Saint-Malo : grandeur et décadence d’une des plus belles villes de France

En cette fin de mois d’août, nous aurions pu faire l’éloge de ce fleuron du patrimoine national qu’est la ville de Saint-Malo. Ses remparts, ses plages, son port et son histoire maritime connus de tous.

Or, c’est un tout autre visage qu’offre la ville, si l’on s’égare en dehors du centre historique.

Une ville ravagée par la promotion immobilière qui est tout bonnement en train de la défigurer. Écoles, presbytères, anciens commerces, maisons de pays, tout est détruit depuis quelques années au profit d’immeubles sans âme où vont s’entasser parisiens en mal d’air iodé ou retraités fortunés.

C’est lors de la mandature du maire précédent que les démolitions ont été les plus nombreuses. Rien que sur l’année 2019/2020, plus de dix chantiers de démolition ont eu lieu ou sont en cours.

Le quartier le plus touché, est celui de La Gare/Rocabey. Progressivement les bâtiments "historiques" et les maisons disparaissent au profit de barre d'immeubles.

A Saint-Malo, on ferme et on démolit les écoles au profit d'immeubles (2 ou 3 écoles ont déjà disparues et il est bien probable que la liste continue a s'agrandir).



Pendant 6 ans, la municipalité a véritablement "bétonné" la ville de Saint-Malo à tour de bras, faisant démolir sans état d'âme (pour le bien de Saint-Malo d'après eux) des quartiers entiers pour faire place à des barres d’immeubles de plus en plus hautes.

Il va sans dire que la ville est devenu la proie de promoteurs immobiliers qui vont jusqu'au harcèlement de certains propriétaires de maisons, pour les encourager (pour ne pas dire forcer) à vendre leur maison comme le dénonce cet article
ICI.

La démolition la plus scandaleuse fut celle d'une malouinière du XVIIIe siècle (les malouinières, sont un style de villa, construite par de riches commerçants et négociants au XVIIIème siècle, à St-Malo et ses alentours). Cette villa portant le nom "Tourville" a donc été rasée sans remords et dans la plus grande discrétion, il en fut de même pour la maison voisine, une très jolie villa du début du XXe siècle. A vrai dire, c’est toute une série de maisons (en tout 4 maisons) qui a été rasée pour faire place à une barre d'immeuble extrêmement haute.

En ce moment même, c'est au tour du dernier cinéma historique de Saint-Malo d'être démoli (le cinéma Vauban, construit au début des années 50).



Juste à côté du cinéma eu lieu aussi la démolition du presbytère (datant du XIXème siècle) de l'église Notre-Dame-des-Grèves.



Un autre exemple assez frappant est l'Avenue Franklin Roosevelt, qui est devenue progressivement le fief du groupe Roullier (Société TIMAC). Plusieurs bâtiments sont sortis de terre, et une avenue toute neuve a été tracée (alors même qu'un nombre incalculable de rues de St-Malo sont dans un état déplorable).



Enfin, comme si démolir ne suffisait pas, les deux musées de la ville sont fermés depuis novembre 2019, laissant la Tour Solidor et le Grand Donjon vides et sans destination.



Les collections ont été mises en réserve et la seule bonne nouvelle est que la majorité des œuvres ont été restaurées.

Cette campagne de restauration a d’ailleurs duré de nombreuses années, vidant un peu plus à chaque fois les deux édifices. Une fois restaurées, les œuvres ne retrouvaient pas les collections des musées, mais les réserves.

Lire l’article au sujet de la fermeture des musées ICI.


Pourquoi ? parce que là encore, un projet que l’on pourrait nommer « d’envergure », ou plus objectivement issu d’un délire mégalomane, devrait voir le jour en 2022. Pour un montant pharaonique alors même que l'on se demande comment la commune va pouvoir financer un si lourd projet. D'autant plus en la période de crise que nous connaissons actuellement. C’est d’ailleurs le projet d’un célèbre architecte japonais qui a eu grâce aux yeux de l’ancien maire. C’est donc dans ce bâtiment que les collections seront (un jour peut-être) rendues au public.

Voir le projet 
ICI.

Encore une fois, nous n’avons rien contre l’architecture contemporaine, et il faut que le XXIe siècle laisse lui aussi son empreinte, mais nous ne sommes pas certains que ce bâtiment s’intègre bien au paysage.

Nous sommes désolés d’avoir entaché l’image de cette ville qui fut jadis magnifique, et qui gardera tout de même un potentiel touristique incontestable (si, bien entendu, la « démolitionnite aigüe » cesse. Nous ne sommes pas certains que les touristes continuent d’affluer pour admirer des immeubles en béton.

D’ailleurs, la « démolitionnite » est toujours d’actualité avec le projet de démolition de l’ancien camping. Mais les associations locales sont vent debout contre le projet et pour le moment tout est à l’arrêt. Lire l’article d'Ouest France
ICI


Espérons que ces dernières auront gain de cause. Sinon, l’on pourra définitivement changer le nom de la ville en la nommant : « Saint-Mal-loti »

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Photo 1:
Ouest-France/Marc Ollivier
Photo 2 :
Destination St Malo/ Le pays Malouin
Photo 3-4-5-6-7-8-9-11-12 :
La Gazette du Patrimoine
Photo 10 : Ville de St Malo
Photo 14 : Osons St Malo
Photos 13-15 :
Ouest France

Maubeuge : rescapés des bombardements de la Seconde Guerre Mondiale, ces bâtiments sont sacrifiés par le plan « Action Cœur de Ville » !



À Maubeuge, dans le projet « Action cœur de ville » les démolitions ont la part belle. Nous savons que nous allons encore nous faire traiter de « réacs », mais les bâtiments victimes d’un « modernisme exacerbé » auraient pu faire l’objet de réhabilitations intelligentes alliant sauvegarde de l’existant et modernité.

Ce ne fut pas le choix de la municipalité qui semble prendre beaucoup de plaisir à détruire certains témoins du passé glorieux de la ville. Ces bâtiments, aujourd’hui condamnés, étaient pourtant les seuls à avoir résisté dans cette rue aux bombardements pendant la seconde guerre mondiale. Mais peu importe l’Histoire à Maubeuge, on démolit sans état d’âme.

L’édifice principal de ce que l’on appelait « l’îlot Lecluyse » avait ouvert le bal des démolitions en 2008.



C’est au tour des derniers vestiges de ce lieu de sombrer depuis quelques jours sous les pelleteuses. À l’heure où nous écrivons ces lignes, tout doit être par terre.


Nous ne comprenons toujours pas pourquoi dans le dispositif « Action cœur de ville » le patrimoine est à ce point mutilé, mais nous ne pouvons assister qu’impuissants à la poussée d’immeubles cubiques en lieu et place d’édifices de caractère, souvent centenaires. Quelle sera la durée de vie de ces blockhaus modernes ?


Probablement une vingtaine d’années et dans vingt ans, on rasera et on recommencera.

Certes, cela crée des emplois dans le BTP, mais concernant l’attractivité touristique, nous émettons quelques doutes. Enfin, à l’heure où l’on nous parle sans cesse d’écologie, nous ne sommes pas certains que la démolition-reconstruction soit une démarche très écolo.

L’avenir nous le dira, mais en attendant, à Maubeuge comme ailleurs, c’est encore et toujours « Du passé faisons table rase ».

À lire l’émouvant témoignage d’un habitant du quartier 
ICI.

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Photos 1-5 :
La Voix du Nord
Photo 2 : Daniel Maux
Photo 6 : Insitu Architectes

« J’irai bien refaire un tour du côté du méthaniseur »


Bien entendu, ce titre est une hérésie. Hérésie qui pourrait peut-être devenir une réalité, car du côté de chez Swann, sur les terres de Marcel Proust, l’ombre d’un méthaniseur rôde. Nous avons été alertés par Christine Cloos, une amoureuse de ce territoire et nous relayons sans tarder ces inquiétudes. Christine Cloos est peintre-sculpteur et vient de signer son premier roman policier aux éditions des Falaises,
Meurtres en série à Giverny.


La ville d'Illiers-Combray et ses alentours ont marqué fortement l'enfant Marcel Proust lors de ses séjours dans la maison de sa tante Léonie et ce paysage est lié intimement à
La Recherche du temps perdu. Son œuvre littéraire en porte la trace profonde et fondamentale.

A 5 kms d'Illiers-Combray se situe un cercle de châteaux, certains décrits par Proust, comme le château de Méréglise (le Méséglise de la 
Recherche) ou le château de Saint-Eman (le Guermantes du roman) qui se situe sur la route des lavoirs, aux sources du Loir. Tout à côté, se trouve le ravissant château des Forts ainsi que le château du Rouvray.

« Comme mon père parlait toujours du côté de Méséglise comme de la plus belle vue de la plaine qu’il connût et du côté de Guermantes comme du type de paysage de rivière, je leur donnais, en les concevant ainsi comme deux entités, cette cohésion, cette unité qui n’appartiennent qu’aux créations de notre esprit » (Du côté de chez Swann).

Or, au milieu de ce cercle de châteaux et de ses lieux de mémoire, au sein de ces balades proustiennes, le projet d'une usine de méthanisation à 3 cuves, initié par sept agriculteurs de la région, va peut-être voir le jour. Le terrain de son implantation est situé dans la zone classée « remarquable » par le maire d’Illiers-Combray, et directement dans la perspective du clocher de l’église Saint-Jacques (La Sainte-Hilaire de Proust) qui est visible à 10 kms à la ronde dans cette partie de la Beauce pleine de charme, très boisée, puisque jouxtant le Perche. « C'était le clocher de Saint-Hilaire qui donnait à toutes les occupations, à toutes les heures, à tous les points de vue de la ville, leur figure, leur couronnement, leur consécration » (
Du côté de chez Swann).


Ce méthaniseur est prévu proche d’un élevage industriel de porcs, ainsi le lisier produit par cet élevage serait directement recyclé dans l’usine. Le propriétaire de cet élevage est aussi adjoint au Maire à Illiers-Combray.

Cet élevage industriel défigure le paysage avec sa haute tour métallique mais il a été construit bien avant le classement du site …. Ce digestat sera étalé sur plus de 2000 hectares, ce qui engendrera une pollution des sols et des rivières, et une destruction des petites routes de campagne non adaptées aux passages incessants de véhicule lourds et une nuisance sonore extrême pour les habitants de tous les petits villages tranquilles concernés.

Les habitants du village des Dauffrais seront les plus proches voisins (400 m) de cette usine à gaz et en subiront toutes les nuisances qui sont très nombreuses (visuelles, sonores, olfactives avec tous les risques bactériologiques, sanitaires et accidentels qu’une telle installation engendre : dispersions toxiques, fuites de méthane, explosions, incendies, risque de contamination de la nappe phréatique, impact sur la santé, etc.) La liste des préjudices engendrés par de telles installations est longue et effrayante… Les accidents sont fréquents et les riverains de ces méthaniseurs sont victimes de graves problèmes de santé (maladies pulmonaires, etc….).

Le village des Dauffrais possède de nombreux vieux puits, dont les eaux risquent d’être contaminées. Il y existe encore la modeste maison natale à colombage du philologue et grammairien Eman Martin (1821-1882).

Les communes de Blandainville, Montigny-Le-Chartif et Vieuvicq sont concernées par le projet d'implantation des poches de digestat. Méréglise, Mottereau et son château, se trouvent à 1 km de ces poches.


Cette région est aussi, à l'instar de Proust, la région de mes vacances d'enfance. Mais au-delà de cet aspect personnel, je suis réellement effondrée de voir ce paysage proustien qui risque d’être massacré et sacrifié sur l’autel du profit. Car il s'agit bien de profit et non d'écologie. Dans un extrait du dossier de consultation publique, on peut lire ces chiffres : 

Coût du projet : 8 millions d'euros. En 2035 : résultats nets cumulés 1 968 640 euros

La plaine de Beauce est vaste, parfois désertique, vaste étendue à perte de vue sans habitations.... Pourquoi sacrifier des lieux patrimoniaux de cette qualité…. ?

Je voudrais ici citer un article qui exposait l'état d'esprit du maire d'Illiers-Combray à propos d'un projet d'éoliennes à Méréglise :

« Le maire d’Illiers-Combray lui-même, qui pour consacrer « le lien exceptionnel entre ces paysages et l’œuvre littéraire de Marcel Proust », est à l’origine de la création récente sur sa commune d’un site patrimonial remarquable. Ce dispositif a permis l’intervention de l’architecte des Bâtiments de France, qui a rendu en septembre 2019 un avis défavorable, dénonçant la « concurrence visuelle trop forte » que créerait ces éoliennes sur la vallée, et en particulier sur le bourg d’Illiers-Combray. (…..) Très attaché à la mise en valeur de ce patrimoine à la fois naturel et culturel, le maire d’Illiers-Combray a également été l’initiateur, en 2019, de la grande manifestation intitulée « Le printemps proustien », venue célébrer le centenaire du prix Goncourt du héros local. Parrainé par Stéphane Bern, l’évènement a attiré plus de 20 000 spectateurs. Un maire déterminé donc, qui ambitionne de développer à Illiers-Combray un véritable « tourisme littéraire », où le paysage jouerait bien sur le premier rôle. Une telle ambition s’avère ainsi en totale incohérence avec « l’industrialisation des paysages » (
P .A. J. Invasion éolienne au pays de Proust, 28 avril 2020)

Un maire déterminé donc, et qui ambitionne de développer à Illiers-Combray un véritable « tourisme littéraire », où le paysage jouerait bien sûr le premier rôle ? On ne peut que s'étonner...

Les Islériens n’ont reçu pour information que les pétitions des habitants des Dauffrais, réunis sur facebook « Non au méthaniseur au lieu-dit les Dauffrais, 28120, Illiers-Combray ». Une réunion d'information prévue en septembre 2020 vient d'être annulée par le maire, car les « porteurs du projet ne souhaitent pas rencontrer les habitants de la région. ».
Une consultation du public a été diligentée par la préfecture d'Eure et Loir, tout le monde peut s'y exprimer du lundi 31 août 2020 à 9 heures au lundi 28 septembre 2020 à 17h30.

Accéder à la consultation publique
ICI.


Je souhaite que ce passage de
La Recherche (« Il y avait autour de Combray deux "côtés" pour les promenades (...): le côté de Méséglise-la-Vineuse, qu'on appelait aussi le côté de chez Swann parce qu'on passait devant la propriété de M. Swann pour aller par-là, et le côté de Guermantes ») puisse être toujours d’actualité dans nos esprits lors des balades « du côté Swann », pour que ces lieux « souvenir d'une certaine image » ne deviennent pas le symbole des regrets d'un paysage défiguré.

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Crédits Photographiques : Christine Cloos

Béziers : non à la défiguration de la Place de la Madeleine. Un recours déposé par trois associations.



Dans un article publié le 17 août 2020 ( lire l’article
ICI), nous dénoncions la démolition prochaine de deux bâtiments vétustes situés Place de la Madeleine à Béziers, juste en face de l’église du même nom. Démolition qui laissera la place à la construction d’un immeuble dont l’architecture laisse à désirer, du moins dans ce périmètre protégé, puisque l’église est classée Monument Historique et que, de ce fait, quelques règles sont à respecter.


Nous estimons que le projet ne respecte pas ces règles. C’est la raison pour laquelle les associations  « Béziers notre Patrimoine », l’« Association pour la Protection du Patrimoine Biterrois » et « Urgences Patrimoine » ont décidé de déposer un recours gracieux, afin que ce projet soit réexaminé. C’est donc notre avocat, Maître Théodore Catry qui est en charge de cette première action.

Voici la copie de son courrier adressé au Maire de Béziers en date du 17 août 2020 :



Bien entendu, nous ne manquerons pas de vous faire part de la réponse du maire et des suites données à notre demande. Nous ne doutons pas que ce dossier sera réexaminé avec attention et que le projet de la future construction sera plus en harmonie avec ce secteur sauvegardé.


Encore une fois, notre démarche ne doit pas être comprise contre une opposition systématique aux démolitions et aux réhabilitations des centres-anciens, mais dans ce cas précis, le projet en l’état n’est pas acceptable. Oui à la modernité, mais non aux excès de modernité portant préjudice au patrimoine.


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Crédits Photographiques
Photo 1-6-7 : Alexandre Bonnassieux pour La Gazette du Patrimoine
Photo 2 : Ville de Béziers

Sauvegarde du patrimoine : quand la « fiction » est loin de la réalité


C’est sur le réseau LinkedIn que nous avons pris connaissance, la semaine dernière, de cette sympathique infographie que bon nombre de professionnels du patrimoine ont partagée. Nous avons déjà souvent évoqué ce fameux rapport du Sénat publié en mai 2020 qui préconise la valorisation du patrimoine des territoires et qui vante les mérites de ses précieux atouts, mais ce petit document nous avait échappé.


Nous ne pouvons qu’apprécier sa qualité en matière de contenu, car, bien évidemment, il est en parfaite harmonie avec ce pour quoi nous nous battons sans relâche depuis maintenant six ans.

Le document nous informe que :

Et bien entendu, à tout cela nous disons Bravo ! Enfin, dans nos hautes sphères, certains « ont vu la lumière ». Mais il ne suffit pas « d’éclairer ». Même les ampoules nouvelle génération ont une durée de vie limitée et, une fois grillées, c’est à nouveau l’obscurité.

Alors notre première « modeste » préconisation serait de laisser tomber l’éclairage artificiel et d’ouvrir simplement les volets pour voir les choses clairement et de façon objective.

Car la science-fiction, c’est bien mais le patrimoine aurait bien besoin de son quart d’heure de « télé-réalité ». Dans le rapport Sénatorial, la réunionite a la part belle. Or, trop de réunions tuent la réunion. D’autant que les acteurs que l’on souhaite impliquer davantage ne sont autres que les fonctionnaires des Directions Régionales des Affaires Culturelles, que nous nommons souvent  : « Directions régionales des Absents Culturels ». Car la majorité des fonctionnaires des DRAC sont débordés et ne répondent que très rarement aux sollicitations, s’agissant de la sauvegarde d’un édifice protégé. ATTENTION ! Il y a tout de même des personnes de grande valeur professionnelle dans certaines DRAC et nous ne voulons surtout pas faire une généralité à travers nos propos. D’ailleurs, mesurons-les et disons que les DRAC généralement ne répondent pas aux sollicitations de ceux qui leur occasionneraient un surcroît de travail, surtout quand les sollicitations viennent des « petits vermisseaux » que nous sommes.


Il est vrai que nous n’avons pas fait de la sauvegarde du patrimoine un business, que nous n’organisons pas des goûters entre châtelains et que nous n’avons pas vocation (hélas) à être des banquiers. Non, nous sommes juste « la voix du peuple » qui cherche et offre des solutions pour l’avenir de la sauvegarde du patrimoine des territoires et qui, surtout, refuse l’abandon et la disparition de notre mémoire collective. Mais, dans le rapport du Sénat, pas à un seul moment il est dit qu’il serait bon d’interroger le « peuple » sur le devenir de « son patrimoine » et nous le déplorons.

Il y a bientôt trois ans, lors d’une rencontre avec le Sénateur Jean-Pierre Leleux, très impliqué pour la sauvegarde du patrimoine, nous lui avions fait part de certaines de nos idées, dont quelques une avaient retenu son attention, mais à la question : « pensez-vous que nous puissions les mettre en place avec l’aide du Ministère de la Culture », sa réponse avait été sans appel : « Vous savez, la France est un vieux pays, et il faut des années pour faire changer les choses ». De quoi décourager les plus vaillantes volontés, mais peu importe, nous avons continué nos « travaux de recherches » sur « comment donner une chance au patrimoine sans pour cela vider les caisses de l’État et par ricochet, celle du contribuable » et nous finirons bien par nous faire entendre. Un jour, peut-être, un élu de la République sera attentif à notre discours et mettra en pratique nos idées.


Ah oui ! nous parlons d’un élu qui aura le courage de rapporter « la voix du peuple », sans en renier l’origine. Car, généralement, les bonnes idées, on les prend, mais on « oublie » d’en citer les auteurs. Ce n’est pas tant que nous avons besoin de reconnaissance, car notre seul objectif, c’est l’avenir du patrimoine, mais il est important d’être reconnus comme acteurs à part entière de cette cause, non pas par rapport à un nombre d’adhérents, mais par rapport au nombre d’actions menées. Mais le débat n’est pas là.

Le débat doit être sur le terrain et, avant tout, la cause du patrimoine ne doit pas se retrouver l’otage de règlements de comptes entre élus ou au cœur de querelles d’egos — ce qui est hélas souvent le cas. Mais, ça, le rapport n’en fait pas état non plus.

Nous nous abstiendrons de tout commentaire concernant les chantages les plus divers et variés de la part de certains, du genre : « si vous ne faites pas comme ceci ou comme ça, vous n’aurez pas de subventions, ou si vous ne faites pas le choix de telle ou telle entreprise idem .. » C’est un livre qu’il faudrait écrire sur les pratiques douteuses, toujours d’actualité dans notre douce France…

Nous ne parlerons pas non plus des dictats de certains acteurs culturels qui empêchent les bonnes volontés de restaurer un élément du patrimoine en grand péril, au prétexte qu’il est protégé et qu’il est préférable de le laisser pourrir sur pied plutôt que de le sauver grâce aux mains expertes mais bénévoles d’un artisan d’art renommé.

Nous ne parlerons pas non plus des élus qui, au nom de la réserve foncière, sacrifient sans vergogne des éléments remarquables du patrimoine de leur commune avec la bénédiction de certains ABF, au prétexte qu’ils ne sont pas protégés au titre des monuments historiques, mais qui, lorsqu’ils sont démolis, suscitent chez les habitants un vif émoi. Mais l’avis des habitants, on s’en moque. « L’habitant » n’a d’intérêt que lorsqu’on le nomme contribuable et qu’on le fait payer pour tout, même pour les démolitions du patrimoine auquel il est attaché. « Mais voyons, Mesdames et Messieurs, il faut vivre avec son temps et les vieilles pierres c’est mieux en poussière, vous verrez, le gymnase qui portera mon nom sera bien plus « fun » ».

Nous pourrions écrire des pages sur le sujet, mais nous savons qu’un grand nombre de nos lecteurs préfèrent les images au texte donc, nous nous arrêtons là en concluant simplement que ce rapport est un bon début mais qu’il ne faudra pas tarder à le mettre en pratique.

Nous saluons le travail des sénateurs « rapporteurs », à savoir : Sonia de la Provôté, Sénatrice du Calvados et Michel Dagbert, Sénateur du Pas-de-Calais. Cependant, nous nous étonnons de ne pas les avoir entendus lors des nombreuses démolitions du patrimoine de leurs territoires respectifs ces derniers mois. Charité bien ordonnée ne devrait-elle pas commencer par soi-même ?

Et nous terminerons par : « la confiance se gagne quand les promesses se tiennent ».


Démolition du Château de Marquise ( Pas-de-Calais)
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Consulter le rapport complet ICI.

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Photo 1 :
La Gazette du Patrimoine
Photo 2-3-4-5 : Sénat.fr
Photo 6 : Loïck Bouvier

Béziers : massacre patrimonial annoncé et validé par l’Architecte des Bâtiments de France dans le quartier de la Madeleine


La place de la Madeleine est un lieu historique et emblématique de la commune de Béziers, située dans l’Hérault (34500). Lors du sac de Béziers en juillet 1209, pendant la « croisade » contre les Albigeois, de nombreux Biterrois périrent incendiés dans l’église de la Madeleine. Reconstruite, elle subira d'autres épreuves au fil des siècles comme la réalisation d’un parking souterrain au milieu des années 80 qui entraînera sa fermeture pendant de longues années, ébranlée par les travaux de creusement. Rappelons au passage que l’édifice est classé Monument Historique depuis 1987.

Si l’église a été restaurée, retrouvant son architecture romane initiale, la place, elle, n'a pas survécu à l'abattage des platanes qui s'y trouvaient.


Dans le cadre du programme de rénovation urbaine (PRU) des quartiers du centre-ville, la mairie a récemment vendu trois immeubles situés derrière l’église, à l'angle des rues Cassan et Saint-Esprit, à un promoteur immobilier de Vendargues, la société Envol, filiale de l'aménageur Hectare. Un permis de démolir (les immeubles ont été déclarés insalubres en 2008) a été délivré en décembre 2019.

Le permis de construire est affiché sur place depuis le 25 juin. L'immeuble dit « contemporain » qui doit être construit comporte un local commercial au rez-de-chaussée et sur cinq niveaux, cinq appartements (un studio, trois T3 et un T4 en duplex sur deux niveaux). Cette construction sera « emblématique et deviendra le symbole du renouveau de ce quartier », affirme la municipalité.


Un tel projet ne devrait pas être accepté dans un site aussi emblématique de l’histoire du patrimoine biterrois et ce pour plusieurs raisons :

1/ Il ne présente aucune préservation du patrimoine bâti (une façade en pierres de taille devrait être conservée ainsi que des arcades médiévales en rez-de-chaussée).

2/ Les matériaux de constructions employés ainsi que les dimensions de l’immeuble ne permettent pas son intégration :
  • façade en béton
  • persiennes en aluminium thermo laqué couleur bronze vieilli qui ferait soi-disant « le lien avec l’environnement historique »
  • absence de toiture en tuiles
  • non-alignement avec la façade mitoyenne
  • hauteur du faîtage maximale atteignant 19,70m bien supérieure aux immeubles voisins et une morphologie du bâtiment qui vient perturber la lecture du paysage de la place en créant notamment un deuxième point d’appel.

L'Architecte des Bâtiments de France avait dans son avis reconnu que le projet de construction en l'état n'était pas conforme aux règles prévalant pour ce site remarquable, en indiquant toutefois qu'il pourrait y être remédié.

Or, force est de constater que le permis délivré en juin dernier ne respecte en rien les règles qui auraient dû être observées étant donné le caractère patrimonial exceptionnel d'un site situé en plein cœur du centre ancien. L'examen du projet montre que l'on est bel et bien loin d'un quelconque souci de préservation du patrimoine. Pourtant, selon les intentions du promoteur, cette construction « respecterait l'image que la Ville souhaite donner à cette entrée majeure du quartier »… Cela nous laisse perplexes.



Une pétition a été mise en ligne
ICI pour dire non à ce massacre patrimonial, merci de la signer et de la diffuser largement.
En savoir plus sur l’église de la Madeleine.

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Crédits photographiques : Ville de Béziers

Elles ont sauvé la Vierge !

Comme il y a beaucoup de tristes nouvelles concernant notre patrimoine religieux, en ce lendemain de 15 août, nous revenons sur ces beaux Gestes à l’Édifice qui on permis le sauvetage de deux tableaux en péril représentant l’Assomption de la Vierge.


Ce n’était pas Alerte à Malibu, et nos restauratrices n’œuvrent pas en maillot de bain rouge, mais c’était plutôt Alerte Patrimoine, et c’est armées de pinceaux et de patience, qu’elles ont redonné vie aux œuvres.

La première de nos « Assomptions » a regagné les murs de l’église Notre-Dame-de-Caudebec-les-Elbeuf en Seine-Maritime, après les bons soins prodigués par Angélique Demeersseman, restauratrice de tableaux à Arcueil. Après plus de cent heures de travail bénévole, l’œuvre est désormais sauvée.


La seconde n’a pas encore terminé sa convalescence dans l’atelier de Sophie de Joussineau et d’Osanne Darantières dans le 15e arrondissement de Paris, mais elle retrouvera bientôt sa place en l’église Saint-Martin de Lurcy-Lévis dans l’Allier. Là encore, ce seront plus de cent heures de travail bénévole qui seront nécessaires pour redonner à l’œuvre sa superbe et lui assurer une pérennité jusqu’alors compromise.


Si nous évoquons ce sujet aujourd’hui encore, c’est pour rappeler que dénoncer l’abandon du patrimoine comme nous le faisons c’est bien, car il est important de sensibiliser les publics aux problématiques grandissantes de la sauvegarde du patrimoine de nos territoires. Mais dénoncer ne suffit pas. Nous ne nous contentons pas de « compter les morts » comme certaines grandes associations. Nous essayons d’être chaque jour un peu plus dans l’action et sur le terrain.

L’opération « Un Geste à l’Édifice » initiée par Urgences Patrimoine, permet de sauver des éléments de notre patrimoine artistique ou même bâti, grâce à l’engagement bénévole de certains artisans dans le cadre du mécénat de compétences. À ce jour, nos « Gestes à l’Édifice » ont permis de faire économiser plus de 50.000 euros à la collectivité. Certes c’est une goutte d’eau, mais c’est un bon début.

Nous avons essuyé bien entendu certaines critiques, car quelques personnes bien pensantes voyaient dans cette opération une concurrence déloyale envers les artisans. Mais nous tenons à rappeler une fois de plus que toutes nos interventions dans ce cadre se font au profit de patrimoines pour lesquels les collectivités n’ont pas de budget et qui seraient condamnées si nous n’intervenions pas. Nous rappelons également que les artisans qui œuvrent dans le cadre d’Un Geste à l’Édifice, le font de leur plein gré et que nous n’avons jamais obligé quiconque à intervenir.

Même si les professionnels de la restauration du patrimoine sont particulièrement touchés par la crise actuelle, certains n’en demeurent pas moins généreux et engagés et nous avons besoin de cet engagement altruiste et désintéressé si nous ne voulons pas voir disparaître des dizaines, voire des centaines d’œuvres.

Vous êtes artisan, artisan d’art et vous aussi souhaitez sauver un petit pan de notre patrimoine national ? N’hésitez pas à nous contacter : contact@lagazettedupatrimoine.fr
Toutes les compétences seront les bienvenues.

« Ne regardons plus, ensemble agissons ».

Nos restauratrices :
Angélique Demeersseman
Sophie de Joussineau
Osanne Darantières

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Crédits photographiques :
Photos 1 et 2 : Angélique Demeersseman
Photos 3 et 4 : Sophie de Joussineau/Osanne Darantières

Actes de vandalisme : « je vous salue Marie »

En ce jour de 15 août où les chrétiens du monde entier célèbrent l’Assomption de la Vierge Marie, nous publions quelques photos pour ne pas oublier les actes de vandalisme qu’elle subit un peu plus chaque jour.


Et si l’heure du recueillement devenait aussi celui du questionnement ? Ne serait-il pas enfin le moment de réagir au lieu de geindre et de chercher des solutions pérennes afin que ces actes ne deviennent pas d’une banalité confondante ? Car nous le savons tous, nous simples mortels, nous finissons par nous habituer à tout même au pire.

D’ailleurs, nous le constatons au fil de nos publications. S’il y a quelques mois, nos articles sur les actes de vandalisme scandalisaient, aujourd’hui ils deviennent de simples « faits divers » et provoquent de moins en moins l’indignation. Correction : ils provoquent « la haine de l’autre » et certains extrémistes « vomissent » toujours les mêmes propos.


Certes, la bien-pensance n’est plus de mise face à la répétition de ces actes, mais si nous arrêtions de nous insurger et de nous insulter, et que nous cherchions à éradiquer ce mal sociétal qu’est le vandalisme gratuit et provocateur qui nous divise, cela ferait peut-être du bien à la cause du patrimoine.

Rassembler ce qui est épars devrait être toujours le mot d’ordre en ce qui concerne le patrimoine en général et le patrimoine religieux en particulier. Mais, hélas, c’est le « diviser pour mieux régner » qui l’emporte aujourd’hui. Protéger le patrimoine, c’est protéger son identité, son histoire. Protéger le patrimoine, c’est également la possibilité de partager sa culture avec l’autre et partager ne veut pas dire opposer.


Alors cessons de nous insurger de façon anarchique et réfléchissons. Réfléchissons, mais au-delà de la réflexion, rien ne vaudra jamais l’action.

D’ailleurs, la première de ces actions devrait être l’interdiction de démolir un lieu de culte quel qu’il soit, car si nous permettons les démolitions, nous encourageons de facto le vandalisme. Allez donc expliquer à une bande de jeunes qui vient de caillasser les vitraux d’une église que ce n’est pas bien, alors même qu’ils voient qu’à quelques kilomètres un diocèse ou un maire a fait démolir une chapelle ou une église ? Il faut donner le bon exemple et le bon exemple sera donné le jour où nos édifices seront entretenus, restaurés et surtout non détruits.



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Crédits photographiques :
Photo 1 : PQR /
Le Parisien – Maxppp : église Saint-Nicolas de Houilles (Yvelines)
Photo 2 : @Abbé Jean-Jacques Duffau. Paroisse du Christ-St-Sauveur à Pau (Pyrénées-Atlantiques)
Photo 3 : chapelle de Koat-Keo, sauvée de l'incendie par les pompiers • © Corinne Nicole/ France 3 : chapelle de Koat-Keo ( Finistère)
Photo 4 : @Annie Vallart/ La Manche Libre Statue de la Vierge à Bayeux (Calvados)

Château de l’Hermitage à Condé-Sur-L’Escaut : Harmonia Sacra fait vivre la musique et le patrimoine


Le festival d’été « Musiques au Château » traduit la passion d’
Harmonia Sacra pour le patrimoine et les arts baroques : cet ensemble est convaincu que le patrimoine doit être vivant ! Et cela en renouant avec sa vocation première : redevenir un lieu de vie et de culture.
 
Ce festival est aussi un hymne à la vie : après des mois de confinement et une période actuelle très compliquée pour le monde de la culture, et en particulier du spectacle vivant, les organisateurs ont eu l’audace de maintenir cet événement estival par solidarité pour les artistes, pour le public et tous les passionnés de culture.


Le festival d’été d’
Harmonia Sacra, Musiques au Château de l’Hermitage à Condé-sur l’Escaut, revient pour sa troisième édition. Entre concerts, théâtre et danse, c’est une merveilleuse manière de découvrir ce bijou architectural, témoin du lancement de l’épopée minière du Nord-Pas-de-Calais.

Le Festival :

Le festival d’été « Musiques au Château de l’Hermitage » pose ses valises en territoire Franco-Belge, à Condé-sur-l’Escaut, niché au cœur de la forêt de Bonsecours. Cette troisième édition, du 21 au 23 août 2020, s’annonce comme une épopée riche en découvertes. Prenant place dans le parc du Château de l’Hermitage, le festival propose notamment six concerts/spectacles dans les boiseries de ce bâtiment du XVIIIème siècle. Dans le cadre intime de la rotonde du château, nos amis musiciens partagent leurs coups de cœur, leur passion pour le répertoire baroque et classique, leurs convictions musicales, leurs découvertes patrimoniales... Le théâtre, la danse et la nature seront aussi au rendez-vous pour vous faire découvrir le site et son histoire.

Étalé sur trois journées, le festival permet la découverte de cette propriété privée habituellement inaccessible !


Cet événement de musique ancienne est un véritable rendez-vous pour les amis ou les familles. Flâner dans les jardins, se promener sous les arbres ou profiter d’une activité, Musiques au Château de l’Hermitage permet de se détendre et de profiter de ses proches dans une ambiance chaleureuse et décontractée avant la rentrée.

Implanté dans un territoire riche en patrimoine architectural et musical, le festival Musiques au Château de l’Hermitage partagent des valeurs d’hédonisme qui transforme un week-end en un moment inoubliable à partager.

Le Château de l’Hermitage :

Au cœur de la forêt de Bonsecours, le Château de l’Hermitage surgit. Sa puissante silhouette est percée de multiples fenêtres. Elle est l’expression du courant néo-classique, né au cours des années 1750. Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, le Maréchal Emmanuel de Croÿ demande la construction d’un château à l’emplacement d’un ancien pavillon de chasse. Ce site devient emblématique des débuts de l’exploitation minière dans la région. Le 19 novembre 1757, l’acte constitutif de la Compagnies des Mines d’Anzin est signé au Château de l’Hermitage entre le Duc de Croÿ, le marquis de Cernay et le vicomte de Desandrouins.


Néanmoins, cette première construction est mal bâtie et se désagrège. Un second château est construit sur l’emplacement du précédent par le fils d’Emmanuel, Anne-Emmanuel et est terminé en 1788. Confisqué à la Révolution, il est racheté par la famille de Croÿ sous le Premier Empire. S’en suit des phases d’abandon et de restauration au fil des âges. Depuis 2001 et son dernier rachat, le bâtiment principal ainsi que la plupart de ses dépendances ont retrouvées leur splendeur d’en-temps. Le 9 décembre 1924, le château, y compris les communs et les deux pavillons d’entrée, sont classés aux Monuments Historiques par arrêté. Le mur d’enceinte, avec le fossé, le jardin et le parc et les huit grilles en fer forgé du XVIIIème siècle, suivent le même classement par arrêté du 10 novembre 1928.



Les concerts :

Deux concerts sont proposés chaque jour de festival.

La Saison des amours | Scherzi Musicali
Léger, précieux et galant, non dépourvu parfois de gravité, l’air de cour dans la France du XVIIèmè siècle est un art très prisé, souvent destiné à l’ambiance intime des salons où se pratiquent art de la conversation, poésie, musique. C’est en toute intimité que Scherzi Musicali, ici composé de deux voix et un luth, vous transporte dans l’univers des forêts solitaires et sombres où les bergers et les bergères tombent amoureux, se trahissent et se lamentent...

Le Brut et le Phénix, pièces pour basses | Tea Time Consort

Pour qui aime la viole de gambe, l’ensemble Tea Time Consort fait passer un vent de fraîcheur sur un répertoire baroque fascinant, rarement mis en avant ! Ce jeune consort nous emmène en dehors des sentiers battus, et nous entraîne dans son univers poétique, avec la fougue de la jeunesse.
Le Phénix de Michel Corrette, sonate hors du commun pour quatre basses, publiée en 1735, sert de base à ce programme. Tea Time Consort y explore la musique française des XVIIème et XVIIIème siècles et met à l’honneur la basse de viole, le basson, le violoncelle, le théorbe et le clavecin. Tantôt raffinées et mélancoliques, tantôt joyeuses voire brutales, les musiques de Boismortier, Forqueray et Lemoyne viennent tenir compagnie à ce Phénix flamboyant.

Purcell, opéra en concert | Lucile Richardot & Jean-Luc Ho
Lucile Richardot et Jean-Luc Ho mêlent leurs complicités pour explorer toute la palette du génie dramatique de Henry Purcell (1659-1695). Leur programme nous invite à suivre un parcours amoureux, des doux émois aux joies du mariage, en passant par le doute, l’effroi, le dépit, la mort tragique, la consolation, et finalement la légèreté plus détachée des querelles du monde, qui confine à la sensualité voire la grivoiserie...



Sganarelle ou le Cocu imaginaire | Théâtre-Molière-Sorbonne
À trop craindre d’être trompé, on se trompe soi-même ! Persuadé que sa femme a pris l’innocent Lélie pour « mignon de couchette », Sganarelle s’empêtre dans un quiproquo qui compromet son ménage... et les amours du jeune homme. Nouveau personnage (Sganarelle), nouveau jeu comique (grimacier et sans masque) : Molière révolutionnait la comédie. Une interprétation « historiquement informée », proche des pratiques des années 1660, permet ici de redécouvrir Molière et sa révolution comique.

Ad majorem Dei gloriam | Harmonia Sacra
Convoquant des émotions profondes, solennelles et lumineuses, Harmonia Sacra poursuit sa redécouverte d’œuvres sacrées rares au concert. A travers ses petits motets et sa messe polyphonique, André Campra (1660-1744) se révèle comme maître de musique de Notre-Dame et « compositeur ordinaire » de la Chapelle Royale de Versailles, au croisement des styles italiens et français.


La Flûte d’Arlequin | Hubert Hazebroucq & Julien Martin
12 fantaisies chorégraphiques sur les Fantaisies pour flûte (1732) de G.-P. Telemann. Dans ce spectacle en duo pour un danseur et un musicien, le personnage d’Arlequin visite la musique, la danse, le théâtre, la foire... dans un spectacle costumé plein de facétie et d’imagination. La magie de la commedia dell’arte nous tient en haleine dans un moment de pur émerveillement.


Source :
Harmonia Sacra
Programme complet du festival 
ICI.
Télécharger le PDF 
ICI.

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Crédits photographiques :
Photo 1-3-4-6-7 :
Harmonia Sacra
Photo 2 : Didier Bonnel
Photos 5 et 8 : Yannick Lemaire

Patrimoine hôtelier sacrifié sur l’autel de l’immobilier : la redynamisation des centres-villes encore oubliée et une profession décimée


À l’occasion de notre « Tour de France » des démolisseurs, nous vous présentons aujourd’hui une liste non exhaustive de patrimoines hôteliers qui subissent de plus en plus les assauts des pelleteuses. Une fois encore, nous nous étonnons du nombre grandissant de ces démolitions qui touchent la plupart du temps des édifices emblématiques, pourtant sacrifiés au profit de projets immobiliers. Ils étaient parfois centenaires, d’autres, pour les plus récents, dataient des années 50, mais tous jouaient un rôle prépondérant, aussi bien dans le cœur des clients que dans celui des villes.

Hôtel du Commerce Le-Molay-Littry

Hôtel du Commerce Le-Molay-Littry

Certes, dans le cadre de la redynamisation des centres-villes et notamment des centres anciens, il faut sans doute augmenter l’offre locative, mais s’agissant de villes à valeur touristique et patrimoniale, diminuer l’offre hôtelière intra-muros s’avère être une grosse erreur.


Hôtel de la Gare à Landivisau


Hôtel de la Gare à Landivisau

Nous assistons ici au même phénomène que pour le commerce de proximité, délaissé au profit des offres des grandes enseignes situées en périphérie de ville. De nombreux hôtels se partagent des espaces dans ces zones commerciales déshumanisées et qui semble profiter à tous, sauf à la dynamique souhaitée en cœur de ville. Résultats, les touristes passent une nuit ou deux, mais ne s’arrêtent pas et, surtout, ne consomment pas.


Hôtel Windsor au Touquet


Hôtel Windsor au Touquet

Détruire un hôtel restaurant du XIXème siècle pour faire un parking ou construire un immeuble semble aller totalement à contresens d’une quelconque dynamisation en faveur du tourisme et de l’économie de nos centres-villes.


Grand Hôtel Du Vivier à Livarot


Grand Hôtel Du Vivier à Livarot

Alors, certes, la construction d’immeubles permet de loger des personnes, mais à part le moment des travaux, le processus ne créera pas d’emplois et ne participera pas à l’essor économique ni à une quelconque dynamique. N’oublions pas que faire d’une ville une « cité dortoir », c’est la conduire à sa perte.


Hôtel de la Gare à Segré


Hôtel de la Gare à Segré

Mais à qui la faute ? Aux promoteurs sans doute, avides de ces précieux terrains sur lesquels ils peuvent empiler des dizaines d’appartements, vendus parfois à prix d’or en fonction de la situation géographique. Mais ce ne sont pas les seuls coupables. En effet, si la clientèle était moins consommatrice de « design », nos hôtels au charme suranné de province auraient le succès qu’ils méritent, et ne finiraient pas en tas de gravats. Car de nos jours le client veut du « moderne », du lisse, du fonctionnel et le confort d’un lit XXXXXL, ce que n’offrent pas toujours les petits ou grands hôtels indépendants de centre-ville.

Pourtant, une chambre vue mer, meublée dans le style art déco ou un hôtel en pleine campagne meublé avec du mobilier ancien c’est bien plus en harmonie qu’avec un décor signé Ikéa.


Hôtel restaurant Le Charollais à Mâcon

Enfin, un dernier facteur, et pas des moindres, s’est invité au débat : Airbnb. Tout le monde de nos jours peut jouer les hôteliers « du dimanche » en toute impunité, ou presque. Et, maintenant, l’on peut même louer un bout de jardin à des campeurs, là aussi en toute légalité, sans se préoccuper de la concurrence faite à une profession aujourd’hui à bout de souffle à cause de la Covid-19. Certes, cet été l’on vous aura conseillé de visiter la France, mais on a oublié de préciser qu’il fallait aussi aller dans des hôtels pour donner un peu d’oxygène à des hôteliers et à des restaurateurs placés sous « assistance respiratoire », par le truchement de quelques mesurettes gouvernementales.


Hôtel restaurant La Chipaudière à Fort-Mahon


Hôtel restaurant La Chipaudière à Fort-Mahon

Pour cet article, nous avons dix exemples d’hôtels ou d’hôtels restaurants démolis depuis le début de l’année 2020. Mais si la prise de conscience n’est pas rapide, voir instantanée, combien d’établissements situés en plein cœur des villes et des villages subiront le même sort dans les années à venir ?


Hôtel Bellevue à Clermont-Ferrand

C’est souvent avec beaucoup de nostalgie, voire d’émotion que certains assistent à la démolition de ces petits patrimoines qui ont fait l’histoire locale. Mais, à ce rythme-là, c’est l’hôtellerie « traditionnelle » que nous évoquerons bientôt avec nostalgie, en réservant notre séjour de rêve… sur une plateforme en ligne…


Hôtel Européen à Pont-à-Mousson


La France, le pays des contradictions ?

Sans doute. En tous les cas, il est urgent que tous ceux qui signent des rapports ou autres livres blancs afin de trouver quelque solution pour ne pas voir mourir nos communes de France commencent à se poser de vraies questions, celles qui leur permettrons d’avoir enfin de vraies réponses et de mettre en œuvre (peut-être) des mesures concrètes.

La première mesure n’étant certainement pas de développer le foncier à tout prix, sinon ce sera « terminus » pour les centres-villes.


Hôtel Terminus à Perpignan


Hôtel Terminus à Perpignan

Pour aller plus loin, voici les articles de presse relatifs aux démolitions d’établissements hôteliers sur le territoire depuis janvier.

Janvier 2020 1, 2, 3

Février 2020
1, 2, 3

Mai 2020
1

Juin 2020
1, 2

Juillet 2020
1

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Crédits photographiques :
Photo 1 couverture : Hôtel Duvivier à Livarot : @
Ouest France
Photos 2 et 3 : Hôtel du commerce à Le Molay-Littry (Calvados) @
La Renaissance Le Bessin
Photos 4 et 5 : Hôtel de la Gare Landivisiau ( Finistère) Photo 4 :  (Michele PATEDOYE)/
Le Télégramme
Photo 5@trainjoel canalblog
Photos 6 : Hôtel Windsor au Touquet ( Pas-de-Calais) photo 6 : @
Les Échos du Touquet
Photo 8 et 9 : Grand Hôtel Duvivier à Livarot (Calvados) : @
Ouest-France
Photo 10 et 11 : Hôtel de la Gare à Segré (Maine-et-Loire)) : Photo 10 @Haut Anjou Photo 11 @
Ouest France
Photo 12 : Hôtel restaurant Le Charollais à Macon (Saône et Loire) @
Le Journal de Saône-et-Loire
Photos 13 et 14 : Hôtel restaurant La Chipaudière à Fort-Mahon-Plage ( Somme) Photo 13 : (©Johann Rauch / Journal d’Abbeville)
Photo 14 @Google
Photo 15 : Hôtel Bellevue Clermont-Ferrand ( Puy-de-Dôme)  : @ Thierry LINDAUER/
Le Journal du Centre
Photo 16 et 17 : Hôtel Européen à Pont-à-Mousson ( Meurthe-et-Moselle)
Photo 19 :
L’Est Républicain /Patrice BERTONCINI
Photos 18 et 19 : Hôtel Terminus Perpignan(Pyrénées-Orientales) photo 16 @
L’Indépendant/Clémentz Michel. Photo 17 @Stan_nö

À Auxerre, la route n’est plus belle…

« La route est belle », le lieu incontournable de la Nationale 6, avant que nos autoroutes nous facilitent l’accès au Sud de la France.

C’est en 1936 que ce charmant bistrot avait ouvert ses portes à l’entrée d’Auxerre. Mercredi, il a dit adieu à la ville après 84 ans de bons et loyaux services. Trois générations se sont succédées à la tête de l’établissement et c’est la mort dans l’âme que les derniers propriétaires ont dû se résigner à fermer et à vendre en 2019.

D’autant qu’ils savaient qu’en vendant ils signaient la fin d’une histoire, de leur histoire… L’acheteur n’est autre que leur « voisin », un concessionnaire automobile bien connu de la ville, à qui ils ont demandé une dernière « faveur ». Celle d’être présents le jour de la démolition.

C’est donc vers 5h30 du matin, le mercredi 5 août, que « La route est belle » est tombée sous les pelleteuses.


À l’heure où tout le monde parle de la redynamisation des centres-villes et s’insurge contre la défiguration des entrées de villes due à la présence de grandes enseignes, nous avons là un bel exemple à ne pas suivre. Ce « bistrot » aurait très bien pu être réhabilité par le concessionnaire qui aurait pu en faire un bureau à la « gloire » de cette Nationale 6 tellement « Française ».


Mais lorsqu’on vend des voitures allemandes et japonaises, on ne doit pas être très sensible au patrimoine national. Tellement peu sensible que faire un joli parking à la place de ce commerce « suranné » était une évidence.

Nous entendons déjà les commentaires des grands diseurs de l’architecture et du patrimoine : « ce bâtiment n’avait aucun intérêt, on ne peut pas tout conserver, il y a des choses plus graves dans la vie… » Certes, mais à force de ne trouver aucun intérêt à rien et de laisser détruire tous ces petits témoins de notre histoire collective, c’est notre mémoire que l’on efface peu à peu. La Nationale 6 ne passe plus par le centre-ville depuis longtemps, mais nombreux sont ceux qui vouent à cette route un véritable culte, et qui n’oublieront pas qu’à Auxerre, « La route ÉTAIT belle »…



Lire l’article de L’Yonne Républicaine 
ICI.

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Crédits photographiques :
Photo 1 : Sophie Bardin/
L'Yonne Républicaine
Photo 2 : Efbé



Sombre avenir pour « la Glacière » de Lorient 

Mais quel est cet étrange bloc de béton qui s’élève tel un phare dans le port de Lorient ? Il s’agit de la glacière de Keroman, érigée dans les années 20 et qui fit alors du port de la ville, à l’époque, le plus moderne d’Europe.


Fermée depuis 2003, elle est décrite désormais par certains comme une « verrue », alors qu’elle pourrait être réhabilitée de façon intelligente et inscrire une fois encore Lorient comme une ville exemplaire et innovante, comme ce fut le cas cent ans plus tôt.

Aujourd'hui le fonctionnement du port est une concession de la Région Bretagne accordée jusqu’en 2043 à une société d'économie mixte : la SEM Lorient-Keroman, et dans laquelle l'agglomération de Lorient est majoritaire.


Or, le projet de la SEM est de démolir la Glacière pour un coût estimé d’un million d’euros. Le bâtiment a été considéré en trop mauvais état pour envisager une réhabilitation, bien que personne jusqu’alors n’ait pu avoir accès à l’étude de faisabilité, si celle-ci a été réalisée bien entendu.

L’expression « noyer le poisson » prend ici tout son sens.

Heureusement, l’association « Glacière 1920-2020-2120 » n’entend pas voir disparaître l’emblématique édifice et œuvre désormais sans relâche pour sa sauvegarde. Une réunion publique vient d’avoir lieu en présence notamment de certains élus de la nouvelle municipalité qui semblent être ouverts à un projet de sauvegarde —ce qui sera sans doute un atout de taille dans ce dossier.


Nous saluons au passage le bon sens de ces élus qui, à l’heure où l’on crie haut et fort que le patrimoine des territoires doit être valorisé, sont conscients de l’intérêt majeur de l’édifice. Car signer des chartes et publier des rapports c’est bien, mais mettre en pratique leurs contenus, c’est encore mieux.

Malheureusement, le « cadeau de départ » de l’ancienne municipalité est la signature du permis de démolir accordé à la SEM en mars dernier et qui dit mars, dit maintenant hors délais pour un recours. L’affaire s’annonce donc très délicate. Mais impossible n’est pas Breton, cela ne fait aucun doute et bien entendu, Urgences Patrimoine sera aux côtés de l’association et de tous ceux qui souhaitent voir renaître la Glacière.

Dans un article de France 3 Bretagne, le président de l’association Ronan Le Roscoët se dit prêt à relever le défi : « Après plus d'un an de réflexion, nous savons qu’il existe de nombreux précédents architecturaux de réhabilitations qui au départ paraissaient très complexes et qui pour finir sont des exemples de réussite. Ce que l’association souhaite dans un premier temps c’est d’avoir plus d'informations sur les études et diagnostics du bâtiment, pour éventuellement y apporter un regard critique. L’association envisage un éventuel projet architectural structurant pour le territoire et qui puisse créer une dynamique. »

Leur projet est d’ailleurs très abouti et les personnes présentes lors de la réunion publique n’ont pas manqué de les féliciter.

Consulter le PDF du projet
ICI.

En faisant quelques recherches, nous avons également pris connaissance d’un projet de réhabilitation imaginé par l’architecte
Paul Sevin qui offre une possibilité de voir ce à quoi pourrait ressembler l’édifice une fois réhabilité :


La SEM ne semble pas sensible à la valorisation du patrimoine ne la ville qui pourtant a fait jadis sa gloire et souhaite un programme de « tabula rasa », alors que la majorité de son projet pourrait être tout à fait réalisable en réhabilitant l’édifice, qui certes n’est pas dans un état parfait, mais qui ne présente pas de gros désordres structurels.

D’ailleurs, la campagne de démolition a déjà commencé, puisqu’en 2018, les ateliers attenant ont été démolis.


Nous vous invitons à consulter le projet de la SEM
ICI.

Nous sommes persuadés qu’un projet d’intérêt majeur peut naître au sein de l’édifice et que sa démolition serait une grave erreur. D’ailleurs, à Étel, à 30 kilomètres de Lorient, la Glacière a reçu plus de 400.000 euros du Loto du Patrimoine pour sa réhabilitation. Certes les deux édifices sont très différents, mais la réhabilitation de la glacière d’Étel prouve bien une fois encore que « lorsqu’il existe une volonté, il existe un chemin ».


La mémoire doit être respectée. Mémoire des hommes, mémoire des lieux et mémoire de l’histoire. Avec la disparition de la Glacière, c’est la ville de Lorient qui perdrait une partie de son identité, alors qu’avec sa réhabilitation s’est dans le livre de l’avenir qu’elle s’inscrirait.


N’oublions pas que « faire vivre le patrimoine, c’est faire vivre la France ! »

En savoir plus sur l’historique de la Glacière de Lorient 
ICI et ICI.

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Crédits photographiques : Photo 1 : Julien Danielo
Photo 2 : Thierry Creux/Ouest France
Photo 3 : Ronan Le Roscoët
Photo 4 : Paul Sevin
Photo 5 : Le Télégramme
Photo 6 : France 3
Photo 7 : Archives municipales/  M111N


Noirmoutier : la statue de la Vierge-des-Missions à nouveau vandalisée

Nouvelle dégradation de statue à déplorer et cette fois, c’est sur l’île de Noirmoutier que les vandales ont frappé.



Nous devrions écrire « ont encore frappé », puisque non seulement elle avait été tagguée il y a quelques jours, mais en août 2018, elle avait été entièrement décapitée.

Cette fois c’est la tête de l’enfant qui a subi les assauts d’individus décérébrés. Parce que, oui, il faut être dépourvu de tout sens commun pour s’en prendre à une statue, et nous ne pouvons que déplorer la multiplication de ces actes qui laissent à penser que certains, à défaut d’être en prison, devraient faire un séjour en hôpital psychiatrique.


Non seulement il y a une fois encore atteinte à l’intégrité d’un patrimoine, mais également à la population locale qui, à travers un appel aux dons, s’était mobilisée à hauteur de 5000 euros pour payer la restauration et qui sera peut-être encore une fois sollicitée.


La municipalité avait voté une subvention de 2000 euros pour la sécurisation du site, mais aucune mesure n’a été mise en place pour le moment. Il serait judicieux d’effectuer cette sécurisation au plus vite, car s’il ne fait nul doute que l’enfant retrouvera à nouveau sa tête après une énième restauration, il se pourrait bien que la statue subisse encore et encore le même sort dans quelques mois.

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Crédits photographiques :
Photo 1 : Marie Corte/twitter
Photo 2-3 :
Ouest-France
Photo 4 : Le Courrier vendéen