestre des Petites Antilles, mais le thème du visage à la bouche en forme de trident, présent sur les Blocs 2 et 3 du Galion, se retrouve sur un autre site de roches gravées de Martinique : celui de Montravail, dans le sud de l’île (commune de Sainte-Luce).

VANDALISMEBLOCPHOTO-3 - Localisation sites du Galion et de Montravail
Le contexte archéologique des pétroglyphes du Galion demeure problématique, le sondage creusé au pied du Bloc 2 en 2015 et les prospections effectuées autour des roches gravées n’ayant pas révélé de mobilier indiscutablement amérindien. Toutefois, la relation avec Montravail, des comparaisons avec l’iconographie de la céramique précolombienne et des gisements archéologiques localisés à proximité du site des roches gravées du Galion suggèrent que ces dernières se rattachent à la phase du Saladoïde Cedrosan Moyen-Récent (350-700 après J.-C.).
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D’après les données dont nous disposons, ces blocs ornés se trouvaient à l’écart de l’habitat amérindien, une caractéristique assez commune de l’art rupestre précolombien des Antilles. Leur fonction était vraisemblablement rituelle.

Malheureusement, avant même le récent acte de vandalisme, l’état de conservation des roches gravées du Galion était déjà critique. Les motifs rupestres, en partie couverts de mousses et altérés par des fissures et des éclats, sont, pour la plupart, difficilement reconnaissables… Il serait important de réaliser des relevés photogrammétriques de haute précision des blocs, ainsi qu’un bilan sanitaire et un nettoyage de ces derniers, tout en renforçant la protection du site et en sensibilisant le public à la valeur et à la fragilité de ce patrimoine ancestral.

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Sébastien Perrot-Minnot
Archéologue (Éveha)
Chercheur associé au laboratoire AIHP GEODE (Université des Antilles)
sebastien.perrot-minnot@eveha.fr


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Crédits photographiques : photos 1- 2 - 5 : Sébastien Perrot-Minnot ; photo 3 : Localisation des sites d’art rupestre du Galion et de Montravail, en Martinique. Fond de carte : d-maps.com ; photo 4 : Dessins des Blocs 1, 2 et 3 du Galion, par Philippe Costa (Blocs 1 et 2) et Yelitza Machado (Bloc 3).

Nouveau quinquennat : et maintenant quel avenir pour le patrimoine des territoires ?

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Le
Président Macron vient d’être réélu pour cinq ans. Il a d’ores et déjà annoncé qu’il ne s’engagerait pas dans la continuité de son premier mandat, afin de satisfaire un maximum de français déçus par son premier opus.

Si nous ne sommes pas là pour juger la politique globale du Président Macron, il y a un sujet pour lequel nous estimons avoir toute légitimité de contestation, c’est celui du patrimoine. Urgences Patrimoine étant toujours au chevet des territoires, nous ne pouvons que déplorer la politique calamiteuse de ces cinq dernières années en termes de sauvegarde du patrimoine vernaculaire.

Saluons tout de même l’investissement de Stéphane Bern, nommé « Monsieur Patrimoine » par le Président, qui aura eu le courage de s’opposer à certaines décisions ministérielles, mais qui, hélas, n’aura pas eu le pouvoir de les faire changer. Son implication dans notre combat pour la chapelle Saint-Joseph en est la preuve. Il a lutté autant que nous pour la préservation de l’édifice, mais ses appels sont restés lettre morte.

Une chose est certaine, l’hallali a été sonnée avec l’arrivée de Roselyne Bachelot à la tête du ministère de la Culture en 2020. Alors que nous avions misé tant d’espoirs sur sa nomination, nous n’avons pu que constater son mépris à l’encontre du patrimoine non protégé.

L’obsession de la ministre tout au long de son exercice fut « les grands opérateurs », rappelant régulièrement à nous, petits provinciaux incultes, que l’Opéra Garnier n’était pas à Montauban mais à Paris. D’ailleurs, dans l’un de ses derniers tweets, elle prétend soutenir la culture dans les territoires ruraux, un effet d’annonce sans doute, puisque c’était à l’aube du second tour des présidentielles.

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La preuve la plus flagrante de son mépris envers le « petit patrimoine », fut sans conteste celle du « plan relance culture » de 614 millions d’euros dans lequel le patrimoine non protégé s’est vu créditer de la somme de ZÉRO EURO. Soulignons au passage que pour les édifices protégés au titre des Monuments Historiques n’ont reçu « que » 40 millions de dotation. Quand on sait qu’il y a sur l’ensemble du territoire 45 907 édifices protégés MH, cela laisse songeur.

Si le bilan de ces deux années de « règne » Bachelot se limitait à une répartition injuste des dotations, nous aurions pu être un peu moins amers. Mais ce que nous retiendrons surtout, c’est la vague de démolitions qui n’a cessé de s'amplifier.

« Pas assez remarquable », fut l’argument clé de la ministre pour justifier ses refus de protection qui auraient pu sauver de nombreux édifices, à commencer bien entendu par la chapelle Saint-Joseph, qui était en passe d’être sauvée par son prédécesseur Franck Riester, mais qui s’est vue condamnée par Madame Bachelot à l’aide de cet argument fallacieux. Car « pas assez remarquable » pour qui ?

Il serait peut-être temps de percevoir enfin l’intérêt architectural et historique d’un édifice, non pas dans un contexte national, mais bien dans son environnement local, car ce qui a un intérêt pour Lille n’en a pas forcément pour Marseille et vice versa.

D’autant qu’il est inutile de rappeler que les notions d’esthétisme et de beauté sont totalement subjectives et que l’avis régalien d’une seule personne pour justifier une démolition nous semble totalement absurde au XXIe siècle.

À cette petite liste, rajoutons tout de même les déviances du Plan Action Cœur de Ville qui devient la machine à subventions des élus démolisseurs.

Madame la Ministre de la Culture aurait pu dire stop, elle a dit encore…

Quels sont nos espoirs aujourd’hui ?

La création d’un secrétariat d’État au patrimoine, nous semble être un impératif, si nous ne voulons pas voir la vague de démolitions se transformer en tsunami.

Encore une fois, rappelons les mots de Victor Hugo dans sa « Guerre aux démolisseurs ». Près de deux siècles nous séparent et pourtant, jamais ces lignes n’ont été autant d’actualité.
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En deux siècles, tout a changé, mais le patrimoine subit pourtant toujours autant d’exactions. C’est la raison pour laquelle nous avons inventé le mot « patrimonicide », qui semble être une exagération pour certains, alors que pourtant, il s’agit bien de ça. Etymologiquement, Le suffice –cide vient du latin caedere : frapper, tuer, abattre. Donc, l’acte d’abattre le patrimoine, (de patrimonium : l’héritage du père) est bien un patrimonicide.

Mais l’heure est plus à l’action qu’à la contestation.

Ne serait-il pas (enfin) le moment de créer ce secrétariat d’État au patrimoine qui pourrait s’avérer déterminant pour les modestes témoins de notre mémoire collective ?

D’ailleurs, en 2000, sous le gouvernement Jospin, Monsieur Michel Duffour fut Secrétaire d'Etat au patrimoine et à la décentralisation culturelle. Pourquoi ce poste n’a-t’il jamais été reconduit ? Par manque d’efficacité ? Nous n’y croyons pas. Nous croyons plutôt que ce sont des raisons purement économiques qui ont eu raison de lui.

En France, visiblement, on préfère regrouper une multitude de choses dans un ministère « fourre-tout » et celui de la Culture en est le plus bel exemple.

Car soyons objectifs, même le ministre le plus consciencieux et performant du monde, ne peut pas être bon en tout. Pour être efficace, il faut être précis et se consacrer à un sujet en profondeur, et ce afin d’ éviter les dispersions et les erreurs.

Ce secrétariat d’État, nous le demandons depuis de nombreuses années. Alors, certes, il ne règlera pas tous les problèmes du patrimoine, de sa méconnaissance, de son abandon ou de ses mutilations, mais il permettra de traiter les maux principaux en profondeur. Ne l’oublions pas, on peut toujours soigner un malade, mais on ne pourra jamais ressusciter un mort, car quand un édifice est détruit, il l’est pour toujours.

Rappelons tout de même, qu’à l’heure où l’écologie est au cœur de toutes les préoccupations et que l’on nous somme de réparer plutôt que de jeter, pourquoi ne serait-il pas judicieux de réhabiliter l’existant plutôt que de le démolir ?

Pour des raisons économiques ? Balivernes. Nous avons prouvé que, bien souvent, une réhabilitation coûte moins cher qu’une démolition/reconstruction et quand bien même celle-ci serait plus coûteuse, elle serait en tout cas bien plus pérenne.

Quoi qu’il en soit, des solutions existent pour assurer l’avenir de ce que nous préférons appeler « patrimoine de proximité ». Et des solutions pas forcément très coûteuses. Il suffit parfois d’un peu de volonté et de bon sens pour que les choses deviennent simples et efficaces.

Nous terminerons cet article par une petite phrase de celui qui fut secrétaire d’État au patrimoine, Monsieur Michel Duffour :

« Je crois profondément que le patrimoine se construit au présent. Il est l'une des voies à travers laquelle la modernité de la démocratie fraie son chemin, au plus près des citoyens, dans l'affirmation de son identité culturelle, en même temps que dans la prise au vent du grand large de la coopération. » (Source: http://www.culture.gouv.fr, le 5 février 2001)

Tout est dit et bien dit. En espérant qu’à l’aube de ces cinq nouvelles années de mandat présidentiel, le patrimoine ne soit plus perçu comme une cause réactionnaire et passéiste, mais au contraire, comme une cause moderne résolument tournée vers l’avenir au service des territoires et du bien commun.

Alexandra Sobczak-Romanski
Présidente d’Urgences Patrimoine


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Crédits photographiques : Urgences Patrimoine

Mobilisation des Maîtres verriers : lettre ouverte aux candidats à la Présidence de la République

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La mobilisation pour sauver la « Tuilerie de Massane », demeure dans laquelle a vécu l’écrivain et poète Joseph Delteil, de 1937 jusqu’à sa mort en 1978, dure depuis cinq ans. Créée depuis peu, l’Association Carré Joseph Deteil-La Tuilerie, a intensifié les démarches afin d’éviter la destruction de l’édifice et surtout, la disparition de la maison d’un illustre écrivain.

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Urgences Patrimoine se mobilise aux côtés des maîtres verriers depuis plusieurs semaines, afin que leur savoir-faire ne disparaisse pas à cause d’un règlement européen. Aujourd’hui plus que jamais, nous attendons des réponses concrètes à nos interrogations.

Nous relayons donc cette lettre ouverte aux candidats rédigée avec passion et conviction par des artisans qui ne veulent pas mourir.

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Madame, Monsieur, les candidats à l’élection Présidentielle, Mesdames et Messieurs les parlementaires,

En cette période heurtée – fin de pandémie, guerre, hausses du prix des énergies et des matières premières aux effets délétères sur la pérennité des entreprises françaises notamment des TPE - l’Europe s’apprête à détruire des milliers d’entreprises artisanales françaises et européennes, dont 1200 entreprises artisanales en France rien que dans le domaine du vitrail et une grande partie de son patrimoine dans l’indifférence générale ou presque !

Dans le cadre du REACH (règlement européen qui encadre et sécurise la fabrication et l’utilisation des substances chimiques dans l’industrie européenne), la substance plomb fait déjà l’objet d’une surveillance particulière : son usage a été considérablement réduit et encadré.

Le 2 février dernier une nouvelle phase de consultation publique a été ouverte en vue d’interdire totalement et sans discernement le plomb dans tous les pays Européens.

Cette phase de consultation durant laquelle nous pouvons encore intervenir sera close le 4 mai 2022.

Toutes les entreprises Européennes concernées devraient répondre à cette consultation. Malheureusement les entreprises artisanales Européennes concernées n’ont pas été informées des risques graves et imminents qui pèsent sur la pérennité de leurs activités, rendant de fait impossible toute réponse à la commission.

Sans réaction de la part de nos politiques et des parlementaires européens auprès des institutions européennes avant la clôture de cette phase de consultation, le plomb sera inscrit sur l’annexe XIV du Reach (liste officielle des substances soumises à autorisation du règlement Reach). Pour mémoire, le processus d’inscription à l’annexe XIV est du ressort des autorités : États membres, ECHA (Agence Européenne des produits chimiques) et Commission européenne.

Dès lors, notre patrimoine vitrail entre autres, unique au monde, les artisans du patrimoine et artisans d’art dépositaires des savoir-faire transmis avec passion au sein de nos ateliers depuis plus de mille ans seront condamnés à disparaitre en l’absence de matériau de substitution. Et bien qu’il soit possible de déposer une demande de dérogation, la complexité et le coût astronomique des demandes d’autorisation à formuler (environ 200.000 € par demande, c’est-à-dire par entreprise, valable 4 années en moyenne, sans garantie d’obtention) rend en l’état impossible la survie de nos très petites structures qui ne seront pas en mesure de constituer et de financer individuellement une demande à la Commission Européenne. Ainsi une catastrophe économique est programmée et au-delà, la destruction progressive de tout un pan du patrimoine Européen dont le patrimoine vitrail (bien d’autres métiers du patrimoine sont concernés : maçons, couvreurs, fonderies d’art, facteurs d’orgue… auront également à déplorer l’impossibilité d’exercer leur art au service de nos monuments).

Pour exemple, rien qu’en France, 90.000m2 de vitraux sont concernés.

Le patrimoine français avec ses cathédrales, ses églises et chapelles, ses monuments publics et privés abrite la plus grande surface de vitraux au monde. Alors que la catastrophe de Notre Dame de Paris avait suscité l’émotion de la planète entière, que les dons ont afflués du monde entier pour financer sa reconstruction à l’identique, serons-nous en mesure de terminer sa restauration en raison d’un règlement Européen ?

Dans le cadre d’une éventuelle inaction de votre part porterez-vous Madame, Monsieur, la responsabilité de la destruction d’une grande partie de notre patrimoine matériel et immatériel français et européen ?

Serez-vous complice d’une organisation aveugle et inadaptée qui ignore l’exception patrimoniale ?

Ferez-vous le choix de tourner le dos au patrimoine ou saurez-vous vous monter digne de notre héritage culturel matériel et immatériel en œuvrant à sa sauvegarde ?

En tant que décideurs, vous disposez du pouvoir d’aller dans le bon sens :

  • Exigez de vos homologues Européens le gel de cette consultation dont la promotion n’a pas été assurée auprès des professionnels concernés dans aucun des pays Européens.
  • Faites réformer le règlement REACH avec la création d’un critère d’usage essentiel, critère dans lequel l’exception patrimoniale (restauration du patrimoine et création) serait prise en compte afin de préserver notre patrimoine culturel et les artisans qui lui sont dévoués.

Cette cause fédère de nombreux professionnels de la filière vitrail et autres professionnels du patrimoine français, la Chambre syndicale nationale du Vitrail, l’association « Urgences Patrimoine », l’Union des Entreprises de Proximité/U2P, plus de 5.000 citoyens ont affirmé leur soutien via la pétition en ligne (https://www.change.org/lartduvitrailetlepratrimoineendanger)  ; elle a été relayée depuis par la presse aux niveaux local et national. Nous serons attentifs à la suite que vous donnerez à ce dossier éminemment grave de conséquences.

Artisanalement vôtre.


Cette lettre ouverte, faisant suite aux courriers d’alerte diffusés par nos soins depuis le mois de mars, est le fruit de la collaboration des professionnels suivants :

Julien PITRAT, maître verrier - SARL Vitrail Saint Jean l’Art-Elier 23 rue du Bœuf 69005 Lyon Artisan d’Art - Elu à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat du Rhône pour les Métiers d’Art : contact : lartelier-vitrail@wanadoo.fr

Stéphanie PITRAT, maître verrier - SARL Vitrail Saint Jean l’Art-Elier 23 rue du Bœuf 69005 Lyon

Marie-D. BAYLE, maître verrier – Atelier Vitrail du Léman 1 rue du Commerce 74100 Ville-la-Grand, Maître artisan d’Art au service de la création, la restauration du patrimoine, la transmission; Elue à la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de la Haute-Savoie pour les Métiers d’Art. Mail : contact@ateliervitrailduleman.com - Tél : 06 20 66 62 70

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Crédits photographiques : La Gazette du Patrimoine

L’Europe prête à condamner à mort les maîtres verriers durant l’Année du Verre ?

Alors que la fronde s’organise chaque jour un peu plus chez les maîtres verriers pour sauver leurs savoir-faire, il nous a semblé important de rappeler que les Nations Unies ont officiellement déclarée l’année 2022 « Année du Verre ».

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90 pays du monde, dont la France, organisent des manifestations pour mettre en avant cette matière, mais surtout les milliers d’artisans qui ont su la sublimer.

Comment ne pas penser alors aux artisans qui risquent de disparaître à cause d’une réglementation Européenne interdisant tout usage du plomb ?

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En France, ce ne sont pas moins de 90.000 m2 de vitraux qui illuminent notre patrimoine sur l’ensemble du territoire — 90.000 m2 de verre qui méritent une attention toute particulière pour espérer un avenir. Cet avenir est dans les mains de femmes et d’hommes passionnés par leur métier et une réglementation européenne infondée voudrait les empêcher d’exercer leur art.

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Certes, le plomb est une matière contestable et nous comprenons que les lobbies écologistes et autres « sauveurs de planète » souhaitent voir interdire son usage.

Mais il faut savoir raison garder et ne pas sombrer dans l’extrémisme. Les quantités de plomb utilisées pour la restauration et la création des vitraux sont minimes et les maîtres verriers sont soumis à des protocoles stricts, afin de ne pas mettre en danger leur vie et la vie de leurs salariés.

Alors pourquoi aujourd’hui vouloir faire disparaître un savoir-faire millénaire ? Pourquoi condamner ceux qui excellent dans l’art du vitrail et, de fait, pourquoi vouloir condamner le patrimoine ?

L’Europe propose-t-elle des solutions pour la restauration des vitraux des milliers d’édifices qui en sont parés ? Non.

Enfin si. Comme nous l’avons expliqué dans notre précédent article, l’Europe propose une possible dérogation en échange d’un petit chèque de 200.000 euros et sans garantie de l’obtention de cette dite dérogation.

Quelle entreprise artisanale pourra s’acquitter d’une telle somme pour pouvoir travailler ? Aucune et, dans ce cas, les chantiers de restauration seront sans doute confiés à de très grandes entreprises étrangères.

À l’heure où tout le monde parle de l’excellence française, où l’on plébiscite le « Made in France », cette réglementation n’a aucun sens.

Hasard du calendrier, a lieu aujourd’hui un colloque à La Sorbonne dans le cadre de l’année du verre, et il est peu probable que la question qui nous préoccupe soit abordée.

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Aujourd’hui plus que jamais, Les maîtres verriers demandent :
  • Le gel pur et simple de cette mise en consultation qui n’a fait l’objet d’aucune promotion auprès des centaines de professionnels européens de la filière vitrail et autres filières du patrimoine concernés par la consultation.
  • Que l’état Français et nos élus soutiennent et demandent à leurs homologues Européens et à la commission européenne la réforme du REACH et la création d’un critère d’usage essentiel, critère dans lequel l’exception patrimoniale (restauration du patrimoine et création) seraient pris en compte afin de préserver le patrimoine matériel et immatériel d’Europe.

Saisie de ce dossier, la sénatrice Catherine Dumas a adressé le 17 mars dernier une question écrite à Monsieur le ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du tourisme, des Français de l'étranger et de la francophonie, et auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargé des PME.

Nous la remercions pour son implication, car grâce à cette intervention, les artisans ont repris un peu espoir, mais il faudrait que beaucoup plus de parlementaires s’impliquent.

Question écrite n° 27366 de Mme Catherine Dumas (Paris - Les Républicains) publiée dans le JO Sénat du 24/03/2022 - page 1512.

Mme Catherine Dumas attire l'attention de M. le ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du tourisme, des Français de l'étranger et de la francophonie, et auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargé des PME sur la directive européenne « restriction on the use of certain hazardous substances » (RoHS) et son application aux métiers du vitrail. La substance plomb, « substance of very high concern » (SVHC) ou substance préoccupante selon le règlement REACH, règlement européen qui sécurise et qui encadre la fabrication et l'utilisation des substances chimiques, fait déjà l'objet d'une surveillance particulière : son usage a été considérablement réduit et encadré. Le 2 février 2022, une nouvelle phase de consultation publique a été ouverte par l'Europe, en vue d'interdire totalement le plomb dans tous les pays européens. Cette phase sera close le 2 mai 2022. Une telle disposition entraînerait de fait la fermeture immédiate de plus de 450 entreprises artisanales en France, très petites entreprises (TPE) et petites et moyennes entreprises (PME), ainsi que la disparition et la dégradation progressive de tout le patrimoine vitrail d'Europe. À elle seule, La France concentre plus de 60 % du patrimoine vitrail européen et abrite la plus grande surface de vitraux au monde (cathédrales, églises, chapelles et châteaux, monuments publics et privés…). Ces vitraux sont traditionnellement composés de morceaux de verre assemblés entre eux par du plomb sous forme de baguettes profilées soudées entre elles à l'étain. Le plomb est ainsi utilisé depuis l'origine en raison de ses propriétés uniques, c'est un métal dense, mou et déformable et bien que des recherches soient menées depuis des années dans ce secteur d'activité, on ne dispose toujours pas de matériaux qui pourraient se substituer au plomb dans le cadre de la restauration des œuvres d'art anciennes dont les ateliers ont la charge de restauration et de conservation. Le vieillissement du patrimoine vitrail français est à l'origine d'une augmentation des besoins en réparation. Pour assurer leur pérennité, les vitraux nécessitent (hors dégâts ponctuels) des interventions tous les 100 ans en moyenne : ils sont alors déposés, nettoyés et démontés. Les anciens plombs sont remplacés par de nouveaux profilés en plomb. Ce procédé permet à des œuvres d'art créées au XIIe siècle d'être encore admirées aujourd'hui. Il n'y a, à ce jour, aucun autre matériau de substitution, raison pour laquelle le travail au plomb est le seul à être reconnu et agréé par le ministère de l'éducation nationale et les architectes des bâtiments de France. Bien que le plomb soit omniprésent dans l'activité professionnelle du vitrail, il ne présente pas un obstacle majeur à la pratique du métier. En effet les risques ont été intégrés dans les procédés techniques mis en œuvre dans les ateliers et de nombreuses mesures de prévention adaptées ont été prises au sein des entreprises. De plus, les ateliers participent activement, depuis toujours, à la collecte et au tri des plombs usagés, évitant ainsi leur dispersion dans la nature ou les ordures ménagères. L'art du vitrail a traversé les siècles depuis le Moyen-Âge. Le savoir-faire d'excellence est transmis depuis presque 1 000 ans au sein des ateliers et les œuvres d'art entretenues et restaurées par les maîtres verriers depuis des siècles. Ils pourraient ne pas survivre à une interdiction brutale du plomb en Europe. Elle souhaite donc qu'il puisse rassurer les maîtres verriers, inquiets d'une possible disparition de ce précieux savoir-faire, suivie d'une dégradation inhérente de notre patrimoine vitrail français et européen, y compris celui des vitraux de la cathédrale de Notre-Dame de Paris qui ne pourraient, de fait, être restaurés après le drame de l'incendie qui a ému le monde entier.

En attente de réponse du Ministère auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères et du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Tourisme, Français de l'étranger, francophonie, petites et moyennes entreprises.

Source : www.senat.fr

Nous espérons une réponse rapide, mais gageons qu'il faudra attendre que la fin des élections présidentielles et la mise en place d ‘un nouveau gouvernement.

En attendant, les opposants aux délires de nos institutions européennes poursuivent leur mobilisation et les « poids lourds » de l’artisanat commencent à entrer en scène, certes un peu tard, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Saluons le courage des petits artisans qui les premiers se sont opposés au règlement REACH. Vous pouvez toujours les soutenir en signant leur pétition et en la partageant massivement ICI.

Dans les prochaines semaines, d’autres artisans, eux aussi concernés par ce règlement (les fonderies d’art, les couvreurs, les facteurs d’orgue, les maçons du patrimoine…) devraient se joindre aux maîtres verriers pour sauver leur savoir-faire et sauver le patrimoine des territoires.

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Crédits photographiques : Année du verre  ; opco 2i

Grabels : la maison de l’écrivain Joseph Delteil condamnée par la DRAC

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La mobilisation pour sauver la « Tuilerie de Massane », demeure dans laquelle a vécu l’écrivain et poète Joseph Delteil, de 1937 jusqu’à sa mort en 1978, dure depuis cinq ans. Créée depuis peu, l’Association Carré Joseph Deteil-La Tuilerie, a intensifié les démarches afin d’éviter la destruction de l’édifice et surtout, la disparition de la maison d’un illustre écrivain.

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Un projet immobilier devrait voir prochainement le jour, comprenant notamment un cinéma et une salle des fêtes. Certes la maison est abandonnée depuis 1982, et elle a subi les affres du temps, mais cette maison, malgré son état pourrait tout de même faire l’objet d’une réhabilitation.

Là où l’on pouvait jadis croiser les grands noms de la culture comme Delaunay, Pierre Soulages, Albert Camus, Charles Trenet, Joséphine Baker ou encore l’écrivain Henry Miller, il n’y aura sans doute plus dans quelques temps, un amas de gravats. Peut-être y aura-t-il une petite plaque pour se souvenir, mais rien de plus. Encore une fois : « il faut oublier, tout peut s’oublier ».

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Nous pensions que le « miracle » viendrait de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles), mais le miracle n’aura pas lieu, au seul motif que l’édifice est en trop mauvais état pour justifier d’une protection au titre des Monuments Historiques.

Cette protection aurait permis d’envisager un projet de réhabilitation et un contrôle des constructions futures dans son périmètre.

Voici donc le courrier adressé à la Présidente de l’Association Carré Joseph Delteil-La Tuilerie, qui met fin à bien des espoirs.

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Suite à ce refus, il ne reste plus qu’à attendre un sursaut de bon sens de la part des élus locaux, qui pourraient se rendre enfin compte de l’atout patrimonial que représente cette maison et l’impact évident qu’elle pourrait avoir pour l’attractivité du territoire.

L’âme et l’œuvre de Joseph Delteil espèrent que ce lieu pourra s’inscrire dans l’avenir…

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En savoir plus :
Biographie de l’écrivain dans laquelle la Tuilerie occupe une place de choix ICI
Notre précédent article sur le même sujet ICI.

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Crédits photographiques photos 1-3 : Association Carré Joseph Deteil-La Tuilerie ; photo 2 : France 3 Occitanie

Modane : alerte sur la destruction d'un site archéologique

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Si le chantier se trouvait dans une grande ville, alors tout le monde se serait insurgé contre l’absence de fouilles préventives, mais s’agissant d’une petite commune de Savoie, cela ne semble émouvoir personne. Personne, sauf un homme, René Chemin, qui se bat depuis plusieurs mois pour faire entendre la voix de la raison et celle de la connaissance.

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Merci d’ajouter une voix à la sienne en signant la pétition en fin d’article.

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René Chemin —Vice-président de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Maurienne. Vice-président de la Société Histoire Patrimoine Archéologie de Sollières-Sardières. Auteur du tome XLVII de la SHAM en 2013, Archéologie de la Maurienne. Né en 1946, René Chemin pratique l’archéologie depuis 1964, en amateur après un stage à Saint Romain en Gal en 1968. Fouilles de Cognin et Arbin en Savoie, sites Gallo-Romain. Responsable Bénévole de la fouille Néolithique et Age du Bronze grotte des Balmes Sollières-Sardières. En 1987 il devient professionnel et travaille pour la région PACA, puis en Rhône-Alpes. Il participe également aux fouilles du collège Lumière à Besançon, au diagnostic de la ligne à grande vitesse Dijon Mulhouse. C’est ensuite sur l’autoroute A19 Orléans-Sens qu’il est responsable d’opérations de diagnostic en particulier la villa aristocratique gauloise de Batilly (45) et la fouille de l’agglomération gallo-romaine de la Justice à Beaune la Rolande. Il termine sa carrière de professionnel en 2011 et continue depuis en tant que bénévole, à sauver de nombreux sites en cours de destruction dans la vallée de la Maurienne en Savoie. Il donne également des conférences et présente l’archéologie dans des écoles primaires et au collège de Modane .

Un site archéologique va disparaitre sans être documenté. Ce n’est pas Pompéi ni un de ses grands sites qui font la une des journaux, mais un petit site artisanal du 8eme siècle avant JC.

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Dans notre Maurienne totalement délaissée par l’archéologie préventive cela aurait été l’occasion de connaitre les premiers gaulois de l’Age du Fer à Modane mais aussi les plus anciens de Savoie. Les travaux de voirie concernant l’extension de la ZAE des Terres Blanches à Modane, projet porté par la Communauté de Communes Haute-Maurienne-Vanoise, a permis la découverte de couches archéologiques.

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Couches de charbon de bois assez étendues, dans un secteur riche en minerai de fer, probablement des vidanges de four, ainsi que des fosses et des tessons de céramique non tournée. Un prélèvement de charbon de bois a été fait. Les résultats sont surprenants par leur ancienneté. En effet nous sommes entre le 8ème et le 6ème siècle avant notre ère.

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J’ai informé le Service Régional de l’Archéologie en avril 2021, depuis malgré de nombreuses interventions de ma part la conservatrice de la Savoie n’est jamais intervenue pour faire une fouille préventive, alors que le service me refusait l’autorisation de faire cette fouille en affirmant que le préventif aurait lieu. Je précise que je suis retraité responsable d’opération de l’INRAP, donc capable de réaliser ce sauvetage.

Une pétition a été lancée, merci de bien vouloir la signer ICI.

Nous vous rappelons qu’il est inutile de payer au moment de signer comme la plateforme vous invite à le faire. En revanche, tous vos partages sont les bienvenus.

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Crédits photographiques René Chemin

Quand les élus démolisseurs sont fiers de l’être !

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Depuis
sa démolition en 2018, plus personne n’a parlé de l’église d’Asnan, charmant petit village du département de la Nièvre. Mais quel crime avait donc commis cet édifice pour être réduit en poussière ? Juste celui d’être né au XIXe siècle et de ne pas avoir été entretenu par la commune, comme pourtant la loi de 1905 l’y oblige.

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Il y a quelques semaines le Journal du Centre est allé interroger certains « protagonistes » de ce patrimonicide et nous constatons que « non, rien de rien, non, ils ne regrettent rien ».

Bien évidemment, l’argument premier pour se racheter une virginité est : « nous n’avions pas les moyens ».

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Certes — mais 1 : si l’édifice avait été entretenu comme il se doit, le coût des restaurations aurait été moindre. 2 : nous rappelons qu’une restauration par « tranches » était tout à fait envisageable. 3 : nous aurions été heureux d’avoir accès aux devis et aux études (mais y a-t-il eu des études ?), car les sommes annoncées nous semblent totalement disproportionnées.

Dans l’article, un des élus affirme que personne n’a voulu aider la commune. C’est faux, et nous sommes bien placés pour le savoir, puisqu’un peu avant la démolition, nous avions contacté Madame le Maire afin de lui proposer notre aide. Déjà pour revoir le devis de restauration, afin de justement démontrer que les travaux d’urgence pouvaient être réalisés à moindre coût et, ainsi, sauver l’édifice. Mais nous avions bien senti qu’il était trop tard, alors nous avions au moins proposé la dépose gracieuse des vitraux pour les conserver, car à part un, tous devaient disparaître. L’édile avait d’ailleurs renoncé à cette dépose parce que le devis de 40.000 euros était trop élevé. Visiblement, la gratuité de l’intervention ne l’a pas motivé, puisque les vitraux ont terminé leur vie sous les pelleteuses et sans doute dans les mains du démolisseur pour les plus beaux.

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Cette démolition avait divisé les habitants, mais comment lutter contre la municipalité « toute puissante », lorsqu’on est un simple citoyen ? Surtout quand l’argument majeur est l’argent et que l’on vous fait comprendre que, si l’on restaure, les impôts locaux vont considérablement augmenter (argument imparable).

Et puis il y a les grands penseurs qui vont vous dire qu’une église ça ne sert à rien, parce qu’il y a de moins en moins de fidèles qui vont à la messe. Argument certes recevable, mais dans ce cas, pourquoi ne pas vendre l’édifice ? Pourquoi vouloir détruire à tout prix ? D’ailleurs parlons-en du prix, car une démolition a un coût et c’est bien de l’argent public qui sert à balayer, d’un revers de pelleteuse, 150 ans d’histoire locale.

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Toujours est-il qu’aujourd’hui, élus et habitants peuvent s’enorgueillir d’avoir une jolie « placette » sur laquelle trône une cloche « rescapée » au centre de quatre angles de pierre, eux aussi épargnés, en guise de trophées, pour ne pas oublier.

Mais pour ne pas oublier quoi ? Que de nos jours, les édifices religieux de nos jolis coins de France sont démolis sans vergogne ? Ou pour oublier que, tout peut s’oublier, qu’il est temps de vivre avec son temps ? Que le patrimoine n’a aucun intérêt et qu’il est préférable de le détruire au profit de ces « jolies placettes, ou autres parkings ».

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À quand le jour où l’on se rendra compte que ce patrimoine est NOTRE patrimoine. Aussi modestes soient-ils, ces petits édifices sont tous des grands témoins de notre histoire collective et il est de notre devoir de leur offrir un avenir et en aucun cas de les détruire.

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Crédits Photographiques : photos 1-3-5 : Raphaël Magnaval : photo 2 : Le Journal du Centre ; photo 4 : France 3 Bourgogne

Versailles une nouvelle expo choc

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Une
fois n’est pas coutume, le Château de Versailles va servir d’écrin à une manifestation jusqu’alors inédite. En 2019 le parc accueillait une œuvre très controversée, « Le Vagin de la Reine », qui n’avait pas fait l’unanimité. Elle avait même fait l’objet d’actes de vandalisme, certains ayant trouvé que la provocation était allée trop loin.

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Cette année, c’est un événement plus populaire que le plus célèbre Château du monde accueillera : l’Exposition Internationale de Nains de Jardin. 

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Un peu d’histoire :

« Ce petit bonhomme en terre cuite ou en plastique a fait son apparition au moment de la Renaissance. Son origine remontant à l'époque où les Pygmées étaient employés dans les mines de métaux précieux de Cappadoce au XVème siècle. Des travailleurs qui étaient représentés par de petites statuettes en bois censées les protéger des forces maléfiques du monde souterrain. Ces personnes étant parfois affublées d'un bonnet rempli de paille pour amoindrir les dégâts causés par d'éventuels éboulements et de vêtements de couleur vive pour être plus facilement identifiables dans la noirceur des sous-sols. Les spécialistes affirment que les premiers nains de jardin ont fait leur apparition entre 1690 et 1695. On peut aujourd'hui admirer ces sculptures en marbre au Château Mirabell à Salzbourg en Autriche. Elles sont par ailleurs l’œuvre d'un certain Johann Bernhard Fischer von Erlach.

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Tout d'abord conçu pour protéger les mineurs, comme des amulettes, les nains de jardins, après avoir subi quelques modifications, ont commencé à se démocratiser. Le succès fut d'ailleurs fulgurant. En Allemagne, la production s'industrialisa pour faire face à la demande très importante. Les nains de jardin étaient alors fabriqués en céramique. On parlait d'ailleurs davantage de lutins. Le terme « nain de jardin » arriva plus tard. C'est à l'Anglais Sir Charles Isham que l'on doit l'invasion des statuettes dans le monde. C'est en effet lui, après être tombé sous le charme de ce nouveau phénomène, qui ramena à Lamport Hall une vingtaine d'exemplaires pour les disposer dans son jardin. Alors que les régions situées autour de l'Allemagne succombèrent les unes après les autres à la mode des nains de jardin, l'Angleterre n'échappa pas à ces petites créatures joyeuses. Même l'écrivain Goethe cita les nains de jardin dans son œuvre Hermann et Dorothée. Une preuve du caractère déjà incontournable de ces derniers.

Goethe fut peut-être l'un des premiers artistes à parler des nains de jardin mais ce ne fut pas le dernier. Par la suite, les nains de jardin devinrent de véritables icônes de la culture populaire. Le succès de Blanche-Neige et les Sept Nains, le premier film d'animation de Walt Disney, est d'ailleurs à rattaché aux nains de jardin.

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Les gentils compagnons de Blanche-Neige ne sont-ils pas des copies conformes des petites statues de jardin ? Une œuvre qui contribua à donner au nain du jardin une image sympathique. Pendant ce temps, les exemplaires se vendent à la chaîne partout dans le monde. Parmi les autres œuvres à avoir exploité les nains de jardin, on peut aussi citer Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain. Rappelez-vous ce nain voyageur pris en photo devant quelques-uns des plus beaux endroits autour du globe ! Lui aussi fit beaucoup d'émules ! Il suffit de regarder sur Instagram pour s'en convaincre.

Si le succès des nains de jardin a toujours été indéniable, les statuettes n'ont pour autant pas que des adeptes. Avec les années, les nains de jardin sont même devenus pour certains les symboles d'un kitsch revendiqué. Certains les adorent et d'autres les détestent. On recense même des cas de nains de jardin cassés et leur image est régulièrement détournée. Cela dit, le nain de jardin n'a jamais laissé personne indifférent et c'est probablement ce qui a fait sa force. Qu'on l'adore ou qu'on y soit allergique, difficile de nier son importance.

Avec les années, et notamment par rapport au rythme de production toujours plus frénétique afin de contenter tous les consommateurs, le nain de jardin a été contraint d'évoluer. C'est ainsi pour cela qu'on trouve de moins en moins de nains de jardin en terre cuite. Les nains de jardins « modernes » étant plutôt réalisés en résine, en béton moulé ou même en plastique. Des matières plus résistantes et plus pratiques. Leur apparence aussi a évolué. On trouve des nains de jardin de toutes sortes : des réalistes, très proches des 7 nains de Blanche-Neige, des effrayants, qu'on croirait tout droit sortis d'un conte d'Halloween, des nains surfeurs, humoristiques, décalés... Le nain de jardin encourage toutes les excentricités ! Saviez-vous qu'un nain de jardin, ayant appartenu à Sir Charles Isham lui-même, a été estimé à plus d'un million d'euros ? La preuve que le nain de jardin a toujours la côte. L'existence d'un Front de Libération des Nains de Jardin, qui s'est donné pour mission de libérer le plus de nains de jardin possible, est une preuve de plus. Ces petites créatures ont encore de beaux jours devant elles. Gardiennes de nos jardins, elle veillent au grain avec bienveillance et ne sont pas prêtes de tomber en désuétude ! »

Sources : Chloé De Moffarts pour « Le mag concept usine »

Il sera d’ailleurs bien question du Front de Libération des Nains de Jardin à Versailles, puisque les 10 euros d’entrée seront reversés à cet organisme afin de financer la restauration et la sauvegarde de ces petits personnages souvent malmenés par les variations climatiques et les intempéries.

C’est donc une exposition ludique et solidaire qui sera présentée au public, dans le cadre enchanteur du plus médiatique patrimoine de France.

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Crédits photographiques : photo 1 : Le Figaro ; photo 2 : château de Versailles/La Gazette du Patrimoine ; photo 3 : salzburg.info ; photo 4 : Disney ; photo 5 : Château de Versailles/La Gazette du Patrimoine